|  Sujet: I can tell that we are going to be friends • libre Sam 5 Oct 2013 - 18:01 | |
| La pluie n'avait pas cessé de toute la matinée. Keith était descendu dans la salle commune des Poufsouffle pour étudier, Python entourant doucement ses épaules. Le jeune serpent semblait dormir paisiblement. Son devoir de potion était impossible, aussi, Keith finit par abandonner. Il soupira profondément et s'appuya conte le dossier de sa chaise qu'il renversa un peu en arrière. Ainsi en équilibre, les yeux rivés sur le plafond en grosses pierres grises, sa plume d'oie derrière son oreille, il caressa nonchalamment la tête du petit serpent autour de ses épaules dont la queue relâchée se balançait dans le vide comme celle d'un chat. Keith ferma les yeux.
Ces derniers temps avaient été riches en émotions pour le petit Poufsouffle: il s'était fait un bon nombre d'amis dans le château, comme les soeurs Taylor qui étaient dans la même maison que lui, ou la petite Lola, et avait remporté son premier match en tant que gardien de l'équipe de sa maison. Il avait écopé de quelques ennemis à la suite de ce match: quelques Serpentards mauvais joueurs qui avaient accueilli d'un oeil mauvais leur défaite et les performance de Keith, même si la victoire des Poufsouffles ne s'étaient joué qu'à un cheveu. Mais peu importait tant que ses amis étaient là. Keith semblait s'attacher trop vite aux gens: il considérait son équipe comme une sorte de seconde famille et pensait sans arrêt aux autres personnes, alors qu'ils n'en n'avaient très certainement que faire de lui, et qu'il les connaissait depuis à peine quelques semaines. C'était pour dire à quel point Keith s'était senti seul toute sa vie. Maintenant qu'il y avait des gens à aimer, il ne pouvait plus s'en passer. Même son banjo était un peu à l'abandon ces derniers temps. D'ailleurs, niveau musique, Keith était comme bloqué: les notes ne filaient plus de façon aussi fluide qu'avant sous ses doigts, que ça soit en improvisation, lorsqu'il essayait de composer ou simplement qu'il voulait apprendre un morceau à l'oreille. Pareil pour sa voix. Son petit cahier de paroles et de partitions était laissé à l'abandon. Ça rendait Keith malheureux au fond.
Rouvrant les yeux, refermant son cahier de cours à cette pensée, Keith jeta la plume d'oie qui était calée contre son oreille sur le cahier du cours maudit. Il jeta un bref coup d'oeil à la fenêtre de la salle commune. Toujours de la pluie. Il croisa la bras sur la table et posa sa tête dessus, ce qui poussa Python à se réveiller et à glisser de ses épaules à la table, où il se roula en boule. Il ferma les yeux à nouveau, essayant de dissiper son malaise. Il avait besoin d'un évènement particulier pour le débloquer niveau musique, il ne pouvait pas continuer à manquer d'inspiration comme ça. Il voulait faire sa vie dans la musique, pas question de se laisser aller. D'un coup de baguette magique, Keith fit apparaître son petit banjo. Il manquait une corde, Keith avait du rater un peu son sortilège. Il soupira pour la énième fois de la journée. Pas le temps ni la motivation d'aller chercher une corde au dortoir, tant pis, ce serait trois cordes aujourd'hui. Keith regarda autour de lui: il n'y avait pas grand monde à cette heure-là dans la salle commune des Poufsouffles, il serait tranquille pour jouer. Parfait. Il sortit son petit cahier de poche et l'ouvrit sur la table devant lui à une page vierge.
Il commença un arrangement de notes improvisées qui aurait satisfait n'importe quelle oreille. Mais pas la sienne. Keith fronça les sourcils. Sur un autre rythme et dans une autre gamme, il improvisa un autre riff. Non, décidément. Keith renouvela l'expérience plusieurs fois de suite, jusqu'à ce que l'agacement se fasse ressentir. Il posa son banjo sur ses genoux avec exaspération, attrapa d'un geste brusque sa plume d'oie et tout en grattant quelques accords sur un rythme simple, improvisa à la voix, notant les paroles qui lui venaient ainsi que les couples d'accords. In a quiet land, in England,
Lost in magics, I don't take risks,
Am I going to find friends? Non. Keith raya ce qu'il venait d'écrire. Il voulait des paroles simples et des rimes agréables, certes, mais ça, c'était trop neuneu. Il recommença en plaquant des accords différents sur le même rythme: There comes fall, here we are,
Back to school, people got blues,
I made friends, but they're by themselves,
Uniforms, unicorns,
They are going to be my friends. Keith raya à nouveau l'embryon de partition. Il soupira d'énervement, et essaya à nouveau, transformant les accords en arpèges simples: There comes fall, there it is,
Back to school, breeze is here,
In the park, by the trees,
Uniforms, unicorns,
We are going to be friends. De rage, Keith se leva, jeta sa plume sur le bureau ainsi que son banjo, causant à l'instrument de produire des sons horribles, puis le fit disparaître. Des larmes roulaient sur ses joues tant il était furieux, furieux contre lui-même. Il regarda à nouveau par la fenêtre: la pluie torrentielle avait laissé place à un timide soleil chaud. Keith fourra son petit serpent bleu dans son sac et courut dans le parc sans prendre le temps de ranger son cahier de potion et sa plume. Courir lui faisait du bien, la vitesse et le soleil séchant ses larmes comme il séchait les gouttes sur l'herbe. Il freina sa course à l'orée de la Forêt Interdite. Keith ne se risquerait pas de sitôt à y mettre les pieds: les histoires qu'on racontait sur cette forêt le terrifiant beaucoup trop. Il avait couru sur toute cette distance? Alors que Keith reprenait son souffle, Python sortit de son sac et rampa sur le sol, vers un petit surplus de terre où des scarabées sacrés d'Ys avaient établi leur domaine. Le petit serpent se mit à les chasser. Keith s'accroupit et le regarda faire. Voir son nouveau compagnon en action le réconfortait. Les animaux avaient tendance à aspirer les ondes négatives. Il sourit en observant Python gratter la terre devant lui pour essayer d'en faire sortir les scarabées qui s'étaient réfugiés dans leur nid lorsque le serpent avait commencé à décimer leur population.
Python avait ce côté sadique. Lorsqu'il sentait que quelqu'un avait peur de lui (et Keith en avait déjà fait les frais il n'y a pas si longtemps), il s'acharnait sur eux. En adoptant Python et ainsi en apprenant à mieux connaître les serpents, Keith jugea avec amusement que les Serpentards portaient bien leur blason: vicieux et rusés. Il laissa échapper un petit rire à cette pensée. Bon, évidemment, c'était un cliché, il y avait Lola pour prouver que ce stéréotype n'était pas une généralité.
Absorbées par ces pensées réconfortantes, Keith eut l'idée qu'il cherchait. Simplement avec sa voix, reprenant en tête les arpèges qu'il avait mis noir sur blanc tout à l'heure puis rayés, il entonna de sa voix rayée d'ado en mue: Fall is here, hear the yell,
Back to school, ring the bell,
Brand new shoes, walking blues,
Climb the fence, books and pens,
I can tell that we're going to be friends... Oui.
Soudain, ça allait beaucoup mieux.
Keith avait concentré tout ce qu'il ressentait à ce moment dans ces quelques vers bateau. Ses pensées pour ses amis plutôt, mais aussi sa situation du moment, cette rentrée si singulière pour lui. Ce couplet était un bon début.
Python interrompit brusquement sa chasse et se mit à siffler. Keith se retourna et vit un individu qu'il n'arrivait pas à identifier, debout derrière lui. Il était à contre-jour, et comme Keith était toujours accroupi, il ne voyait pas son visage: impossible donc de dire si c'était quelqu'un qu'il connaissait ou non. |
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