« Dès que tu veux, on se lance. »Dans les yeux verts étincelait une lueur décidée, qui disait que Meredith Hawthorne, même si elle gardait une voix douce, avait pris sa décision. Elle mettrait tout ce qui était en son pouvoir pour tenter cette expérience. Et cette âme savait déplacer des montagnes. Elle trouverait les ressources, convaincrait les personnes clés. Gauwain serait à ses côtés, à n'en pas douter, il serait là pour apporter de la force, du soutien, une inspiration. L'énergie nécessaire afin qu'ils rendent justice à ce projet, et créent quelque chose de marquant, tant pour ceux qui produiraient ce film que pour ceux qui le visionneraient.
« Ca me paraît intéressant. Des scènes qui saisiraient les spectateurs aux tripes. »Et, sans doute, quelques moments de tension, par uniquement du drame ; il commençait à bien cerner les goûts de sa petite amie et n'avait aucun doute là-dessus : elle approuverait des instants destinés à faire frissonner l'auditoire.
A n'en pas douter, c'était ce qui lui plaisait, dans le film qu'ils venaient de regarder ensemble. Même si l'analyse qu'en faisait son compagnon la fit rire avec un amusement tendre.
« Ne te moque pas, je trouve que ce film a bien raison et qu'il y a un peu trop de fous furieux dans les rues ces derniers temps. »Il fit mine de se vexer, pour amuser la galerie ; car la galerie actuelle était terriblement mignonne et qu'elle avait accepté sa proposition, de toute façon, sans se formaliser que travailler sur des barrières de protection ne figure pas dans le Top 20 des choses à faire avec votre amoureux d'après le numéro d'hiver de Sorcière Hebdo.
Peut-être les rédactrices de l'Hebdomadaire des Sorcières se seraient-elles de toute façon focalisées sur le fait qu'il viendrait la récupérer après son travail. Auraient-elles trouvé cela délicieusement romantique ou au contraire terriblement peu propice aux infidélités ? Gauwain Robards s'en foutait royalement. Car la seule chose qui lui importait, c'était de voir la jolie étudiante se détendre, et lui sourire, avec soulagement. Soulagement qu'il ait accepté ? Qu'il ne se soit pas formalisé ou moqué ? Qu'il n'ait pas posé plus de questions ? Peut-être un peu tout cela à la fois ?
Il le lui redirait, des dizaines de fois : il avait envie d'être là pour elle, dans les moments de doute ou les moments difficiles. Il savait qu'il accepterait, si elle souhaitait garder des zones d'ombre, si elle souhaitait gérer seule. Mais ce n'était pas sa conception du couple, il avait eu l'occasion de l'apprendre. Ne pouvoir être là pour elle, ne pouvoir l'épauler, la laisser se débattre seule.... Ca le rendrait fou.
Il voulait être là, en chaque heure, si sa présence l'aidait, de la façon qu'elle souhaitait. Il voulait qu'ils soient deux faisant front ensemble, et non des individualités qui se contentaient de profiter des bons moments, de façon superficielle. Il voulait la voir dans les bons comme dans les mauvais moments, convaincu qu'à deux, les bonheurs étaient plus tangibles et les ombres plus éthérées.
Cela signifierait, il le savait, que lui-même devrait travailler sur lui-même, pour ne pas lui cacher ses moments moins glorieux, en se reposant sur elle, en lui faisant confiance pour que cela ne modifie pas les sentiments qu'elle éprouvait pour lui. Sans doute serait-il aidé en cela par le fait qu'elle avait assisté à son passage à vide de septembre et octobre et que, si elle n'en avait pas été enchantée, elle ne l'avait pas laissé pourrir dans le caniveau pour autant.
Ce souvenir le fit sourire, autant que la pluie de baisers qui s'abattaient sur son visage. En retour, il vînt chercher ses lèvres pour un baiser plus profond, plus intime, qui réaffirmait un lien qui chaque jour se renforçait. Un baiser qu'accompagnèrent enfin d'autres caresses.
Et même s'ils durent s'interrompre, plus tard, à l'arrivée d'un ouvreur armé d'une lampe torche, ce fut dans les rires, les sourires et le plaisir, que s'acheva cette soirée.
THE END.... for now
TO BE CONTINUED