Déposition à venir : hibou envoyé le 10 novembre 1978.

La lettre violette était sagement posée sur les couvertures, attendant d’être lue par son destinataire. Svetlana la fixait étrangement du regard, ne sachant ce qui l’attendait à l’intérieur. Son père avait-il décidé d’avoir recours aux instances ministérielles pour la faire revenir ? Après tout, il était ambassadeur et le nom de Vassiliev avait désormais une certaine influence dans le département de la coopération internationale. Lorsqu’enfin la jeune russe enleva le cachet de cire, quel ne fut pas son soulagement. Quoique la situation n’était pas réjouissante pour autant.

Mademoiselle Svetlana Vassiliev,

Vous êtes invitée à effectuer une déposition de témoignage en lien avec la série de meurtre de ces derniers mois.

Rien que de penser à ces évènements, un frisson la parcourut. On l’interrogeait notamment par rapport au double meurtre lors de la soirée de clôture du Festival. Le visage blême, la jeune femme prit un parchemin, un cahier comme support et sa plume, s’installa sur son lit et releva les genoux pour écrire sur ses jambes.

Madame, Monsieur l'Auror,

Je soussignée Mademoiselle VASSILIEV Svetlana née le 21 décembre 1959 à Moscou, habitant à Londres, exerçant actuellement le métier de apprentie médicomage et serveuse à temps partiel, déclare par la présente lettre avoir été témoin des faits suivants :

Je travaillais depuis le début du festival comme intermittente. J’étais essentiellement à la buvette, mais il m’arrivait d’aller seconder d’autres équipes du staff, notamment en coulisse. Ce n’était pas facile, il fallait gérer les sorciers qui avait un peu abusé de l’alcool ou autres substances, nettoyer derrière eux et gérer les débordements. Il y avait d’ailleurs un sorcier qui venait tous les soirs, buvaient jusqu’à ne plus pouvoir et venait chercher des noises aux autres festivaliers. Normalement, il aurait dû être blacklisté mais il semblerait qu’il ait ses entrées. Je ne me souviens pas de son nom. Ma-quelquechose. Blond. Grand. Les yeux clairs. Ou alors foncé ? Je ne me souviens plus, le travail était prenant. Plutôt fin. En tout cas, il n’avait pas de laisser-passer, seuls les artistes, les membres du staff et les proches pouvaient avoir le badge. Mais je sais que certains agents en charge de la sécurité laissaient passer des gens en échange de quelques galions.

Je crois me souvenir que le 15 août 1978, cet homme a de nouveau abusé de quelques herbes, devant particulièrement violent. C’est le directeur du Staff qui l’a fait sortir en personne et il a menacé les agents que s’il le revoyait sur le site demain soir, il les ferait passer sous veratisserum et retirerait leur paie s’il s’avérait qu’ils avaient été corrompus.

Concernant les évènements survenus le 16 août 1978, je ne me souviens de rien. Tout le monde était heureux de faire cette soirée, il y avait une ambiance de fête. Cependant, je tiens à signaler que le matin, entre 5h et 7h, alors qu’on préparait la soirée de clôture, installation des feux d’artifices, des espaces… j’ai aperçu une silhouette au loin qui tirait quelque chose de lourd. Je ne saurai dire si c’était une femme ou un homme, j’étais trop loin pour m’en rendre compte. Au début, je croyais que c’était Warren, mais il m’a dit qu’il était de l’autre coté à ce moment là, en train de démonter l’une des scènes secondaires.

Une femme est également venue, encapuchonnée. Elle avait une voix étrange, légèrement caverneuse. Elle a proféré des menaces au directeur avant de transplaner.

Je reconnais avoir pris connaissance du fait que le présent témoignage sera utilisé en justice et que selon l'article 441-7 du Code sorcier : "Est puni d’un an d’Azkaban et de 15 000 Gallions d’amende le fait d’établir une attestation ou un certificat faisant état de faits matériellement inexacts."

Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur l’Auror, l'expression de mes salutations distinguées.

Svetlana Vassiliev

La jeune femme relut son parchemin en corrigeant ci-et-là les quelques erreurs qu’elle aurait pu faire, puis, satisfaite, elle glissa sa déposition dans une enveloppe. Elle écrivit l’adresse :




Ceci fait, elle tendit le courrier au hibou — il avait attendu tout ce temps — qui s’en empara et s’envola en direction du Ministère. Lana le regarda s'éloigner en pinçant légèrement les lèvres. Elle avait omis de dire certaines choses concernant Warren, mais elle ne voulait pas l'impliquer dans cette histoire. Il avait été gentil avec elle. Il l'avait aidé à oublier. Elle lui devait bien ça.