Beaucoup de gens attribuaient à Neolina un caractère de Poufsouffle, et à raison d’ailleurs. Mais la roumaine avait toujours trouvé ce système de maisons un peu réducteur et ce fut avec le courage qu’on attribuait aux Gryffondor qu’elle sortit sa baguette ce soir-là, face à sa porte dans un piteux état. C’était qu’elle avait une certaine bravoure qui ne s’exprimait pas toujours dans l’ombre des Aurors, mais qu’on pouvait déceler ça et là dans sa vie de par les difficiles décisions qu’elle avait du prendre. Mais avant de foncer, la petite blonde prit une minute tout de même pour analyser ce qui se passait. L’hypothèse la plus probable était un cambriolage et à vrai dire, si quelqu’un était venu pour ça, il avait sans doute du être bien déçu. Ou alors, c’était plus personnel et là… Bien qu’elle savait qu’elle faisait un métier dangereux, Neo n’avait aucun ennemi connu. Aurait-elle dû appeler un collègue et jouer la prudence ? Peut-être. Pourtant, baguette brandie, Neo se tenait prête en récitant mentalement quelques sorts d’attaque bien pratiques au cas où. Après tout, Gabi était là dedans et la peur qu’il soit arrivé quelque chose à son chien prit rapidement le dessus sur la raison. Aussi poussa-t-elle la porte doucement, et le bois grinça de la façon la plus désagréable qui soit;
Comme si tout était normal, le croup se jeta dans ses jambes et la gratifia d’un accueil chaleureux qui allégea son petit coeur inquiet. Gabi allait bien. Tout allait bien. L’instinct de garde de son chien avait du faire fuir l’intrus, et voilà. Un peu rassurée, la roumaine reporta donc toute son attention sur la brave bête, baissant légèrement sa garde alors qu’elle le gratouillait derrière l’oreille en retirant ses chaussures du bout du talon. Les habitudes reprirent vite le dessus, et elle entra dans le salon comme si de rien n’était, avant que son coeur ne fasse le bond de sa vie. Il y avait quelqu’un ! Aussitôt, Neolina brandit sa baguette en jurant en roumain, prête à balancer un Petrificus Totalus, mais le sortilège mourut dans sa gorge alors qu’elle reconnaissait le visage épuisé qui lui faisait face. « Ansel… Anselmus ? » Tout se bousculait dans sa tête, et son résidu de panique n’aidait pas à avoir les idées bien claires. Elle se savait pourtant en sécurité, mais son coeur battait aussi vite que si elle avait couru un 100 mètres.
Cela faisait des mois qu’elle n’avait plus de nouvelles de son ami anglais. À son retour à Londres, ils s’étaient revus quelques fois, comme au bon vieux temps, mais très vite les ennuis avaient rattrapé l’ensorceleur. Elle se souvenait encore de l’article sordide paru dans la Gazette, et les accusations terribles qui reposaient sur lui. Pas une seconde elle n’avait douté de l’intégrité d’Anselmus, pas une. Son grand coeur inquiet et elle étaient donc partis à sa recherche pour obtenir la vérité de sa bouche mais puisque même le Ministère ne pouvait le retrouver, que dire de Neolina… Mieux valait sans doute qu’il ait disparu après tout, et si parfois la pensée de son vieil ami resurgissait - et l’angoisse avec - au moins espérait-elle qu’il soit toujours en vie quelque part, loin. La perspective de l’avoir perdu la terrifiait, aussi n’imaginait-elle pas le pire - à quoi bon ? Et son instinct ne l’avait pas trompé puisqu’il était là, et bien là, en face d’elle. Sans plus réfléchir, elle se précipita dans ses bras et l’étreignit sous les jappements de Gabi qui supportait mal que l’affection de sa maîtresse soit reportée sur quelqu’un d’autre. La joie de le revoir supplantait la sensation désagréable de l’odeur qui émanait de lui, et elle le prit dans ses bras avec la force du désespoir. « J’ai eu si peur, si peur ! » Pas pour la porte, évidemment, quoi qu’un peu tout de même. « Je t’ai cherché partout tu sais ! » Comme si elle essayait de se justifier alors qu’elle n’était même pas fautive, un comble. Finalement, Neo relâcha son étreinte et attrapa le visage sale de son ami entre ses petites mains, détaillant ses traits qu’elle n’avait pas vus depuis trop longtemps. « Dis-moi… » demanda-t-elle d’une voix douce, car l’heure n’était pas aux questions, mais à l’écoute. Et ça, Neo, c’était un peu sa spécialité.