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La nuit où rôdent les monstres w/Ana

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Lachlan McCulloch

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MessageSujet: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Jeu 15 Oct 2020 - 17:56

La jauge métaphorique de sa colère avait explosé. Dans sa tête, c’était autant de petits bouts de verre plantés dans sa cervelle, de quoi expliquer son pétage de câble. Une bien étrange façon de justifier l’injustifiable, de trouver une raison aux déraisonnables coups de poing qu’il assénait à son adversaire déjà sonné depuis déjà vingt bonnes secondes. Ses phalanges s’abattaient à un rythme effréné, brisant quelques os au passage, principalement sur la gueule du malheureux. L’expression sur le visage de l’acharné n’était pas belle à voir, toutes dents dehors, ses yeux emplis d’une telle rage qu’ils auraient pu faire fuir un loup-garou. Ça n’était pas un homme qui en massacrait un autre, dans la ruelle, à cet instant. C’était une bête qui avait fondu sur une proie, qui n’avait eu aucune chance de s’en sortir. Ça tombait bien, ce soir, les monstres étaient de sortie.

Quand enfin Lachlan redevint à peu près lui-même, le type en face était inconscient depuis un bon moment. La respiration haletante, les muscles encore tendus par l’effort, une pellicule de sueur faisait luire son visage sous les éclaboussures de sang. Il lui fallut un moment pour comprendre ce qui venait de se passer, comme à chaque fois d’ailleurs. Sale journée pour lui. Les journées festives comme ça, c’est l’horreur. Humiliation sur humiliation, allusion qu’aujourd’hui, c’était sa journée, la journée des atrocités. Les gens n’avaient pas été tendres. Et la colère était montée, montée. Et un type l’avait bousculé alors qu’il se rendait dans un bar, tranquille, pour évacuer. Type qui désormais était méconnaissable, à moitié mort, ravagé par des heures de colère accumulées et forcément, mal gérées. Lachlan ne savait pas gérer ça, ne savait plus. Et il n’en était pas toujours bien désolé, malheureusement. Sur le moment d’ailleurs, il n’eut aucune once de pitié pour la pauvre créature à ses pieds, et se mit juste à réfléchir pour couvrir ses traces. Vu l’état du gars, il ne se souviendrait de rien. Il faisait noir, il ne l’avait sûrement pas vu, et puis avec les coquards qu’il avait, il ne risquait pas de revoir avant un moment. Peut-être même jamais si… Bref, ne pas penser, non, non, c’était l’erreur.

Les mains éclatées, maculées du même liquide rougeâtre qui parsemait son visage et ses vêtements en partie, Lachlan fuit les lieux sans même se retourner, n’aspirant qu’à une chose : retourner au chalet. Prendre une longue douche brûlante et boire pour oublier, programme classique. Il hésita à transplaner dans l’arrière-boutique du magasin pour y trouver son balai et éviter d’éveiller les soupçons, mais il avait besoin de marcher. Oui, besoin, il le fallait. En frôlant les murs, personne n’y verrait rien. Mais cette nuit, et il l’ignorait encore, lui conférerait une invisibilité bienvenue. Les costumes des passants du Chemin de Traverse étaient tous plus grotesques et sanglants les uns que les autres, autant dire qu’il se fondait parfaitement dans le décor. Pauvres âmes innocentes qui ignoraient qu’un véritable monstre était parmi eux ce soir. D’un pas décidé, rapide, les mains fichées dans les poches, il décida de marcher un peu jusqu’à la boutique pour faire retomber la pression qui faisait toujours battre son coeur un peu vite. Calme, Lachlan, calme. À chaque pas, sa culpabilité grandissait à mesure qu’il réalisait ce qu’il venait de faire, mais s’efforçait de la faire taire. Pas ici. Pas maintenant.

Il y avait foule dans les rues, et quelques gosses lui lancèrent un regard effaré avant d’éclater de rire, mais il n’y prêta même pas attention. A vrai dire, il ignorait que la violence de ses poings avaient été jusqu’à éclabousser sa peau. Finalement, un attroupement de gens de tout âge, fourrés devant le Tsarducks, l‘obligea à ralentir et à presque s’arrêter pour essayer de les éviter. De quoi l’agacer prodigieusement, mais fort heureusement pour les gens alentours, il avait déjà passé ses nerfs sur quelqu’un aujourd’hui. Peut-être un nouveau fantôme qui viendrait hanter les futures nuits d’Halloween.
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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Ven 16 Oct 2020 - 20:59

Anastasia était bien entendu venue à la soirée organisée par le Tsarduck's, ne serait-ce que parce qu'elle adorait cette fête païenne bien celtique. Elle aurait pu la passer en Ecosse ou chez elle au Pays de Galles, mais comme elle était sur Londres, pourquoi ne pas profiter du Londres sorciers et de toute sa magie ? La moldue avait revêtu un costume tout aussi glauque que ceux de toutes les autres personnes présentes. Elle aurait pu avoir un trait d'humour en s'habillant en sorcière mais Julian lui avait dit que cela pourrait vexer certaines qui, contrairement à elle, avaient réellement des pouvoirs magiques. Aussi, une corde autour du cou, drapée d'un sac à patates en tissu retouché ici et là pour que ça donne l'impression que c'était une tunique de condamnée, avec quelques marques de suie sur les joues et les cheveux brouillés, Ana s'était tristement déguisée en pendue. Et elle s'amusa bien pendant une bonne partie de la soirée !

   Elle ne sut pas très bien qui l'entraîna dehors, dans le sens où elle ne connaissait pas vraiment le prénom du bellâtre qui insistait pour prendre l'air avec elle. Mais tirée par la main, ils débouchèrent ensemble dehors. Le garçon avait les cheveux teints couleur rouge sang, mais la foule dehors était compacte, et Anastasia le perdit malgré tout de vue à cause de la faible luminosité ambiante. Ivre de rire, la thésarde recula pour le chercher à nouveau alors qu'un rire strident se dégageait de la salle du petit salon de thé sorcier. Cordelia Danlmil - LA Cordelia Danlmil ! - mettait l'ambiance comme elle pouvait. Et forcément ce qui devait arriver arriva, Ana marcha sur les pieds de quelqu'un. En se retournant, qu'elle ne fut pas sa surprise de voir sous son regard le ténébreux - et sanglant, visiblement ! - Lachlan McCulloch. Elle fut autant surprise de le voir que de constater qu'il était habillé pour une soirée de Halloween. C'est que, bien entendu, il n'était pas vraiment le genre de personne qu'elle se figurait s'amuser de la sorte à une telle fête païenne, mais ma foi ! Peut-être étaient-ce ses racines écossaises ? Une pensées stupide effleura l'esprit confus d'Ana, à savoir que peut-être que ce sang n'était pas réellement faux. Mais c'était tellement débile que l'idée apparue et disparue presque dans la même seconde. Un grand sourire sincère figé sur les traits, la moldue se souvenait bien de la dernière fois qu'elle avait fait face à l'ancien joueur de Quidditch des Vagabonds de Wigtown. « Oh Lachlan ! » s'étonna-t-elle à haute voix en se mettant sans réellement le réaliser juste devant lui ce qui lui bloquait le passage, « ça me fait plaisir de vous voir ». Toujours les vouvoiements alors qu'ils avaient dormi ensemble et que bon... C'était bien agréable de se réveiller dans ses bras, qu'on se le dise. « Vous êtes... Déguisé en Jack l'Eventreur des temps modernes ? ». Anastasia faisant du GRAND Anastasia, elle venait complètement de mettre les pieds dans le plat, n'est-ce pas ?


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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Sam 17 Oct 2020 - 3:03

L’épuisement faisait grandir son impatience alors qu’il se retrouvait bloqué, comme piégé au milieu de cette foule déjà bien alcoolisée. Putain, il aurait vraiment dû transplaner. Mais les bruits autour l’empêchaient de penser, ce qui n’était pas plus mal quand on savait le genre d’idées qui allaient surgir dans peu de temps. Les flashs de sa violence venaient souvent le hanter dans les jours qui suivaient, et on ne s’habituait pas. On ne s’habituait jamais à être devenu un monstre, surtout quand on n’avait rien fait pour. Les rires vrillaient un peu ses nerfs, et il joua des épaules avec le peu d’énergie qui lui restait pour essayer de s’extraire de cette désagréable situation. Vite, fuir, partir.

Une douleur au pied le fit se retourner illico alors que son regard cherchait une issue parmi la foule. C’était pas le moment. Et en même temps, heureusement que ça n’était pas arrivé une demie-heure plus tôt. D’un geste vif, il chercha le malheureux à l’origine de la maladresse et tomba sur… Merde ! L’expression colérique dans ses yeux s’apaisa un peu en voyant le visage de la gosse, qui avait l’air d’une folle furieuse dans son costume. Ca changeait de d’habitude, où elle était aussi un peu dingo mais dans un genre sage, disons. « Ana ? » lâcha-t-il, pas tellement désireux de croiser une tête connue alors qu’il était dans un état pareil. Franchement, mais quand est-ce que le hasard allait lui foutre la paix et arrêter de mettre cette moldue sur sa route ?

Il mit quelques secondes à repérer la corde autour de son cou, et l’image mentale qui s’imposa n’était pas vraiment des plus joyeuses. Fermant les yeux, il la chassa d’un mouvement de tête, comme si son cerveau malade allait se calmer si facilement. Son coeur cognait toujours fort dans sa poitrine, son corps chargé de l’adrénaline qui était arrivée en vagues quand il avait perdu les pédales. Plaisir, elle disait ? Mais franchement, si elle savait. « Ah… » lâcha-t-il, son regard essayant de la fuir, mais il n’y avait rien d’autre à voir si ce n’était une forêt de dos imbibés de bière, de sueur et autres substances artificielles dégueulasses. Il n’allait pas lui retourner le compliment. Ça ne lui faisait pas plaisir d’être là. Ça ne lui faisait pas plaisir d’être, tout court, d’ailleurs. Quand il serait enfin chez lui, il se ferait la même réflexion qu’à chaque fois dans ce cas là : pourquoi donc n’avait-il pas le courage de se foutre en l’air ? En mettant fin à sa vie, il en sauverait pas mal après tout. Mais il n’y arrivait pas. Jamais. Pourtant, il avait déjà tenté, mais les médicomages l’avaient toujours sauvé. Ah, s’ils avaient su, ils l’auraient sans doute laissé baver son écume et avaler sa langue.

Lachlan avait beau savoir que c’était Anastasia, sa confusion l’empêcha de se rappeler la dernière fois qu’il l’avait vue. Il valait sans doute mieux, parce que son option fuite déjà bien enclenchée aurait sûrement trouvé des moyens plus vifs de se faire respecter. Mais elle était là, à lui barrer le passage dans son costume ridicule. « De quoi ? » grogna-t-il, l’air surpris quand elle évoqua un tueur en série qui avait sévi chez les moldus, information qu’il ignorait parce que la culture et Lachlan, ça faisait deux. Tout ce qu’il avait entendu, c’était le mot Éventreur, et ça l’avait fait frémir. Mode paranoïa franchement activé. En même temps, après ce qu’il venait de faire… comment expliquer ? À chaque fois, Lachlan avait l’impression qu’au fond, les gens savaient. Que c’était transparent, que c’était écrit sur sa gueule de coupable. Qu’ils le jugeaient. Mais il n’éventrait pas, lui. Elle parlait de quoi, des récents meurtres alors ? Oh, ça non plus, ça ne le faisait pas dormir tranquille. Si les Aurors fouinaient au mauvais endroit, avec son casier, c’était un coup à retourner à Azkaban. Et là, pour le coup, plutôt crever.

Mais son esprit percuta enfin qu’elle avait parlé de déguisement, et un coup d’oeil sur sa cape gris clair lui révéla les taches sombres qui la parsemaient. Sans compter celle sur son visage, dont il ignorait encore l’existence. Bravo Lachlan, bien joué. Sacrément discret ça. « Chais pas qui c’est, vot’ Jack. » se reprit-il finalement en lui lançant un regard qui n’était pas très avenant, mais bon. Quand on voyait les circonstances, ça se comprenait. Enfin, il fallait qu’il trouve un truc pour expliquer que ça n’était pas du vrai sang, non non, qu’est-ce que vous allez croire là. « C’t’une tradition des Vagabonds. Comme on avait une hachette sur la t'nue, tout ça… » C’était sans doute la plus piètre excuse que quelqu’un n’ait jamais trouvé, et il aurait probablement juste dû acquiescer. Mais si elle était partie en monologue sur le Jack en question, il aurait eu l’air bien con. En tout cas, tout ça impliquait qu’il s’était déguisé, et qu’il avait l’intention de fêter Halloween. Erk, quelle horreur. Il fallait qu’il se sorte de là vite, très vite, sans pour autant éveiller les soupçons. Et dans sa poitrine, ça tapait toujours fort, comme si son coeur réclamait un peu de calme pour arrêter de cogner comme ça. « Mais bon, c'était juste histoire de faire peur aux gosses… » Si c’était seulement aux gosses. « … mais j’suis pas trop fête, voyez. J’allais rentrer. » Désignant la corde qui pendait de son cou immaculé, il tenta un trait d’humour. « Faites gaffe à c’qu’on prenne pas ça pour une laisse. » Non seulement le coeur n’y était pas mais en plus, ça n’était pas franchement drôle. Presque tristement réaliste.
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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Lun 19 Oct 2020 - 22:49

La joie et la bonne humeur d'Anastasia de se retrouver à cette soirée du Tsarduck's ne s'estompa pas en se retrouvant en présence de Lachlan. La dernière fois qu'ils s'étaient séparés, c'était dans une situation, disons-le, assez particulière et gênante. Mais la moldue avait décidé de ne pas s'en inquiéter et de ne surtout pas y penser. Elle était suffisamment bizarre pour ne pas en plus agir bizarrement bizarre avec lui parce qu'elle était gênée. Ainsi avait-elle tout bonnement décidé d'éliminer de sa pensée sa gêne, comme ça, pouf, bye bye et hasta luego ! Cependant, elle ne pu oublier le souvenir de ses bras autour de lui lorsqu'elle posa son regard chocolat sur son viasge. Il avait l'air un peu déphasé, peut-être perdu. C'est tout à fait idiotement qu'Ana lui trouva l'excuse de la foule - peut-être était-il agoraphobe ? - mais n'osa pas lui demander si c'était ça qui le rendait presque hagard. Ils en étaient toujours au stade du vouvoiement, comment pouvait-elle lui poser ce genre de question ? Elle ne le pouvait pas, voilà la réponse ! La thésarde se sentie brusquement rougir lorsqu'il la mis devant le fait accompli : elle avait ENCORE fait une référence de première de classe et d'intello. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, même à Halloween, même dans une soirée. Le propre ennui qu'elle devait susciter chez les autres la heurta de plein fouet et disons-le, elle offrit un sourire un peu mal-à-l'aise à l'ancien attrapeur des Vagabonds de Wigtown. « C'est personne ne vous en faîtes pas » - comme s'il s'en faisait ! Ana avait toujours le don de s'enfoncer lorsqu'elle daignait parler. Incroyable capacité. Quoiqu'il en soit, la moldue le cru sur parole concernant la tradition de son ancienne équipe de Quidditch et une partie de lui fût particulièrement attendrie qu'il y pense encore au point de faire subsister la coutume. Elle eut même une moue compréhensive, c'était presque si elle poussait un léger soupir : « Je comprends » - tu ne comprends rien du tout, Ana, il te ment, idiote ! Enfin bref.
Elle eut l'impression qu'il voulait couper court à la conversation, ce qu'elle pouvait comprendre. Il voulait rentrer, disait-il. Ainsi soit-il. Enfin, jusqu'à ce qu'il se fende d'une espèce de plaisanterie qui la détendit, et lui arracha un franc rire : « Que quelqu'un essaie ! ». Toujours aussi fiérote, la galloise, quand même, elle n'avait même pas remarqué que la phrase était en réalité foutrement triste. Elle n'était pas d'humeur à l'être et c'est sans doute pour cela qu'elle ne le prit pas mal. Malgré tout, elle ne désirait pas le déranger plus que de raison, c'était comme cela. « Je vous souhaite une bonne soirée en tout cas » dit elle en lui offrant un joli sourire, « à bientôt et joyeux Halloween ! ». Et avec tout l'enthousiasme qui caractérisait Anastasia, elle lui fit un signe de main avant de redisparaître dans la foule à la recherche de son bellâtre.

La soirée s'était bien déroulée. Anastasia riait aux larmes en remontant le Chemin de Traverse. Elle avait un rendez-vous pour rejoindre son frère trois quart d'heures plus tard, mais dans le doute où elle ne trouverait pas le lieu de rendez-vous, eh bien, elle s'était mise en route en avance. Notons que c'était une idée particulièrement stupide étant donné le contexte actuel ET qu'elle était une moldue - comme s'il fallait le préciser. Disons que le petit verre de liqueur de licorne ne l'avait pas rendu pompette mais moins encline à faire attention à elle. En définitive oui, c'était une décision stupide mais non, le maître du jeu n'a pas décidé ce soir qu'elle le regretterait (merlin merci). Je reprends donc. En remontant le Chemin de Traverse, Anastasia passa nécessairement devant la boutique de Quidditch. Elle y jeta un regard, vieille habitude et attitude machinale, sauf que.
Une faible lumière. Voilà ce qu'elle vit. Ana aurait pu décider de ne pas s'y intéresser. Elle aurait pu décider de ne pas s'arrêter pour continuer tranquillement son chemin. Mais voilà, la liqueur de licorne donne des ailes, il paraît. Et bien entendu, ce qui devait arriver arriva, elle tourna la poignée de la porte pour entrer. Le léger tintement de carillon lui rappelait la dernière fois qu'elle était venue à la Boutique de Quidditch pour repartir le cœur brisé et les joues humides de ses larmes de crocodile. Elle s'arrêta juste après être rentrée. Non mais. Elle avait un grain, ou quoi ?


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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Mar 20 Oct 2020 - 0:21

Tous les signaux de l’urgence étaient allumés en lui. Si la conversation s’éternisait, il ne savait pas trop ce qu’il allait advenir. Bien sûr, la colère s’était évanouie, mais les émotions qui venaient après n’étaient pas tellement plus positives. Lachlan avait besoin d’être seul, pour reprendre un peu le contrôle après l’avoir complètement perdu. Mais Ana n‘était pas tellement le genre à comprendre les signaux, elle lui avait maintes et maintes fois prouvé à chaque putain de discussion dans la boutique, alors… Mais après une réaction gentille à sa blague foireuse, contre toute attente, elle ne s’acharna pas. Bon, évidemment, lui souhaiter un joyeux Halloween était foutrement ironique. Haussement d’épaules. Main dans la nuque pour traduire son malaise. Il sentit le liquide poisseux lui coller les doigts. Partir, vite. « Ouais, vous aussi. » L’instant d’après, il s’était éclipsé, jouant des coudes pour s’extraire de cette foule qui commençait à le rendre plus fou qu’il ne l’était déjà.

Finalement, Lachlan referma la porte de la boutique de Quidditch avec un soulagement sonore. Sous forme de soupir. Adossé contre le battant, enveloppé par les ténèbres, l’ancienne gloire se laissa glisser jusqu’au sol. Une fois que cette putain de clochette cessa de retentir, le silence de l’endroit lui fit du bien, alors que les éclats de rire de la rue lui parvenaient légèrement. Lachlan ferma les yeux un instant, s’efforçant de chasser les souvenirs récents, très récents, la douleur lancinante encore ancrée dans ses phalanges. Prenant sa tête dans ses mains, le sorcier aussi brisé que les os du malheureux contre qui il s’était acharné étala encore plus de sang sur son visage déjà rougi. C’était le sien, qui perlait d’une ou deux coupures, se mêlant à celui de l’autre. Triste spectacle.

Après de longues minutes, un éclat au fond de la boutique attira son attention, et il se redressa sur ses pieds comme un fléreur, sur ses gardes, la main près de la baguette. « Lachlan, qu’est-ce que… ? » La voix du vieux Mackenzie apaisa la tension sur les épaules de l’ancien joueur qui se détendit tout à coup. « Désolé patron, j’voulais pas te réveiller. » Le petit vieux haussa les épaules comme si ça ne faisait rien, alors qu’il avait encore la marque de l’oreiller sur la joue. Comme si, aussi, à la lueur de son Lumos, il n’avait pas vu le visage sanglant de son employé. « Encore un combat hein ? » Mackenzie savait. Pour la boxe, mais aussi bien sûr pour la rage qui habitait toujours en lui. Mais Mackenzie ne posait jamais de question qui fâchait. Lachlan ne savait pas pourquoi, mais il lui en était foutrement reconnaissant. « Ouais. » lâcha-t-il en se dirigeant vers l’arrière-boutique pour se débarbouiller.

En croisant son reflet, Lachlan découvrit l’horreur. Il restait bien quelques parcelles de peau intactes, mais pour le reste, c’était… rouge. Enfin, pourpre, du sang séché mêlé à des traces de doigts plus frais. L’eau glacée sur son visage lui rafraîchit doucement les idées, mais il essayait surtout d’effacer toute trace de son méfait qui lui collait, littéralement, à la peau. Il sentait la présence de son boss, qui n’avait pas regrimpé les escaliers, derrière lui. Quand enfin il se retourna, l’ancêtre lui cala un verre dans la main. « Allez, va. Halloween, c’est la nuit des fantômes. Et j’connais que le whisky pour les faire fuir. » Il n’y avait bien que Mackenzie pour se coller un verre de Pur Feu dans le gosier après avoir été réveillé en pleine nuit. Mais Lachlan lui en fut reconnaissant, et trinqua avec lui en silence avant de s’enfiler une grosse lampée du liquide qui déchirait les entrailles.

Les deux avaient bu et échangé quelques mots pendant un bon moment avant que le sommeil ne fasse clignoter les paupières ridées. Le calme était revenu, un peu, côté Lachlan. Du moins, son coeur avait cessé de tambouriner comme un fou. Et tandis que la vieille carcasse remontait les escaliers qui craquaient, Lachlan délaissa la lueur de la bougie sur le comptoir pour rôder dans le magasin. Ses mains abîmées, désormais propres, effleuraient les tenues de Quidditch neuves, le bois des balais qui n’avaient jamais connus les cieux. C’était apaisant, ça aussi. Se replongeant dans des souvenirs heureux, un léger sourire en vint à flotter sur ses lèvres. Jusqu’à ce que la clochette ne retentisse.

C’était quoi ce bordel ? À nouveau sur le qui-vive, Lachlan serra ses poings meurtris. Ils étaient fermés depuis 3 bonnes heures, qui osait entrer comme ça ? Les pas s’arrêtèrent de suite, comme timides, c’était étrange. L’adrénaline pulsa dans ses veines, encore, et il passa une tête de derrière les rayonnages pour apercevoir la silhouette. Aussitôt, ses poings se rouvrirent. Mais c’est pas vrai, qu’est-ce qu’elle foutait là ? « Ça fait des lunes que vous foutez pas un pied dans la boutique, et vous v’nez quand c’est fermé ? » Le ton n'était pas agressif, mais pas aimable non plus. Toujours derrière le rayonnage, Lachlan n’avait pas tellement envie de se montrer. Cela ne rendait sa présence que plus menaçante, mais il ne s’en rendait même pas compte. « Si vot’ frangin vous a encore abandonné, vous avez qu’à lui mettre une clochette. Vous pouvez même prendre celle au-d’ssus d’vous, elle me vrille les nerfs. »
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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Dim 25 Oct 2020 - 5:41

La soirée s'était finalement bien passée. Anastasia s'était bien amusée avec Magda, qu'on se le dise. Son amie arrivait toujours à lui tirer de jolis sourires et de francs rires. Sa moldue de meilleure amie la comprenait et la retrouver ce soir lui avait fait du bien. Elle avait presque réussi à lui faire occulter la rencontre qu'elle avait vécu un peu plus tôt. Lachlan semblait aller mal et allez savoir pourquoi, une partie d'elle s'inquiétait pour lui. Ce n'était même pas comme s'ils étaient amis - ils ne l'étaient pas - en réalité, mais Ana avait l'impression de lui être redevable. Terrible sentiment qu'elle ressentait là mais la relation que l'ancien joueur de Quidditch et elle avaient maintenant était un peu particulière. Ce n'était pas non plus réellement définissable. Quoiqu'il en soit, la jeune femme l'avait gardé dans un coin de sa tête pendant la soirée. Allez savoir pourquoi. En remontant le chemin de Traverse, son sac à patate resserré contre elle pour qu'elle n'attrape pas froid - parce qu'elle attrapait facilement froid dès lors qu'il était question d'un petit souffle contre son cou blanc - elle s'arrêta donc net devant la boutique éclairée. La jeune femme resta quelques instants à regarder l'intérieur de la boutique avant d'entrer. Qu'est-ce qui lui avait pris de faire cela ? Allez savoir. Ana prenait parfois des décisions sur des coups de tête qu'elle regretterait plus tard. Cette décision en ferait sans doute parti.

Entrée dans la boutique, la jeune femme ne s'écarta pas de la porte au contraire, elle s'appuya contre elle, les mains dans le dos. Elle tenait le cadran, hésitante. Elle avait l'impression d'être intruse et sans doute l'était-elle. Anastasia devrait rebrousser chemin, ce serait ce que toute personne censée aurait fait. La voix de Lachlan le happa et elle se figea. « Je... » bredouilla-t-elle. "Je" quoi, Ana ? Avec son habit de pendue, elle devait faire peine à voir. Il évoqua la clochette au dessus d'elle et fut même étonnée qu'il ne fasse pas de plaisanterie en disant qu'il fallait la lui-même autour du cou. Les miracles, peut-être. Ou bien effectivement, leur relation n'était plus réellement la même. C'était sans doute cela. « Je voulais juste savoir comment vous alliez, parce que vous n'aviez pas l'air d'aller très bien » expliqua-t-elle, sincèrement. C'était vrai. Il avait une mine épouvantable lorsqu'il était parti. Anastasia le dérangeait sûrement et sans doute qu'elle allait partir juste après sa réponse. Mais elle voulait savoir. Non pas qu'elle voulait s'imposer et qu'elle voulait l'ennuyer. « Enfin... Je ne veux pas vous déranger de toute façon » - non vraiment, elle ne voulait pas le braquer. Il était facile à braquer, Lachlan. Et elle savait bien qu'elle l'agaçait, ce qu'elle pouvait comprendre, au fond. Ana était lourde. C'était un fait. Elle le savait. La jeune femme lui offrit un sourire un peu timide. Avec son sac à patate, elle devait être ridicule.
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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Dim 25 Oct 2020 - 18:03

C’était dangereux. Oh oui, c’était bien dangereux que de se retrouver avec Lachlan au coeur de la nuit, déjà en temps normal. Mais alors quand il était comme ça, sur le fil… Certes, il était vanné, physiquement, dans sa tête aussi, mais il y avait comme des réserves chez un homme comme ça, que la paranoïa pouvait rendre dingue. Que le moindre truc pouvait rendre dingue, surtout. Et pourtant, la gosse était entrée dans le magasin comme si c’était la chose la plus normale au monde, après l’heure de fermeture. La nuit des monstres, en plus. Inconsciente. Il fallait qu’elle foute le camp, aussi bien pour elle que pour lui. Il aurait sûrement du lui dire ça direct, sans attendre. Cassez-vous. Sortez de chez moi. Ca n’était pas sa boutique, mais c’était quand même chez lui, c’était son havre. Il voulait la paix, la paix, elle comprenait, ça ?

Lachlan ne se montrait toujours pas. Tapi dans l’ombre des rayonnages, il aurait pu comme fondre sur elle et l’engloutir en une seconde. Il ne fallait pas qu’elle voit. Sa voix, elle avait le droit de l’entendre, mais pour le reste, non. Elle avait déjà trop vu, et il ne savait pas faire semblant. Déjà, quand il allait bien, il mentait comme un gosse de 5 ans pris en flagrant délit de vol de chocogrenouilles. Alors quand il était comme ça, les nerfs à vif, la peau à fleur, enfin on disait peut-être l’inverse, voyez comme il était confus… La gamine posait des questions, souvent trop. Manquait plus qu’elle ne pose celle de trop, et que la vérité sorte toute crue.

Sa voix de la douceur s’éleva, et Lachlan s’attendait à ce qu’elle rebondisse sur la connerie qu’il avait dite. Histoire de détourner, c’était une tentative au moins. Foireuse certes, mais on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas avoir essayé. Au lieu de ça, elle lui décocha un uppercut, direction son pauvre coeur malmené déjà par la soirée. Merde… V’la qu’elle s’inquiétait, la gamine. Personne ne faisait ça. Personne ne s’inquiétait pour lui, parce qu’il ne comptait pour personne, et c’était bien comme ça. Mais au-delà de ça, elle avait remarqué son mal-être, et bon, pas étonnant en soi, mais ça lui colla une angoisse en plein dans les tripes. Non, non, non… surtout, ne pas s’engager sur ce terrain, ne pas essayer de faire de la psycho de comptoir avec un Lachlan prêt à imploser… Déjà que les psy s’y étaient pétés les dents, au propre comme un figuré, alors une âme innocente comme ça. Fuis Ana, fuis parce que là… T’es entrée dans la gueule du loup toute seule, ma fille.

Les battements du coeur écossais s’accélérèrent, et ça n’était pas bon signe. Dans sa tête, c’était le bordel. Tout était en vrac depuis déjà longtemps, mais la colère avait encore tout ravagé. Finalement, il émergea de derrière les rayonnages, à bonne distance d’elle quand même. Dos à la bougie, visage dans l’ombre, on ne devinait même pas son expression. Juste sa silhouette qui se découpait dans la lumière. Ça valait mieux car à l’instant, dans les yeux bleus outremer, il y avait comme un avis de tempête. « Quand on veut pas déranger, on frappe avant d’entrer. » Sa voix était rugueuse, sèche. Son accent plus fort que jamais. De quoi faire s’évanouir le sourire idiot qu’elle affichait. « C’qui s’passe dans ma tête, ça vous r’garde pas. Ça r’garde personne. » Soudain, un souvenir lui revint, brutal. C’était ça alors, qu’elle était toute confuse hein ? C’était rapport à l’autre jour ? La gêne du matin n’était plus là de son côté, et c’était peut-être pas une si bonne nouvelle pour elle. « C’est pas parce qu’on a passé une nuit à s’réchauffer que j’en ai quelque chose à foutre de vous. Alors un conseil, faites pareil, ça vaut mieux. » C’était faux, totalement faux parce que, depuis qu’il lui avait sauvé ses miches bourrées au Chemin de Traverse, un truc avait changé. Pas pour rien qu’il avait parlé du frère avant même de songer à s’énerver. Son frère qui méritait bien qu’on lui décale ses mâchoires arrogantes, d’ailleurs. Qu’il ne le croise pas un jour, parce que même sans la jauge au max, il se ferait une joie de lui remettre les idées en place en lui déplaçant quelques os.

C’était faux, certes, mais si ça la faisait partir… Lachlan n’arrivait déjà pas à prendre soin de lui, alors s’inquiéter pour quelqu’un d’autre, c’était vrai : il en était salement incapable.
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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Mar 27 Oct 2020 - 19:30

La nuit de Halloween n'était pas la nuit où il s'agissait d'être téméraire, sous peine de retrouver bien vite les mêmes ancêtres que l'on célébrait dans certaines cultures dénommées païennes. Anastasia toutefois, était la reine des mauvaises décisions, ce serait idiot de l'ignorer. Tout comme elle avait pris des risques en s'aventurant ivre sur le chemin de Traverse, la moldue cette fois-ci, prenait le risque d'entrer dans la boutique de Quidditch là où se tapissait un homme qui vraisemblablement n'avait pas envie d'être dérangé. Ana regretterait cette décision plus tard sans doute - si elle était toujours en vie - mais que voulez-vous. Moldue au coeur de Serdaigle, peut-être pouvait-on trouver au fond, un soupçon de bravoure propre aux griffons. Et collée contre la porte, la jeune thésarde regardait les rayons comme si elle allait l'apercevoir, évaluer son expression faciale, alors qu'elle s'expliquait, bien maladroitement sur sa présence. La réponse claquante de l'homme ne se fit pas attendre et il était bien entendu dans son bon droit de la crucifier de la sorte. Elle baissa vaguement le menton en accusant le coup. Mais la phrase finale de l'ancien attrapeur des Vagabons de Wigtown l'énerva, en fait. Elle n'était pas une personne à se laisser marcher sur les pieds. La galloise savait gueuler, elle était même très douée à cela. Mais sa perspicacité la prévenait-là : ce n'était pas le moment d'engager avec lui une joute verbale.

L'atmosphère était glaciale, angoissante, idéale pour une nuit de trente et un octobre. Idéale pour Halloween. La bougie projetait des ombres dansantes sur les murs, n'illuminait pas le regard lagon de Lachlan, alors même qu'il lui aurait été bien utile de déterminer son expression avant d'ouvrir la bouche comme elle le fit : « Je ne suis pas une adolescente amoureuse, si c'est ce qui vous tracasse ». Le ton était peut-être un peu plus sec que prévu et elle se demanda où elle avait trouvé la force de dire cela. N'avaient-ils pas enterrés la hache de guerre la dernière fois qu'ils s'étaient vus, concluant cette étrange journée par une nuit platonique partagée l'un à côté de l'autre ? En théorie, si. Mais elle n'aimait pas être infantilisée, Ana, elle avait bientôt vingt-six ans. Pas seize. Vingt-six, elle s'approchait plus de la trentaine qu'elle n'était proche de sa vingtaine. « Je ne vous demande pas ce qui vous arrive » reprit-elle en adoucissant sa voix, allant jusqu'à même s'autoriser un doux sourire, « je veux juste être sûre que ça va ». Être sûre, aussi, qu'elle ne l'avait pas trop importuné tantôt. Ana avait fait des efforts, elle avait coupé court assez vite à la discussion, non pas parce qu'elle ne voulait pas de sa présence mais parce qu'elle se sentait dès lors indésirable. C'était idiot, parce qu'elle était sans aucun doute plus indésirable maintenant que précédemment. Hésitante, elle se décolla finalement de la porte, mue par l'absence la plus totale d'instinct de survie pour faire un pas, puis un deuxième mais pas plus, dans sa direction. L'ombre dans laquelle s'enfermait l'homme l'intriguait et comme toute bonne héroïne de conte de fée, Anastasia ne semblait que vouloir plonger dedans.


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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Mer 28 Oct 2020 - 1:11

L’ombre. C’était pas comme ça qu’on commençait à appeler le malade qui dégommait les gens à coup de sortilèges tranchants ? Même si le mode opératoire était bien loin de celui de Lachlan, en vérité, il était lui aussi une ombre, juste plus brute. Violente. Moins dans le calcul. Et si c’était un Auror qui avait passé la tête dans la boutique au lieu de la gamine, ça aurait pu chauffer pour ses miches. Le lavabo était encore constellé de gouttelettes rougeâtres. Le monstre avait léché ses plaies, mais il en restait des marques. Pour ça qu’il se cachait dans l’obscurité que la bougie, paradoxalement, créait.  On aurait dit qu’il était habillé de nuit.

Dans un effet de contre-jour digne des plus beaux films d’horreur - en même temps, c’était le soir ou jamais - Lachlan se tenait parfaitement immobile. Déjà là, il y avait un truc qui clochait. L’écossais n’était pas du genre à tenir en place, toujours à faire un truc dans la boutique, toujours à réparer un truc chez lui, toujours à défoncer des gueules sur un ring ou dans la rue quand ça le démangeait. C’était dire si Azkaban et Sainte-Mangouste avaient achevé de le rendre dingue, à tourner comme un Gryffondor en cage dans ces minuscules cellules, à se cogner les poings sur les briques pour évacuer la frustration. Là pourtant, il ne bougeait pas d’un pouce, les bras désormais croisés sur sa poitrine. Si jamais ça n’était pas assez clair comme ça, non, Lachlan n’était pas d’humeur à s’ouvrir. Mais Ana était nulle à chier pour décoder les signes, même les plus évidents. Même quand on disait les choses clairement.

Les mots de Lachlan avaient été durs, aussi rugueux que ses phalanges éclatées par la force de ses coups. Il n’y avait aucune raison qu’elle reste une seconde de plus, alors qu’il venait de lui dire qu’elle avait juste été une bouillotte en forme de fille. Qu’il se foutait complètement d’elle, qu’elle ne représentait rien d’autre qu’une vague connaissance qu’il croisait un peu trop souvent, basta. Putain, pourtant, il avait bien menti sur ce coup-là, de quoi être fier dans sa cruauté presque. Mais ça aurait été oublier qu’Ana était une foutue gamine entêtée, avec une fierté de galloise pas possible, et qu’elle ne pouvait s’empêcher de l’ouvrir. Lorsqu’elle lui répliqua avec une petite pique, Lachlan eut un rictus immédiat, bouche en coin, faisant claquer ses lèvres. « ‘Core heureux… » souffla-t-il d’un ton qui ne se voulait pas menaçant, mais qui l’était. Sa voix était rauque, baissée d’un octave, si ça se disait comme ça. Une voix d’outre-tombe, presque.

Et c’est qu’elle ne se démontait pas en plus. Avec son timbre doux, il n’y avait pas plus fort que contraste qu'entre cette jeune femme de velours et cet homme brisé par la vie. Pas à cet instant là, alors qu’il serrait les mâchoires à se les décaler et qu’elle ouvrait la bouche. Qu’elle faisait un pas en avant alors que lui luttait pour ne pas reculer. Ce qu’il finit par faire, comme une bête sur ses gardes. Elle voulait savoir si ça allait… Mais il fallait lui faire un dessin ou quoi ?

Vu qu’il avait reculé, ses jambes tapèrent le comptoir, et la lumière le dévoilait un peu. Dans un élan d’impulsivité inexplicable, il attrapa la bougie et fondit sur elle jusqu’à être proche, bien trop proche. « Si ça va ? » Entre leurs deux visages à la même hauteur, la flamme dansait. Sa lumière léchait ses traits durcis par la colère, la peine, la douleur. Le bleu de ses yeux était comme marine, plus rien à voir avec un lagon, mais plutôt avec des abysses profondes dans lesquelles plonger, c’était prendre le risque de ne jamais remonter. « Allez-y, dites-moi, est-ce que j’ai une gueule à aller bien là ? » Ah elle voulait voir ? Et bien qu’elle observe. Qu’elle se délecte. En cette nuit d’Halloween, Ana semblait bien décidé à se faire peur. Et elle avait frappé - enfin, façon de parler - à la bonne porte.
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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Mer 28 Oct 2020 - 1:43

Anastasia avait grandi dans un environnement qui était sain. Alors certes, son frère n'était pas la meilleure personne du monde, sans doute même qu'il l'utilisait un peu. Mais leurs parents étaient des gens biens et équilibrés qui n'avaient jamais fait de différences. Elle avait grandi dans une famille aimante, et n'avait jamais manqué de rien. Aussi la jeune femme n'était-elle pas accoutumée à la violence, quelle qu'elle soit. La violence verbale, elle la maîtrisait, elle ne supportait pas de se laisser aller, bien qu'elle savait qu'il fallait parfois donner de la voix pour se faire entendre une bonne fois pour toutes. Si Ana avait grandi dans un autre environnement, elle aurait saisit plus rapidement les indices de violence brute qui s'échappaient de l'homme face à elle. Son attitude de rejet ne revêtait pas sa forme habituelle de violence verbale, il irradiait de cet homme une torture physique que son esprit terre-à-terre ne saisissait pas. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Le regard un peu troublé, elle le regarda reculer, se dépêtrer, comme si elle lui avait fait peur. Mais à qui diable pouvait-elle faire peur ? Par quels mots l'inquiétait-elle ? Anastasia voulait se montrer gentille et prévenante, pour la simple et bonne raison qu'il était dans sa nature profonde de l'être. On lui avait souvent dit, mi-figue mi-raisin, qu'elle pourrait aisément devenir infirmière, qu'elle avait les épaules pour montrer de la gentillesse lorsqu'il en fallait et de la sévérité lorsque c'était nécessaire. Quoiqu'il en soit, à cet instant-là, Ana ne montrait que de la douceur, et il était fort probable qu'elle ne soit pas capable d'en montrer davantage.
On la voyait souvent comme une poupée délicate, qu'un rien pouvait briser, mais elle était plus dure qu'elle ne le montrait. Pourtant, lorsqu'elle le vit se saisir de la bougie avec violence et s'approcher d'elle avec rapidité, elle eut peur. Sincèrement. De quoi ? Oh, elle eut peur qu'il lui écrase la bougie sur la tête, qu'il lui donne un coup. Mais c'est une autre type de violence à laquelle la soumettait Lachlan. Ses deux lagons ombrageux la regardaient avec la colère d'une personne dérangée dans sa peine. Anastasia l'inconsciente ne recula pas, pourtant. Elle aurait pu se retrouver plaquée contre la porte mais non. Elle avait tenu bon, les pieds bien ancrés dans le sol, le regard noisette droit. La thésarde plongea sans ménagement ses yeux non pas terrifiés mais concernés dans ceux qui s'embrasaient en face d'elle. Elle y trouvait une pointe de colère, de jugement, de mécontentement. De la fatigue. La jeune femme ne sut pas combien de temps dura le silence qui suivit la question de l'homme, une minute ? Deux...? Sans doute que toute la scène n'avait en réalité que duré trente secondes, mais la jeune femme avait l'impression qu'une éternité venait de passer entre eux. Les doigts délicats de la galloise s'enroulèrent sans qu'elle ne sache réellement pourquoi elle faisait cela autour de la main brute qui tenait la bougie pour la lui retirer des mains. Ana la lui prit avec douceur mais avec une certaine autorité au fond. Ses doigts se collèrent à la cire brûlante qui coulait de la mèche, mais elle ne dit rien malgré la grimace qui se promena sur son visage. Sans rien dire, elle la posa sur la petite étagère à côté d'elle.

Elle aurait voulu lui demander ce qui n'allait pas mais se trouvait bloquée par la phrase qu'il avait dite et ce qu'elle même lui avait confiée. Ses problèmes ne la regardaient pas. Ses troubles non plus. Lui demander de se calmer ne ferait sans doute que l'animer davantage et ce n'était pas son but. Les lèvres pincées, Lachlan McCulloch semblait lui avoir coupé la chique. En tout cas, pour un temps : « Halloween est une fête triste que l'on fait passer pour joyeuse pour oublier qu'elle célèbre la Mort de ceux qui sont partis » finit-elle par briser le silence d'une phrase qui n'avait rien d'une phrase de première de classe. Elle ne le disait pas avec un ton de pimbêche, plutôt avec un ton pensif. Le regard toujours perdu dans celui de l'ancien attrapeur des Vagabonds de Wigtown, Anastasia continua : « Et les démons de chacun ressortent toujours un peu pendant cette soirée-là ». Même dans son habit de pendue, la thésarde avait l'air d'une sainte. Elle leva une main pour écarter une mèche de cheveux de son propre visage, guère très éloigné au final, de celui de l'homme qui lui faisait face : « J'espère que vous trouverez une solution pour éloigner les vôtres plus loin ».


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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Mer 28 Oct 2020 - 2:54

Proches comme ça, si proches qu’il aurait pu se passer plein de choses, Lachlan avait tout le loisir de lire dans les yeux bruns d’Ana. D’abord, il y avait eu la peur. Il connaissait ça, par coeur. Normal quand on voyait ce qu’il faisait aux gens. Ils avaient tous des yeux différents, mais la lueur qui brillait dedans avant qu’il ne se déchaine, c’était toujours la même. Et il l’avait repérée, là, fugace certes, mais présente. En même temps, l’animalité de Lachlan était exacerbée, prédateur qu’il était face à une proie qu’il n’avait pourtant pas envie de dévorer. Mais elle tirait sur une putain de corde déjà bien élimée, et tous les voyants étaient au rouge. La proximité rendait les choses encore plus dangereuses, et il fallait être totalement inconsciente ou avoir un instinct à chier pour ne pas détaler à toute vitesse. La poitrine du sauvage irlandais se soulevait, fort, sa respiration était bruyante. Son regard ne la lâchait pas, ne comprenait pas que la peur soit partie.

Il l’avait invitée à le dévisager, mais l’exercice était foutrement désagréable. Lachlan n’aimait pas qu’on s’attarde sur lui, sur ses traits fatigués par les années, les épreuves, les merdes de la vie. Il n’avait jamais aimé ça d’ailleurs, même pas à l’époque où il brillait sous les feux des projecteurs et qu’il posait pour les magazines, parce que les contrats, blabla. Sans doute parce qu’il savait qu’il était un grimoire ouvert, et manque de pot, la gamine s’y connaissait en lecture. Pourtant, elle manquait de perspicacité, c’était fou. Il eut envie de lui hurler de partir, parce que sinon il allait allait vriller, et il ne pouvait pas, ne voulait pas ça. Sa violence prendrait sans doute une autre forme, et il y en avait tellement en lui qu’il ne savait jamais trop comment elle allait éclater. Mais c’était toujours grandiose, bruyant. Terrible. Ana ne méritait pas ça.

Occupé à maintenir son regard, il n’anticipa pas son geste, pourtant gentil. Tressailit, les nerfs à vif, en sentant ce contact doux qu’il n’avait plus l’habitude de connaître. Lachlan n’aimait plus qu’on le touche, plus depuis qu’on avait fouillé dans son cerveau avec des sorts et d’autres trucs moins reluisants que ça. Qu’on l’avait attaché à son lit pour le protéger de lui-même. Les seuls contacts qu’il avait avec les gens, c’était pour les détruire. Ou alors, il les monnayait pour se simplifier la vie et recevoir une once d’affection feinte une demie-heure. Ses dents se serrèrent plus forts pour contenir une réaction physique plus forte que ce frisson désagréable. Pourquoi elle avait fait ça ? Ca ne dura qu’un instant, mais c’était déjà trop, et il eut envie de se barrer mais n’en fit rien. Inexplicable. Le silence était lourd de sens, et peut-être qu’elle avait peur de lui tourner le dos pour partir en fait.

Il n’y avait rien à rajouter suite à sa phrase, et pourtant. Elle lui sortit une phrase bizarre, sur la nuit qu’ils vivaient là, et il trouva ça complètement con sur le moment. Elle pouvait bien parler de la mort, la moldue, alors qu’elle devait aussi avoir découvert ça à travers ses lectures. Ou alors une perte familiale, rien de plus. Lachlan, lui, la semait sur son passage. Ôtait la vie à des gens qui n’avaient rien demandé. Avec effroi, il réalisa qu’un jour, on lui pourrait lui demander de la tuer, elle. Et il serait obligé de s’exécuter, de l’exécuter, pas par conviction, mais par obéissance aveugle. Lachlan détestait tuer les femmes. Laissait ce sale taff aux autres. Mais à cet instant, il réalisa qu’il détesterait plus que tout devoir la tuer elle. Parce qu’il la connaissait ? Autre raison ? Pas le temps d’analyser.

Alors l’écouter de démons là, c’était plus sordide que jamais. Il eut l’impression qu’elle le perçait à jour avec des mots, et ça faisait mal. Les psys ne lui parlaient jamais comme ça, refusant d’utiliser des mots qui pourraient faire baisser son estime parce qu’il fallait que ça remonte, paraissait. Mais pourtant, c’était ça. Il était un démon et ce soir, plus que jamais, le fantôme de feu Lachlan McCulloch flottait au-dessus de la bête dépourvue d’âme qu’il était devenu. Une bête dont la jeune femme n’avait pas peur, comme dans ces contes débiles qu’on racontait aux gosses. Ca finissait mal pour le chaperon dans la vraie histoire, elle le savait ça ? « Pourquoi vous m’dites ça ? » Son ton était sec, mais on sentait y poindre une autre émotion. Tout aussi brute, mais moins violente peut-être. « Les démons, on en parle pas Ana. Sinon, on les convoque. Et ça, c’est pas bon. » Tout le monde en avait, des démons ? Qu’elle lui parle des siens, qu’il rigole. Penchant la tête sur le côté de façon presque imperceptible, il cala soudainement sa main dans le creux de ses reins et colla brutalement ses hanches contre lui. Ses lèvres étaient si proches des siennes que leurs souffles se mélangeaient. « Appelez-pas les miens, je vous en conjure. » Sa voix n’était plus qu’un murmure, presque une supplique. Ses yeux se fermèrent tandis qu’il relâchait son emprise dans son dos. Elle était libre de partir. C’était là la seule chose sensée à faire.
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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Mer 28 Oct 2020 - 14:21

Anastasia était quelqu'un de doué d'une forte sollicitude. Elle avait une joie de vivre généralement communicative mais cette dernière semblait se heurter à un mur tout droit venu d’Écosse. Elle ne savait pas ce qui rendait Lachlan McCulloch si défiant envers elle, mais ce devait être grave. Naïvement, elle s'imagina que c'était un mauvais souvenir ramené de son ancienne vie ou bien la réminiscence de la mort d'un proche. La jeune femme ne se rendit pas compte de ce qu'elle provoqua en le touchant délicatement, c'était bien dommage, d'ailleurs. Peut-être que faire face si brusquement à un rejet l'aurait fait partir. Mais que voulez-vous, Lachlan était bien complexe comme homme. Les phrases qu'elle lui confia avaient pour but de lui donner du courage ou en tout cas, la force de passer à autre chose ce soir. Oh, ça marcherait sans doute sur une petite déprime passagère. Mais Ana ne savait pas que ce n'était pas une déprime passagère mais quelque chose de beaucoup plus profond et enfouis que cela. Elle était à côté de la plaque, sans savoir à quel point. La thésarde eut l'impression que l'expression de l'homme changea quelque peu mais les ombres projetées par la bougie la faisaient sans doute halluciner plus qu'autre chose. Ajoutez à cela le verre de liqueur de licorne qu'elle avait prise, et vous aviez sans doute la raison. L'ancien attrapeur pouvait être plus en colère encore qu'elle ne le remarquerait pas.

Perdue dans son regard, elle y vit toute la rage qui résidait en dedans, ces abstraites couleurs qui tiraient sur le bleu généralement donnaient ici l'impression de tirer maintenant sur le gris et elle ne comprenait pas. Anastasia commençait à le trouver beau, de plus en plus beau, au fur et à mesure qu'elle le croisait. Alors, elle n'était vraiment pas une adolescente amoureuse ? Le sentiment d'amour était quelque chose de beaucoup plus fort et la jeune femme penserait davantage, en réalité, à une attirance sincère doublée d'une curieuse affection profonde. « Je vous dis ça parce que... » - sa phrase fut coupée en plein vol alors qu'il la rapprochait brusquement de lui. Oh, tout le corps d'Anastasia avait envie de se coller encore plus, si c'était possible, contre celui du vendeur du magasin de Quidditch. Elle en crevait d'envie, mais son propre cerveau la conjurait de ne pas se laisser faire, de montrer un peu de caractère. Allons bon, elle était une fière représentante du Pays de Galles, ou non ? Allez savoir... Son nez frôlait celui de l'homme sans qu'elle ne daigne faire un mouvement pour franchir la barrière de ses lèvres. Non, elle ne l'embrasserait pas. Mais ses paroles à lui raisonnaient dans sa tête comme si un tambour jouait dans ses tympans. On ne sait pas vraiment ce qui se passa dans la tête d'Anastasia lorsqu'elle leva doucement la main droite. Timidement. Comme si elle s'attendait à ce qu'il la lui saisisse avec violence pour lui demander de déguerpir de là, ou comme si elle lui demandait la permission. Ana dégagea du front de l'homme une mèche poivre et sel légèrement humide, le regard pensif. « Je n'aime pas en voir dans les yeux des gens » avoua-t-elle doucement, « surtout pas dans les vôtres ». Terrible aveu que celui que faisait la galloise à cet instant. Elle ne comprenait pas pourquoi elle sentait ses propres joues rougir légèrement sous sa peau blanche, elle ne comprenait pas plus ce qui l'avait poussé à entrer dans la boutique de Quidditch à cet instant. L'inquiétude pour lui, c'était ce qui l'avait poussé là, mais pourquoi la ressentait-elle ? Ils n'avaient pourtant pas élevé des botrucs ensemble... Le corps de l'étudiante était toujours résolument proche de celui de l'ancien joueur de Quidditch lorsqu'elle rabaissa sa main. Le contact avait été bref, quoiqu'empreint de sincérité et de douceur pourtant. Ana ne voulait pas constituer un démon en elle-même, elle voulait juste le voir combattre les siens.


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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Jeu 29 Oct 2020 - 0:43

Il flottait dans l’air comme un truc bizarre. Vous savez, comme si c’était palpable ou presque, une tension à couper au couteau. Même si bon, parler d’instrument tranchant à ce moment là était sûrement une mauvaise idée. Lachlan n’avait pas réfléchi quand il l’avait saisie comme ça, comme une poupée de chiffon qui se laissait faire comme si c’était normal. En même temps, il avait une sacrée poigne, et une volonté infaillible parfois. Sans doute aussi que la surprise jouait pour lui. C’était quand même fou, parce que trois minutes avant, il aurait tout donné pour que chaque pas qu’elle faisait l’éloigne de lui. Et regardez maintenant ce grand con - enfin grand… - collé à elle comme si elle était une chose désirable à souhait. Pourquoi avait-il fait ça ? Ah, parce qu’il fallait des raisons, pardon, dans ce monde fou. Aucune putain d’idées, car si Lachlan ne réfléchissait déjà pas tant en temps normal, ce soir, son cerveau était aux abonnés absents. La pancarte était bien retournée, closed, so closed, repassez demain. Pour ça qu’il fallait qu’elle parte, la gamine. Parce qu'un un cerveau cassé, ça valait pourtant mieux que pas de cerveau du tout.

Heureusement, il avait fermé les yeux. Un sens de moins, c’était pour le mieux, du moins il y croyait. Mais ça exacerbait les autres, et elle sentait la liqueur dans son souffle, et aussi une odeur florale inexplicable qui émanait de sa peau. Ses démons étaient bien là, toujours, de toute façon ils ne partaient jamais vraiment. Mais avec sa drôle de présence, avec ses mots gentils là, elle venait tout flinguer. Il avait envie de sombrer dans ses enfers et elle l’empêchait, non mais, sérieusement ? Au moins, il ne la regardait pas. Elle l’exaspérait autant qu’autre chose, il ne savait pas quoi, cette envie de la protéger était si étrange qu’il avait décidé de ne pas chercher à comprendre pourquoi ça existait.

Fermer les yeux, ça avait des avantages. Mais pas que. Lorsqu’il sentit sa main frôler ses cheveux dans un geste tellement gentil, il eut envie de transplaner instantanément. Non. Putain, il ne méritait rien de ça. Il savait que c’était la grise qu’elle avait touchée, ne lui demandez pas comment, c’était comme ça. Pourquoi celle là ? Pourquoi la représentation physique de ses tortures internes ? Il eut envie de lui chopper la main à lui en péter le poignet mais n'en fit rien, si ce n’était serrer ses paupières bien fort. Comme si c’était physiquement douloureux. C’était un peu le cas. Sa femme, elle faisait pareil quand elle le savait tracassé. Alors il se rappela l’avoir confondu, il se dit aussi que quand il avait aimé sa moitié, elle avait genre cet âge là, et ce même éclat doux dans les pupilles, c’était dingue.

Ses mots ne comptèrent même pas. Lachlan ne savait pas écouter correct, ça n’avait comme jamais été son genre de toute manière. Parler, ça ne servait à rien si ce n’était mal se comprendre. Cet homme là était animal, instinctif, et là, ce que ça lui gueulait dans le tympan, c’était violent. Pas violent comme dans la ruelle, comprenez bien. Il n’avait pas écouté, mais il avait entendu qu’elle parlait de regard, un truc comme ça, et surtout du sien mais… Merde, c’était quoi le bordel ? Son souffle était saccadé, presque aussi brutal que quand il tabassait la plèbe. Il fallait qu’elle parte, vraiment, c’était une nécessité. C’était vital. « Putain, ce que vous êtes chiante, sérieux… » C’était sorti, comme ça, sans filtre, comme toujours. Mais ça n’était pas là le même niveau d’agacement qu’avant, c’était tout autre et il n’arrivait pas à savoir quoi. Partant de ses reins, sa main parcourut la colonne plaquée sous le costume peu flatteur et remonta à sa nuque, rapprochant un peu plus son visage du sien tandis qu’il ouvrait les yeux sans oser provoquer les siens. Sans rire, il sentait à moitié la peau fine de sa lèvre supérieure frôler la sienne. Pourtant, il ne l’embrassa pas. C’était pas loin, mais ça n’était pas ça. Il n’aurait jamais osé. Quoique ? « Vous auriez pas dû venir ici ce soir… » lâcha-t-il dans un murmure vraiment, vraiment bas. Moins de fureur, plus de confidentialité dans l’affirmation. « Partez. Maintenant. » Là où ça aurait du sonner comme un ordre, ça n’était pas le cas. Car sa main était encore calée dans le creux de son cou, et la proximité toujours aussi forte. Mais il n’arrivait pas à se décoller, cet imbécile malheureux.
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Anastasia A. Appleton

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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Jeu 29 Oct 2020 - 16:33

La tension qui s'invitait dans leur conversation n'aurait pas dû apparaître. Lachlan allait mal, c'aurait dû être une atmosphère de violence, une atmosphère particulière. Mais non, c'était autre chose que l'esprit naïf et terriblement pur d'Anastasia ne parvenait pas à identifier pleinement. Oh, il se passa bien quelque chose dans le corps de la galloise lorsque l'homme la plaqua contre lui. Il se passa un truc, oui. Quoi ? Elle ne saurait le dire. Ses yeux noisettes se perdaient dans la tempête déchaînée qui faisait rage dans les pupilles de l'homme qui la tenait si fermement, du moins, avant qu'il ne ferme les yeux, comme en souffrance. Ana aurait dû se sentir menacée, elle aurait dû fuir, partir, crier peut-être même. Mais non. L'attractivité de leurs deux corps la mettait presque dans un stupide état de transe et elle ne comprenait pas ce qui se passait. L'insulte jaillit des lèvres de l'ancien attrapeur des Vagabonds de Wigtown sans la vexer néanmoins. Comment se vexer dans pareille situation ? Comment vouloir partir alors que ses mains la tenaient ainsi ? Comment vouloir partir alors qu'elle ressentait pareille souffrance en face ? Ana n'était pas atteinte du fichu syndrome de l'infirmière, elle aimait juste aider les gens. Mais derrière cette volonté se trouvait présentement une fascination pour l'écossais qui la tenait qu'elle ne parvenait pas à ignorer. Un frisson lui embrasa l'arrière du crâne lorsqu'elle sentit la main de l'homme remonter le long de sa colonne vertébrale. Jamais leurs bouches n'avaient été aussi proches et jamais elle n'avait autant voulu l'embrasser. Mais elle se tînt tranquille, sans savoir comment, alors qu'enfin, il la regardait.

Ana n'avait même pas remarqué qu'en baissant sa main du visage de Lachlan, elle l'avait échoué sur le torse de celui-ci, comme s'il s'agissait de sa place, alors que ce n'était pas le cas, du tout. Il lui demanda de partir, maître de son empire, la boutique de Quidditch. Mais comment partir alors qu'elle était emprisonnée entre ses doigts ? Sans faire un geste différent, toutefois, totalement abandonnée aux mains de l'homme tant et si bien que s'il l'avait embrassé elle se serait laissée totalement faire, elle répondit d'un trait de souffle, sur le ton de la confidence, sans taquinerie : « Libérez moi, et je partirai si c'est ce que vous voulez ». Si c'est ce que vous voulez... Ana ne parlait pas de son envie à elle, qui n'était certainement pas de partir, mais bien de son envie à lui. Elle avait pourtant l'impression que derrière le mur que composaient les mots de l'écossais, se trouvait une autre sorte d'envie, qui n'était certainement pas celle de la laisser partir.
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Lachlan McCulloch

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MessageSujet: Re: La nuit où rôdent les monstres w/Ana La nuit où rôdent les monstres w/Ana 129196351Ven 30 Oct 2020 - 1:23

Qu’est-ce que tu fous Lachlan ?

La folie de l’ancien attrapeur n’était pas de celles qui vous faisait entendre des voix. En général même, elle se taisait. Et puis, elle explosait d’un coup. Non, là, c’était plutôt la voix de la lucidité qui l’interpella. Bizarre qu’elle ressemble un peu à la sienne, parce qu’être raisonnable, pas trop le genre de la maison. En tout cas, il semblait y avoir comme un truc qui venait de se réveiller, un truc qui lui soufflait de se barrer mais vraiment. Qu’est-ce qu’il avait avec les femmes en ce moment, sérieux ? L’autre jour déjà, presque au même endroit, il avait aussi agi comme un imbécile en manque. Fatigue. Désir. Connerie peut-être aussi. Mais au moins, l’autre fois, il arrivait à aligner trois mots, et il ne venait pas non plus de cogner un type à lui en faire sauter une rangée de dents.

Ce qu’il foutait donc ? Pas la moindre idée. Complètement inconsciente, elle avait laissé ses mains sur son torse, sur sa chemise où il y avait encore un peu de sang sur les manches qu’il avait retroussées. Méfait invisible. Il attendait qu’elle parte, c’était quand même ce qu’il avait demandé. Elle avait l’air bien sage et docile, alors pourquoi elle n’obéissait pas comme une brave fille, hein ? À ce niveau-là, on appelait plus ça de la tension. On appelait ça de l’inconscience. Elle était hardie hein, ça faisait des lunes qu’elle lui montrait. Elle répondait là où ça appelait le silence. Elle avançait vers lui quand il fallait partir. Elle dormait dans sa tente alors que ça n’était pas la chose à faire. Être courageuse, c’était bien. Effrontée, pas forcément. Surtout quand on faisait face à un homme qui était l’incarnation même du Gryffondor, téméraire mais un peu con sur les bords, roi de la mauvaise décision.

La libérer ? Le mot était intéressant en vrai, parce que ça évoquait plein de trucs. Elle se sentait prisonnière, vraiment ? Avec son caractère de merde, elle n’aurait pas eu à se débattre longtemps pour se barrer, en vrai. Même qu’il n’aurait même pas résisté. Mais elle n’essayait même pas. C’est qu’elle voulait rester, et lui, qu’est-ce qu’il voulait ? Dormir, et peut-être ne jamais se réveiller. Oublier ce qu’il venait de faire, et ça incluait l’incident ruelle comme son comportement de merde là, maintenant, tout de suite. Ses yeux étaient accrochés aux siens, il cherchait une once de réponse, mais il n’en trouva pas. Comme si l’un ou l’autre savait ce qu’il faisait. Elle lui demandait d’être raisonnable ? Bah elle avait frappé - ah non, merde, c’est vrai - à la mauvaise porte.

Il y avait à peine un demi-centimètre à parcourir, autant dire que l’effort à fournir était minime. Après quelques secondes de lutte contre d’autres démons, Lachlan posa ses lèvres sur celles d’Ana. Ou plutôt, non. C’était pas un baiser chaste, du tout, à peine s’il parvint à se retenir à la mordre un peu. Ses lèvres avaient attrapé les siennes, et ses yeux s’étaient fermés, et il ne savait plus ce qu’il faisait. Qu’est-ce que tu fous, bordel ? La voix de la raison revenait, et si son cerveau n’écouta pas, son corps, un peu. Sa main libre avait attrapé sa baguette dans la poche arrière de son jean usé après quoi, cinq, dix secondes à mélanger sa langue à celle de la jeune femme, il se décrocha d’un coup et transplana brutalement, sans dire un mot.

À bout de souffle, Lachlan atterrit en vacillant face à son vieux fauteuil, dans lequel il s’affala comme s’il venait de jouer un match de 5 heures et demie. Pas son genre de laisser la boutique comme ça, de fuir même, mais c’était pour le mieux. Il y repasserait dans une heure, quand elle aurait probablement quitté les lieux, pour fermer. En attendant, il resta bien une demie-heure dans son fauteuil, à fixer le vide sans rien faire avant de traîner sa carcasse exténuée jusqu’à sa douche. Le jet d’eau acheva de faire disparaître les gouttelettes de sang qui étaient restées collées à sa peau. Ah ça, au moins, il n’avait plus sa rage en tête. Juste un autre truc presque plus problématique. C’est qu’elle était vraiment putain de chiante, cette moldue…
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