Perseus ignorait comment il en était arrivé là où il se retrouvait en ce début de mois de novembre. En vérité, il avait bien une idée, mais il préférait la mettre de côté plutôt que de l'exploiter. Tout d'abord, des elfes de maison avaient trouvé leur chemin jusqu'à chez lui et logeaient dans son hôtel particulier. Un chiot lui avait été imposé par sa propre sœur à la fin de l'année précédente sans qu'il n'oppose de résistance. Plus récemment, son logement avait accueilli Stubby pour plusieurs nuits et à peine eut-il quitté les lieux que Morticia prenait sa suite et habitait chez lui pour une durée indéterminée. Il ne se souvenait pas la dernière fois où il avait été autant entouré. Bien qu'il ne s'en plaigne pas particulièrement, ce va et bien de créatures magiques, animaux et êtres humains avait le don de perturber une bonne de son quotidien et il ne savait pas encore s'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise chose. D'une manière tout à fait sarcastique, il songeait toutefois à renommer son hôtel particulier en "refuge des âmes égarées". A cette idée, il but une gorgée de son thé noir avant de reprendre la lecture de son courrier. Installé sur un des sièges confortables de sa terrasse, l'auteur profitait de l'automne et de l'air frais. Il n'y avait bien que Perseus pour juger ce froid particulièrement revigorant et apaisant. Il attendait d'ailleurs l'hiver avec une certaine impatience. Non loin de lui, Maximus jouait avec Luna. Morticia faisait quelque chose qui ne le regardait assurément pas. Et plus loin, Pepito préparait l'arrivée de Pomelo qui venait prendre soin de sa fille. Paillette était malheureusement encore malade et son père avait décidé de lui rendre visite. Ce qui ne le dérangeait sans doute pas. Après tout, cette maison ressemblait de moins en moins à la sienne, autant y aller jusqu'au bout.

Quand il eut fini de trier les lettres, il se leva et s'alluma une cigarette pour regarder son jardin qui prenait des allures bien tristes. Le rouge et l'orange avaient remplacé le beau vert de l'été, bientôt ces couleurs disparaîtraient pour de la neige. Il ne savait pas ce qu'il préférait dans tout ça. Il aimait s'occuper des plantes, celles qui lui permettaient de confectionner des potions en tout genre. Mais cela ne signifiait pas qu'il était capable de composer un jardin harmonieux. Il avait donc, à sa grande honte, fait appel à un professionnel qui s'en gérait toute cette affaire et venait trois fois par semaine. Alors son regard vagabondait sur ce qu'il restait des plantes, des voix s'élevèrent en bas. Il les reconnut rapidement. Nonchalamment, il écrasa sa cigarette dans le cendrier et et attrapa les lettres pour les entrer à l'intérieur. Il ferma la porte fenêtre derrière lui. Pepito s'occupait désormais de ses cactus qui avaient des formes très originales, bien différentes de celles que vous trouverez sur le marché. Puis, tout à coup, cela sonna. Et Pepito crut bon de le noter à voix haute comme si personne ne l'avait entendu : “Maître Perseus, ce doit être Pomelo.” Morticia ne savait pas réellement les tenants et aboutissants de cette histoire, Perseus n'avait eu le coeur de lui expliquer, mais elle avait été mise au parfum sur certains détails. Pomelo était le père de la petite elfette et il devait venir ce jour-là. Il ne dit rien et ouvrit la porte à ses deux invités supplémentaires. Il les laissa entrer. “Paillette dort dans sa chambre. Tu peux y aller dès maintenant si tu le souhaites.” Il ne savait pas réellement s'il attendait réellement la permission, mais Pomelo lui paraissait toujours si poli que cela lui parut essentiel sur le moment. Stubby sembla faire un signe de tête et l'elfe de maison trouva son chemin jusqu'à la chambre. Puis il dit quelques mots au chanteur : “Tu veux quelque chose à boire ? Ou à manger ? J'ai du thé...” Cela le changerait probablement de "je bois du cognac". Mais il y avait un hic n'est-ce pas ? “Je n'avais pas prévu ta venue.” Reconnut-il dans un murmure. Et quelle connerie d'ailleurs ! Il était assez rare que Pomelo soit longtemps séparé de Stubby.

Il accompagna Stubby vers le séjour où se trouvait désormais Morticia. Pepito avait désormais disparu probablement pour faire la discussion avec Pomelo. Un autre elfe à qui parler était toujours une aubaine. A moins qu'il ne soit parti le voir pour lui parler de l'état de Paillette. Il n'était pas bon à ça, parler de l'évolution d'une maladie. Voilà pourquoi il n'aurait jamais pu faire médicomage.  “Hm...” Comment allait-il formuler cela ? Il savait que Morticia connaissait Stubby, ils avaient même collaboré une fois, commencé au même endroit. Aussi se contenta-t-il du minimum, préférant éviter d'aborder la raison de la présence de son amie d'enfance chez lui : “Morty passe quelques jours ici.” Et il l'aurait sûrement prévenu s'il avait su qu'il venait. C'était particulièrement gênant tout de même et il n'aimait pas beaucoup ça. “Installe toi. Du thé alors ? Morty ? Tu en veux à nouveau ?” En avait-elle seulement pris d'ailleurs ? Il en avait préparé suffisamment pour deux, cela ne voulait pas dire non plus qu'elle avait bu le contenu de sa tasse. Luna et Maximus choisirent donc cet instant pour se montrer. Un peu d'animation. Comment manquer cela ?

“Ce n'est pas...” Bien sûr que Perseus avait noté la tenue de Stubby. Et dans d'autres circonstances, il n'aurait sûrement pas opposé de résistance. Mais dans ce cas précis, il y avait une variable que le chanteur ignorait encore. Morticia se trouvait dans le salon et il serait difficile de l'éviter. Toutefois, il se refusait de se justifier davantage et se contenta de lui lancer un regard noir qui signifiait "tu verras bien". Autant le reconnaitre, il n'aimait pas le ton employé et le sarcasme qui pointait le bout de son nez. Ainsi, silencieux et tendu, il le conduisit jusqu'à leur amie commune. C'était là l'explication à tout et Perseus crut voir un changement d'humeur chez Stubby, mais ne cria pas victoire pour autant. Il jeta un coup d’œil à Morticia qui expliqua qu'elle ignorait qu'ils se connaissaient. La phrase faisait sens, quelque part. Mais la présence de Paillette impliquait forcément que Perseus avait rencontré Stubby plus d'une fois. Ce n'était quand-même pas comme s'il recueillait tous les elfes de maison du monde. Il mit ça sur le compte de la tempête qu'elle traversait. Il se retint de tout commentaire et laissa bien volontiers à Stubby le loisir de résumer la situation sans trahir quelques secrets qu'il valait mieux garder pour le moment. Des heures de retenue, il en avait écopé plus que quelques uns. McGonnagall et Slughorn s'y étaient donnés à coeur joie. Il s'en souviendrait toute sa vie. “Certains professeurs étaient vraiment susceptibles.” Mentionna-t-il à tout hasard. Son niveau en potions avait toujours été plus avancé que celui des autres. Quant à la métamorphose,  n'en parlons même pas. Il eut un froncement de sourcils quand Paillette fut énoncée. La petite elfette malade dont Morticia avait essayé de s'occuper, mais il semblerait qu'un elfon ne soit en rien semblable à un enfant humain... Mais au lieu d'y ajouter quelque chose, il demanda ce qu'ils voulaient boire. C'était sûrement pour le mieux.

Un café et un thé à faire serait bien simple et trop rapide sans doute. Il n'était pas à l'aise dans ces conditions. Il savait bien évidemment que Stubby et Morticia étaient amis. Probablement plus que de simples amis. Mais avant qu'il ne se dirige vers la cuisine, les chiens débarquèrent et une autre question déguisée fut lancée. Et il peine à croire qu'il s'agissait d'une simple banalité. Sauf que cette fois-ci, il avait une excuse toute faite pour s'eclipser et éviter de partager des informations ou pire de les entendre. Il laissa donc là et se réfugia dans la cuisine afin de préparer les boissons chaudes. Après avoir actionné les mécanismes, il sortit une cigarette de sa poche ainsi qu'un briquet et ouvrit une fenêtre pour fumer. Intoxiqué qu'il était, la nicotine lui fit un bien fou et il en profita autant de temps que possible. Le temps acceptable pour laisser ses invités. Il écrasa son mégot dans un des cendriers présents dans la pièce, prit une dernière bouffée d'air frais et rapporta le tout dans le salon où il retrouva Morticia et Stubby. Il déposa le plateau sur la table basse et s'installa sur des fauteuils éloigné des deux invités. Maximus, quant à lui, s'approcha de la table comme pour renifler le plateau et voir s'il y avait quelque chose pour lui. Et déçu comme tout, l'animal lui lança une regard de trahison mêlée à du désarroi. “Bah tiens...” Murmura-t-il en arquant un sourcil. Puis il tourna un regard vers Luna qui était du côté de Morticia. Il n'était pas l'être le plus pro égalité du monde... Mais tout de même. Ces animaux à quatre pattes étaient toujours terribles. “Je reviens.” Et sur ce, il disparut à nouveau cinq minutes et revint avec une boite de friandises pour les chiens. Maximus fut le premier à se présent et émit un de ces aboiements dont lui seul avait le secret. Luna eut un gémissement de désespoir et Perseus tendit la boite à Morticia. Après cela il posa à nouveau son derrière sur le fauteuil et se sentit à nouveau de trop dans cette pièce. Ce dont il avait horreur réellement. Spécialement sous son propre toit. Il attrapa un serviette qu'il avait apporté pour s'essuyer les doigts et prit ensuite sa tasse comme pour s'occuper les mains et l'esprit. Il devait prendre de la contenance. “Qu'ai-je donc manqué ?” Demanda-t-il distraitement. Histoire de montrer son intérêt... Histoire de lancer la conversation. Histoire d'essayer de ne pas rester planté là devant eux.