Pour Ava, Ares était plus important que tout. Même s’ils avaient quelques années d’écart, ils avaient toujours partagé une relation fusionnelle. Ils étaient presque connectés, comme deux aimants, comme deux jumeaux. Même s’ils ne l’étaient pas. Ava ne serait sans doute pas la même, si elle n’avait pas eu Ares, et elle n’était pas certaine qu’elle aurait été aussi forte qu’elle ne l’était aujourd’hui. Ou qu’elle pensait l’être, tout du moins. Durant ces mois en prison, les quelques contacts qu’elle avait eu avec Ares, même s’ils n’avaient eu la forme que de bouts de papier, l’avaient aidé à garder pied, et à ne pas sombrer lentement vers la folie. Tout à Azkaban était pensé pour rendre ses pensionnaires complètement fous, peu importe la durée de leur peine.

Maintenant qu’elle était de nouveau libre, elle avait envie de laisser tout cela derrière elle, et de ne plus y penser. Elle en faisait encore des cauchemars la nuit, mais elle espérait bien que cela allait s’amenuire, au fil du temps. Quoiqu’il en soit, elle faisait ce qu’il fallait pour penser à autre chose, occuper son esprit pour tenter d’oublier ces derniers mois d’enfer. Et une des meilleures choses qu’elle avait trouvés, c’était de passer le plus de temps possible avec son frère. Elle avait été séparée de lui durant un long moment, et elle avait besoin de le retrouver. Il était la personne dont elle était la plus proche, il était son frère, son confident, son meilleur ami… elle avait besoin de sa présence, et elle était heureuse de l’avoir retrouvée.

Une fois n’est pas coutume, Ava avait décidé d’aller rendre visite à son frère. Elle savait que c’était son jour de repos, et donc qu’il serait probablement chez lui. Elle l’espérait du moins, elle n’avait pas envie de se retrouver devant sa porte sans que personne ne soit là pour lui ouvrir. Le meilleur moyen d’en être sûre, c’était encore de tenter la chose. Elle n’avait pas de motif particulier, pour lui rendre visite. Elle avait juste envie de le voir, et elle estimait que c’était amplement suffisant, et qu’il n’y avait pas besoin de plus. Et elle ne doutait pas du fait qu’il serait très probablement de cet avis, lui aussi.

Une fois arrivée devant chez Ares, Ava sonna à la porte, et attendit avec plus ou moins de patience (surtout moins chez elle) que l’on vienne lui ouvrir la porte.

Pour Arès, ces derniers mois avaient été un véritable enfer. Lorsqu’Ava a été envoyée à Azkaban, c’était toute une partie de son âme qui y avait été envoyée également. Il était aussi mal que si c’était lui qui était en proie aux détraqueurs. Tout était devenu noir dans sa vie, toute lumière avait disparu. Il avait noyé jours après jours son chagrin dans l’alcool, prêt à se laisser mourir jusqu’au retour d’Isaac. Un retour salvateur qui avait réchauffé son cœur, l’avait rendu heureux et l’avait aidé à se battre pour sauver sa sœur. Heureusement qu’Isaac avait été là pour réaliser la lourde mission confiée par Ava. Car lui, il n’en aurait pas été capable. Oui, il l’aurait sûrement fait pour elle. Mais à quel prix ? Ne serait-il pas devenu fou ?Depuis la libération d’Ava, tout allait mieux. Au début, il avait passé tout son temps libre chez elle. Il ne voulait pas la lâcher d’une semelle. De peur que.... de peur de quoi au juste ? Peur qu’elle soit à nouveau arrêtée. Peur qu’elle soit en état de traumatisme. Peut qu’elle déprime. Peur qu’elle fasse une bêtise. Il avait peur de tout et se montrait très protecteur, ce qui ne plaisait pas à sa sœur.  Il avait finît par retourner vivre chez lui, après qu’elle lui ait répété plusieurs fois qu’il pouvait rentrer. Que ca allait et que ça irait. Cela ne l’empêchait pas de prendre des nouvelles chaque jour. Il s’apprêtait à en prendre quand on sonna à sa porte.

« Avaaaa »  dit-il en la prenant dans ses bras. Il était content de la voir. Pourquoi était-elle venue chez lui ? D’habitude, elle l’appelait pour qu’ils se retrouvent. Voulaient-elle rouvrir la boutique ? Au début, le médicomage lui avait recommandé de ne pas reprendre le travail. Pour qu’elle se repose et pour qu’elle évite de compenser dans le travail. Mais cela faisait plusieurs semaines qu’elle était sortie à présent. Cela ne lui paraissait plus nécessairement contre indiqué. Enfin, il faudrait qu’il l’observe dans l’atelier et dans la boutique pour le savoir.  « Quel bon portoloin t’amène ? »

Depuis qu’elle était sortie de prison, Ava avait plus d’une occasion de voir son frère. Etant donné que ce dernier avait passé son temps à la coller. Oh elle savait bien qu’il l’avait fait avec de bonnes intentions, mais à trop être sur son dos, Ava en avait eu vite assez. Elle aimait son frère, mais elle était indépendante, et surtout, elle avait préféré gérer ça toute seule. Personne ne pouvait comprendre ce qu’était Azkaban sans y avoir été envoyé, alors elle n’avait pas eu envie d’en parler spécialement avec son frère, et elle avait juste voulu avancer, et passer à autre chose.

Reprendre le cours de sa vie, c’était ce qui importait le plus pour elle. Elle avait presque envie de faire comme si tout ceci n’était pas arrivé, même si elle était consciente que le regard que les autres allaient poser sur elle avait changé. Mais elle estimait être assez forte pour les affronter, à tort peut-être, c’est vrai. Elle s’estimait peut-être plus forte qu’elle ne l’était réellement, mais elle n’avait aucune envie de se rouler en boule et de pleurer sur sa vie. Après tout, elle avait été blanchie, et acquittée. Aux yeux de la justice, elle était innocente, alors elle n’avait qu’à prouver à tout le monde que c’était bel et bien le cas, même si la vérité était toute autre.

« Avaaaa. Quel bon portoloin t’amène ? »

La jeune femme afficha un sourire et rendit son étreinte à son frère. On peut dire qu’en terme d’ego, Ares mettait toujours un tel enthousiasme quand il se voyait, que celui de la jeune femme était parfaitement flatté. Mais elle tenait sincèrement, et profondément à son frère, et c’était toujours un réel plaisir pour elle de le voir. Même si, elle avait tout de même une petite idée derrière la tête, concernant sa visite de ce jour-ci. Ares ne serait peut-être pas de cet avis, mais elle ne demandait pas son approbation, elle ne faisait que le mettre au courant, voilà tout.

« J’ai besoin d’une raison particulière pour venir voir mon grand frère ? Bon c’est vrai, je voulais te parler de quelque chose, mais je voulais aussi prendre de tes nouvelles. »

Comme toujours, Arès était particulièrement content de voir sa sœur. Surtout en ce moment. Surtout en ce moment car il avait été séparé d’elle beaucoup trop longtemps quand elle était dans cet enfer. Surtout en ce moment car il avait peur qu’il lui arrive quoi que ce soit. Alors, plus il la voyait, mieux il se portait.  Ce n’était donc que par simple politesse qu’il lui avait demandé quelle bon portoloin l’emmenait. En réalité, il s’en moquait. Tout ce qu’il comptait c’est qu’elle soit ici. Qu’il puisse passer du temps avec elle, pour rattraper le temps perdu, et surtout qu’il puisse veiller sur elle.

« J’ai besoin d’une raison particulière pour venir voir mon grand frère ? »

Arès haussa les épaules avec un sourire. « Allez, je t’en prie, rentre. Ne reste pas dehors.» A peine était-il rentré, que Madame annonça qu’elle avait finalement bien quelque chose derrière sa jolie petite tête.  « Bon c’est vrai, je voulais te parler de quelque chose, mais je voulais aussi prendre de tes nouvelles. » Il en était sûr. Elle ne se serait pas déplacée jusqu’ici, juste au dessus de sa boutique pour rien. Arès était quasiment sûr que ce n’était pas son frère qu’elle venait voir mais plutôt sa boutique.  Et pour l’instant, il n’avait pas l’attention de la faire y descendre.  Il l’invita donc à s’asseoir sur le canapé. « Je t’en prie. Assied-toi. Qu’est-ce que je te sers ? » demanda-t-il en faisant semblant d’ignorer le fait qu’elle avait quelque chose à lui demander. Il n’avait de toute façon pas besoin de lui demander quoi. Elle allait poser les cartes sur la table en moins de temps qu’il en faut pour dire potions.

Bien qu’il n’ait jamais été particulièrement doué en divination, comme Arès l’avait prédit, il ne fallu que quelques secondes à sa sœur pour poser les cartes sur la table et réclamer les clefs de sa boutique. Il avait donc vu doublement juste. Avait-il finit par développer le troisième œil ? Non, c’était juste qu’il connaîssait très bien sa petite sœur.  « Je veux bien un thé. Merci. Tu dois t’en douter, mais j’aimerais récupérer les clés de la boutique. ». D’un geste de la baguette, sans prononcer le moindre mot, il versa de l’eau dans un verre avant de la faire bouillir et de faire léviter la tasse jusqu’à la main de sa sœur.   « Quel parfum ?» demanda-t-il naïvement en faignant d’ignorer sa requête.  Il essayait de gagner du temps. Il fallait bien avouer que cette idée, ne lui plaisait pas trop. Il voulait être sûr qu’elle était bien rétablie après le traumatisme qu’elle avait vécu à Azkaban.  Il savait pourtant qu’elle ne lui laisserait pas le choix. Lorsqu’elle eut fait son choix, il fît voler le sachet dans les airs avant de le faire atterrir dans la tasse de sœur.

Il s’installa ensuite à côté d’elle en prenant sa main dans la sienne. De l’autre main, il toucha son front, juste pour vérifier qu’elle n’avait pas de fièvre. Il pointa sa baguette illuminée sur ses yeux pour les examiner.  « Tu es sûre que c’est une bonne idée ? Tu devrais encore te reposer. Avis de médicomage » dit-il. Il n’était pas déterminé à céder si facilement. Elle était peut être têtu mais lui aussi. C’était de famille apparemment.

Lorsqu’il avait « perdu » Ava, Arès avait complètement perdu pied. Son incarcération avait eu sur lui un effet terrible. A l’heure qu’il était, il serait probablement mort, si Isaac n’était pas revenu tel un fantôme du passé pour le tirer de sa dépression. Alors oui, il s’inquiétait. Il avait été si mal qu’il n’osait pas imaginer à quel point, elle avait pu être mal, elle. Soumise quotidiennement aux détraqueurs. Mais en vérité, peut-être qu’elle l’avait mieux vécu que lui. Peut-être qu’elle avait moins de mauvais souvenirs à livrer en nourriture aux détraqueurs. En tout cas lui, il n’avait vécu qu’avec ça jusqu’à l’arrivée d’Isaac. Comme si les détraqueurs étaient avec lui plutôt qu’avec elle « Avis de médicomage ou avis de grand frère ?. » Il laissa poindre un sourire sur son visage. Oui c’était un avis de grand-frère mais cela n’était pas moins un ami de médicomage. Le grand-frère et le médicomage ne faisant qu’un «Un médicomage n’a pas le droit de s’inquiéter pour sa petite sœur sans que cela puisse remettre en cause sa science ?». Au fond, il ne disait pas qu’elle ne pourrait pas reprendre la boutique. Il voulait juste qu’elle se repose pour récupérer de ce traitement inhumain et dégradant qu’elle avait subi. Et puis, il ne voulait pas non plus qu’elle se plonge dans le travail pour oublier. « Je trouve que je me suis assez reposée. Et puis, au pire si je considère que c’est trop dur je pourrai remettre cela à plus tard, mais je ne saurai pas avant d’avoir tenté. » .  Il laissa échapper un soupire en levant les yeux au ciel. Il savait qu’il n’aurait pas le choix. La seule façon de la faire céder, c’était de la soumettre à un sortilège de l’impérium. Mais il ne pourrait pas faire ça. Lui non, mais peut-être qu’Isaac si. Après tout il avait bien tué pour elle, ou pour lui, ou les deux. Il ferait bien ça pour Arès non ? Bon, il ne voulait pas que son meilleur ami puisse avoir des ennuis, alors il chassa cette idée saugrenue de son esprit et d’un geste de la baguette, il jeta un sortilège informulé d’attraction et fît venir les clefs jusqu’à dans la main de sa sœur. « Contente?» demanda-t-il en faisant la moue. Car lui, content, il ne l’était pas. Pas du tout même. Il était persuadé que c’était trop tôt. Mais après tout, il fallait peut-être qu’elle se brûle les ailes pour apprendre non ?  Il savait très bien qu’elle n’allait pas perdre de temps et prendre aussitôt l’escalier qui descendait directement de l’appartement d’Arès à la boutique d’Ava. « Tu devrais pas rester toute seule par contre. Je pourrai rappeler l’employé qui m’a aidé à tenir la boutique en ton absence, quand j’ai réintégré Sainte Mangouste.». Si cela en avait l’air, ce n’était pas vraiment une question. Qu’elle dise « oui » ou « non », il allait l’appeler. Il ne voulait pas qu’elle reste seule. Certainement pas.

 
Arès ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter pour Ava. Ce n’était pas nouveau. Ca avait toujours été comme ça. Elle était sa petite sœur et c’était son rôle de grand frère de s’inquiéter et de la protéger. Que ça lui plaise ou non. En plus, il en avait fait la promesse à leurs parents à plusieurs reprises. En tant que médicomage, il était persuadé qu’après plusieurs mois à Azkaban, on ne devrait pas reprendre le travail si rapidement et se reposer. Evidemment, ce n’était pas dans la nature de la sorcière que de rester chez elle à rien faire ou à faire du tricot.  Il lui remit à contrecœur les clefs sachant très bien qu’il ne pouvait pas lutter. . « Contente?» « Parfaitement. Et ne fais donc pas cette tête Arès, ça n’y changera rien, et ce n’est pas très agréable. ».  Il lui jeta un regard aussi noir que leurs peaux. Il n’allait pas changer de tête. Il n’aimait pas cette idée et il n’allait pas sourire. Qu’elle le veuille ou non.  Pour se rassurer, il lui proposa de faire venir l’employé qu’il avait recruté en son absence pour l’aider.  Evidemment, la proposition ne plaisait pas plus à la jeune fille « Tu veux me baby-sitter ? Tu as si peu confiance en moi que ça ? ».  Il lâcha un soupire avant d’attraper sa main et de la serrer dans la sienne. « Ce n’est pas une question de confiance Ava. » dit-il en remplaçant son regard noir par un regard tendre. « C’est juste que je m’inquiète.  Je suis ton frère. C’est normal. C’est mon rôle  » poursuivit-il en caressant son visage de l’autre main. « Je t’aime Ava » conclut-il avant de poser un baiser sur son front et de la serrer dans ses bras.

HJ: