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COTÉ DU MAL

Courriers à envoyer à l'Atelier

Ronan ne répond qu'aux gens qui en valent la peine, c'est à dire que 99% de la population est exclue. Mais vous pouvez tenter votre chance, des fois qu'il soit dans un bon jour.

MOLDU

Quelques jours plus tard, un hibou aux plumes dorées vint taper aux vitres de l’Atelier. Entre ses serres se trouvait une lettre subtilement parfumée, d’une senteur qui ne saurait être inconnue à son destinataire.

Très cher Mr Malone,

Visiblement, l’idée d’un second rendez-vous vous séduit. Vous m’en voyez ravie.

Non que la vision de vous m’écoutant à demi en peignant une toile ne soit pas charmante, mais il me semble de bon ton de poursuivre cette conversation sur mon Domaine, pour reprendre vos mots.

Je vous propose de m’y retrouver ce mardi, à 4 p.m.
Vous pouvez y entrer sans frapper, je n’en prendrais pas offense.

Mrs Reed.

P.S : Notez qu’habituellement, je laisse le soin à ma secrétaire de traiter ce genre de courrier, puisque les précisions de ce genre semblent compter.

Monsieur Malone,

C’est avec une certaine curiosité et un intéressement moindre, que je me permets de vous contacter.

Ayant vu par ailleurs, votre annonce dans la Gazette du Sorcier mentionnant un emploi au sein de votre Atelier. Je ne vais pas y aller par quatre chemins et je pense que vous êtes de la même trempe : j’ai besoin d’apporter quelque chose en plus sur mon parcours de vie et vous, vous avez besoin de deux mains qui sauront répondre avec la plus belle plume possible à votre courrier personnel et professionnel.

Je souhaite une entrevue avec vous, malgré votre présence qui va apparemment être affreuse et agaçante. Néanmoins, j’en serais seule juge. Et, je vous paraphrase.

Je suis disponible les week-ends en début de matinée. Le restant étant entièrement consacré pour les études à l’EMS. Faites-moi parvenir vos créneaux horaires et nous conviendrons d’un moment qui sera adéquat et correct, pour tous les deux.

Dans l’attente d’une réponse de votre part. Qui sera positive, évidemment.

Cordialement,
Meredith Hawthorne

MOLDU

30 décembre 1978.

Ronan,

Comme il me tarde de revenir à Londres.
Gravir les marches jusqu’à ton Atelier, pousser la porte sans prendre la peine de frapper, et t’interrompre dans quelque tâche artistique pour satisfaire notre passion commune.

Sans doute ne devrais-je pas écrire ça. Il est possible que j’ai lutté un peu avant de prendre ma plume, mais il semblerait que certains élans soient difficiles à réfréner. Je dirai bien que tout ceci est ta faute, mais à ce genre de jeux, il me semble qu’il faut bel et bien être deux.

Est-ce que tu t’es langui de moi ? Est-ce que plusieurs fois, quand ta porte s’est ouverte, tu as espéré me voir apparaître, et ressenti les affres de la déception t’assaillir ?
Ma certitude d’être loin de toi m’empêche pareilles montagnes russes. Le sentiment est comme, plus long, diffus. Ce doit être ce qu’on appelle le manque. Moi qui n’ai jamais manqué de rien, c’est une nouveauté dont je découvre le goût bien trop amer.

Mais cela ne rendra les retrouvailles que plus intenses. Du moins, je ne peux pas m’empêcher de les imaginer, sachant que la réalité sera sans doute bien plus à la hauteur que ce que mon esprit s’invente. Après tout, n’avons-nous pas toujours été particulièrement exceptionnels ?

Ne me réponds pas, pour les raisons évidentes que nous n’avons jamais abordées.
Mais rejoins-moi ce premier samedi de janvier, au Pelforth Hotel. Ton nom, pas le mien.

Mes lèvres brûlent de retrouver les tiennes.

B.

Spoiler:

Monsieur Malone,

J'y serais.
A l'heure et à la date prévues.

Cordialement,
Meredith Hawthorne

20 mai 1979

Ronan,

Si toi, tu as été surpris de me savoir en Angleterre, je le suis d’autant plus d’avoir reçu ta lettre. Mais, ce n’est nullement un reproche, cela me fait étrangement plaisir de revoir ta prose couchée sur le papier. Ton intuition, n’est peut-être pas si infaillible que cela ! Il faut toujours écouter la petite voix que tu as dans ta tête. C’est celle qui peut te souffler les meilleures décisions …
Dont celle, de m’avoir contactée en premier lieu.

Je te remercie pour ton accueil et je prends note de ton adresse. Je viendrais te rendre visite, rapidement. Pour voir ton espace de vie et de création.

Bien à toi,
Rosa

Fin Juillet 1979

Lenny,

Je demeure inquiète. Tellement.
Qu'est-il advenu de notre Chemin de Traverse ? Existe-il encore un lieu sûr où se réfugier sans risquer d'offrir notre dernier souffle au monde qui nous entoure ?

Je ne me suis pas rendue à cet endroit ce jour-là, je ne suis pas allée peindre. Peut-être, me traiteras-tu de loufoque ou de folle, parce que j'ai suivi ma petite voix, mon intuition ? Mais, j'espère que tu as suivi la tienne. Et, je souhaite que mon courrier parvienne à destination et que ... ~~je ne vais pas arriver à formuler ces mots ... pardonne-moi ... que tu ne soies pas mort. Que ton corps, ne soit pas gisant dans une mare de sang, autour de tes toiles ...~~ J'en serais malade et inconsolable, mon Lenny. Inconsolable.

Ce n'est pas la meilleure lettre que j'ai pu ou voulu t'écrire. Or, si tu pouvais me répondre, je serais tellement soulagée ! Tellement ! Que tu me dises que tu vas bien, que tu es en un seul morceau et je pourrais t'accueillir, parce que je serais si heureuse de te savoir en vie. Je prie, tout ce que je peux, pour que mes maigres mots te soient transmis.

Avec toute mon affection,
Alexis

Par endroit, l'encre s'est dissoute sur le parchemin, parce que des larmes sont venues s'y perdre.

Début Août 1979.

L'écriture du parchemin ne se révèlera qu'à son principal destinataire. Et, dès lors que la missive sera lue par ce dernier, elle s'éparpillera en cendres sombres. Comme, si rien de tout cela, n'avait existé.

Ronan,

Mon ami. Mon meilleur ami.
Je souhaite que ça aille. Que t'es pas bloqué sur le Chemin de Traverse, vu que je sais que ton Atelier se trouve sur ce territoire occupé. Et, que t'es pas blessé. Que t'as rien.

Que tu parviennes à créer, comme tu sais si bien le faire.
Parce que, ce sont pas dans les moments les plus ténébreux, qui font qu'un Artiste se transcende ? Pardonne-moi pour ces mots, je me sens poète. Et, je fais peut-être bien. Crois-moi.

T'es pas obligé de donner des nouvelles.
Ou tu balances un signe. Que moi, je pourrais facilement comprendre.

En tous les cas, porte-toi bien.
Cette merde sera bientôt finie.

N.B.E

L'écriture qui d'ordinaire tend à être appliquée, est totalement désordonnée. Certains mots, sont plus foncés. Plus appuyés.

MANGEMORT

Très cher Monsieur Malone,

J'ose espérer que mon silence ne vous a pas trop vexé, vous qui semblez avoir été plongé dans un tel tourment que vous en avez perdu le sommeil. Il faut dire que je n'ai pas reçu vos missives, et qu'il est miraculeux que l'une d'entre elles ait été retrouvée parmi les décombres et les ruines du désormais désolé Chemin de Traverse.

Seize lettres donc, Monsieur Malone ? Si j'avais eu le loisir de vous répondre, croyez bien que cela aurait été ma priorité. Ou peut-être de contacter le Ministère afin de sortir du cauchemar que mes camarades d'infortune et moi traversions, allez savoir ? N'ayez crainte d'ailleurs, aucune de vos oeuvres n'a été endommagée, j'y ai personnellement veillé. Car n'est-ce pas ce qui compte avant tout, protéger cet Art qui importe tant plutôt que nos propres vies ?

Je gage qu'une entrevue entre nous serait nécessaire pour apaiser un peu votre âme blessée.
Toutefois, d'autres affaires requièrent ma présence loin de Londres et des souvenirs pénibles qui la hantent encore.
Ne pouvant donc m'avancer sur une date, mon assistante se chargera de vous convoquer en temps voulu.

Respectueusement,
H. Nott.

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