Sirius, Peter et moi étions en route pour la Cabane Hurlante. Autant l'avouer, l'anxiété était horriblement présente. C'était la première fois que nous allions prendre forme animal aux côtés de notre ami Rémus et nous ne pouvions deviner sa réaction à l'avance. Peut être que notre plan était trop loufoque pour fonctionner, peut être que Rémus ne sentirait pas la bête en nous, mais l'humain bien profondément caché et nous dévorerai sans scrupule... A quinze ans, qu'est ce qu'on peut être insouciant de ce genre de choses.

Tous trois avancions dans le parc, éclairés par cette lune pleine qui semblait se jouer de nous. Ma cape d'invisibilité était assez grande pour nous trois et nous permettait de ne pas nous faire repérer par Hagrid, ou encore par Picott. La lune était si grande qu'elle nous éclairait presque comme en plein jour. Sans prononcer un mot, nous savions que Rémus était en pleine transformation et que les prochaines minutes allaient être décisives pour nous trois.

A l'approche du Saule, Peter pris la parole.

A moi de jouer ! dit-il avec un air assuré, même si je sentais son bras trembler comme une feuille.

A peine le temps de dire ouf que Peter disparut. Je baissai les yeux et vis mon jeune ami dans le corps d'un gros rat gris. Il avait réussi ! Si Peter pouvait se transformer, il n'y avait aucune raison que Sirius et moi n'y arrivions pas. Le rat se faufila sous la cape et couru en direction du Saule. Il disparut de mon champ de vision et à peine une minute plus tard, l'arbre frappeur s'immobilisa. Je soupirai, Peter avait accompli sa mission avec brio.

A nous, Sirius...

Ma voix était beaucoup moins assurée que celle de Peter et rapidement je retirai la cape de nos épaules, la pliai et la posai au pied d'un arbre pour être sûr de la retrouver à notre sortie -s'il y en avait une... Je soupirai une nouvelle fois, le temps de compter jusque trois dans ma tête. Fermant les yeux, serrant les poings, je pensais le plus fort possible à mon cerf. Déjà je sentais ma tête bourdonner et des fourmis dans mes mains. A peine le temps de les regarder qu'elles se transformaient déjà en sabot. La transformation était en cours ! Un immense frisson me parcourut le corps alors que des millions de poils bruns me poussaient sur le dos, sur les bras et que mon nez s'allongeait en une truffe noire. Je tombai en avant, les quatre pattes au sol. Un mal de tête énorme et intense pris forme au sommet de mon crâne, seulement le temps de quelques secondes, assez de temps pour que mes bois apparaissent.

La transformation avait réussi. Je me tournai vers Sirius, qui n'était plus là. A la place, un gros chien noir, des plus impressionnants, m'adressait un grand sourire tout à fait humain. S'en était même drôle de voir un animal avec des habitudes humaines.

Nous y étions parvenu ! Le plus dur restait à venir, à présent...

La bête gémissait, grognait, tournait en rond, donnant par-ci par-là un coup de griffe. Il poussa un long hurlement, guettant la réponse d'un éventuel congénère... Rien... Il était seul, enfermé, et cela le panniquait, comme toujours. Il se jeta contre une des fenêtres mais les planches qui la condamnaient résistèrent. Tout ce qu'il gagna, c'est une nouvelle douleur à l'épaule qu'il oublia très vite (mais dont Rémus se rappellera douloureusement bien au réveil).

Tout à coup, il entendit un bruit. Il s'immobilisa, renifla... Quelque chose approchait, et ce n'était pas humain. Il s'accroupit, la tête penchée en avant, curieux, ne sachant pas vraiment comment réagir face à cette situation qu'il n'avait jamais connu. Qui donc avait pénétré dans sa prison ?

Tous trois avancions en direction du Saule. Mon coeur de cerf battait à tout rompre et il était encore difficile de communiquer avec Peter et Sirius dans ces conditions. Nous n'étions que trop peu entraîné, nous n'avions réussi qu'une seule fois, avant celle-ci, à nous transformer et nous n'avions pas prévu le plan du "comment nous comprendre en tant qu'animal ?". Du coup, il était difficile de savoir ce que ressentaient Sirius et Peter et moi même ne savait pas comment leur donner certaines directives. Tout se ferait à l'instinct et j'espérai que notre longue amitié nous permettrai de nous comprendre.

Une ouverture était visible entre les racines du Saule Cogneur, qui ne bougeait plus d'une feuille, à présent. Peter s'y faufila le premier, suivit de Sirius, puis de moi. Je dû baisser la tête pour que mes bois ne passent sans problème. C'était une drôle de sensation de sentir ce poids au dessus de mon crâne et je sentais même parfois ma tête vaciller de droite à gauche. Il fallait que je trouve l'équilibre. Nous arrivâmes alors à l'entrée d'un tunnel au plafond bas. Nouvelle complication. Pourquoi n'avais-je pas choisi un autre animagus, nom d'un chien ? J'espérai que notre prochaine sortie pleine lunaire se ferait dans la forêt interdite.

Le tunnel était interminable. Au bout d'un long chemin, le sol remonta en pente douce, puis le tunnel décrivit une courbe. Au loin, on remarquait une lueur qui filtrait à travers une ouverture. Nous poursuivîmes notre chemin et mon coeur se mit à battre plus fort. Un vacarme assourdissant se fit entendre, lorsque Rémus essaya de passer au travers de la fenêtre. Nul doute que la transformation avait été faite...

Derrière l'ouverture, nous découvrîmes une pièce poussiéreuse dans laquelle régnait un désordre indescriptible. Le sol était couvert de taches, tous les meubles étaient cassés comme si quelqu'un s'était amusé à les fracasser et les fenêtres étaient obstruées par des planches.

Peter n'osa pas entrer le premier. La pièce était horriblement silencieuse, comme si le temps s'était arrêté. Pourtant nous savions qu'Il était là. Rémus. Ou plutôt le loup garou affamé. Je baissai la tête puis donnai un coup de bois à Peter, qui s'avança enfin à l'intérieur de la pièce... La respiration haletante, nous attendions la suite.

HJ/ en italique sont les parties tirées du livre.

Je retins difficilement un sursaut qui se serait traduit par un cerf cabré si je n'avais pas retenu mes jambes au sol. Si je commençais à faire des mouvements de panique dès maintenant, nous ne ferions pas long feu dans l'antre de la bête. Mon coeur battait à dix mille à l'heure et je tentai tant bien que mal de ne pas trembler.

C'était la première fois que nous pouvions voir notre ami Rémus, dans son état le plus animal. La sensation qui s'empara de moi fut horrible, un mélange de dégoût et de peur atroce. Pourtant, c'était bien Rémus et Merlin seul sait que cette image de loup garou n'est rien comparé à sa vraie nature. C'est à ce moment là d'ailleurs que je me félicitai de connaitre un garçon aussi merveilleux que lui, et que malgré tous les problèmes que cela comportait, notre amitié resterai intact jusqu'au bout.

Les poils du loup retombèrent et mes tremblements commencèrent à ralentir. Peut être que notre plan allait marcher, peut être que nous ne nous ferions pas dévorer et peut être même que nous n'étions pas de gros idiots à deux noises, capable de risquer leur vie inconsciemment pour soutenir un ami. Nous étions sûrs en revanche d'avoir notre place chez les Gryffondor.

Délicatement, je soulevai la patte de mon animagus, et doucement encore, je fis claquer mon sabot sur le bois du plancher. Une sorte de râle sortit de ma bouche et j'espérai que Sirius le chien, Peter le rat et surtout Rémus le loup comprendraient que c'était un son d'amitié. Après tout, nous ne savions pas si les animaux que nous avions choisi savaient communiquer entre eux. La tête penchée sur le côté, j'observai Rémus, attendant une réaction de sa part. Je sentis Sirius à mes côtés, son flanc contre ma patte avant. Cependant, j'avais perdu Peter de vu...

Est-ce possible ? Jamais le jeune loup garou n'avait été face à une attitude non agressive. Non seulement le chien et le cerf n'avaient pas l'air d'ennemis, mais ils tentaient une manoeuvre d'approche amicale. Evdemment, il auvait préféré quelqu'un de sa propre espèce, mais c'était mieux, bien mieux que la solitude. Cette solitude qui l'enfermait ses seules obsessions de faim, de peur, de colère... Pour la première fois, il ressentait la curiosité, et quelque chose qui pouvait ressembler à se la reconnaissance.

Il les fixait maintenant avec une lueur d'étonnement, et fit un pas vers eux, toujours reniflant. Puis un autre bruit se fit entendre, une espèce de couinement, qui lui permit enfin d'identifier cette autre odeur étrangère qu'il avait détecté. Il se figea, sa curiosité encore plus excitée, il avança à pas lents vers un vieux meuble poussiereux. Il pencha le museau vers le sol et sentit immédiatement les frétillement d'une petite bête appeurée. Mais l'interstice était trop étroit pour ses larges pattes aux griffes acérées, et la commode était tout de même assez profonde. Il se redressa, tout émoustillé par ce nouveau jeu et tourna la tête vers ses étranges visiteurs. Le chien noir serait certainement plus agile à aller déloger ce petit amuse-gueule. Le loup garou le fixa et lui adressa un petit appel, qui ressemblait à une espèce de grognement-aboiement assez autoritaire, mais qui ne laisser planer aucun doute sur son acceptation des deux accolytes dans sa nouvelle meute s'ils l'aidait à récupérer la bestiole cachée sous la commode...

Je ne bougeai pas d'un poil, lorsque Rémus s'approcha pour nous sentir, Sirius et moi. S'il sentait la moindre peur émaner de nous, qui sait comment il réagirai. Peut être qu'il se sentirait en danger en notre compagnie, et peut être qu'il attaquerait. Ne dit-on pas que la meilleure défense est l'attaque ? Il ne fallait surtout pas trembler ou Rémus pouvait redevenir incontrôlable. Bizarrement d'ailleurs, il était facile de rester stoïque. Après tout, sous ces poils et cette gueule de loup se cachait notre ami, notre meilleur ami.

Nous entendîmes le couinement de Peter, sous la commode. Involontairement, mon oreille gauche se tendit pour mieux entendre. Ce que les animaux étaient bien équipés ! En revanche, je ne sais pas si Peter avait bien fait de se cacher. Vu l'air que prenait Rémus à l'instant même, il ne faisait aucun doute que le pauvre petit rat allait terminer en quatre heures -du matin, certes ! Mais en quatre heures tout de même.

Si mon visage avait forme humaine, on aurait pu voir mes yeux sortirent de mes orbites. Je tournai la tête vers Sirius, qui me regardait, lui aussi. On comprenait bien qu'il fallait faire quelque chose, mais quoi ? Si nous allions contre la volonté de Rémus, celui ci pourrait se rétracter et nous voir comme des menaces pour lui. Cependant, il était inconcevable de sacrifier Peter. D'un pas rapide, je m'avançai en direction de la commode. Je baissai la tête pour essayer de voir au dessous mais il m'était trop difficile, avec ces bois sur la tête. D'un coup de sabot, je tapai dans le tiroir du bas, pour essayer de faire sortir Peter de là. Il fallait qu'il sorte pour qu'ensuite, nous puissions expliquer à Rémus qu'il était des nôtres. S'il ne le comprenait pas, nous jouerions de la force...

Je penchai la tête vers Sirius pour lui indiquer du regard d'essayer de sortir le rat de sa cachette. Il était en effet beaucoup plus agile pour passer le museau sous la commode.

Une fois Peter sorti de sa cachette, les choses se compliquèrent. Rémus le loup essayait tant bien que mal d'essayer de le choper sur le dos de Sirius et cela semblait beaucoup l'amuser. Un pas d'un côté, un bon de l'autre, je finis par croire que Lupin ne se lasserai jamais. Cependant, il finit par se calmer un peu et parti s'asseoir sur le plancher crasseux de la cabane hurlante. Peut être finissait-il par comprendre que Peter n'était pas un casse croûte mais au contraire, son ami depuis maintenant 5 ans. Il ne manquerait plus qu'il croque ce bon gros Peter !

Ce stress, cette transformation et ce petit jeu de passe-passe entre Rémus et nous m'avaient fatigués. C'était la première fois que nous restions si longtemps dans notre forme animale, et je n'étais pas encore habitué. De plus, nous étions le soir et j'avais eu un entrainement assez éprouvant l'après-midi même qui m'avait réellement épuisé. Je pliai donc mes pattes avant que je croisai et me posai sur le parquet, imitant Rémus. Je ne sais pas combien de temps il me restait avant que je ne tombe de fatigue. Après tout, le temps passerai plus vite si nous nous endormions tous les uns près des autres.

HJ : On pourrait peut être dire qu'un laps de temps se passe, où nous dormons dans la cabane, puis on se réveille tous sous notre forme humaine. Nous pourrons discuter ainsi d'une façon à mettre en place pour communiquer, par exemple. Car je ne sais pas ce qu'on pourrait faire... Je sèche pour la suite du sujet sinon.

C'est un rayon de soleil qui me fit ouvrir les yeux. Un rayon de soleil qui filtrait à travers les planches de bois clouées aux fenêtres délabrées de la cabane qui l'était tout autant. C'est en passant une main sur mes yeux que je remarquai tout simplement que je pouvais le faire. Je n'avais plus ce sabot de cerf et c'est ainsi que la panique m'envahit lorsque je remarquai que j'avais repris ma forme humaine. Je me redressai soudainement tandis que mes os craquaient. Passer la nuit sur du plancher, c'était passablement désagréable.

Je tournai le regard en direction de Sirius et Peter. La vision était horriblement drôle ! Peter était allongé de tout son long sur un Sirius ventre à terre. Je ne comprenais pas comment celui-ci ne s'était pas déjà réveillé avec un poids comme celui de Peter sur le dos. De plus, le rat ronflait comme un cochon ! Mon regard continua son tour d'horizon et c'est avec une grande surprise que je remarquai la disparition de Rémus. Difficilement, je me remis sur mes deux jambes et m'approchai de mes deux meilleurs amis encore endormi. D'un coup de basket, je mis un coup de pied léger dans le gras du ventre de Peter puis me penchais en avant pour secouer l'épaule de Sirius.

Les gars, réveillez-vous, Rémus a disparu !

J'espérai que pendant notre petite nuit tranquille, Rémus n'avait pas pris la fuite de la Cabane Hurlante pour aller semer le trouble à Poudlard ou à Pré-au-Lard. J'espérai surtout qu'il n'était pas évanoui dans la rue, nu comme un ver ! Pour le bien de sa réputation, bien sûr.