Aujourd'hui pour Marius était un jour particulier, pourtant il n'avait pas l'air comme ça. Marius s'était levé vers 5h du matin, avait pris son solide petit-déjeuner anglais avec ses deux chiens comme à son habitude et était parti avec eux rejoindre René et Wimpy pour le marché sorcier de Whitechapel, dit « le marché aux Gobelins » en référence au fait qu'il avait longtemps été tenu par des gobelins avant que leur notions particulières de propriétés paiements et remboursements ne fassent d'eux des maraîchers et des vendeurs de piètre qualité.
Depuis le temps que Marius arpentait ses rues couvertes chamarrées, où se mêlaient tout ce que le monde sorcier et moldu avait à offrir sur plusieurs étages, le vieux cuisinier connaissait l'endroit comme sa poche. Il louvoya donc aisance entre les allées, saluant et discutant avec tous ceux qu'il avait l'habitude de croiser tous les jours depuis plus de vingt ans pour certains des commerçants. Sulla et Lepidus arpentait le marché aux pieds de leur maitre, le premier ayant plus besoin de rappel à l'ordre que le deuxième; De temps en temps un marchand connu de Marius avait le droit à son bonjour des deux molosses.
Ici le sorcier anglais vendait ses poulets côtoyaient le nain venu vendre la qualité des batteries de cuisine de son peuple et à tout cela venait se rajouter les autres nationalités. Le vieux cuisinier venait ici tous les jours pour approvisionner son pub et ses différentes brasseries et restaurants. En soi donc rien d'exceptionnel dans cette journée, y compris dans le fait qu'il faisait chez ses fournisseurs habituels des emplettes pour un menu particulier. Cette fois il s'agissait d'une mariage de deux de ses amies, aussi le vieux cracmol se faisait plus exigeant et plus dur en affaires, lui qui avait déjà la réputation d'être un négociateur dur et un client encore plus.

Marius connaissait Freya et Nora depuis un moment, avant même qu'elles soient ensemble. Freya avait toujours été cette amie un peu haut perchée, un peu plus originale que les autres que l'on a tous et Marius avait appris à accepter la norvégienne tel qu'elle était. Nora était une cliente régulière, avec lequel Marius avait très sympathisé...René s'était par contre largement moqué de lui, peu de d'hommes sont en effet sollicité pour organiser le mariage de deux femmes avec lesquelles il a a couché. Cerise sur le gâteau, une d'entre elle l'ayant fait alors qu'elle était en couple avec l'autre et non ça n'était pas Freya...Marius l'ayant découvert après la soirée galipettes. C'était sans doute pour ça qu'il était plus exigeant et mettait le prix, sans doute pour se faire pardonner. Quant au mariage lesbien en lui-même, l'organisateur de la soirée avait caché son étonnement premier avant de se dire qu'il allait avec le personnage qu'était Freya et même avec Nora. L'idée que la chose puisse arriver à Morticia ou même à sa fille ne lui avait par contre même pas traversé l'esprit. Il ne fallait pas non plus ignorer dans la décision du patron de pub d'héberger le mariage d'autres raisons, la nécessité de faire la fête dans des temps sombres et le fait qu'un mariage lesbien allait contre les mœurs rigides du monde sorcier et parmi les règles d'or de Marius il y avait que quand il pouvait emmerder un monde qui lui crachait souvent à la gueule et bien il le faisait avec joie et dans les formes.
Il était presque 7h du matin quand Marius rentra dans la cuisine de son pub avec sa chemise de cuisinier et en nouant son tablier, une arrivée devenue rare depuis quelques années et qui signifiait que l’événement était important. Wimpy reprenait avec une certaine émotion son rôle de second de cuisine pendant que le vieux cracmol donnait ses directives. Il ne cuisinait plus que rarement au pub mais c'était comme le vélo, ça ne s'oubliait pas. La cuisine résonna vite d'une intense activité où seule la voix et les directives de Marius dominait le bruit des couteaux et le chant des aliments que l'ont prépare. Marius avait la ferme intention de fournir un repas digne de la table de la reine, un véritable festin surtout quand il s'agissait d'un événement qu'il considérait unique et exceptionnel.
Tout à la cuisine, l'homme n'avait pas pourtant pas laissé le reste de côté, son ami Oscar et sa filleule s'occupait de la décoration, ses serveurs étaient là pour aider et sortait la vaisselle des grands jours. Marius avait laissé à Morticia le soin de gérer l'ambiance et la musique (avec des vrais musiciens s'il vous plaît) et René le soin de gérer la réception des invités et l'organisation de l'apéritif. Le pub entier, coin restaurant comme coin bar avait été fermé et le parrain de Londres avait fait le choix de la sécurité maximum. En tout 35 membres du gang étaient là pour protéger la cérémonie et s'assurer que tout allait se dérouler sans encombre,  les sorciers  avait leur baguette en main et les cracmols lourdement équipés à la moldu s'étaient arrangés pour camoufler les fusils d'assaut et autres armes de poings avec des sortilèges de dissimulation qui leur donnait l'apparence  de bouquets de fleurs. Une mitrailleuse lourde, un sniper et plusieurs sorciers étaient même postés en surveillance sur le toit du pub. Le maître d'hôtel demandait le carton d'invitation à chaque personne qui rentrait et posait à chacun une phrase code dont seule l'invité avait la réponse, une précaution qui plaisait peu à Marius mais qui était nécessaire, plus même, vitale.

La fin de matinée arriva plus vite que prévu, Marius fit un dernier tour pour voir si tout se passait comme bien et laissa les commandes à son chef de cuisine pour remonter discrètement dans ses appartements et mettre son costume pour apparaître en salle. La chienne de son ex-femme était avec ses chiens, elle ne manqua pas de venir se lover entre ses jambes en remuant du derrière, il la caressa avec un grand sourire. Il descendit ensuite dans la salle, laissa Sulla et Lepidus partir jouer avec Luna tandis qu'il donnait ses directives à ses serveurs, rectifiant un nœud papillon sur un serveur, rappelant à tous le déroulé de la journée. Ensuite il  se consacra à ses invités, il salua bien sûr Nora, fit la bise à Oscar avec un grand sourire amicale et lui promit qu'il goûterait des vins exceptionnels aujourd'hui, il vit  Freya qui était resplendissante dans sa tenue et s'arrêta sur Purdey Savage. Il avait connu la jeune femme quand elle n'était qu'une petite fille, avait contribué à son ascension et vu sa chute. Elle ne semblait plus que l'ombre d'elle-même, elle semblait lutter pour rester dans la pièce avec les autres et marchait lui semblait épuisant. Il comprit uniquement à ce moment qu'elle était la fameuse petite sœur de Freya, c'est en voyant les deux côte à côte que cela lui sauta aux yeux et il se trouva très con de n'avoir jamais fait le rapprochement avant. Il trouva le spectacle des deux sœurs et de particulièrement de Marit à la fois triste et touchant.
Il vit Anne Chevalley à une table et trouva assez drôle qu'une femme chargée de transmettre les valeurs plus ou moins pourris des Sangs-Purs ne vienne au mariage de deux femmes dont une né-moldu, de nos jours des gens disparaissait pour moins que ça. Il salua avec effusion Morticia, sa récente prise de distance depuis qu'il lui avait annoncé être en couple lui faisait mal et il tenait à lui montrer qu'elle était toujours la mère de sa chère fille et une de ses meilleures amies. Il complimenta le choix des musiciens et de l'ambiance, encore une fois elle avait fait un excellent travail. Son attention se reporta ensuite sur Soyle qui arrivait avec Mistella, il embrassa sa nièce sur le front, la complimenta sur sa tenue. La petite déjà sautillait dans les bras de sa mère et tendait les bras en agitant les mains vers son grand-oncle.

- Bonjour ma chérie...mais comme t'es belle aujourd'hui ! Allez, viens voir Papus, dit-il en prenant la petite dans les bras.

Aujourd'hui Marius et Mistella ne ferait pas leur petite tradition, le vieil oncle de sa mère avait pris l'habitude depuis que Misty mangeait du solide de l'emmener en cuisine et la fille de Soyle aimait bien tout goûter, elle était devenue la mascotte des cuisiniers et la chouchoute du chef cuisinier (en plus d'être celle du patron). Non aujourd'hui il y avait bien assez à goûter dans les plateaux des serveurs qui déambulait dans la salle avec des plateaux apéritifs débordant de blinis au saumon fumé, de toasts aux foie gras, de caviar, de feuilletés de saucisse et autres assortiments de charcuteries, fromages et diverses amuse-gueules....

Les choses étaient...mélangées, comme ces rêves sans logique qui arrive entre la fin du sommeil et le réveil complet. Des flashs lumineux de la réalité entre des cauchemars sombres. Cela faisait longtemps qu'une partie de l'esprit de l'ancienne gloire du rock avait perdue pied avec la réalité de sa cellule à Azkaban. Bien sûr elle se rappelait bien des repas, de ses maigres exercices physiques mais après c'est dans sa tête qu'elle se réfugiait avec sa musique pour couvrir les hurlements des autres, avec ses amis et l'odeur fantasmé d'une grillade de chèvre de sa mère dans les narines.
Elle se souvenait des deux aurors et de l'homme en costume venu lui dire que son dossier avait été révisé et qu'elle avait été innocenté, Marit crut d'abord à un rêve éveillé de sa part comme cela lui arrivait fréquemment ses derniers temps...mais c'était sûrement vrai puisque quand elle avait rouvert les yeux elle était dans une chambre d'hôpital où de gentilles infirmières s'occupait d'elles et lui disaient que tout allait s'arranger maintenant. A vrai dire avait-elle ouvert les yeux entre temps ? Sans doute, elle n'arrivait pas à s'en rappeler et fixer son attention sur quelque chose était parfois trop épuisant. Comme avec ce breuvage qu'un indien mapuche lui avait fait boire en 66...ou alors était-ce 68 ? Elle laissait parfois dériver son esprit aux limites de la conscience pour éviter de rendre les armes, pour fuir les quatre murs en pierre de la cellule et le froid humide qui vous glaçait les os. La chambre d'hôpital était-elle réel ? La personne qui lui parlait l'était-elle ?  La personne était une femme qui l'appelait Purdey (elle se rappela alors qu'elle s'appelait aussi Purdey Savage) et lui expliquait qu'elle était sauvée, que bientôt sa sœur allait venir mais Marit ne l'entendait pas clairement, tout lui semblait lointain mais elle choisit d'y croire. Elle conclut au bout de plusieurs jours que oui, parce qu'elle sentait le matelas et les couvertures à la douceur et au confort presque insupportable par rapport au matelas de paille et la couverture grossière là-bas. Et puis la routine avait changé il n'y avait plus de repas, cette insipide bouillie de céréales qui seul rythmaient les journées puis après des saveurs...non pas agréables mais différentes, chaque fois rappelant à ses papilles qu'il avait existé autre chose avant la prison. La jeune femme décida de laisser aller, de couler avec ses sentiements, des moments de conscience de plus en plus important entrecoupées de longues phases d'un sommeil de plomb sans rêve. Parfois il était agité de mauvais rêves, gudfar et gudmor se tenait là devant elle avec les yeux vitreux grands ouvert et la regardait en silence. Elle ouvrait alors les yeux mais les voyaient encore puis des infirmières arrivaient et le sommeil noir revenait.

Et puis soudain quelqu'un la la tira des rêves prit dans ses bras et la sortit de son lit, une odeur d'herbes sauvages, de terre et de cuisine au feu de bois. Une voix qui lui parlait en norvégien avec douceur mais pourtant étranglé, elle reconnut cette voix et pour la première fois un sourire se dessina sur le visage de Marit Bakke. Elle serra instinctivement ses maigres bras autour du cou de sa sœur et se recroquevilla dans les bras de Freya, un léger et faible ronronnement sortit de sa gorge. Sa sœur était réelle cette fois, Marit s'était transformée en lynx sans s'en rendre compte.
Il fallut du temps à Purdey pour se rendre compte qu'elle n'était pas en Norvège, l'information était parfois oublié quand elle appelait leur mère mais Freya lui rappelait toujours avec douceur. Le lit de Marit était trop mou, trop confortable aussi dormait-elle par terre quand elle arrivait à dormir. Sans les infirmières les cauchemars était revenus et aucune des tisanes de sa sœur n'était parvenus à les calmer, jusqu'à ce qu'une petite boule de poils ne se décide à dormir avec elle, collé contre le creux de son cou. La fouine de Freya apprit-elle plus tard, Marit sourit et la petite bête avait le talent pour faire sourire la petite sœur de sa propriétaire. Marit Bakke était surtout fatigué, dans un état de faiblesse qui faisait que les moments d'absence était encore fréquent mais lentement avec les soins constants de Yaya (elle avait fini par se souvenir du surnom de sa sœur) elle recouvrait ses forces. Bouger, pouvoir faire des choses était encore un concept qu'elle avait du mal à retrouver et de toute façon son corps n'était pour le moment même pas capable de supporter une marche d'une pièce à l'autre. Il lui semblait parfois que comprendre que le monde avait avancé sans elle et avancé vite était aussi un exercice épuisant...Soyle était maman, Freya aussi et allait se marier avec une femme, Nora McKallister. Cette femme c'était celle qui lui avait parlé à Sainte-Mangouste et les deux petits qui étaient avec elles était par conséquent son neveu et sa nièce...

- Alors? Tu en dis quoi? C’est pas trop?

Marit fut sortit d'une rêverie, regardant sa sœur et la pièce comme si elle la découvrait pour la première fois. Son regard erra un moment, le temps de reconstituer le puzzle des événements de ses deniers jours, voire dernières heures...Ca y est elle y était c'était le mariage de sa sœur et elle portait sa robe de mariage. Munin, la fouine de sa sœur, lui lécha le lobe de l'oreille en poussant des petits cris, elle la caressa pour reprendre ses moyens. Purdey sourit à sa sœur , fit non de la tête et sa voix faible et légèrement rocailleuse, comme si elle n'avait pas bu après des heures dans un désert aride, lui parut étrangère à elle-même :

- Tu es magnifique oter

Purdey toussa, but une gorgée d'eau et tourna la tête vers un miroir. Elle se trouva terrifiante et se rappela que sa sœur l'avait aidé à mettre cette robe, une de ses robes à elle qu'il avait fallu réadapter au squelette qu'elle était pour le moment. Freya l'aida à se lever et elle descendirent ensemble  dans la salle du mariage, Marit avait reconnu le lieu où tout avait commencé mais les souvenirs de différentes époques se mêlaient dans sa tête sans qu'elle soit capable de faire un tri. Yaya la laissa sur une chaise confortable et l'ancienne star du rock commença à regarder autour d'elle. Elle reconnut le propriétaire du pub mais il avait peu changé, ce qui n'était pas pour faciliter la mémoire bringuebalante de la Maledictus et vit également sa femme ou son ex-femme ? Marit ne savait plus exactement qui Morticia était mais se rappela avec vivacité une chose, elle avait une rancune envers elle mais laquelle ? Pourquoi ? Impossible de remettre avec certitude la main dessus si ce n'est le souvenir d'une humiliation devant plein de gens, son équipe technique et son groupe si ses souvenirs étaient bons. Il y avait trois chiens mais sans qu'elle soit capable de remettre les noms, les cane corso était à Marius (ça y est elle avait retrouvé le nom du propriétaire du pub!). Le berger allemand, qui était en fait une fille comme Marit le remarqua, s'approcha d'elle en remuant la queue. Marit la caressa, la chienne se colla contre elle un instant avant de repartir vers Morticia, sûrement sa maitresse. Le reste  des personnes présentes lui était parfaitement inconnus et l’agitation pourtant mesurée de la pièce ne tarda pas à lui donner le tournis. Elle se laissa aller dans son siège et ferma les yeux et chercha son verre d'eau pour atténuer la sensation.