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| Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA | |
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Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Sam 2 Oct 2021 - 1:11 | |
| Edimbourg, 28 septembre Pour son anniversaire, Razvan avait finalement fait la demande à Neolina de pouvoir passer le week-end avec elle. Seulement eux deux. Il lui semblait en effet qu'ils avaient tous les deux encaissé des choses difficiles ces derniers temps. A ses aveux difficiles dans la salle de bain avaient suivi les deux jours avec Mihaela et véritablement, ils avaient besoin, l'un comme l'autre, de se retrouver sans que les souvenirs ne les harcèlent et ne viennent gâcher leurs moments. Ils avaient en effet tous les deux des emplois du temps trop remplis pour ne pas profiter de la présence de l'autre. Dormir dans le même lit, se réveiller dans des bras aimants ne faisait pas le pilier d'une relation. Et si la leur était forte et profonde, le médicomage était cependant bien conscient que c'était quelque chose à entretenir également. Aussi avait-il décidé de l'emmener ailleurs pendant deux jours. Il se souvenait bien de son expression heureuse de découvrir un charmant village gallois. Mais cette fois-ci, il avait opté pour plus grand, lui qui connaissait si bien la passion de Neolina pour l'agitation des villes. Il n'aimait pas ça les villes, mais son désamour était bien plus ridicule que toute l'étendue de son affection pour elle. Et puis, c'était son anniversaire, non ? Razvan aimait tellement la voir heureuse. Son sourire était contagieux, il était empreint d'une bonté naturelle telle qu'il s'estimait réellement chanceux de pouvoir en profiter chaque jour. Car il lui paraissait toujours que le monde ne comprenait pas, ne comprendrait jamais ce qu'ils représentaient l'un pour l'autre. L'affection qu'il ressentait pour elle dépassait largement le cadre imposé par un sentiment aussi simple que l'amour. C'était tellement plus. Tellement plus. Il avait donc choisi Edimbourg pour lui faire plaisir. Une très très vieille ville, à l'architecture magiquement moldue, à l'histoire prégnante et finalement, pas si loin de chez eux. Le roumain aimait plus qu'il ne s'y attendait l'Ecosse. Sans se l'expliquer, l'atmosphère regorgeait de ce quelque chose de brut qui ne définissait plus tant les pays capitalistes comme l'Angleterre. Assit dans l'herbe, une jambe repliée sous le genou de l'autre, Razvan avant les yeux clos alors qu'un doux rayon de soleil lui tapait paresseusement le visage. C'était la fin de l'été, le début de l'automne et la fin des beaux jours. Bientôt, le froid et la pluie se succéderaient en masse et la peau pourtant mâte du roumain allait considérablement pâlir. Le manque de vitamine D, tout ça. Razvan laissa sa main gauche filer sur celle de Neo, tranquillement, pour profiter de ce doux contact contre sa peau. L'atmosphère était si paisible qu'il n'avait pas envie que cette journée se finisse. Le lendemain arriverait vite, pourtant, et il leur faudrait retourner rapidement à Pré-au-Lard pour reprendre le cours de leurs vies : « Il y a quelque chose dont je voulais te parler » lui dit-il d'une voix paisible sans baisser le nez. Sa jambe marqua de quelques mouvements un rythme qu'il était le seul à sentir mais le moment lui semblait opportun pour le faire. Un léger sourire sur le visage, Razvan tourna la tête vers Neolina : « Mais avant » fit-il en sortant de la poche de sa chemise blanche une petite enveloppe qu'il lui tendit : « Joyeux Anniversaire ». Son anniversaire qu'ils avaient fêté l'année précédente avait été la marque de regrets et de faux-pas. La photographie qu'il lui avait offerte avait été une bonne idée, qu'il avait gâché par la violence de ses aveux suivants. Razvan n'était jamais très doué pour trouver quoi offrir aux autres, même à la femme qu'il aimait. La limite de son imagination était flagrante et désolante, il fallait bien l'admettre. Préparer une sortie comme il l'avait fait lui ressemblait à la rigueur davantage et il aurait sans doute pu se contenter de cela, aussi. Mais non, il ne le voulait pas. Car après tout, il profitait d'Edimbourg tout comme elle, alors, quel type de cadeau était-ce là ? Neolina était une femme qui aimait le symbolisme. S'il n'était pas autant porté sur la chose qu'elle, au moins pouvait-il comprendre qu'elle y trouve une certaine beauté ainsi qu'une certaine poésie. Non, dans l'enveloppe se trouvait un petit mot sur une fine plaque de métal. Un métal magique que l'on ne se procurait qu'auprès des gobelins. Du fin travail d'orfèvre mais qui valait symboliquement tellement, tellement plus. Une phrase gravée qu'ils s'étaient dit quand ils étaient jeunes, qu'ils se disaient encore aujourd'hui qu'ils étaient adultes. A cela près que Razvan avait donné un petit coup de baguette à ce mot. Pour que chaque fois qu'elle ait besoin de lui, elle le lui fasse savoir. D'un petit coup de baguette, contre le reste du monde.(786) |
| | | Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Sam 2 Oct 2021 - 2:11 | |
| Aujourd’hui était une date anniversaire, à bien des égards. L’un plus joyeux, que Neo aimait fêter depuis qu’elle avait l’âge de comprendre, et qu’importait avec qui. Qu’importait, oui, bien que la journée qu’elle passait supplantait largement toutes les autres. Et surtout, effaçait à l’effroyable souvenir de l’année passée. Peut-être ce jour de l’année n’aurait-il pas eu la même saveur s’il avait sonné le glas de cet amour qu’elle ne s’expliquait pas. Si ce jour là de septembre 1978 avait enterré à jamais ses espoirs de vivre un instant comme celui-là. Ils auraient tout aussi bien pu passer la journée au lit à ne rien faire d’autre que s’aimer et se dévorer des yeux - ou plus encore - mais Razvan lui avait fait l’agréable surprise de l’emmener encore explorer ces terres qui n’étaient pas les leurs. Et la roumaine s’était laissée embarquer dans l’aventure, appréciant chaque seconde toujours plus que la précédente, car après tout, n’était-il pas juste l’homme qu’elle aimait le plus au monde ? Ne bravait-il pas son côté casanier pour lui plaire en cette journée particulière ? Neo n’aimait pas proclamer des je t’aime à tout bout de champ, n’aimait pas avoir besoin de le dire et laissait plutôt l’émotion du moment voir ces 3 mots s’échapper quand tout était trop fort mais aujourd’hui, plus que jamais, elle avait envie de ne dire que ça. De lui dire dans toutes les langues du monde, même celles qu’elle ne connaissait pas. Sans jamais évoquer le 365ème jour qui avait précédé celui-ci, elle voulait lui faire comprendre à quel point elle était reconnaissante qu’il soit à ses côtés, tous les jours peut-être mais en particulier celui-ci. Comme la goutte d’un dictâme tout à fait réussi qui viendrait refermer une vieille plaie.
Assise dans l’herbe, posée tout contre Razvan comme s’il lui était physiquement impossible de laisser de la distance entre elle et lui, Neo regretta que le froid l’ait forcée à mettre des collants, la privant de la sensation contre ses jambes. Mais au moins cela lui laissait-il tout le loisir de profiter de celle des doigts de Razvan qui parcouraient gentiment sa peau, là, au milieu d’un parc d’Edimburgh. La ville était jolie, et elle avait pris tellement de plaisir à arpenter les rues, sa main fichée dans celle de son amour, à tel point qu’elle n’avait réalisé sa fatigue que lorsqu’ils s’étaient posés ici. Les mots lui manquaient un peu alors qu’elle avait passé sa journée à parler pour deux, comme toujours, et la roumaine se plaisait à profiter de l’instant en silence, le souffle de Razvan balayant à un rythme régulier une mèche de ses cheveux sur son front. Sa voix vint briser le silence et attisa un peu sa curiosité, mais pas suffisamment pour qu’elle se taise tout à fait. « Moi d’abord… » voulut-elle commencer en tournant un peu la tête vers lui alors qu’il faisait de même. Se rendant alors compte que l’énième Je t’aime qu’elle avait envie de lui offrir n’était peut-être pas aussi important que ce qu’il s’apprêtait à se dire, Neo se mordit la lèvre finalement pour le laisser parler. Mais Razvan maintint tout de même une once de suspense - cet homme-là savait ménager ses effets - et lui tendit une enveloppe sortie de l’élégante chemise qu’il avait revêtu pour l’occasion. Mon dieu, pouvait-il seulement être encore plus beau ? Vu qu'elle se disait ça tous les jours, très certainement oui. Et dès demain, déjà.
La main de Neo quitta presque à regrets la sienne alors qu’elle s’emparait de l’enveloppe, légèrement lourde dans sa main. La roumaine n’avait jamais attendu quoi que ce soit quand il s’agissait de cadeaux, jugeant que les instants partagés et les intentions valaient parfois mieux que le reste. Et même si Razvan n’avait jamais dérogé à l’habitude de lui offrir un présent - même l’an dernier, souvenir qu’elle avait même gardé malgré la peine qui y était attachée - à dire vrai, Neo pensait que ce beau périple était tout à fait suffisant et valait tous les objets du monde. Mais connaissant Razvan - et elle pouvait se targuer de le connaître - Neo savait que ce qui s’y cachait allait forcément la toucher. Elle ignorait juste à quel point. « Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-elle de façon tout à fait rhétorique, son sourcil gauche levé marquant son interrogation. C’était, en fait, bien plus que ce qu’elle n’aurait pu espéré, alors qu’elle n’espérait pourtant rien du tout. Son regard accrocha bien plus vite les mots dans leur langue maternelle que l’indéniable qualité du métal. Comme il était étrange qu’une phrase prononcée avec innocence au coeur de leur enfance ait eu un si lourd impact sur leur vie, jusqu’à encore aujourd’hui. « Contre le reste du monde… » lut-elle d’une voix pétrie par l’émotion, alors que son pouce balayait la gravure comme pour mieux ressentir la force de ces quelques mots. « Je… » Il en fallait tout de même beaucoup pour faire taire Neo mais là, elle ne savait vraiment plus quels mots pourraient supplanter ceux-là. « Je ne les ai jamais dit sans le penser du fond de mon coeur. » parvint-elle à dire finalement, son regard plongé dans celui de Razvan. Qu’elle ait eu 10 ans ou maintenant 36, cette phrase n’avait jamais perdu de sa force. Non, mieux, n’avait fait qu’en gagner au fur et à mesure des mois, des années. « Je t’aime tellement. » Une fois de plus, les mots étaient sortis sans qu’elle ne maîtrise quoi que ce soit. C’était bien comme ça qu’elle préférait ces déclarations. « Tellement que le reste du monde, je m’en moque. » dit-elle dans un sourire qui contrastait avec les quelques larmes qui mouillaient un peu ses yeux, avant qu’elle ne s’empare de ses lèvres pour lui délivrer un fougueux baiser. Un baiser intense, qui dévoilait tout ce qu’elle ressentait à cet instant là et comme elle le disait, peu importait le reste du monde, leurs regards, leurs jugements, rien ne comptait plus à cet instant que ce baiser qui disait tout en silence. Sa main libre fichée dans ses cheveux ébouriffés par la brise écossaise, Neo l’attira plus encore à elle avant de mettre fin tout de même à leur étreinte quand elle fut rassasiée de lui - si une telle chose était possible. Et les lèvres encore posées contre les siennes, prononça un « Merci. » si bas qu’il lui serait plus facile de le sentir que de l’entendre. Après tout, ne parvenait-il pas à saisir toutes ses nuances ? |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Sam 2 Oct 2021 - 10:30 | |
| De façon assez curieuse, Razvan manquait peut-être d'imagination pour faire des cadeaux, mais il tapait tout le temps juste lorsqu'il s'agissait des gens qu'il aimait profondément. Fallait-il qu'il aime quelqu'un profondément pour savoir ce qui saurait le bouleverser, à quel point. Quels mots choisir, comment les dire. Quelle attention mettre en valeur pour transcender l'autre. Si lui-même n'aimait pas tant fêter son anniversaire, parce qu'il était un homme tâché d'une austérité bien roumaine, il aimait faire plaisir plus que personne d'autre. Il aimait voir un sourire se dessiner sur un visage pour une attention qu'il aurait porté à quelqu'un. Que ce soit parce qu'il faisait son travail à l'hôpital et réglait des problèmes, pour qu'on lui dise un "merci" dont il ne voulait même pas, ou parce qu'il tapait dans le mille. Razvan aimait voir le regard s'illuminer et la journée de quelqu'un s'embellir, c'était comme cela. C'était dire combien son travail officieux lui pourrissait la vie. Quand on était si profondément empreint d'une bonté pareille, comment supporter de ne semer derrière lui que la mort et la tristesse ? Mais pour une fois, les mangemorts étaient loin, le tatouage n'était plus sur son bras pendant quelques instants, parce qu'il n'y pensait pas. Non, toute son attention était tournée vers son bonheur à elle, et la tête de mort ornée d'un serpent aurait pu lui brûler la peau qu'il était même possible qu'il ne sente rien. Tourné vers l'effet que la petite enveloppe allait provoquer chez elle, Razvan attendait. A ses yeux noirs se dessinaient ses rides d'expression. Il laissa toute l'emprise de sa réaction spontanée se faire sans l'interrompre une seule fois. L'émotion dans ses yeux lui serra le cœur. Ce n'était pas une simple plaque dans un acier forgé par des gobelins. Mais encore fallait-il qu'il le lui dise. Le roumain s'était longuement demandé si le petit sortilège était une bonne idée. Il ne voulait pas lui donner l'impression qu'il l'envahissait, juste qu'il serait toujours là pour elle. Où qu'elle soit. N'importe quand, si c'était ce dont elle avait besoin.
Elle l'embrassa avant qu'il ne trouve la réponse à sa question et sa main se posa machinalement à l'intérieur de sa cuisse dont le collant l'empêchait de lui caresser la peau. Il ne faisait pas ce geste pour l'allumer d'une quelconque façon mais bien parce que c'était le geste le plus naturel qu'il eut lorsqu'elle scella d'un baiser ce présent d'anniversaire. Un sourire s'étira contre ses lèvres roses en sentant son merci, et le médicomage se décolla légèrement pour lui embrasser le coin de la bouche et ajouta : « C'est du métal forgé par les gobelins. Il te suffit de le tapoter avec ta baguette... » commença-t-il avant de se soulever légèrement du sol pour sortir de la poche arrière de son pantalon son porte-feuille qu'il ouvrit. Petite pause, pour chercher dans les compartiments qui cachaient ses papiers roumains moldus, sorciers et de réfugié. Il sortit une petite réplique avec la même phrase, à la couleur plus terne et plus sobre. « ... Si jamais tu as besoin de moi, et je le saurais. Tout de suite. N'importe où. N'importe quand. ». Il tourna entre ses propres doigts la petite plaque qui devait être à peine plus grosse qu'un ticket de métro moldu avant de la ranger dans son porte-feuille qu'il remit à sa place. Sa main regagna naturellement sa place sur la cuisse de Neolina et fit de légers va-et-vient. Le front collé contre le sien, Razvan garda les yeux clos quelques instants avant de détourner la tête pour regarder le parc. « Je veux que tu saches que je serais toujours là pour t'aider. Peu importe ce qui nous arrivera dans cette vie » ajouta-t-il d'une voix un peu plus basse. Il serra légèrement sa main comme pour donner de la force à ses propos. Peu importe ce qui leur arrivera... Et il pouvait en arriver des choses. Ce parc avait l'air paisible alors qu'il ne faudrait qu'un rien pour le ravager entièrement. Tout pouvait arriver et c'était l'imprévisibilité des choses qui rendait la vie particulière. Il fallait profiter d'elle, et pour un homme comme Razvan qui vivait dans le passé, c'était un constat bien difficile de se rendre compte qu'il fallait, pour une fois, profiter du présent avant qu'il ne lui échappe.
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| | | Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Dim 3 Oct 2021 - 3:50 | |
| Neolina avait toujours eu des goûts relativement simples. Peut-être était-ce dû à son éducation au sein du giron communiste, où le fait de manger était déjà une bénédiction en soit. Les Siankov n’avaient jamais été réellement dans le besoin, mais là-bas, on ne possédait pas grand chose. Jusqu’à très récemment d’ailleurs, Neolina n’avait jamais réellement su ce que cela faisait de posséder des choses, de les acheter avec de l’argent au nom du sacro-saint capitalisme. Et même avec ce petit pouvoir en forme de pièces, Neolina n’avait jamais abusé de quoi que ce soit, continuant à acheter des vêtements en friperie et à les arranger elle-même. En fait, la majorité de son argent passait dans des jouets que Gabi se faisait une joie de déchiqueter, ou dans de jolis parchemins chez Scribenpenne. C’était d’ailleurs bien triste que la boutique soit toujours fermée, bien qu’elle comprenne tout à fait que Cecil ait besoin de temps pour se remettre de ses émotions. Le pauvre garçon était tellement marqué - littéralement - par cet été que ça lui en avait brisé le coeur. A dire vrai, la prise d’otages avait laissé des marques sur toute la communauté sorcière, et Neo n’en était pas exempte. Mais voilà, ce week-end là, Neo s’était promis de ne pas y penser. Et Razvan arrivait très bien à lui changer les idées, lui et son adorable cadeau qui lui plaisait tout à fait. C’était peut-être le plus précieux, en terme d’argent, qu’il lui ait jamais offert. Mais c’était aussi et surtout le plus précieux en terme de signification et ça, Neo y était sensible. Si sensible que les larmes lui étaient montées aux yeux, bien qu’elles ne coulèrent pas. Tout ça, cette phrase, la renvoyait aussi bien au passé qu’au présent, et évoquait tellement de leur futur. Tout ça mélangé, au coeur d’une ville étrangère, avec ce corps si familier pourtant près d’elle, qui la faisait se sentir chez elle peu importe le lieu, le moment, les souvenirs qui affluaient.
Le moment était parfait. Tout à fait parfait, et pour rien au monde Neolina n’aurait eu envie d’être ailleurs à cet instant précis que contre les lèvres de celui qu’elle aimait. Elle lâcha tout de même un petit couinement faussement insatisfait de le sentir s’éloigner, bien qu’il lui délivra tout de même un tendre baiser au coin des lèvres avant de farfouiller dans ses propres poches en lui expliquant quelque chose dont elle ne saisissait pas encore tout à fait la portée. Alors quoi, ce joli cadeau n’avait pas encore dévoilé tous ses mystères ? Silencieuse, Neo le regarda sortir de son porte-feuille la jumelle de la plaque qu’elle tenait, ne comprenant pas tout à fait où il voulait en venir avant la fin de sa phrase. « Oh ! » laissa-t-elle échapper, surprise par ce tour de passe-passe, comme aurait dit un moldu. Voilà une utilisation tout à fait créative de la magie, et sans critiquer Razvan, il était tout de même plutôt traditionnel dans bien des aspects de sa vie. Aussi Neo était-elle doublement touchée par son geste et cette attention qui lui alla droit au coeur, à tel point qu’elle y porta la petite plaque en réalisant ce que tout ça signifiait. « C’est si… » Encore une fois, les mots lui manquèrent au point qu’elle n’en finit pas sa phrase. C’était tellement plus que ce qu’elle aurait pu imaginer, et qu’elle n’avait pourtant même pas fantasmé, qu’elle ne savait pas quoi dire. Sa main lui adressa une douce caresse et serrant le présent dans l’une, l’autre vint la rejoindre alors qu’elle appréciait leur étreinte si intime, ses yeux clos en le sentant collé contre elle. Ce qu’il lui disait lui réchauffait le coeur, malgré la température qui semblait baisser de minute en minute. Tout ça, elle le savait, n’avait même pas besoin d’une plaque pour le lui rappeler, ni la rassurer, ni quoi que ce soit. Mais le monde sorcier devenait de plus en plus fou et ce genre de lien, au-delà de celui profond qui les unissait, pouvait peut-être les faire se sentir mieux. « Je sais tout ça… » lui dit-elle du même ton, son souffle se liant au sien alors qu’elle luttait contre l’envie de l’embrasser encore. « Je sais que toi et moi, on est faits pour ce qui nous arrive. » continua-t-elle en se disant que la Neo d’il y a un an à peine l’aurait jugé sévèrement. Mais la Neo d’il y a un an avait failli laisser Razvan filer, alors à quoi bon l’écouter ? « Est-ce que ton joli sortilège marche dans l’autre sens aussi ? Parce que… » Elle laissa filer un silence, son souffle retenu sans même qu’elle ne sache bien pourquoi. « … moi aussi je suis là pour toi. » Et elle le serait les années à venir, pour rattraper toutes ces années où elle avait peut-être trop brillé par son absence. Sa main quitta finalement la sienne pour se loger contre sa joue rugueuse, caressant sa peau sous sa barbe de trois jours. « Et on affrontera tout ce qui nous arrivera à deux. Que ce soit nos futures galères ou ton prochain anniversaire. » dit-elle dans un rire léger, réalisant qu’il avait mis la barre sacrément haute et qu’elle allait peut-être devoir déployer des trésors d’inventivité pour égaler son si beau cadeau. Ou pas. Après tout, ce qui comptait, c’était juste d’y mettre le coeur, et l’un comme l’autre était bien doué en la matière. |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Dim 3 Oct 2021 - 23:07 | |
| Razvan avait eu raison de venir à Edimbourg pour l'anniversaire de Neolina. Il avait eu raison parce qu'ils avaient besoin de ce moment de battement, de ce moment où leurs vies ne leurs appartenaient plus. Embourbés dans leur quotidien, cela ne déplaisait pas foncièrement à Razvan qui était né pour vivre ce genre de vie très cadencée et simple, mais ce n'était pas fait pour elle. Neo aimait les changements, les surprises, tout ce qu'il n'aimait pas au fond, mais après tout, c'était bien pour ses différences qu'il l'aimait tant. L'entraîner dans une ville aussi belle le rendait heureux, parce qu'il n'avait eu de cesse de lui jeter des regards en coin pour déceler l'expression qui se peignait sur son visage alors qu'ils passaient devant tel ou tel monument à l'architecture grandiose d'histoire. C'était aussi facile de rendre quelqu'un heureux que malheureux. Et ces derniers mois ayant été difficiles pour elle, Neo méritait de souffler un peu, de se laisser aller, de respirer l'air frais et de ne pas penser au malheur des autres. Cette interlude au parc avait finalement été le bon moment pour lui donner son cadeau. Le roumain s'était demandé si attendre d'être dans l'intimité serait mieux. Mais l'endroit était si profondément paisible que cela ne pouvait pas tout gâcher, pas vrai ? Quand bien même il n'avait pas été bien sûr de lui... Car il ne l'était pas souvent de toute manière. Il savait toucher Neolina avec ses cadeaux parce qu'il avait un sixième sens et rien de plus. Il avait craint que son petit sortilège supplémentaire soit de trop, là où plus imaginative que lui, en réalité, cela lui parlait forcément. Il avait besoin qu'elle sache, par quelque chose de physique, qu'il serait toujours là pour elle. Même s'ils devaient se séparer. Même si leurs sentiments devaient changer. Même s'il devait lui arriver quelque chose à lui. Razvan s'était absenté de sa vie l'année précédente. Il était partit avec fracas, dans l'idée de ne plus jamais entrer dedans. Ce cadeau-là, c'était effacer définitivement un coup de crayon qui avait été donné en trop. Lorsqu'elle lui dit qu'elle savait tout cela, le médicomage fut quand même vexé à demi, mais n'en montra rien et heureusement, car elle explicita un peu les choses avec ses paroles suivantes. Ils étaient sans doute faits pour ce qui leur arrivait oui. Leurs ferveurs adolescentes l'avaient prouvé, là où dans ce placard, ils s'étaient pour la première fois avoué une faiblesse qu'ils n'embrasseraient que vingt ans après.
Les talents de Razvan en matière de magie n'étaient plus à présenter et sa petite question lui arracha un trait de rire légèrement soufflé. Ses yeux se perdirent sur ses lèvres qu'il aimait tant embrasser alors qu'elle déposait sa main sur sa joue pour la lui caresser. Ces gestes tendres, comme s'ils ne pouvaient s'empêcher de toujours se toucher, étaient si profondément la manifestation de leur addiction commune qu'ils ne savaient plus s'en passer. « Mon sortilège marche dans les deux sens, oui » acquiesça-t-il doucement, avant qu'elle n'enchaine comme si rien n'était. Pour des raisons qu'il ne s'expliquait pas, il n'avait jamais trop aimé fêter son anniversaire. Il avait toujours pensé que prendre une année n'était pas quelque chose à célébrer particulièrement. Sa simplicité faisait qu'il se délectait juste d'une journée sans problème. Qu'on lui offre ou non un cadeau lui importait peu. Razvan n'était pas matérialiste, ni porté sur ce genre de choses. Mais si l'année passée, ils ne s'étaient pas vus pour son anniversaire à lui - la faute aux terribles conséquences de son anniversaire à elle - cette fois-ci, ce serait bien, bien différent. « On est pas obligé de le fêter tu sais » dit-il gentiment parce qu'il avait quand même été associé au mot "galères" dans la phrase de Neo. Pas qu'il s'en vexait mais il ne voulait pas qu'elle se tourmente parce qu'elle ne trouvait pas de cadeau pour lui faire plaisir. Qu'elle lui dise qu'elle l'aime serait le plus beau des présents. « Sinon, concernant ce que je voulais te dire » reprit-il d'un ton un peu plus sérieux avant de soupirer en posant ses yeux sur un berger allemand qui ramenait une corde à sa maîtresse affublée d'un béret, « je pensais... ». Razvan se tut. Il avait peur que la chose soit mal reçue. En fait, Sainte-Mangouste le faisait très bien vivre. Certes, il n'était souvent pas payé sur ses heures supplémentaires, mais en tout cas, il avait un bon salaire. Quitter ce confort pour embrasser celui d'un cabinet privé où il gèrerait ses tarifs et sa survie, c'était autre chose. Tout le monde ne quittait pas une place comme celle-ci. « Je pensais à quitter Sainte-Mangouste ». Le médicomage ne croisa pas le regard de Neolina pour ne pas perdre le courage de continuer à débiter ce qu'il voulait dire : « Je n'ai jamais aimé les hôpitaux. Encore moins depuis... Tu sais... ». Ce n'était pas chez eux que Mara était morte. « J'aimerais revenir à ce que je faisais avant. Exercer auprès de patients dont je connais le dossier et le suivi, pas des inconnus qui s'enchainent à la pelle et que je ne reverrai jamais, ou que je serai incapable de resituer ». Pris d'un doute, il se fustigea un instant d'avoir amené la discussion le jour de son anniversaire. Car qui sait, peut-être qu'avec ça, il allait gâcher sa journée ?
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| | | Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Mer 6 Oct 2021 - 3:23 | |
| Etrangement, il semblait que les plus belles journées de Neo et Razvan se passaient loin de chez eux. Alors pourtant qu’ils avaient franchi une jolie étape en emménageant ensemble, l’impact de leur quotidien chargé et des épreuves qu’ils avaient à affronter pesaient de façon invisible sur leur couple. Certes, se réveiller à ses côtés chaque matin donnait à Neolina la force nécessaire pour démarrer ses journées avec un sourire plus grand que lorsque Gabi avait été la seule âme qui vive à la saluer autrefois au réveil. Certes, le retrouver chaque soir, même si ça n’était que pour le croiser entre deux gardes ou avant une urgence du Ministère emplissait toujours son coeur de joie. Mais la parenthèse qu’ils s’offraient aujourd’hui était bienvenue dans leurs vies qui ne connaissaient pas tellement de répit. Que ce soit son anniversaire ajoutait un peu à l’exceptionnel, peut-être, et son cadeau était la cerise sur le gâteau des jolies émotions qu’elle ressentait à cet instant. Razvan était si prévenant et attentionné, lui qui pourtant subissait à Sainte-Mangouste une pression telle qu’elle s’inquiétait parfois de le voir rentrer chez eux la mine basse et les traits tirés - même s’il s’assurait toujours de ne trop rien lui dévoiler pour ne pas lui peser. Peut-être était-ce un tort, que Neo partageait d’ailleurs, mais leur empathies respectives semblaient les pousser à parfois taire ce qui aurait dû être partagé, même si Razvan avait franchi une sacrée étape en lui confiant ce qui semblait être son plus lourd secret. Neolina n‘avait pas oublié cette nuit là, y pensait même tous les jours et si son regard n’avait absolument pas changé sur lui, son coeur s’était légèrement alourdi en sachant ce qu’il avait eu à vivre, seul, loin d’elle. Parce qu’elle n’avait pas été. Parce qu’elle avait failli dans son amitié, et que plus jamais elle ne voulait que ça se reproduise. Car oui, Neolina et Razvan avaient beau partager plus que cela désormais, leur amitié était aussi l’un des ciments de leur couple. Aussi, ce cadeau avait une portée tout à fait importante pour elle, et le fait que le sortilège fonctionne dans l’autre sens lui tenait à coeur. Vraiment à coeur. Car si elle savait qu’il serait toujours là pour elle, il lui semblait essentiel qu’il sache qu’elle aussi. Toujours. Contre le reste du monde, contre les épreuves de la vie, mais aussi et surtout avec lui. À jamais.
Son sourire s’accentua un peu alors qu’elle évoquait de façon maladroite ce qu’elle ressentait - la faute aux émotions qui la submergeaient - avant de déposer un léger baiser au coin de ses lèvres. « On n'est jamais obligés de rien. » répondit-elle du tac-au-tac avant de se mordre légèrement la langue. Stupide Neolina ! Quand on savait ce que ce pauvre Razvan avait subi en terme de pression et de chantage, c’était là une phrase dont elle aurait clairement pu s’abstenir. « Mais 35 ans, tout de même, ça se fête ! » enchaîna-t-elle très vite histoire de masquer sa maladresse. Mais peut-être s’enfonçait-elle un peu, parce que ses 35 ans à elle avaient été mémorables, et pas dans le bon sens du terme… « On fera ce qui te plaira ce jour-là. » finit-elle par dire d’une voix plus calme. Neolina avait bien sûr déjà réfléchi à tout ça, car ç’aurait été mal la connaître que de croire qu’elle n’avait pas anticipé les choses pour trouver une façon tout à fait personnelle de le fêter. Des semaines qu’elle essayait de dénicher de quoi lui faire un repas typique de leur Roumanie natale - et qu’elle s’entraînait en son absence pour que ce soit délicieux, et pas juste bon. Car si Razvan la connaissait assez pour forcer son caractère et l’emmener en escapade, Neo savait que rien ne lui ferait plus plaisir que de ramener un peu du pays qui lui manquait tant chez eux, bien que cela l’enfoncerait peut-être un peu plus dans sa mélancolie. Mais c’était dans sa nature, et rien de ce qu’elle ne ferait ne pourrait changer cela. D’ailleurs, n’était-ce pas aussi ce qu’elle aimait chez lui ?
La discussion prit un tour tout à coup plus grave, sans que Neo ne sache bien comment cela était arrivé. Le ton de Razvan lui donnait l’impression qu’une autre mauvaise nouvelle allait lui tomber sur le coin du nez, et son regard fuyant n’était pas tellement pour la rassurer. La chose avait l’air grave, et la petite blonde prit un air tout à fait sérieux et concerné en le regardant, sa main s’étant glissée dans son cou qu’elle caressait du bout du pouce tendrement. Et lorsque vint enfin la révélation, Neolina fut si soulagée qu’elle poussa un petit soupir, réalisant alors qu’elle avait retenu son souffle pendant tout ce temps. C’était en fait une bonne nouvelle. Une très bonne nouvelle. Neo aurait été bien mal placée pour conseiller qui que ce soit sur un choix de carrière, et elle n’était d’ailleurs pas du genre à se mêler de ce qui ne la regardait pas. Mais Razvan n’était pas épanoui dans le travail qu’il faisait, et elle le savait. C’était sa vocation, certes, mais soigner les gens ne voulait pas dire s’enfermer huit heures par jour dans un endroit sinistre et enchaîner à la chaîne les Episkey et autres sortilèges pour soigner des blessures plus ou moins importantes. Toutefois, la roumaine lui laissa le temps de finir. Elle comprenait. Bien sûr qu’elle comprenait. Elle avait désormais une certaine habitude des hôpitaux, qu’elle fréquentait de moins en moins cela dit, mais savait combien ce genre de lieux ne correspondait pas à Razvan. « C’est une excellente idée. » lui dit-elle d’une voix douce une fois qu’elle sentit qu’il avait terminé. « Cet endroit ne te fait pas du bien. » poursuivit-elle en cherchant son regard. « Et je crois qu’il existe beaucoup d’autres façons d’aider les gens. Des façons qui t’épanouiront tellement plus. » Neolina n’était pas restée assez longtemps à Sibiu, ni même en Roumanie, pour le voir exercer de la manière dont il parlait. Mais il lui semblait évident qu’avoir une patientèle connue, dans leur village ou alentours, ressemblerait bien plus à la vie qu’il aimait. Une vie simple, avec des voisins qu’on connaissait, et qui nous connaissaient, dans un lieu dont on connaissait chaque ruelle et chaque pavé. Une vie légèrement dépourvue de surprises, mais soit. C’était dans son caractère. « Et puis tu n’auras officiellement plus aucune raison de retourner à Londres. Et surtout… » Sa main remonta légèrement dans son cou, jouant avec quelques mèches plus longues de ses épais cheveux noirs. « Plus de longues gardes, ça veut dire t’avoir plus pour moi. » Bon ok, c’était peut-être l’argument le plus égoïste, et qui ne justifiait certainement pas de prendre une décision si importante à lui tout seul mais… C’était un argument qui lui donnait le sourire. |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Mer 6 Oct 2021 - 15:29 | |
| Aborder la question de leurs anniversaires, pendant cette année, avait été quelque chose de nécessairement délicat en raison de la façon dont c'étaient terminés les trente-cinq ans fêtés de Neolina. Entre rage et dispute dans cette cage d'escalier, tout n'avait semblé être que le chaos et Razvan avait voulu s'employer à gommer définitivement cela de leur vie commune. Aujourd'hui, ils étaient passés à autre chose, ils avaient avancé comme les adultes qu'ils étaient. Ils avaient grandi, mûri et réalisé surtout qu'ils s'aimaient plus que la rage qui avait éclaté ce jour-là. Les petits bafouillages de Neo ne vexèrent pas Razvan qui l'écouta sans l'aider à se dépêtrer de cette situation où elle s'était mise, même s'il resta silencieusement bloqué sur la première phrase qu'elle avait dite. N'est-on réellement jamais obligé de rien ? Il aurait voulu s'en convaincre mais c'était pour le contraire qu'il avait finalement penché. Il n'avait pas eu d'autre choix que de plier l'échine et de se laisser marquer, comme un animal de bétail - terrible métaphore s'il en est. Comment partir quand la stabilité de sa propre vie dépendait de papiers qu'il n'obtiendrait pas dans un autre État ? Une fois les papiers d'asile obtenus dans un pays, allez donc essayer d'en avoir d'autres ailleurs, pour voir... Et rentrer en Roumanie ayant été exclu... Non, on était parfois obligé de faire certaines choses, mais son anniversaire n'en faisait pas parti. Parce que c'était simplement sans importance en comparaison du reste. Un jour comme un autre, simplement le jour où il était né, presque trente-cinq ans auparavant. La vieillesse n'avait jamais été quelque chose qui le tourmentait et cela n'allait pas commencer ce jour-là. Razvan se fichait de vieillir, comme il se fichait de mourir demain. Les choses étaient telles qu'elles étaient et on ne pouvait parfois pas lutter contre le destin.
Ceux qui pensent que l'on peut tout construire de ses choix et de ses mains se trompaient. Mais on pouvait au moins adoucir un peu les choses et c'était tout le sens de son désir de quitter l'hôpital. Le roumain n'avait pas toujours été spécialisé en sortilèges. Il s'était adapté au système britannique parce que c'était ce qu'on attendait de lui et plus doué avec une baguette qu'avec des plantes, il avait fait le choix de cet étage. Mais à l'école de magie, il avait fait du généraliste. Et de la pédiatrie. Et s'il avait vécu dans un village où la moyenne d'âge faisait qu'on était plus proche de la tombe que de la naissance, ce n'était plus le cas aujourd'hui. Les mots de Neolina vinrent le conforter dans son envie de repartir sur quelque chose qu'il aimait, qu'il trouvait intéressant et nécessaire, plutôt que de voir défiler dans son service quelques inconscients fous de la baguette. Il détourna les yeux pour la regarder alors qu'elle lui répondait, en dessinant un léger sourire sur son visage qui n'en appelait instinctivement aucun. Elle n'avait pas tort dans ses mots, l'hôpital ne lui convenait pas, ses cernes violettes n'étaient pas lui et ne pouvaient le définir. Son absolue gentillesse qui le conduisait à accepter tout ce qu'on lui demandait ne pouvait pas le définir non plus. Et Razvan en avait marre d'être celui qui acceptait tout, pour tout le monde, même ce qui tombait au dernier moment. Il lui faudrait cependant être plus imaginatif dans ses mensonges, lui qui se cachait souvent derrière Sainte-Mangouste pour aller accomplir les sombres desseins de ceux qui l'esclavageaient. L'argument final glissé par sa roumaine lui arracha un rire spontané. « Effectivement » acquiesça-t-il, « je vais même rentrer avant toi de temps en temps, tu en es consciente ? ». Miracle, Ô miracle, elle qui était toujours celle qui l'attendait avec impatience. « A la base, quand j'étudiais » dit-il en baissant la tête pour arracher une touffe d'herbe rendue bien verte par la bruine qui tombait quotidiennement sur Edimbourg, « je voulais être pédiatre ». Les choses de la vie l'avaient conduit à ne pas l'être, pour diverses raisons. Mais il avait toujours davantage apprécié s'occuper d'enfants plutôt que d'adultes. Sans doute parce que les enfants étaient d'une spontanéité désarmante en comparaison de leurs parents, plus policés socialement. Le roumain releva la tête pour la regarder et lui adresser un sourire : « Peut-être qu'on pourra enfin profiter de nos soirées tous les deux ». Parce qu'ils étaient davantage habitués aux soirées qui le voyaient rentrer tard - quoique ce c'était parfois son cas à elle. Ou bien parfois de nuits qui le voyaient se lever à deux ou trois heures du matin. Une légère pluie se mis brusquement à tomber sur eux et il marmonna quelque chose d'inintelligible en se levant pour lui tendre les mains : « Allons, du nerf Mademoiselle Siankov, ou nous finirons trempés avant d'avoir trouvé un endroit où nous abriter ». Autour d'eux, les plus habitués sortaient avec un flegme tout écossais, un parapluie de leur sac. D'autres acceptaient leur destin et se contentaient de marcher encore au même rythme. Et le reste courrait, veste au dessus de la tête, pour trouver un coin où s'abriter de l'averse.
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| | | Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Jeu 7 Oct 2021 - 4:39 | |
| D’une étrange façon, la décision dont lui faisait part Razvan était une forme de cadeau. Le simple fait que son homme si allergique au changement soit à l’initiative d’un évolution si radicale dans sa vie démontrait qu’il était aussi prêt à aller de l’avant. Qu’il était prêt à arrêter de subir sa vie d’exilé pour en devenir enfin maître. Peut-être leur relation n’était-elle pas tout à fait étrangère à cette façon qu’il avait de désormais voir les choses, ou peut-être était-ce juste un ras-le-bol. Toujours était-il que Neolina ne pouvait que se réjouir de savoir qu’enfin, Razvan allait exercer dans des conditions qui lui plaisaient, et dans lesquelles il pourrait s’épanouir. Leurs talents respectifs dans leurs carrières ne devaient pas être un poids, et si Neolina ne le vivait plus comme tel depuis bien longtemps - même si certaines journées étaient plus dures que d’autres - Razvan quant à lui semblait en souffrir chaque jour. Et certes, traiter de nouveaux patients ne l’éloignerait pas de la morosité qu’impliquait sa vocation, ce spectre de la mort qui planait toujours non loin de lui. Mais mettre des noms sur des visages qu'il serait amené à revoir, voilà qui en effet lui correspondait plus - chose étonnante de la part d’un animal aussi peu social. Et que dire du fait que son rythme allait considérablement changer ? Lui qui passait déjà des nuits effroyables n’aurait plus à jongler avec ses insomnies et ses gardes insupportablement longues et contraignantes. « Ça me donnera encore plus envie de rentrer ! » dit-elle avec enthousiasme avant de l’embrasser tendrement. Savoir qu’il l’attendrait ferait-il passer le temps plus vite ou au contraire plus lentement ? C’était une question dont elle n'avait pas la réponse mais qu’importait finalement : le simple fait de savoir qu’elle pourrait profiter un peu plus de sa présence lui faisait tellement plaisir qu’elle s’en moquait.
Et malgré le fait qu’elle pensait connaître tout ou presque de cet homme qui était désormais dans sa vie depuis plus de trente ans, Neo réalisa une fois de plus qu’il lui restait bien des choses à découvrir. Ainsi donc avait-il voulu se spécialiser dans les soins aux enfants ? Elle n’était pas surprise, juste étonnée de ne pas l’avoir su avant, mais soit. La roumaine eut un petit pincement au coeur en réalisant combien les enfants avaient une place importante dans la vie de cet homme avec qui elle ne pourrait jamais en avoir. Le fait d’embrasser de plus en plus son rôle de mère de substitution avec Mihaela effaçait parfois un peu la peine, mais ce manque là restait vivace dans son coeur, bien qu’elle pensait souvent que tout ça était du passé. Mais ça ne le serait jamais, et elle devait continuer à vivre avec ce vide en forme d’enfant. D’autant plus que Miha n’était pas là, avec eux, et que Razvan aussi connaissait ce vide d’une toute autre façon qui la peinait tout autant. Neolina faillit lui dire qu’il avait ce don naturel avec les enfants, mais s’abstint bien de le faire. Elle le sentait, le savait, mais tout ça ne ferait que lui rappeler à quel point la sienne le rejetait, et elle avait déjà commis trop de maladresses aujourd’hui. « Petit cachottier va… » plaisanta-t-elle juste en se penchant, ses mains s’enfonçant dans l’herbe imprégnée de l’humidité ambiante toute écossaise. Les confidences s’arrêtèrent là, et Razvan délaissa son passé pour parler un peu plus d’avenir, ce qui la ravissait toujours. « C’est sûr que les longues soirées d’hiver seront plus chaudes avec toi. » Elle avait ce petit air taquin empli de sous-entendus, et songea qu’en effet elle avait bien hâte de se lover contre lui quand la nuit tomberait trop tôt et que le froid s’insinuerait un peu entre leurs murs. Car l’Ecosse était peut-être emplie de chaleur humaine, mais pour pour le reste... La bruine se chargea bien de le leur rappeler, et Neo peina un peu à se relever, comme toujours, malgré l’aide de Razvan qui lui avait donné du Mademoiselle Siankov - ce qui aurait pu la faire s’obstiner à rester là pour le provoquer un peu, mais tout de même, il commençait à pleuvoir fort. Neo aimait la pluie, et se moquait bien que ses cheveux blonds ondulent un peu à cause de ça, mais les averses d’ici garantissaient plutôt une pneumonie. « Hum, c’est vrai qu'il y a des douches plus agréables ! » lâcha-t-elle une fois debout, entraînant Razvan à sa suite alors qu’elle trottinait pour quitter le parc désormais déserté.
La pluie se faisait battante, et l’envie de transplaner lui traversa rapidement l’esprit avant qu’elle ne se souvienne qu’ils étaient en terrain moldu, et que le rideau de gouttes n’était pas suffisamment dense pour masquer cette bizarrerie. Aussi courut-elle dans ses petites bottes pas tellement à l’épreuve des flaques, mais tant pis, sa main ne lâchant pas celle de Razvan jusqu’à finalement se réfugier sous un porche non loin de là. S’appuyant contre le petit bout de mur, ses cheveux trempés lui tombant un peu dans les yeux, Neolina sortit finalement le joli morceau de métal doré qu’elle avait rangé dans sa poche et du bout de sa baguette - qu’elle cacha sous son manteau pour être invisible aux yeux des moldus - elle frôla la plaque qui réveilla sa jumelle. Ses yeux trouvèrent ceux de Razvan, rendus plus sombres encore sous cette luminosité basse toute écossaise. « Je crois que j’ai urgemment besoin de tes bras. » C’était tout à fait provoquant car tout de même, il était si proche d’elle qu’elle n’aurait eu qu’à tendre les bras. Mais bon, elle avait eu envie de tester son si joli cadeau. Quel mal à ça ? |
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| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Ven 8 Oct 2021 - 20:43 | |
| La seule perspective de faire enfin quelque chose qui lui plaisait réellement avait poussé Razvan à parler de la chose à Neolina. Pourtant, il avait hésité, parce qu'il craignait que la jeune femme ne considère cela comme une idée mauvaise et le dissuade de faire une telle chose. S'il connaissait bien sa roumaine, lorsque lui même n'était pas sûr de lui, ses radars se brouillaient et il pensait des choses stupides. Savoir qu'elle serait heureuse de l'avoir pour elle toute une soirée suffisait à lui faire plaisir et cela contribuait naturellement vers sa décision finale. Il quitterait Sainte-Mangouste, le tout étant de savoir quand. C'était dur de lâcher un travail qui vous avait tout donné. Lui, il était arrivé en Angleterre en ne sachant pas trop où aller. Il avait appris l'existence de cet hôpital et avait simplement postulé. Les débuts n'avaient pas été faciles, sa langue maternelle n'étant pas l'anglais mais il avait fini par s'y faire. A la dure, certes. Mais Razvan n'avait-il pas vécu chaque époque de sa vie comme quelque chose de douloureux ? Il aurait aimé dire que ces moments passés avec Neo n'étaient pas quelque chose de douloureux, et en soit, les événements eux-même ne l'étaient pas. Mais les faits annexes à sa vie, par contre... Ils pourrissaient l'intérieur, comme des bactéries qui viendrait tuer une plante. Il ne répondit rien à ses petites vannes au sous-ton taquin, parce qu'il avait les mêmes idées en tête. Il y avait des choses qu'il fallait savoir taire, ces moments intimes entre eux en faisaient parti.
L'averse les conduisit naturellement à devoir fuir le joli parc où ils s'étaient échoués. Le porche qui les abritait leur conférait une atmosphère un peu particulière - peut-être aussi parce qu'ils étaient les seuls à y être. Cette sensation de n'être que deux contre le reste du monde était donc encore plus singulière, et comme si Neolina y avait songé en même temps que lui, Razvan la regarda tapoter du bout de sa baguette la petite plaque en métal qu'il lui avait offerte. Un léger sourire se peignit sur les traits fatigués du roumain qui sortit de la poche arrière de son pantalon la petite plaque devenue toute chaude malgré l'épaisseur du cuir. Le sortilège fonctionnait à merveille, et nul doute que la plaque trouverait vite sa place dans la poche de sa chemise. Pour qu'il la sente chauffer n'importe quand, dès lors qu'elle aurait besoin de lui. Sa petite demande lui arracha un rire et il glissa ses bras autour d'elle en posant sa tête sur la sienne. Sans rien dire de particulier, il la berça tendrement alors que sous ses yeux noirs, la pluie diluvienne continuait de s'abattre sur la capitale écossaise.
L'intimité de ce moment, la sentir dans le creux de ses bras, lui rappelait combien il était heureux avec elle. Combien passer un moment en sa compagnie valait cent fois de passer des moments tout seul. Combien ces années loin d'elle lui avait finalement pesé, d'une telle sorte qu'il ne s'en était même pas rendu compte avant ça. Combien il aurait eu besoin d'elle, quand il était arrivé au Royaume-Uni. Combien aussi, il aurait aimé poser de réels mots sur ses sentiments avant ça. Razvan lui offrit un baiser sur le crâne, toujours silencieux au possible, la pluie battant la cadence derrière lui. « Epouse moi, Neolina ». La demande était sortie brutalement, lui qui ne parlait plus depuis quelques minutes. Epouse moi pour que nous avancions encore ensemble, main dans la main, toi et moi. Epouse moi pour que l'on oublie les erreurs qu'on a fait dans le passé, pour que l'on nomme ce qui se fera pour nous dans le futur. Razvan, qui pourtant n'avait jamais été doué avec les mots, pensait ceux-là si fort qu'il n'avait finalement pas besoin de les dire. Sa demande était d'une sobriété exemplaire, elle lui ressemblait. Il n'avait pas du tout prévu de faire ça pour son anniversaire. Pas du tout. Mais il n'empêche qu'il avait dans la poche un joli anneau qu'il espérait pouvoir glisser au doigt de sa roumaine. Tout cela s'était passé dans sa tête, peut-être, en un quart de seconde. Aussi se détacha-t-il pour regarder l'expression qui déroulait dans ses yeux clairs. « Epouse moi ». Répéta-t-il en se saisissant de ses mains pour entrelacer ses doigts aux siens. Il les porta à ses lèvres pour les embrasser chastement, comme il avait parfois l'habitude de le faire pour donner plus de poids à ses paroles.
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| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Ven 8 Oct 2021 - 21:28 | |
| Épouse-moi, Neolina.
Lovée dans les bras de l’homme qu’elle aimait le plus au monde, des bras qu’elle avait réclamés pour se réchauffer un peu au milieu de cette pluie torentielle, la roumaine se demanda un instant si elle n’avait pas rêvé ces mots. Ou peut-être était-ce simplement le déluge bruyant qui lui avait fait mal entendre, songea-t-elle un instant. Mais quelque chose en elle sut que ça n’était pas le cas, que c’était bien ces mots là qui étaient sortis de la bouche de Razvan. Peut-être parce que tout simplement, Neolina ne rêvait absolument pas de mariage, ou n’en rêvait plus tout du moins. Son coeur rata un battement dans sa poitrine alors qu’elle ouvrit tout à coup les yeux qu’elle avait fermés pour profiter de cette longue étreinte tendre qui rattrapait tous les ratés de son anniversaire précédent.
Épouse-moi, Neolina.
Il n’avait jamais été question de ça entre eux. Ils n’en avaient jamais parlé, sûrement car leur amour était une telle évidence que l’approbation de la société, ou le fait symbolique de prendre son nom avait bien moins d’importance que ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Très certainement aussi parce que chacun assumait que l’autre avait trop souffert, entre un deuil trop lourd et un divorce dévastateur. Ce qui expliquait sa surprise, son coeur qui battait à tout rompre dans sa poitrine alors qu’elle essayait de remettre de l’ordre dans ses idées qui s’affolaient tout autant. Mais à quoi bon ? À quoi bon jouer la carte de la raison alors que son coeur savait déjà quelle serait sa réponse ? Car tous les arguments du monde n’aurait pu la détourner de la réalité de ce qu’elle ressentait. Déboussolée peut-être, à court de mots pour l’instant, la petite blonde ne pouvait toutefois nier le déferlement de bonheur qui l’envahissait à cet moment précis, alors même qu’elle était en train de songer qu’elle ne pourrait pas être plus heureuse. Combien de fois encore allait-il faire mentir ses certitudes ridicules ? Pendant encore longtemps, semblait-il. Pour toute la vie, d’ailleurs, car c’était bien ça qu’on se promettait dans un moment pareil. Et des promesses, ils n’en avaient pas besoin pour savoir. Pas plus qu’ils n’avaient besoin de se marier pour savoir qu’ils passeraient leur vie ensemble, à partager leurs moments de bonheur autant que leurs doutes. Pour former une famille.
Tout ça s’était déroulé si vite dans sa tête qu’une fraction de seconde à peine s’était écoulée depuis cette demande qui n’en était même pas une, quand on y pensait. Pas un ordre non plus, juste une certitude, comme s’il était impensable qu’elle refuse. Et c’était tout à fait impensable, bien sûr. Aussi, lorsque Razvan se détacha un peu d’elle et que son regard légèrement mouillé déjà croisait le sien, Neolina entendait encore les mots se répéter dans sa tête, comme le plus joli écho qu’elle ait jamais entendu. Écho qui se répéta même dans la vraie vie, et elle lâcha un éclat de sourire pétri d’émotions - fortes, bien sûr - alors qu’il portait sa main à ses lèvres avec une douceur dont lui seul avait le secret. « D’accord. » répondit-elle d’une voix claire et assurée, car il lui semblait n’avoir jamais été plus sûre de quoi que ce soit d’autre de toute sa vie. Comment aurait-elle pu dire non ? Son réalisme viendrait peut-être la rattraper plus tard au galop alors qu’elle se rappellerait s’être dit un jour qu’elle n’était vraiment pas faite pour le mariage. Ou peut-être pas d’ailleurs. Ses mains toutes proches de son visage épousèrent parfaitement sa mâchoire alors qu’elle se glissait sur la pointe des pieds pour l’embrasser au coin des lèvres. « D’accord. » répéta-t-elle un peu plus bas, sa voix trahissant toutes ses émotions avant que sa bouche ne se pose sur sa joue un peu plus haut. « D’accord. » ponctua-t-elle une nouvelle fois avant de finalement trouver ses lèvres qu’elle embrassa comme, lui semblait-il, elle ne l’avait jamais embrassé. Comme une femme qui embrassait celui qu’elle pouvait désormais appeler son fiancé. Tout ça lui donnait le tournis, tant et si bien que ses bras noués autour de lui l’attirèrent encore plus à elle alors qu’elle souriait au milieu de ce baiser qui aurait pu ne jamais finir. Quoiqu’il faudrait bien qu’un jour ils acceptent de se détacher pour échanger ce oui qui achèverait à jamais de les lier. |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Dim 10 Oct 2021 - 18:36 | |
| A quoi s'attendait-il lorsque ses mots avaient finalement franchi la barrière de ses lèvres ?
Pour s'attendre à quelque chose, encore faut-il avoir réellement anticipé la décision. Et si Razvan s'était de plus en plus posé la question de sauter le premier pas, le faire ce jour-là n'avait pas vraiment été inscrit au programme. Et malgré le manque flagrant de traditionalisme - curieux pour un homme qui ne vivait que par lui - il le lui avait demandé. Sceller enfin leur relation par un autre type d'engagement, plus officiel, pas nécessairement moins profond. Est-ce que quelque chose pourrait être plus profond que ce qu'ils partageaient déjà ? Dans le cœur de cette étreinte sous le porche, abrités de la pluie, le roumain curieusement, n'appréhendait pas la réponse de Neolina. Pas parce que la réponse coulait de source, bien que d'une certaine façon, c'était le cas. Mais bien parce que même si elle disait non, il n'en serait pas gêné du tout. Après tout, il pouvait comprendre qu'elle refuse. Ils avaient passé des années à s'ignorer, à considérer leur relation comme une simple quoique profonde amitié. Alors hein, ne pouvait-elle pas refuser ? Comme ils s'étaient tous les deux éloignés d'une relation qui aurait pu se nouer l'été précédent ? Tous les deux, de toute manière, se connaissaient depuis trop longtemps pour ressentir une quelconque gêne. Ils n'en étaient plus à ce stade là, du tout. Et sa réponse était claire, même pas soufflée. Sûre d'elle, parce que c'était encore là une évidence entre eux qu'ils ne s'expliqueraient pas. La main de Neolina épousa finalement sa mâchoire et le médicomage étira un sourire sur son visage heureux. D'accord. D'accord. D'accord.
De la plus jolie des manières, Neo l'embrassa pour sceller une troisième fois son accord, sa confiance en ce qu'ils étaient tous les deux. Razvan se laissa porter par ce baiser sans qu'il ne lui vienne à l'idée, tout d'abord, de se détacher. La pluie continuait de se déverser et le roumain laissa ses mains glisser sur ses hanches avant de décoller son visage. Ses yeux se plantèrent dans les siens et il ouvrit sa veste pour y glisser une main et trouver sa poche intérieure. De celle-ci, il en sorti une petite boîte noire, très simple, qu'il ouvrit doucement pour lui montrer une bague. Comme tout ce que faisait Razvan, c'était simple. Le bijou d'engagement l'était tout autant, en or rose. Une couleur qui lui allait bien, trouvait-il. Pas qu'il soit particulièrement porté sur les bijoux de manière générale - le seul qu'il gardait étant son alliance - mais tout de même. De toute manière, tout ne lui allait-il pas ? D'un geste toujours très doux, le médicomage prit sa main gauche avant de relever son regard, comme une demande tacite de lui dire officiellement "oui" en bonne et due forme. « Je ne veux pas que tu te sentes obligée de dire oui » souffla doucement le trentenaire, « alors je te repose la question quand même » enchaîna-t-il encore pour qu'elle ne le coupe pas. Le regard bien planté dans ses yeux, il ajouta : « Veux-tu m'épouser ? ».
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| | | Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Re: Les mots qu'emporte le temps | NEOLINA Mar 12 Oct 2021 - 3:34 | |
| C’était fou comme les choses pouvaient changer en une simple année. Fou oui, de penser que l’an dernier, Razvan lui avait dit pour toute la toute première fois qu’il l’aimait avant d’anéantir en une phrase tout espoir pour eux. Et les voilà, 365 jours plus tard, à se fiancer sous la pluie ou presque, comme si rien de tout ça ne s’était produit. Ou peut-être était-ce parce qu’ils avaient bien failli se perdre qu’aujourd’hui, Neo et Razvan n’hésitaient plus quand il s’agissait de franchir des étapes importantes. Car la roumaine n’avait pas hésité une seule seconde à accepter cette demande en forme d’affirmation. C’était ce que son coeur lui dictait, et s’agissant de Razvan, écouter sa raison et ses peurs était désormais du passé. À quoi bon vouloir nier ce qui paraissait si évident entre eux ? Dès leur enfance déjà, à travers cette simple phrase pleine de sens qui continuait à les unir, il semblait qu’ils savaient déjà - même si ça leur avait pris trente ans pour s’en rendre compte. Même s’ils avaient aimé d’autres personnes, avec une réelle sincérité, à qui ils avaient déjà dit oui avant ça. Mais tout ça n’avait aucune importance pour Neolina, du moins, rien ne comptait plus à cet instant que ce qu’ils étaient en train de vivre, et qui prenait vie plus que jamais à travers ce baiser empli de sens.
Alors qu’ils se détachaient enfin, Neo ne pouvait se départir du joli sourire qui flottait sur ses lèvres. Pouvait-on seulement rêver anniversaire plus parfait ? Non, de journée plus parfaite ? Razvan et elle n’avaient jamais été de grands romantiques - quoi qu’il l’était probablement plus qu’elle - mais cette jolie demande dans une capitale étrangère, devant la porte de gens qu’ils ne connaissaient même pas, alors qu’un déluge semblait vouloir engloutir la ville, tout ça leur ressemblait, finalement. Un moment spontané, hors du temps, une parenthèse qui ne concernait qu’eux alors que le reste du monde continuait sa petite vie tranquille, sans se rendre compte de tout ça. Neolina ne savait pas très bien si Razvan avait prévu de lui dire ça là, maintenant, s’en fichait un peu d’ailleurs, mais la roumaine ne put s’empêcher d’afficher un air tout à fait étonné en le voyant sortir une petite boîte de sa poche. Alors comme ça, c’était donc une idée qui lui trottait dans la tête depuis un certain temps ? Pas réellement étonnant quand on savait à quel point son homme était bien plus traditionnel qu’elle. Ce qui n’empêchait pas pour autant qu’elle ait réellement envie de l’épouser. Pas pour les conventions, pas parce que c’était ce qui se faisait. Mais parce qu’elle avait envie de porter son nom. Parce qu’elle avait réellement envie de se lier à lui, que ce soit avec leurs deux signatures sur un bail, par des voeux prononcés un peu solennellement, ou à travers une paire de bagues qui se feraient joliment écho. Et lorsque Razvan la lui montra, Neo porta machinalement sa main gauche à son coeur, touchée qu’elle était de voir qu’il avait choisi un bijou qui lui ressemblait totalement. Simple, sans fioriture, mais dans un bel or rose légèrement plus original que le traditionnel argent ou l’or jaune, même. « Elle est si jolie… » murmura-t-elle, d’une voix que son émotion faisait légèrement trembler.
Et tandis que Razvan délogeait sa main de son coeur, elle s’attendait tout à fait à ce qu’il la glisse à son annulaire. Mais c’était sans compter sur son caractère tout à fait pragmatique, peut-être un peu trop enclin au doute parfois. Mais cette façon qu’il eut de s’assurer que c’était là tout ce qu’elle voulait ne la vexa pas le moins du monde - quoique tout de même, ç’aurait été bien mal connaître Neo que de croire qu’elle ferait quelque chose qu’elle ne désirait pas profondément - et ne fit qu’accentuer son sourire alors que ses grands yeux se plongeaient dans les siens. « Oui, je veux t’épouser… » C’était un chouia solennel, sûrement trop quand on connaissait la roumaine. Son pouce gauche caressa tendrement les doigts qui tenaient délicatement sa main. « … monsieur mon fiancé. » Elle eut un léger rire, non pas parce que l’appeler comme ça sonnait étrange. Mais justement, parce que ça lui paraissait bien naturel. Tout autant que de sentir le métal cercler ce doigt autour duquel elle n’aurait jamais pensé accepter qu’on glisse à nouveau une bague. |
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