La paye était tombée la veille et cela tombait fort bien, car Sirius avait bien besoin de renouveler son stock de farces et attrapes. C'est pourquoi, ce samedi-là, alors qu'il n'était attendu au garage qu'au début d'après-midi, il poussa la porte de la célèbre boutique Zonko sur le Chemin de Traverse.
Il y avait déjà un peu de monde. Des jeunes, surtout, qui se pressaient devant les fioles de poil à gratter et à éternuer, ou les tasses mordeuses.

Sirius avait aussi envie d'offrir un cadeau à Peter, dont l'anniversaire approchait, et il se mit à regarder les articles avec l'attention de celui qui sait déterminer un produit vraiment intéressant d'un autre.

Il entendit alors une voix familière - celle d'un adulte s'adressant à un très jeune enfant. S'avançant dans une autre allée, il repéra Andro et la petite Dora, visiblement très enthousiaste par sa sortie consumériste. Furtivement, il s'approcha d'elles.
▬ Comment vont mes cousines préférées ?, lança-t-il avec un grand sourire.

Le temps d'une seconde suffit à la jeune Nymphadora pour reconnaître Sirius et se précipiter vers lui. Sans hésiter, il la hissa dans ses bras.
▬ Hé, dit-il en la sentant plus lourde que la dernière fois qu'il l'avait vue, tu as grandi, toi !

Il colla une bise à Andromeda, qui lui expliquait que, comme tous les mois, elles venaient ici pour se faire plaisir.
▬ Tu vas devenir une farceuse en herbe, alors, demanda le jeune Black tandis que sa cousine jouait avec les boucles de ses cheveux.

Andromeda - et Nymphadora - était sa seule vraie famille avec laquelle il n'avait pas coupé les ponts. Les rencontrer par hasard et discuter avec elles avec plaisir lui donnait la sensation d'être normal. Les autres Black le traitaient comme un pestiféré au mieux, ou bien aussi comme une saleté que l'on voit parfois au fond de la cuvette des toilettes...
▬ N’oublie pas, rappela Meda à sa fille, reste sage si tu veux avoir tes récompenses.
Sirius sourit :
▬ Tu l'achètes en fait !

Il plaisantait. De toute manière, lui-même, devant la bouille de Dora, aurait remué ciel et terre pour lui offrir tous les mois la totalité de la boutique.

▬ Je viens pour un cadeau, répondit-il à sa cousine en chatouillant Dora tout en la tenant d'un bras. Je pense que je vais prendre cela.
Il tenait une sorte de friandise emballée, qui, d'après l'étiquette, vous faisait produire une quantité astronomique de salive dès que le bonbon touchait votre langue. Selon le bonbon, la salive était verte, ou bleu, ou rose. Ce serait parfait pour ce gourmand de Peter. Les effets duraient plusieurs heures, avec le goût sucré également. Une farce drôle et sympathique.
▬ Et toi, demanda-t-il à Andromeda, tu t'offres aussi des choses, ici ?

Il imaginait Ted toujours ravi de profiter des achats chez Zonko.

Il était difficile, chaque fois que Nymphadora ouvrait la bouche pour expliquer une chose, répondre à une question, ou s'enthousiasmer sur ce qui l'entourait, de ne pas rire et fondre devant tant de mignonnerie. La voilà, à présent, qui se piquait de curiosité devant les bonbons que Sirius comptait offrir à Peter. Le jeune Black attendit la fin de la flopée de questions pour y répondre, pédagogue.
▬ Mon copain est un gourmand, ajouta le jeune homme, et cela le fera beaucoup rire !

Ainsi que tout le reste de la bande de copains... ! Andromeda lui proposa de venir manger quand il pourrait. Il secoua la tête avec frénésie :
▬ Grave ! La semaine prochaine, c'est celle à laquelle je termine plus tôt au garage, donc si ça vous va... ! Ça me ferait plaisir de voir ce bon vieux Ted !


Comme la conversation ne lui plaisait plus, Dora frétilla dans les bras de Sirius, lui faisant comprendre qu'il devait la poser à terre. Elle fila quelques mètres plus loin, scrutant les objets en rayon. Sa cousine évoquait désormais la nécessité de venir régulièrement ici pour trouver des idées d'occupations pour la crèche.
Sirius la savait passionnée par son métier et l'admirait pour cela : il aurait été incapable d'exercer ce métier. Certes, il adorait les jeunes gamins - son comportement avec Dora le prouvait amplement. Mais il se voyait mal gérer, pendant plusieurs heures d'affilées, un groupe conséquent de petits.

▬ Et sinon les amours, demande Andromeda, Quand est-ce que tu nous présentes une de tes conquêtes ?
▬ Une des mes conquêtes ?, répéta Sirius avec un sourire gêné.
Certes, l'usage du pluriel convenait parfaitement, mais, pourquoi faudrait-il choisir une plutôt qu'une autre ? C'est que les filles, dès que tu franchissais doucement le stade de la relation régulière, souhaitaient t'intégrer à leur famille, songeaient déjà à l'avenir - ce qui ne plaisait guère à Sirius.
▬ Et bien, dit-il, embarrassé, elles ne valent pas trop le coup, celles du moment.

Sa vie étant bien remplie, il n'avait pas la place ni la patience pour faire rentrer quelqu'un dans sa vie. Certes, il y avait bien Marlene McKinnon, mais c'était souvent compliqué avec elle....
▬ Mais t'inquiète, je suis correct avec tout le monde, précisa Sirius, craignant un jugement trop prompt de la part de sa cousine.