Chères sorcières, chers sorciers, voici la liste des préfets et capitaines pour cette année scolaire 1977-1978. Félicitations à eux !

Même si c’était à la maison que Moggy avait zoné avec mam et le chien, puis les enfants du quartier, même si elle n’avait pas vu la plage quand il faisait trop chaud mais s’était branchée devant la téloche chez les voisins, et même si elle ne comprenait rien aux intrigues de la sitcom Happy Days avec le bruit du ventilo, se questionnait encore de savoir pourquoi tous ces moldus étaient aussi heureux et qui riaient dans le fond … Moggy était super dégoûtée de rentrer à l’école !

Il ne faisait pas encore très froid mais la gamine avait vissé son bonnet en laine sur sa tête, pile au-dessus de ses yeux. Confortée par cette frontière de deux ridicules centimètres qui aurait pu l’empêcher de voir la gueule de tous ces trolls. Elle aurait même pu carrément hurler dans son bonnet en le déroulant encore plus bas son visage. La réadaptation allait être dure, d’autant qu’une surprise l’attendait sur le panneau d’affichage ce matin-là. Sa petite taille lui accordait moins d’invisibilité que l’année précédente, alors même que ses trois centimètres gagnées ne lui faisaient toujours pas dépasser le mètre quarante. Des sorciers à l’écharpe rouge et or la félicitaient, d’autres se marraient sur son passage, la plupart la regardaient encore plus étrangement que d’habitude. Ses yeux étaient deux fentes, meurtrières assassines, qui tiraient des sorts. Ils s’ouvrirent gros comme des souafles quand elle arriva devant le tableau en liège, avec l’idée de postuler à un poste de batteur au quidditch.

Saperlipopette, elle était préfète ! C’était ça le pins qu’elle avait reçu et échangé à un moldu contre un calot et deux billes oeil de chat ? C’était pour ça qu’on l’avait invité à rejoindre un autre wagon, pas pour lui lancer un sortilèges plein de pustules en secret ?  Le directeur était-il tombé sur la tête ? Est-ce qu’un serpentard lui jouait une mauvaise farce ? Ouais … cette théorie, c’est celle qui semblait la plus éminemment partagée ! Quelqu’un pressé de découvrir qui était le capitaine la bouscula et la flanqua sur le cul. En se relevant, elle lui tira sur les lanières de son sac à dos pour que sa carapace lui tombe par terre. Okay, il allait peut-être falloir qu’elle apprenne à se la jouer autrement … En attendant, la gamine détala comme un lièvre (ou plutôt comme une tortue avec son gros sac aussi) pour fuir la contre-contre-attaque. Et tournant à l’angle d’un couloir, BAM ! Elle heurta de plein fouet …

« Albus, vous ne pouvez quand même pas être sérieux ? Ce n’était pas ce dont nous avions parlé en juin… » Minerva McGonagall s’égosillait devant le bureau d’Albus qui l’observa par-dessus ses lunettes en demi-lune sans comprendre où la directrice de Gryffondor voulait en venir. Il avait fallu que Minerva regagne son calme pour qu’Albus comprenne la difficile situation face à laquelle ils étaient maintenant.
Bon. Albus n’avait pas vraiment le choix : il allait devoir agir pour régler ce petit problème. Il marchait à grandes enjambées dans Poudlard en se grattant la barbe, bien embêté. C’est que le vieil homme n’aimait pas du tout ce genre de situation, mais en même temps, Minerva avait refusé de s’en occuper par elle-même. La méprise était délicate mais impossible à conserver en l’état : il ne pouvait faire semblant de rien. Ses pas le conduisaient vers le panneau d’affichage, sa robe de sorcier flottant dans son sillage, quand quelqu’un lui rentra dedans.
« Mademoiselle Bubblington ! » A croire que le destin lui tombait dessus. « Vous tombez bien, je vous cherchais… » Dumbledore qui se déplaçait lui-même pour une élève, ce n’était pas mornille courante. « J’ai le regret de vous annoncer qu’un sortilège de confusion a touché le hibou en charge de votre lettre… Celle-ci ne vous était pas destiné et c’est seulement maintenant que je prends connaissance de cette erreur ! » déclara-t-il en joignant ses deux mains devant lui, les yeux posés sur la jeune fille.
« Vous m’imaginez bien désolé d’être à l’origine d’une telle déception. Mais vous comprendrez que… vous ne pouvez pas être préfète en étant en deuxième année… Peut-être dans trois ans, si vos efforts sont à la hauteur d’un tel rôle. J’ai grande confiance en votre mérite ! »

La gueule de Moggy quand elle percuta Albus Dumbledore, manqua de se retrouver encore sur le cul en moins de trente secondes, c’était priceless ! Le grand qui la coursait retrouva un pas plus normal pour s’éloigner, l’air de rien …

La deuxième année avait sacrément envie de l’imiter mais resta pétrifiée devant les lunettes en demi-lunes. C’est que le directeur en envoyait, même elle perdait de ses airs rebelles devant lui, surtout qu’elle était persuadée de se faire punir. Il allait l’accuser d’avoir truqué les urnes pour se faire élire préfète, c’est ça ? Un franc soupir de soulagement lui poussa dans les poumons et lui fit cracher son chuddy rose par terre quand le grand sorcier la libéra de ses doutes ! Primo, elle n’était pas punie. Deuxio, elle n’était pas préfète ! Elle ramassa son chuddy pour l’enrouler vulgairement autour de son doigt en attendant de reprendre plus tard sa mastication. « Merci m’sieur le directeur - la voix soudainement aussi aigüe qu’un lutin de cornouailles - Mais si vous l’permettez, j’préférerais ne jamais être préfète … ni dans trois ans … ni jamais ! ». L’urgence de la requête brillait intensément dans son regard bleu qui s’était déjà trouvé soumis à beaucoup trop d’émotions pour un jour de rentrée scolaire ! Moggy, tout ce qui l’intéressait, c’était de défoncer des mâchoires avec des cognards. Le rôle de préfète, vraiment, ça ne lui parlait pas … et ne lui parlerait sans doute pas un autre jour. Et c’est sur ce fin sourire contrit, dissimulant un brin d’impertinence, qu’elle baissa la nuque pour foncer le coeur battant et le pas vaillant vers le septième étage, la tour gryffondor ne lui avait jamais paru avant être un tel refuge. Tout compte fait, ce château commençait peut-être à devenir sa nouvelle maison.

Cet été avait été plein de bonnes surprises pour le fils du directeur du Département de la Justice Magique. Il avait reçu non pas un mais trois hiboux de Poudlard cette année. Le premier avec les résultats de ses BUSES. Il avait obtenu 12 BUSES SUR 12 dont 10 " Optimal", 1 "effort exceptionnel "et 1 "acceptable". La plus grande fierté de Junior était d'avoir obtenu plus de buses que son père.

Résultats des Buses de Bartemius Croupton Junior:

Le deuxième hiboux avait apporté la traditionnelle liste des fournitures pour la rentrée et le troisième avait apporté la plus belle des récompenses. Une insigne de préfet accompagnée d'une lettre signée d'Albus Dumbledore l'informant de cette nomination. Une lettre qu'il n'avait pas hésité à mettre sous le nez de son père, tant parce qu'elle était signée de son pire ennemi (après vous savez qui et Morfin Carrow peut-être) que pour ce qu'elle contenait.

Il attendait avec fierté dans le hall d'entrée, admirant son portrait, l'arrivée des étudiants de première année, pour avec les autres préfets, les accueillir avant la cérémonie de la répartition. Il observait avec curiosité, la préfète (ou non préfète!?) des Gryffondor. Une deuxième année ! Vraiment?

Je suis hilare. Je me bidonne. Je ris aux larmes, je suis désolé je ne peux pas m’en empêcher : c’est clair que cette année le château explose, bing bang boom. Alors, primo, moi, préfet, c’est une erreur, mais ça m’a fait vachement plaisir de voir une certaine fierté dans les yeux plein d’incompréhension de mes parents. Deuzio, Jyn préfète, je ne vais pas faire plus de commentaire sur le sujet, car je ne me sens pas très gros dans mes robes depuis l’incident-bisous de juin, mais définitivement, on ne peut pas faire de ronde ensemble, pour la sécurité de tous. Tersio, Dave Goujon préfet. Je pourrais me faire pipi dessus tellement je ris. C’est aussi pire que de me nommer moi. Je ne sais pas trop ce que le staff fume, mais c’est de la grosse qualité. Quattro, Moggy est nommée préfète. Je veux dire, FRANCHEMENT, elle a douze ans. DOUZE ANS. Je m’éclate, c’est trop bon. J’ai envie d’écrire à Grace que ça ferait un bon film – un film c’est genre une pièce de théâtre moldue et comique – mais elle comprendrait rien elle non plus. En tout cas, faire des rondes avec Davey ou Moggy passé le couvre-feu ça promettait. Finalement, être préfet c’était plutôt cool. Et puis à ce qu’il parait il y avait les bains tourbillons avec des jolies sirènes…