Toujours là, oui. Neolina serait toujours là, que ça soit pour le soigner par de simples baisers, comme il disait, comme pour toute autre chose. Avait-elle seulement besoin de le dire ? Ces deux-là avaient la faculté d’apaiser l’autre par leur simple présence, et ils n’avaient pas eu besoin que leurs sentiments récents s’en mêlent pour que ça soit le cas. Souvent, Neo s’était demandé comment l’annonce du drame de sa stérilité se serait passée avec quelqu’un d’autre que lui à ses côtés. Certes, l’instant avait été terrible. Dramatique. Elle s’en souvenait comme si c’était hier mais au fond, le fait que ce soit de la bouche de Razvan que les mots aient été prononcés, le simple fait que ce soit ses bras qui l’aient entourée quand elle s’était effondrée, juste ça… Malgré son évidente maladresse, il avait su rendre ça un tout petit peu moins douloureux, juste parce qu’il était là. Après tout, il n’y avait bien qu’à lui que Neo disait tout, toujours, alors qu’elle taisait au reste de l’humanité au moins une partie de ce qui lui faisait le plus mal. Ça n’était pas vraiment des mensonges, non. Ou du moins, par omission, et rien de bien grave en soi. Juste une part de pudeur, un besoin de garder pour elle les parts les plus tristes de sa vie. Et Razvan les connaissait toutes, sans exception. Et si elle savait que lui ne disait pas tout, sans doute parce que c’était trop difficile, il savait au moins qu’elle était là pour les entendre, quand il se sentirait prêt du moins. Qu’elle saurait écouter et, elle l’espérait, consoler un peu cet homme si doux qui ne méritait pas un tel acharnement du destin. Alors si embrasser ses mains suffisait à alléger un peu sa peine, elle était bien prête à le faire après chaque… match ? Entraînement ? Elle ne connaissait pas le détail, ne demanderait pas car après tout, ça ne changeait rien. Razvan avait visiblement une part de violence qu’il lui fallait exorciser, et si c’était comme ça qu’il le faisait, alors soit. « Pas besoin d’avoir fait de longues études pour prendre soin de quelqu’un. » conclut-elle en entrelaçant ses doigts entre les siens, cachant son sourire derrière leurs mains qui ne faisaient désormais plus qu’une, comme souvent.
Fermant les yeux sous la caresse de sa main, Neolina avait totalement oublié ce qu’elle était en train de faire, évidemment. Heureusement qu’il y en avait un dans ce couple pour être responsable et éviter à la cuisine - ou du moins, aux pâtes - de brûler. Surprise de le sentir s’éloigner un peu, Neo lâcha un petit râle mignon tant son corps réclamait d’être près du sien. D’ailleurs, moins de deux secondes plus tard, elle s’était glissée derrière lui et l’enlaçait tendrement, ses mains à-demi glissées sous l’élastique de son jogging à la naissance de son V qu’elle sentait sous ses paumes. « Oh, ce n’est rien. » répondit-elle naturellement à son remerciement en déposant en baiser entre ses omoplates encore humides de la douche. Qu’est-ce qu’il sentait bon ! Elle posa son menton contre son dos, l’écoutant se plaindre - ce qui n’était pas son genre - du rythme acharné de son travail à Sainte-Mangouste. Neo et Razvan avaient en commun un emploi du temps bien chargé, dû à leurs travails excessivement altruistes et prenants. Les gens ne se blessaient pas qu’entre 8h et 18h, pas plus que le secret magique n’était protégé une fois le soleil couché. Elle aussi savait ce que c’était d’enchaîner des astreintes, d’être appelée en pleine nuit parce qu’un imprudent avait jugé bon de faire léviter des poubelles à 2h du matin en plein quartier moldu. Enfin ça, c’était les meilleurs jours parce qu’il y avait aussi les mages noirs qui avaient une fâcheuse tendance à exercer leurs sombres desseins de nuit. Mais Neolina ne parlait pas tellement de ça, essayant de tracer une nette frontière entre son travail et sa vie privée. Tout comme Razvan, elle parlait plus de ses collègues et des problèmes en coulisses que de ce qu’elle faisait en réalité. C’est qu’ils étaient soumis à un secret professionnel, l’un comme l’autre. « Des plaies à l’hôpital, c’est plutôt logique non ? » L’humour était un peu nul, mais que dire de plus si ce n’était qu’elle était bien désolée que son travail ne le pèse comme ça ? S’apitoyer n’était pas le genre de Neo, pas plus que celui de Razvan qui n’avait certainement pas besoin, ni envie qu’on le plaigne. C’est comme ça, dirait-il, résigné, ou un truc du genre. Mais le petit complément d’informations qu’il lui donna lui fit comprendre pourquoi peut-être cela l’ennuyait plus que d’habitude. La tête levée, elle capta son sourire teinté de tristesse alors qu’il tournait un peu la tête vers elle. Toutefois, si Neo ne pouvait rien faire pour son terrible emploi du temps, au moins pouvait-elle fait quelque chose pour ça. « Hé… » D’un geste, elle le fit se tourner pour qu’il soit face à elle, et posa une main sur sa joue, dégageant finalement une mèche sur sa tempe. « Toi, tu risques bien de me trouver dans ton lit quand tu rentreras de tes folles journées. » Ses mains s’accrochèrent à son cou tandis qu’elle se mettait sur la pointe des pieds pour faire face à ses jolis yeux sombres. « C’est bien à ça que sert un double de clés, pas vrai ? » Elle déposa un bref, mais tendre baiser sur ses lèvres avant de reposer les talons au sol. « Promis, j’essayerai de ne pas trop t’épuiser. » C’était peut-être une promesse un peu en l’air, étant donné qu’ils semblaient incapables d’être dans la même pièce, encore moins le même lit, sans se laisser aller à leurs envies bien peu chastes. Mais bon, au moins pouvaient-ils essayer. Dans tous les cas, être réveillée en plein milieu de la nuit pour mieux se rendormir dans les bras de Razvan, voilà qui suffirait à la rendre heureuse ces deux prochaines semaines.