C'est en passant par hasard dans le couloir du deuxième étage, durant une de ses déambulations méditatives, que Rémus se stoppa en se rendant compte qu'il était tout proche de la Salle sur Demande. Il se souvint alors que lors de leur dernière réunion d'étude entre maraudeurs, où Sirius avait réussi à changer ses mains en pâtes de chien, il avait oublié dans la salle un gant en laine. Il décida donc de jeter un coup d'oeil dans la salle au cas où il le retrouverait, et poussa la porte...

Mais à quoi avait-il pensé en "demandant" l'ouverture de la salle ? Il n'était pas du tout en présence de la pièce lumineuse et simple qui leur servait de lieu d'entrainement ! Non, la salle avait prit la forme d'un bureau. Une pièce de dimension moyenne, avec des murs couverts de bibliothèques, un plafond en boiserie, une délicieuse odeur de livre et de parchemin, une petite cheminée où brûlait un feu chaleureux. Un fauteuil tronait près de l'âtre mais le meuble principal était ce grand bureau en acajou, où s'entassait des piles de parchemin, des carnets et entre d'autres livres ouverts ou fermés, certain remplis de marques page. Après la première stupeur passé, Rémus réalisa qu'il se trouvait en face de son lieu de travail rêvé... Le bureau qu'il aimerait avoir un jour dans sa futur vie professionnel, symbole d'une integration réussie et d'un poste qui comblerait ses rêves d'étude et de recherche, voir s'enseignement...

Il s'approcha de la chaise simple derrière de grand bureau, s'y assis, jetant un coup d'oeil aux carnets... Qui étaients vides évidemment. C'était à lui de les écrire. Il fut arracher de ses reflexion par un grincement. "Mince, j'ai laissé la porte ouverte !". Effectivement, n'ayant prévu que de faire un tour rapide pour retrouver un simple gant, il n'avait pas prit la peine de fermer la porte derrière lui et n'importe qui pouvait rentrer derrière lui...

En voyant que la personne qui avait fait son entrée était Alice, Rémus lui sourit. Il était heureux que ce soit elle, une bonne connaissance, même une amie, qui faisait partie des personnes à l'avoir défendu contre certaines moqueries dès leur première année commune.

- Salut Alice ! Pas de soucis, je ne comptais pas rester... J'avoue avoir été encore surpris pas cette salle !

Il remarqua à son air desepéré et sa voix tremblant qu'elle semblait à bout de nerf.

- Il y a quelque chose qui ne va pas ?

Une fois la suprise de vour Alice exploser de la sorte passée, il lui proposa de s'assoir dans le fauteuil près de la cheminée. Il attrapa une chaise dans un coin et s'installa à coté d'elle. Pas question de la laisser seule sans qu'elle se soit un peu calmée et qu'elle ait retrouvé la maîtrise de ses nerfs.

- Je comprend... Il y a des jours comme ça où on a l'impression que tout est contre nous. Et puis je suppose qu'on est tous un peu sous pression en ce moment. Les professeurs choisissent toujours la même période pour nous accabler de travail. La pire période ! Avec l'hivers qui n'en finit pas, les vacances qui ne sont qu'un lointain souvenir, on est tous fatigués...

Il lui sourit.

- Mais je ne me fait pas de soucis pour toi, tu es assez forte pour surmonter tous ça !

Rémus fut surpris de se rendre compte qu'Anémone allait si mal. Il s'en voullut même de ne pas s'en être rendu compte plutôt. Et voilà... Il s'était laissé aveugler par ses propres problèmes et avait oublié de mieux regarder autour de lui, pour se rendre compte des éventuels soucis que pouvait avoir les autres. Il dit d'une voix douce :

- Je ne savais pas que tu allais aussi mal ! Il faut que tu te reposes ! N'hésite pas à me demander si je peux t'aider à te soulager de certains devoir ou autre... Je serais ravi de t'aider à se poser un peu, le temps que tu reprennes des forces et un rythme normal.

Il était sincère, refusant de laisser Alice dans cet état si il pouvait lui être utile pour la soulager de ce surmenage qu'elle s'était imposée.

Arf... Sa maudite mauvaise mine... Il faut dire en plus que l'hiver avait été rude et que ça faisait plusieurs mois qu'il passait des pleines lunes particulièrement éprouvantes. Le trop plein émotionnel qu'il subissait n'en était pas étranger, il en était maintenant certain. Il se racla la gorge.

- Hum hum... Oui bon... Je dors bien je t'assure. C'est l'hiver tu comprend, le manque le soleil... Mais on parlait de toi dis donc ! Ne détourne pas la conversation !

Il prit un faux air sévère, fronçant les sourcils de manière plus comique qu'impressionnante. Il n'avait pas l'intention de laisser dériver la conversation (et ses pensés) vers son propre état de santé ! Il se leva et alla chercher sur le bureau deux tasses de chocolats chauds qui étaient apparus en une seconde et embaumaient la petite salle. Il en tendit une à Alice.

- Qu'est-ce qui t'épuise tant alors ? Le stress ? Quelque chose en particulier ? Tu n'es pas obligé de me répondre si tu n'as pas envie mais c'est juste que ça m'embête de te laisser comme ça sans savoir si je peux t'être utile, si je peux t'aider...

Et bien... Au nouveau sursaut d'Alice, Rémus se dit qu'elle était vraiment à bout de nerfs. Mais finalement, ce n'était pas plus mal qu'elle ait trop de choses en tête à ce moment précis, car il craint qu'elle ne le relance le sujet de sa fatigue apparante lorsqu'elle le regarda d'un air suspicieux. L'idée d'une pensine le fit sourire.

- Une pensine... A mon avis ça ne se trouve à tous les coins de rue ! Et puis c'est censé être utile surtout pour les personnes... d'un certain âge non ? Qui ont trop de souvenir en tête. Tu te vieillis Alice !

Il rit, tout en se disant qu'une pensine pouvait certainement être très utile pour faire de ménage dans sa tête. Quel bonheur ce devrait être de ne choisir que les souvenirs les plus heureux et s'y plonger à volonté !

Le sourire de Rémus se figea avant de s'évanouir. Il avait tenté de prendre la manière détournée pour détendre Alice, mais ce qui l'accablait était bien trop profond pour être soulagé par une petite boutade. Alice lui avait toujours parut solide. Ou en tous cas, la voir craquer ainsi n'était pas habituel. Rémus était au courant du drame qui l'avait touché. Il avait ressenti le changement dans l'attitude de son amie qu'il connaissait depuis son entrée à Poudlard. Mais il n'avait pas vraiment osé lui en parler, ne sachant déjà pas comment s'y prendre...

Et voilà qu'un concours de circonstances l'amène à voir la jeune Serdaigle fondre en pleurs, lachant ce qui lui pesait sur le coeur. Il aurait tellement voulu savoir quoi dire pour la soulager... Il quitta sa chaise pour se rapprocher d'elle est s'agenouiller à coté du fauteuil. La souffrance qui faisait partie de sa vie l'avait rendu très sensible à celle des autres. Mais il peinait à trouver quoi faire pour réconforter, aussi il ne trouva pas mieux qu'un léger tapotement sur le bras d'Alice comme signe de soutient. Il dit la gorge serrée, mais avec toute la douceur qu'il pouvait trouver.

- Je... je pense que je comprend ce que tu ressens... Enfin sûrement pas totalement, je ne l'ai pas vécu mais... *soupir* Laisse sortir tout ce qui te pèse. N'ai pas peur de l'exprimer. Le principal c'est que tu ne restes pas seule avec tout ça. Ne t'enferme pas Alice, tu n'es pas obligée de garder tout ça pour toi.

Après un début un peu chaotique, les mots lui était venus, et sa voix s'était presque durcie, ou en tous cas devenait plus sûr. Il avait cessé de tapoter bêtement son bras pour le tenir, lui faire sentir qu'elle n'était pas seule avec ce qui l'oppressait.

Dur, ça l'était aussi pour Rémus, désemparé par la detresse de son amie. Aussi destabilisant que de la voir fondre en larme, le terrible regard humide dans lequel il avait cru voir apparaître des reproches lui fit particulièrement mal. C'était comme s'il n'était pas la bonne personne, que, quoi qu'il dise, rien ne la consolerait. Il se sentait inutile et impuissant.

Et pourtant, il n'était pas question de laisser tomber et de l'abandonner alors qu'elle se noyait dans ses larmes. Il ne lacha pas son bras et voulu reprendre la parole. Mais alors qu'il allait lancer une nouvelle tentative de réconfort avec des mots aussi compatissants qu'inutile, la voix resta bloquée. Non, il n'avait pas à être hypocrite. Pour une fois... Il avait le choix de dire vraiment ce qu'il pensait, il fallait qu'il le fasse. Son expérience du traumatisme pouvait l'aider, ou en tous cas la rendre moins perdue et submergée qu'elle semblait l'être.

Il lacha son bras pour la prendre par les épaules et la forcer à le regarder en face. Il avait comprit ce dont elle avait besoin et ce n'était certainement pas du Rémus qui se cache derrière ses mystères. Ses mots étaient pesés, et son regard franc.

- Bien sûr que c'est dur. Tu serais inhumaine si tu sortais d'une telle épreuve facilement. On ne se débarasse jamais de nos traumatismes, ça restera marqué en toi. Mais écoute-moi bien. Renoncer n'est pas humain non plus.

Il s'écarta, se relevant juste à temps pour dissimuler le trouble qui lui avait voillé les yeux. Il prit un ton plus neutre, comme s'il parlait que quelque chose de tout à fait banal.

- Tu as le choix. Si tu décides que c'est vraiment trop dur, que tu renonces et te laisse hanter par ça définitivement, je n'ose même pas imaginer ce que sera ta vie. Mais si tu décides d'accepter ce qui c'est passé, d'accepter de garder ça en toi, mais de surmonter le tout et transformer la douleur en une nouvelle force... Il haussa les épaules C'est toi qui décide si c'est vraiment trop dur ou pas.

HJ : Un mois plus tard exactement !... Mieux vaut tard que jamais !

Rémus resta un moment silencieux, voyant Alice transformer sa peine en une espèce de colère plus ou moins contenue... Non, ce n'était vraiment pas que qu'il espérait, au contraire. La pire des choses qui puisse arrivée à son amie serait de garder cette colère en elle, au lieu de faire son deuil. Comme un refus d'accepter ce qui est arrivée. Et quand on garder ce sentiment d'injustice, cette rancœur peut nous pourrir la vie, et même nous pourrir soi-même... Le jeune garçon finit par se rapprocher et se laissa tomber à coté d'elle. Il regardait droit devant lui et poussa un soupir.

- Tu t'attaches à ta peine, croyant que c'est le meilleur moyen de ne pas oublier. Tu te punis toi-même en te disant que si tu étais plus heureuse, ce serait comme trahir sa mémoire, ou quelque chose comme ça. Mais je me trompe peut-être...

Il soupira à nouveau, et ajouta d'une voix faible :

- J'aimerai tellement t'aider... Mais j'ai l'impression que j'en suis incapable...

Rémus ragarda Alice se relever, le pire semblait être passé et elle paraissait tenter de se ressaisir.

-Heu... Je... Je doit réfléchir.

Le jeune homme hocha la tête. Il était toujours bon de laisser reposer ses pensés. Elle semblait vraiment épuisée et tout ce dont elle avait besoin, c'était du repos. Le petit baiser déposé sur sa joue le fit légèrement rosir et il lui sourit.

- De rien. Repose-toi !

Il la regarda partir, resta quelques minutes dans la salle, ses pensées vagabondant dans sa tête. Puis il sortit à son tour, rejoignant la salle commune.