La fête d’anniversaire de Fenella de Vermandois avait pris une bien étrange tournure.
L’hôtesse de maisonnée, aux abords froids et hautains, avait lentement fait s’éroder sa barrière de Comtesse imprenable et inatteignable. Jusqu’à offrir à son gendre, Gauwain Robards, sa bénédiction. Qui, n’était pas faussée. Car, elle avait compris comment le grand Gallois pouvait aimer sa fille unique et que cet Amour était absolu. Tout comme sa descendance portait un intérêt sans commune mesure à ce brun paysan, que dans ses jours sombres et haineux, la grande blonde le traitait de parasite et de profond abruti. Chose, qu’elle tentait d’adoucir et de faire disparaitre. Par des gestes, que la grande blonde estimait être d’une tendresse infinie. Envers la demi-Vélane, issue de sa lignée et ce jeune homme, qui n’avait pas été abusé par le charme inhérent à leur sang de Créature. Là aussi, cela pouvait être source de débats. Or, l’aspirant Auror avait bien toute sa tête et son esprit était clair et limpide.

Fiona de Vermandois, avait donné son aide et son approbation, depuis son anniversaire. En transmettant un héritage important, qui avait pris place à l’annulaire gauche de l’ancienne Serpentard. Un anneau que son fiancé avait fait graver spécialement pour elle, et qui traduisait cette nouvelle appartenance. L’illustre actrice de cinéma sorcier muet, eut un sourire attendri, en entendant la réponse effectuée à ses vœux de bonheur et de félicitations. Hochant sa tête, avec un petit sourire en coin, parce que ce charmant jeune homme avait écouté son Cœur avant sa Raison. Bien que les deux, soient d’une complémentarité telle, que la Grand-Mère misait sur ces deux états de fait, pour parcourir son chemin de vie. Aussi, long, fut-il. Un baiser pour la jeune femme blonde et un autre pour celui, qui allait l’accompagner le restant de ses jours. Avec une félicité tangible dans le regard couleur chocolat.

- Si je vous ai inspiré Gauwain, vous m’en voyez plus que ravie ! S’exclama la Comtesse de Vermandois, avec un tendre sourire, synonyme d’une bienveillance extrême. Si vous l’avez senti … C’était vous et vous seul, qui avait su déterminer le moment adéquat. Et cela me ravit. Un petit rire flatté. Votre grand-père, peut s’avérer être un véritable poète, quand il le souhaite. Sachez, que je conserve chacune de ses missives, avec une attention particulière. Elles sont des trésors. Et cela, était véridique.

Samuel Shepherd et Erin Sharpe étaient revenus, tous deux saluant Colin Hawthorne et Fiona de Vermandois avec emphase. Alors que le lutteur et boxeur régional allait entamer une discussion avec le Journaliste du Western Mail, ces derniers furent interrompus par l’annonce de Gauwain Robards. Un froncement de sourcils, suite au laïus perpétré par son homologue Gallois, parce qu’il y avait toujours un léger goût d’amertume et de jalousie, dans le fond du cœur du Gallois, plus petit. Cependant, rien ne pouvait le tromper. Meredith Hawthorne semblait heureuse et surtout, elle avait dit ‘oui’. Comment, elle aurait pu faire autrement de toute manière ? Elle, qui, même lorsqu’elle était entourée par les bras protecteurs du petit brun, ne pensait qu’à Lui. Qu’à son ancien camarade de maisonnée. Il fallut que la petite brune, lui donne un léger coup de coude pour que son petit ami, daigne offrir ses vœux. Une inspiration et une expiration pour ce dernier, avant de s’avancer et d’octroyer une poignée de main cordiale mais surtout amicale. Avant une étreinte quasi-fraternelle, qui paraissait être faite pour broyer le plus grand Gallois des deux.

- Félicitations, Gauwain. Meredith, pareillement. C’est une nouvelle qu’il faut fêter ? N’en déplaise à Madame de Vermandois et son illustre invitation. Un immense éclat de rire, avant un baiser sonore sur la joue de sa meilleure amie et celle de son fiancé.
- Eh bien, quelle merveilleuse nouvelle ! Si je m’y attendais … Une phrase qui cachait un humour pince sans rire, à l’image du ‘Père’ de la future mariée.
- Si j’ai bien compris, nous devrions trinquer à cette splendide annonce. N’est-ce pas ? En levant son verre de champagne, elle attrapa rapidement son Sacré de Birmanie, cadeau d’anniversaire semble-t-il, répondant au doux prénom de Néron. Comme l’Empereur qui a réduit Rome en cendres. Félicitations. Étrangement, ce terme n’écorcha pas les lèvres maquillées de Fenella de Vermandois. Étrangement.

Autant les démonstrations d'affection de Fenella avaient de quoi mettre le Gallois mal à l'aise, autant celles de Fiona le firent sourire : elles étaient naturelles, maternelles. Avec elle, alors même qu'ils n'étaient pas lié par le sang, il retrouvait l'impression d'être couvé par une grand-mère bienveillante. C'était un véritable présent. Et le fait de la voir ainsi approuver, avec une fierté non feinte, leur union, était terriblement important.

Elle avait également l'air enchantée pour une toute autre raison et... Il eut un rire.

« Ne le laissez pas vous écrire de la poésie galloise, sinon ce sont des ouvrages de 3000 pages que vous allez recevoir. »

Décidément, il avait très envie de passer à Saint Davids boire un café avec son grand-père, pour l'interroger sur cette correspondance épistolaire qui avait l'air particulièrement intense, dans tous les sens du terme. C'était.... c'était mignon. Et il avait hâte d'en discuter un peu en privé avec Meredith, pour savoir si elle partageait son amusement.

Cette joie sincère se teinta d'un peu de grisaille, lorsque ses yeux croisèrent ceux de son compatriote. Il n'était pas étonnant, de lire dans les yeux sombres un éclat plus sombre, à l'annonce de cette nouvelle. Comme s'il avait été sur le ring et avait encaissé une droite, le laissait titubant, avant de réussir à se reprendre, et masque les sentiments les moins jolis, qu'il les remette en laisse, pour que ne subsiste que l'amitié qu'il portait au jeune couple. Vraiment, Gauwain comprenait. Et... Il ressentait, en retour, une sorte de culpabilité, sans pour autant aller jusqu'à envisager de renoncer une seule seconde à Meredith.

Avec une grimace d'excuse, il répondit à la poignée de main offerte... avant de se voir entraîné dans une accolade destinée à lui casser une côte ou deux. Ouais, bon, la grimace de Gauwain, à l'instant présent, n'était pas feinte. Du tout. Merlin, Samuel...

Mais l'autre étudiant le relâcha avant de l'envoyer définitivement ad patres, et il offrit des félicitations. Laissant Gauwain hocher la tête, amusé :

« C'est l'idée, oui. De fêter ça. Même si on ne comptait pas voler la vedette à Fenella.... »

Et devant la stupeur de l'autre étudiant, de l'ancien confident, il offrit un humour comparable :

« Ouais, je me suis dit que j'allais pas traîner, avant qu'on me la pique ou qu'elle change d'avis... »

Un clin d'oeil, parce qu'ils savaient tous les deux, tous les trois, qu'elle ne changerait pas d'avis. Qu'elle avait offert son âme, son cœur, son être, de façon définitive, de la même manière absolue, dont lui même avait demandé promesse et promis en retour.

De façon surprenante, ce fut Fenella, qui offrit un toast, aux amoureux.

Ce fut elle qui, une coupe à la main, offrit de succinctes mais élégantes et sincères félicitations.

Gauwain ne prêta pas attention au fait que cette douceur d'âme lui venait alors qu'elle tenait dans ses bras un félin racé et impeccablement toiletté. Il aurait, dans les mois à venir, pleinement le temps de faire connaissance avec l'animal, et d'apprendre à connaître l'auguste boule de poils. Et de comprendre la façon dont Fenella de Vermandois le couvait de ses attentions.

Pour l'heure, tout ce qui compta, aux yeux du Gallois, était que Fenella approuvait, publiquement, et sans arrière-pensées.

Avec un sourire intimidé, une main sur la taille de son aimée, il échangea avec elle un regard amoureux, chargé d'émotions. Leurs bouches se retrouvèrent pour un baiser tendre, avant que Gauwain ne lève sa coupe à son tour.

A l'intention de Fenella.

« Merci, Fenella. Et... De tout cœur, je vous souhaite un très bon anniversaire. »

Finalement, tout cela s'était passé bien mieux que tout ce que Gauwain avait pu imaginer ou craindre. Fallait-il y voir la bénédiction d'Ukko, qui leur octroyait un miracle, en échange du rituel accompli à Midsummer? Ou bien.... une toute autre magie était-elle à l'oeuvre ici?

On résoudrait plus tard ces mystères. Pour l'heure... le temps était aux réjouissances. Et les deux amoureux n'en étaient pas mécontents.