Septembre 1978

L’Ecole Supérieur de la Magie était un univers très différent de celui de Poudlard. Officiellement devenus adultes, les pratiques n’étaient plus les mêmes pour les jeunes étudiants. La cérémonie du Choixpeau avait été remplacée par la soirée d’intégration, tout aussi forte en émotions. Mais là, le jus de citrouille avait laissé la place à des boissons tout autre, que quelques années auparavant, certains avaient pu découvrir aux Trois Balais, quand Rosmerta avait accepté de leur ouvrir sa carte de boissons alcoolisées, ou encore à la Tête de Sanglier, où Abelforth était moins regardant sur l’âge des consommateurs. Néanmoins, les excès de cette soirée étaient au-delà de l’imaginable.  
Mais vous savez ce qu’on dit des soirées d’intégration ? Ce qu’il se passe à la soirée d’intégration doit y rester. Et à l’heure où se passe notre histoire, celle-ci était déjà finie pour nos deux protagonistes, James Potter et Lily Evans.
Le lieu de notre histoire se passe dans un appartement plutôt silencieux. Jusqu’à ce qu’un son métallique ne tinte de manière répétée contre la porte d’entrée. « Attends, j’essaye de viser… » Concentré, accroupi dans le couloir, James tenait le porte-clefs serré entre ses doigts, plus ou moins en face de la serrure. Les secondes semblaient des minutes alors qu’il essayait de rentrer la clé dans le trou. « Roh et puis zut : alohomora ! » avait-il finalement concédé, en sortant sa baguette.
« Je meurs de soif, tu devrais boire aussi. » fit-il dans un éclair de lucidité, passant un bras dans le dos de sa petite copine pour la guider jusqu’à la cuisine, et la démarche titubante des deux ne laissait aucun doute sur leur état d’ébriété avancé. Le premier verre d’eau fut bu d’une seule traite et il entamait le second quand il fut pris d’une tout autre soif : posant le verre sur le comptoir avec plus de bruit qu’il n’aurait voulu, il déclara « Lily, j’ai une folle envie de t’embrasser là tout de suite maintenant ! ».

La soirée était déjà bien entamée quand les deux ex-gryffondors avaient décidés de s'éclipser pour un endroit un peu plus au calme. Lily avait suivi James sans protester, trop heureuse d'échapper à toute l'agitation de la soirée. Elle se sentait bien, plus vivante qu'elle ne l'avait été ces derniers mois, ensevelie sous tous les soucis que l'actualité ajoutait sur leurs pauvres épaules.
Ce n'est qu'une fois devant la porte, tandis que son petit ami tentait de la déverrouiller, que Lily réalisa qu'ils se trouvaient devant l'appartement que ce dernier partageait avec Sirius.

Enfin, la porte céda et les deux jeunes s'engouffrèrent dans l'appartement.
« Je meurs de soif, tu devrais boire aussi. »
Lily ne put s'empêcher de glousser. "Tu ne penses pas que j'ai assez bu, Potter ?" Mais docile, elle le suivi jusqu'à la cuisine où elle descendit un grand verre d'eau en quelques gorgées.
James venait d'en faire autant mais loin de s'en montrer rassasié c'est sur elle que se posa son regard.

Lily le darda d'un regard brillant, oubliant même de rougir devant une telle déclaration. Non, elle n'y songea même pas, pour la simple et bonne raison qu'elle en avait elle aussi furieusement envie. Elle reposa maladroitement son verre sur le plan de travail avant de coller ses lèvres à celles du jeune homme.
Ses mains passées dans ses cheveux qu'elle aimait tant, descendirent le long de son dos, appréciant chacune de ses courbes au passage.

Lorsqu'ils se séparèrent, tout deux hors d'haleine, il ne leur suffit que d'un seul regard avant de se jeter de nouveau frénétiquement l'un sur l'autre, arrachant leur vêtement au plus vite. Enfin, ça c'était l'idée mais pour être, honnête, vu leur haut taux d'alcoolémie, c'était plutôt s'embrasser furieusement en tentant d'enlever gauchement les boutons, titubant à moitié dans leur tache.

"Quelle idée de mettre une chemise" marmonna Lily, en s'y reprenant à deux ou trois fois sur le col du maraudeur tandis que celui-ci semblait plus facilement trouver la fermeture de sa robe qui ne tarda pas à se retrouver au sol.

La jeune fille ne se laissa pas démonter pour autant, ayant enlevé les trois premiers, elle alla à l'essentiel, en tirant de chaque côté du tissu faisant sauter les boutons uns à uns. C'est avec un sourire de triomphe qu'elle finit par lui l'enlever et que la chemise rejoignit la robe sur le sol de la cuisine.
Tout comme nos deux protagonistes d'ailleurs.

"Attends…viens...dans la chambre." les interrompit James qui dans un sursaut de conscience parvenait encore à se dire que le sol de la cuisine n'était pas le lieu idéal pour se donner l'un à l'autre pour la toute première fois.

Avec un grognement peu gracieux Lily accepta à contre-coeur et le suivit, titubant toujours, vestige conséquent de leur soirée arrosée.

Vestige qui se rappela à eux au moment où ils pénétrèrent dans le salon richement décoré, où le sol se déroba sous leur pas. Qui des deux se prit le premier les pieds dans le tapis aux armoiries des Flèches d'Appelby, la fameuse équipe de quidditch, et les faisant s'effondrer au sol, on ne saurait le dire. Il n'empêche que c'est cette chute en question qui mit définitivement fin à une soirée des plus prometteuses lorsque Lily bascula tête la première sur la figurine grandeur nature du poursuiveur et capitaine de cette même équipe.
"Bordel de troll ! foutu d...."


Mieux vaut nous arrêter là !
Que dire de plus sinon qu'il y eut de nombreuses injures, envers cette figurine, envers James et sa décoration de gamin et même envers Lily et sa maladresse légendaire. Tout ça pour dire qu'elle s'en sortit avec une fêlure du poignet, que la figurine n'a écopée que d'une simple rayure et que le passage à Ste Mangouste eut tôt fait de les refroidir pour le reste de la soirée.

En résumé, ce n'était pas pour cette fois.

Un autre jour

La toute première fois avait été un échec cuisant mais les hormones affriolées des deux jeunes adultes n’avaient pas dit leur dernier mot. Le lieu de cette nouvelle scène n’avait pas changé mais pour plus de sécurité, les deux amoureux étaient beaucoup moins alcoolisés et surtout déjà dans la chambre de James.
L’accident de la dernière fois avait été mis de côté mais pas oublié. De toute façon, la figurine grandeur nature de Ethan Austin, célèbre poursuiveur de Flèches d’Appelby n’en était pas à sa première victime : combien de fois James avait-il frôlé la crise cardiaque en rentrant un peu trop fatigué et en pensant voir un intru chez lui ? Récemment, Sirius avait pris la décision de la déplacer dans la salle de bain et Ethan Austin avait été promu à la fonction de porte-serviettes.


Dans le confort de son lit et au milieu des nombreux oreillers, les risques étaient réduits que l’un ou l’autre se blesse. Lumière tamisée et calme participaient à une ambiance intimiste dont le couple profitait.
Depuis de longues minutes, leurs lèvres ne se quittaient plus, et si l’un s’éloignait un instant pour reprendre son souffle, alors l’autre venait parsemer son visage et son cou de nouveaux baisers. James avait laissé courir une main baladeuse sous le chemisier de Lily et caressait la peau douce de sa petite amie, venant tantôt jouer avec les bretelles de son sous-vêtement, tantôt frôlant le bas de son dos pour rapprocher leurs deux corps.
Enivré par les baisers, il avait osé enlever un premier bouton du chemisier, puis, s’assurant de l’accord de Lily, un second, puis un troisième… jusqu’à ce que le vêtement dévoile une peau blanche qui contrastait avec la chevelure de feu dont des mèches tombaient sur ses épaules maintenant dénudées. Le chemisier avait fini au sol, bientôt rejoint par le pull et le tee-shirt de James, enlevés à la hâte.
Les baisers se faisaient encore plus langoureux si possible et il batailla un instant pour enlever l’attache du soutien-gorge de Lily qui dut se débrouiller seule pour cette partie.


Un peu plus loin du couple, mais surtout très loin de leur attention, dans la pièce à côté, trois jeunes hommes venaient d’entrer dans l’appartement, animés par une discussion. « Je suis sûr d’avoir lu ça dans le dernier Quidditch Magazine. Je vous parie cinq gallions que j’ai raison : préparez la monnaie, je vais le chercher dans la chambre de James. »


De l’autre côté de la porte, au même moment où s’enclenchait la poignée, les yeux de James s’ouvrirent aussi grands que des vifs d’or. Surpris en caleçon au milieu de son lit, son premier réflexe fut de jeter un oreiller à Lily.

14 octobre 1978

Un an auparavant, sous la pluie dans le parc du château de Poudlard, Lily et James avaient échangé leur premier baiser. Un an plus tôt, ils avaient décidé de voir ce que donnerait un « nous ». Le parcours avait été semé d’embuches, entre le secret de leur relation, puis la fin des études à Poudlard et l’arrivée dans une nouvelle vie séparée entre l’ESM et l’Ordre… Mais ça avait été une année remplie d’un amour qui semblait croître de jour en jour.

Ils avaient passé une très bonne journée (lire le 14 octobre 1978) organisée par Lily et conclue avec un repas dans l’appartement de la jeune femme.
Cette fois-ci, toutes les conditions semblaient réunies. Les colocataires de Lily n’étaient pas sensées rentrer ce soir et de toute façon, ils avaient verrouillé la porte de sa chambre. Ils avaient bu un très bon vin des elfes pour fêter leur anniversaire mais avec modération, ce qui ne gâcherait pas le plaisir. Ils avaient installé une ambiance chaleureuse dans la pièce, en fermant les rideaux et en disséminant ici et là des bougies au parfum léger.

Allongés sur le lit l’un en face de l’autre, les deux amoureux s’embrassaient tendrement. Ce soir semblait le soir parfait pour leur première fois : certes plusieurs tentatives depuis plus d’un mois avaient mené à un échec, mais finalement, le jour d’anniversaire de leur premier baiser n’était-il pas un très bon jour pour faire l’amour pour la première fois ?
Alors qu’ils s’embrassaient, une odeur étrange vint chatouiller les narines de James qui s’interrogea pour commencer sur les odeurs émises par les bougies. Mais le doux parfum des bougies avait été remplacé par une odeur plus forte… Une odeur de brûler.

Se séparant des lèvres de Lily, James ouvrit les yeux pour constater que les rideaux, placés trop près des bougies, avaient commencé à prendre feu.
« Nom d’un pitiponk ! » s’exclama-t-il en se dégageant de l’étreinte de Lily pour essayer de trouver sa baguette. Aussitôt, comme une réponse à son insulte, les flammes embrasèrent les rideaux sur une grande partie. Dans l’urgence de trouver sa baguette qu’il avait dû laisser dans le salon, il s’emmêla les jambes et tomba au sol.

C’est finalement Lily qui fut la plus rapide et la plus adroite pour lancer un Aguamenti sur les rideaux dont les flammes frôlaient maintenant le plafond. Le feu s’éteint rapidement et les deux amoureux ne purent que constater les dégâts : une flaque d’eau au sol, des traces noires sur le plafond, des rideaux presque entièrement disparus, une forte odeur de brûler… Et surtout, une ambiance cassée.
« Bon… » marmonna James avec un sourire embêté. « Joyeux anniversaire de nous quand même ! »

Quelques jours plus tard

Cela faisait quelques tentatives, complétement infructueuses que le jeune couple tentait de réaliser leur première fois. LA première fois. En vain. D'une manière ou d'une autre, cela semblait toujours tomber à l'eau.

Leur anniversaire s'était bien passé...enfin jusqu'à ce qu'ils manquent de faire flamber l'appartement de Lily. Ils avaient passé le reste de la soirée à réparer ce qui était réparable, à coup de baguette et de pinceaux. Bref, amusant mais assez loin du programme initial !
Leurs efforts avaient payés puisque ses colocataires n'avaient pas semblées trop catastrophées par l'incident. Peut-être aussi était-ce dû au fait que les deux tourtereaux avaient mentionnés "quelques petites flammes" et non pas les grandes qui parvenaient au plafond dont il était réellement question.

La semaine avait repris dans la morosité qu'offrait le temps du mois d'Octobre. Ils avaient prévus de se retrouver chez Lily le vendredi soir pour un nouvel essai. Enfin, pas formulé de cette manière, mais les deux avaient bien en tête ce qu'il espérait faire en ce début de weekend.

Cette semaine avait été plutôt chargée pour la rousse entre les travaux de groupe et les devoirs à rendre, si bien qu'ils n'avaient guère eu d'occasion de se voir. Elle se sentait de nouveau stressée par les examens, tout comme lorsqu'elle se trouvait à Poudlard. Peu importait l'école, on ne changeait pas Lily Evans ! Et ces derniers jours avaient été plus qu'intenses.
Le froid s'était à son tour intensifié comme une raison de plus d'inciter les étudiants à bosser au lieu d'aller boire des verres. Et avec lui une sorte de rhume carabiné qui rendait toute concentration encore plus compliquée.


Bref, ce soir-là, elle se sentait fatiguée et aurait bien passé la soirée à glander au lit avec un bouquin mais ne se sentait pas le coeur à envoyer un hibou à James. Ils ne s'étaient presque pas vu de la semaine. Et ils n'avaient toujours pas réussi l'exploit de passer la nuit ensemble sans qu'une catastrophe ne vienne briser le moment.

ATCHA ! éternua-t-elle en même temps que retentissait la sonnette.
Super ! Si cela s'ajoutait en plus au reste ! L'écho résonnait légèrement dans sa tête et elle mit quelque temps à aller ouvrir la porte.
"Bonsoir mon amour." dit-elle avec un sourire avant de le tirer à l'intérieur et de l'entraîner directement dans sa chambre.

Elle n'avait pas forcément conscience de son nez rouge et des poches sous ses yeux qui ne renvoyaient pas forcément la version la plus désirable d'elle-même. La présence de son si séduisant petit ami lui donnait soudainement un regain d'énergie.
"Viens là." l'invita-t-elle à mieux s'installer sur le lit.
"ATCHA !" éternua-t-elle de nouveau. "Ah merde, attends." marmonna-t-elle en allant chercher un mouchoir pour se moucher.
"Voilà, c'est bon." dit-elle en revenant vers le lit pour l'embrasser.

Le mois d’octobre avait enterré les derniers beaux jours tardifs de septembre et le ciel anglais ne cessait de montrer ses prouesses en nuances de gris. Le rythme depuis la rentrée était déjà assez intense, entre les cours à l’ESM, le projet de recherche en métamorphoses que James était censé présenter bientôt et bien sûr, les réunions et les missions ponctuelles que l’Ordre du Phoenix leur confiait. Avec tout ça, Lily et James se voyaient surtout quand ils le pouvaient et ce n’était pas toujours évident de n’être que tous les deux… Ce qui rendaient difficile les moments intimistes, avec ce désir de l’autre toujours inassouvi.

Mais ce soir, peut-être que leur chance tournerait. Ils avaient prévu de se retrouver chez la demoiselle pour passer la soirée ensemble. Sur le point de sonner à la porte de son appartement, il lui sembla entendre un éternuement derrière le battant. Driiing ! A peine eut-il le temps de répondre au bonsoir de Lily que déjà, elle l’entraînait vers sa chambre. « Ça va toi ? » demanda-t-il en apercevant le nez rouge et les cernes de sa petite copine. Sa réponse fut seulement de l’inviter sur son lit mais alors qu’il allait s’approcher pour l’embrasser, la demoiselle s’éloigna au contraire pour éternuer puis se moucher. Il eut le temps de jeter un coup d’œil du côté des rideaux où l’accident causé par les bougies cinq jours plus tôt n’avait laissé aucune trace trop visible heureusement.
Mouchée et revenue à lui, ils échangèrent un baiser, rapidement abrégé par un James aux sourcils froncés. « Tu m’as pas vraiment l’air dans ton assiette, Lily. »

Il posa une main sur son front, jaugeant sa température. « Attends, mais je crois que t’as un peu de fièvre. Mets-toi sous la couette, je reviens, je vais te préparer une tisane. »
« Mais nooon, ça va ! » protesta Lily en l’attirant à nouveau à lui. Ignorant ses protestations, il la força à s’installer sous la couette et la borda un instant avec un bisou sur le front, puis retourna dans la cuisine pour préparer une infusion. De toute évidence, le programme implicite de cette soirée allait devoir évoluer : c’était loin d’être une déception (ils commençaient à s’habituer !) puisque rien ne les empêchait de passer une soirée agréable mais plus tranquille que prévue, mais la situation commençait à devenir un peu frustrante pour l’un comme pour l’autre.

Chargé des deux grandes tasses de tisane et d’un énorme paquet de mouchoirs, James rejoignit Lily sous la couette, l'entourant d'un bras protecteur tandis qu'elle se blottissait contre lui. « Je vais te faire la lecture ! » déclara-t-il en attrapant un livre sur sa table de chevet. Elle ne tarderait de toute évidence pas à s’endormir.