Une fois n'est pas coutume! [ M.S ] ~ TERMINE ~

Tenue :

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L'émotion passée, Minerva se fit cette drôle de réflexion : ce matin là les hiboux de la Gazette du Sorcier s'étaient transformés en sombres corbeaux dont les ailes noires comme la nuit jetaient un voile sinistre sur le petit déjeuner. Seulement l'émotion n'était pas passée, bien au contraire, elle s'enfonçait dans les replis de son âme, creusait son infâme terrier et ses racines nombreuses ralentissaient le rythme de vie de la jeune fille. Ce fût plus fort qu'elle ce triste matin, au-delà des convenances, partagée entre le choc de la nouvelle et la peur viscérale, une première larme roula sur ses joues fraîches puis une seconde tandis qu'un silence de glace semblait régner autour d'elle. Son coeur était anesthésié, soumis à un froid terrible, un gel immédiat qui lui donnait l'impression étrange de n'être plus de ce monde, ailleurs, bien loin, là où personne ne pourrait l'atteindre et la retenir. Des visions d'horreur se répandaient en un flot terrible, les mots résonnaient dans son esprit tourmenté dont naissaient les images sanglantes de ce massacre. Sa première pensée, le plus vif élan de son cœur gelé s'adressa naturellement à Morgan Moon, sa mère dont elle ne doutait pas une seconde de la présence à cette réunion funeste. Et puis elle pensa aussi à son cousin Marcus Shipton, cet homme si admiré, ce modèle aux yeux de l'adolescente lui apparût figé par la mort, Hannah Polansky et tous ces inconnus envers qui elle éprouvait de la compassion.

Ce fût une terrible épreuve, une minute d'angoisse extrême au cours de laquelle les pires théories se succédèrent en un vertige abyssal. De grosses larmes ruisselaient sur ses joues pâles comme la neige épaisse qui couvre la campagne écossaise en janvier, ses yeux hagards allaient d'un mot à l'autre sans qu'elle ne puisse y changer quoi que ce soit. Ce matin là la Grande Salle résonnait de cris terribles, à la longs et brefs, l'écho triste de sanglots se mêlait au tableau glacé et si vivant des expressions multiples des jeunes sorciers. Ses amies autour d'elle semblaient vouloir dire quelque chose, leurs lèvres s'ouvraient mais aucun son ne sortait de ces bouches, les oreilles de Minerva refusaient d'entendre, seuls ses yeux guettaient le ciel. Soudain le hululement familier d'un hibou grand duc la tira de sa douleur, la Serpentarde tourna ses yeux vers le rapace qui se posa en douceur à ses côtés. A sa patte une unique missive y était attachée. Le courage lui manquait à cet instant crucial. De longues secondes s'écoulèrent dans une angoisse terrible mais elle finit par se décider.

Citation :: " Je n'ai pas été blessée. Marcus et Hannah vont bien. Je t'aime. "

La belle écriture de sa mère n'avait pas résisté à l'émotion vive qui transpirait de cette courte missive, la plume avait bavé par endroits, les lettres se tordaient, gesticulaient dans tous les sens et des tâches claires froissaient le papier de mauvaise qualité. Visiblement Morgan Moon avait écrit ces quelques mots d'une main tremblante sur le premier papier.

Voilà une semaine maintenant que Minerva dormait d'un sommeil court et de mauvaise qualité. De rares heures de répit ponctuaient ses nuits. La Serpentarde avait reçu des liasses de lettres dans la semaine qu'elle conservait religieusement. Le regard vague, ses yeux froids glissaient sans éclat sur sa silhouette sombre emmitouflée dans un élégant manteau gris et argenté, ses longs cheveux roux et sa peau pâle n'avaient que plus d'éclat. Minerva ne voulait pas se vêtir de chatoyantes couleurs, seul le gris convenait à son humeur maussade et inquiète, rien n'était digne d'être célébré. D'une nature sociable, Miss Moon n'en refusa pas moins la présence de quiconque à ses côtés, elle voulait être seule à Pré-au-lard. Le vent lui fouettait le visage, des langues de feu rousses altéraient par moment sa vision tandis qu'elle prenait la direction de l'Allée des Embrumes. Comme toujours la crasse la dégoûtait, la vision peu accueillante des façades créait en l'adolescente un sentiment d'exclusion car elle ne se sentait pas de ce monde, ses vêtements élégants, sa démarche féminine ne collaient pas au lieu. Tout à coup la façade propre et honnête de la librairie de son cousin la tira de ses pensées amères, les lettres régulières affichaient fièrement Aux Grimoires du Temps.

La Serpentarde tourna de sa main gantée la poignée et entra. La librairie était vide et Pandora de Saint-Loup, cette affreuse petite arriviste semblait occupée ou ailleurs. Tant mieux pensa-t-elle toute émue en observant l'oeil vif et curieux le visage de Marcus. Minerva ne sourit pas et se contenta d'avancer dans sa direction en proie à un intense sentiment de soulagement. Ses longs cils roux battaient frénétiquement, agressés par de tristes pensées tandis qu'elle s'efforçait de ne pas pleurer face à Marcus dont elle excusait la froideur, l'esprit trop rusé. Elle avança dans sa direction jusqu'à être à un mètre de lui, ses doigts tordaient nerveusement l'anse de son sac à main, elle voulait se jeter dans ses bras comme une enfant.

- M.. Mar... Sa voix s'enroua pour se réduire à un filet tremblant les larmes menaçant de lui ôter tout courage et n'y tenant plus, cédant à une impulsion, un besoin irrépressible de sentir la chaleur, la vie émaner de son corps Minerva se jeta dans les bras de son cousin. - J'ai cru que vous étiez tous morts! finit-elle par dire en larmes.

Depuis l'enfance Minerva partageait de fréquentes rencontres avec son cousin Marcus Shipton envers qui l'enfant puis l'adolescente avait nourrit une grandissante admiration, une ferveur particulière qui s'étoffait avec les ans, gagnait en maturité en même temps que son esprit. Il avait été celui qui l'avait fait rêver par ses connaissances étendues, l'homme de science dont elle aimait entendre la voix discourir de sujets passionnants, le grand cousin à la fois si proche et inaccessible, la source de ses fantasmes d'enfants et plus tard le modèle parfait auquel toute personne prétendument cultivée était comparée. Avait-elle besoin de consulter un ouvrage pour approfondir un sujet, combler sa curiosité ou simplement se divertir ? Plutôt que s'adresser à la bibliothécaire de Poudlard Minerva jugeait de meilleure qualité l'avis froid et dénué de tout sentimentalisme de son cousin, d'ailleurs, qui hormis l'avisé et éclairé Marcus Shipton pouvait mieux la renseigner, quel digne descendant d'une aussi noble et érudite famille que la sienne était apte à nourrir son esprit curieux ? Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres l'adolescente vouait une admiration sans failles, un attachement sincère à son cousin dont elle écartait volontairement tout soupçon et défendait âprement la réputation.

La jeune Moon était bien trop bouleversée, trop inquiète pour déceler sur le visage froid et impassible du libraire une excitation nouvelle, une lueur, faible certes mais bel et bien présente dans ses yeux d'un bleu perçant. Certainement en aurait-elle conçu une grande curiosité, mais ses yeux étaient bien trop embués de larmes pour saisir dans ceux de Marcus la vérité. D'ailleurs voulait-elle seulement la connaître, était-ce son vœu le plus cher de voir l'image si parfaite, intouchable et brillante s'écorner ? L'esprit de la jeune sorcière était bien trop maîtrisé par la supériorité, la fierté orgueilleuse que lui inspirait Marcus pour oser douter de sa perfection. Minerva était si convaincue de la grandeur du libraire qu'elle ne se formalisa pas de son manque de chaleur trop heureuse de pouvoir sentir la chaleur de son corps contre le sien. Si enfant elle pouvait mettre sur le compte d'une affection pure, débordante et vive un tel geste les années s'étaient chargées de lui enseigner la retenue, les bonnes manières et une distance respectable. Toutes ces effusions n'étaient pas vraiment dignes d'une Moon et puis Marcus Shipton n'était pas homme à se laisser gagner par la sensiblerie.

Les grosses larmes qui coulaient sur sa joue et tachaient la robe de sorcier du libraire se firent moins nombreuses lorsqu'elle sentit la main de Marcus tapoter maladroitement son dos. Ce geste lui inspira une affection d'autant plus vive qu'elle goûtait dans toute sa rareté cet instant magique, ce simple mouvement de la main qui illustrait à merveille la tendresse bienveillante du sorcier à son égard et son incapacité à éprouver plus d'affection. C'était peu mais à ses yeux cela valait tous les mots affectueux, les gestes de réconfort. La jeune fille soupira d'aise le cœur gonflé d'une affection plus forte en pensant à sa délicatesse, à la supériorité, la finesse indéniable de son esprit.

- Allons, allons je t'assure que tu n'avais pas à t'inquiéter autant. Je ne suis pas mort et, crois-moi, je n'ai pas l'intention de l'être avant un petit bout de temps dit-il tout en l'écartant, rompant d'un geste ferme mais délicat cet instant de grâce. Le charme n'agissait plus et la honte s'immisçait en l'adolescente. Marcus a raison pensa Minerva en séchant ses larmes, après tout Morgan Moon n'avait-elle pas précisé dans sa missive qu'ils étaient tous deux sains et saufs ? Jamais sa mère pour qui son cœur n'avait pas de secrets ne lui aurait mentit, comment sa propre mère pouvait-elle lui infliger une telle trahison en connaissant la fervente admiration qu'elle nourrissait envers son cousin ? La jeune sorcière se sentit d'autant plus honteuse qu'elle remettait implicitement en cause la parole et, plus grave encore, la sincérité de sa mère. Oui, comme toujours, Marcus avait raison, sa sensibilité lui jouait des tours, il lui semblait voir la situation d'un nouvel œil. Après toute cette émotion, cette peur brutale de perdre un être cher elle se sentait rassurée par le bon sens du libraire. Minerva esquissa un début de sourire en hochant de la tête et marquant par là son consentement.

- Je suis trop sensible répondit-elle d'un ton piteux.

- Tu ne dois pas être au courant de tout, sinon tu ne te serais pas mis dans un tel état. Il n'y a aucune raison pour que notre famille soit touchée pour l'instant. Ils n'ont pas de motifs de griefs envers les gens comme nous. L'adolescente ne répondit pas dans un premier temps guidée par les gestes délicats de son cousin. Elle se laissa asseoir sur une chaise, heureuse d'être seule car quelle jeune fille ne souffrirait pas un peu de se laisser aller à tant de sensibilité en présence d'inconnus ? Minerva accepta le mouchoir qu'elle utilisa aussitôt et rangea dans une poche de son manteau. De jolies couleurs coloraient à nouveau ses joues toute heureuse de bénéficier de tant d'attentions de Marcus, pour rien au monde, ou presque, n'aurait-elle été ailleurs qu'en cet endroit. Elle lui renvoya son sourire, sincère et affectueux, le regard pétillant de gratitude. Cependant les paroles du libraire la laissaient perplexe.

Morgan Moon refusait de lui en dire plus, la commerçante n'avait pas été blessée physiquement et hormis une frayeur terrible elle était en parfaite santé mais ce que sa mère ne lui disait pas alimentait les angoisses de la jeune Minerva qui ne pouvait s'empêcher d'entendre les récits terribles d'autres élèves. Qui plus est La Gazette du Sorcier relatait les faits d'une telle manière qu'elle ne pouvait se sentir moins inquiète. Elle accueillit les paroles de Marcus avec soulagement mais aussi non sans crainte car elle n'était pas certaine de vouloir connaître tous les détails de cette horreur. Plus que jamais ce mage noir et ses fidèles serviteurs la répugnaient.

- Maman refuse de me parler de cette soirée en détail. Des rumeurs terribles courent à Poudlard, des élèves disent des choses affreuses, ils parlent de sang et... et de morts... La jeune sorcière fit une pause car elle sentait ses cordes vocales trembler d'émotion aux mots sang et mort et ses yeux s'embuer dangereusement. Elle sortit le mouchoir de sa poche, se moucha et le rangea. Etait-elle soulagée par les mots de Marcus ? Oui et non. Sa famille n'avait rien à craindre, la pureté de leur sang les protégait de toute attaque et des relations parmi les partisans de ce mage sans cœur leur assuraient paix et sécurité. Mais Sura et Myriam ? Pour elles seule la peur, l'angoisse, le sang et la mort les attendaient et ça Minerva ne pouvait s'y résoudre.

- Mais les sortilèges auraient pu toucher n'importe qui!

Dans une posture un peu raide, le dos courbé, Minerva tamponnait ses yeux rouges dans l'espoir immédiat d'endiguer le flot régulier de ces larmes brûlantes car si elle éprouvait un immense soulagement de sentir, voir, toucher même son cousin adoré de ses propres mains elle ne se sentait pas moins ridicule. Que dirait Marcus en la voyant pleurer comme une enfant ? Gênée de ses émotions, elle n'osait croiser son regard plus clair encore que le sien de peur d'y voir de la réprobation et qui sait, peut-être même de la honte. La jeune sorcière sentait ses yeux la picoter, ses paupières battaient frénétiquement dans l'espoir, vain, de ne pas se ridiculiser un peu plus, mais elle n'y parvint pas et à nouveau un sanglot éclata. Aussitôt elle essuya les grosses larmes, irritée de sa sensibilité et gênée de se laisser aller à de tels enfantillages en présence de ce sorcier dont l'opinion lui était si précieuse!

- Moui, je suppose que ça a dû paraître effrayant sous un certain angle. Surprise, mal à l'aise même elle releva subitement la tête et croisa une seconde le regard de son cousin. Quel détachement, quelle absence de peur dans sa voix et cette maîtrise de soi... Minerva en resta bouche bée, admirative de ce self control, envieuse aussi car elle n'avait jamais été très douée avec Mr Shipton, elle qui cachait si bien son jeu elle lui mentait difficilement. Et c'est vrai qu'ils n'ont pas fait dans la dentelle. A ces mots elle trembla de peur trop effrayée pour oser imaginer toute l'horreur de la situation. Il n'est pas question que je te mente, il y a eu du sang... et des morts...

C'en était trop pour la jeune Minerva qui étouffa maladroitement un sanglot de sa main, les yeux écarquillés d'horreur. Du sang... Celui de sa mère et de Marcus lui apparût dans une vision d'épouvante, vermeille et frais répandu en une traînée funeste. Des morts... Et leur corps inerte, froids maintenant, à peine trépassés et figés dans une expression terrible. Oh non, c'en était trop pour une âme aussi émotive que la sienne. Minerva regretta amèrement la franchise de son cousin, cette confiance, ou plutôt ce qu'elle croyait être de la confiance; mieux valait être une enfant à qui l'on ment, c'était mille fois préférable.

- Bon d'accord, c'était une situation dangereuse pour tout le monde. Marcus poursuivit au grand désespoir de la pauvre petite qui peinait à ne pas fondre en larmes. On ne contrôle pas le hasard, surtout dans une telle cohue. Elle approuva d'un vif mouvement de la tête adhérant sans réserve à ses mots, le hasard, voilà bien une chose qui lui donnait des frissons. Tu vas me dire que ces gens n'était pas là au hasard, et tu aurais raison. Leur but était de marquer les esprits, et ils ont réussi je pense. Quant à être touché par un sortilège, j'aurais aussi très bien pû l'être par un sort jeté par un auror. Suffoquée d'indignation et de peur car déjà la rumeur de leurs actes l'emplissait d'une terreur inédite, Minerva réprima difficilement un chapelet d'injures à leur égard, criminels étaient sans doute la plus flatteuse de toutes. Oh ça oui c'était réussit, ils avaient marqué les esprits, le sien conserverait jusqu'à son dernier souffle la peur de cette funeste soirée. Mais, si tu veux tout savoir, ton cousin n'est pas un idiot, j'ai été un des premiers à récupérer ma baguette. A la dernière remarque du libraire Minerva esquissa naturellement un léger sourire empli de fierté, ce même sourire qui illuminait son visage d'orgueil et d'affection lorsqu'une parole flatteuse de son cousin lui était adressée.

- C'est horrible dit-elle lorsqu'il eût fini d'une toute petite voix, une voix de souris, à peine audible, tout juste un couinement.

- Ne bouge pas, je vais faire un peu de thé.

- Oh merci Marcus répondit-elle la voix vibrante de gratitude.

- Raconte-moi un peu comment ça se passe à Poudlard, ça m'intéresse... dit-il après avoir ramené deux tasses fumantes. La jeune sorcière ne répondit pas immédiatement, elle s'empara d'abord d'une tasse entre ses mains pâles et féminines puis la porta doucement à ses lèvres. Elle ferma les yeux de plaisir en sentant le liquide chaud se déverser dans son corps et ramener plus de couleur à ses joues. La tasse entre les mains, elle osa enfin regarder Marcus sans détourner le regard tandis qu'elle choisissait soigneusement ses mots :

- A vrai dire beaucoup d'élèves sont sous le choc et inquiets pour leurs proches, en particulier les nés moldus. Quand les hiboux ont apporté la gazette du sorcier l'ambiance dans le château était très tendue... Les tensions entre Serpentard et les autres maisons est plus délicate encore. Heureusement la direction n'a pas été assez folle pour mettre les Serpentard avec les Poufsouffle suite à l'inondation qui nous a obligés à partager la salle commune des Serdaigle... Elle fit une pause pour boire une gorgée du breuvage odorant puis poursuivit, Mais à Serpentard c'est très différent. Certains n'en parlent pas ouvertement, mais souvent quelques élèves se réunissent à l'écart et murmurent entre eux. Les Sang-Pur ne semblent pas très affectés par la nouvelle en réalité, quelques-uns s'en réjouissent. Mais après l'attaque les élèves des autres maisons nous craignent même si certains n'hésitent pas à s'en prendre à nous. Quelques Serpentards parlent d'une ère nouvelle...

Oh bien sur des conversations subitement étouffées, des groupes qui se dissolvent à l'approche d'un enseignant, des rires gras, des rires mauvais, des regards de connivence et des sourires malsains et puis les mots, les paroles, les gestes, les idées, les sensations... Autant d'indices, autant de preuves à charge contre Serpentard et ses élèves, autant de faits accusateurs, révélateurs de leurs pensées les plus secrètes. Minerva n'avait pas tout dit à Marcus, il est des paroles échangées qu'elle préférait par loyauté envers ses amis garder pour elle mais sa conscience ne pouvait l'ignorer. Sa propre peur prenait jour après jour de l'ampleur, les réunions plus ou moins secrètes s'intensifiaient, elle sentait bien qu'on lui cachait des choses. Comment ignorer l'excitation malsaine, la lueur de triomphe dans les yeux de son amie Crystal, le sourire cruel de ses lèvres pleines et ses reproches réguliers ? Oh non, décidément Marcus ne savait pas tout.

- Une ère nouvelle... Oui... Une ère de terreur, une ère de destruction physique et morale, une ère baignée sang et d'horreur; une ère qu'elle pressentait malgré elle et dont la rumeur naissante l'emplissait d'une peur terrible. Tout allait changer, bientôt et il faudrait choisir son camp, choisir ses amis, ses ennemis, se méfier de tout et n'importe qui. Minerva redoutait cet instant, le craignait d'autant plus qu'elle se sentait si faible, si peureuse, incapable d'affirmer clairement son opinion.

C'est encore trop tôt pour le dire. Pourtant les indices ne convergeaient-ils pas ? Et l'attaque, ce bain de sang, n'était-ce pas une preuve suffisante? Que leur fallait-il de plus ? Le regard de Miss Moon s'insurgea d'une terrible indignation.

Il va falloir que tu fasses très attention Minerva. Les paroles de son cousin Marcus inquiétèrent la jeune sorcière. Ses pensées se firent plus épaisses, plus terribles aussi maintenant qu'elle se sentait menacée. Ne lui avait-il pas assuré quelques minutes plus tôt qu'elle n'avait rien à craindre ? Son sang pur la protégeait tout comme les relations douteuses de sa famille.

Si des "partis" se forme à Poudlard, reste bien à l'écoute. Il ne s'agit pas de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Elle voulut parler, lui dire combien elle se méfiait déjà de ce jeu d'échecs mais les mots restèrent en suspens, sa bouche ouverte se referma aussitôt. Les jeux n'étaient pas encore faits mais les pions se profilaient déjà. La jeune sorcière n'avait pas encore de certitudes mais de forts doutes pesaient sur certains de ses camarades, elle les soupçonnait d'avoir déjà fait vœu de malheur en leur cœur. Les altercations se multipliaient, les menaces gagnaient en fondements et elle se sentait toujours aussi émerveillée par la magie noire en dépit d'un dégoût plus marqué.

Que ce soit d'un coté ou de l'autre. Il faut que tu soit consciente et avertit, qu'on ne te prenne pas pour quelqu'un de faible. Faible Minerva ne l'était pas. Mais en cette année 1975 elle n'était qu'une adolescente apeurée dont le coeur révulsé par les horreurs qu'elle lisait chaque jour dans la gazette du sorcier lui faisait sentir à quel point sa position était délicate. Comment assumer ce qu'elle était vraiment sans s'exposer à de terribles dangers ?

C'est pour ça que je ne suis pas d'accord avec ta mère pour te garder dans l'ignorance, c'est la pire des choses. Son regard se perdit dans la contemplation éperdue de la surface du thé. Marcus ignorait certainement tout d'une violente dispute entre Morgan et Minerva et le plus embarrassant était l'implication du libraire. Oh bien sur jamais sa jeune cousine ne l'aurait impliqué pour ne pas être punie, mais elle ne put réprimer un feu croissant qui empourpra ses joues. La magie noire... Ce sujet divisait la mère et la fille. L'une y était viscéralement opposée et l'autre plus sensible qu'elle ne se l'avouait.

- Je me suis disputée avec maman finit-elle par avouer d'une petite voix. Minerva releva son joli visage et croisa le regard clair de son cousin. Tu sais qu'elle hait la magie noire, elle m'a interdit de m'y intéresser mais quand je t'écoute je ne peux m'empêcher de penser que tu as raison. Elle en a peur parce qu'elle ne s'y intéresse pas, elle ne sait pas comment s'en protéger et son esprit ne peut s'ouvrir à toutes ces découvertes si passionnantes! Oh Marcus j'aimerai tant qu'elle partage ma curiosité, qu'elle soit sensible à tes paroles! Une transformation sensible l'opérait dans l'apparence de la jeune Moon, une chaleur nouvelle se dégageait de son corps, de la lumière brillait au fond de ses yeux, il y avait de la grâce dans sa façon de se tenir et une conviction surprenante pour une jeune fille de son âge dans sa manière de s'exprimer. Si seulement maman pouvait comprendre... Elle a découvert le traité sur la manipulation de l'esprit. Elle a voulu le brûler, c'était terrible! Elle a crié, hurlé même et dit que tu étais imprudent, que ce n'était pas de mon âge. J'ai réussis à la convaincre de ne pas le brûler, je l'ai supplié de n'en rien faire. J'ai essayé de lui dire combien ce traité était important, à quel point il éclairait des zones d'ombre trop longtemps ignorées, quels progrès formidables c'était pour la communauté magique, mais elle n'a rien voulu savoir! Le livre est en sécurité, je l'ai caché dans un coffre sur lequel j'ai lancé plusieurs sortilèges et... Et des maléfices aussi...

Minerva marqua une pause en buvant un peu de son thé. Le souvenir de cette terrible dispute laissait encore planer son ombre douloureuse sur son visage inquiet.

- Maman veut que tu ne me vendes que des livres scolaires. Et elle ne veut pas que tu essaies de m'instruire... Mais tu n'en feras rien, n'est-ce pas ? Tu me promets de ne pas céder ?! dit-elle la voix plus forte, déterminée à obtenir de son cousin cette promesse tandis que le regard bleu de Minerva se plantait dans celui de Marcus, à la fois hardi et fragile puis elle ajouta plus doucement, Je sais que je devrai lui obéir mais... Elle a tort et tu as raison.

La Serpentarde tordait de ses longs doigts nerveux le mouchoir donné par Marcus. Ses paroles résonnaient en son esprit influençable, elle voulait garder certaines choses pour elle, mais comment pouvait-il l'aider si elle ne lui disait pas tout ? Résignée, Minerva poussa un léger soupir avant de prendre la parole :

- Des partis se sont déjà formés en réalité. Rien d'officiel bien sur mais certains élèves partagent les mêmes idées et sont plus bavards... Quelques-uns de mes amis en font partie, d'ailleurs tu en connais peut-être certains. Et puis il y a d'autres élèves qui protestent ouvertement contre eux, des Gryffondor pour la plupart. Jusqu'à présent je ne leur ai jamais dit vouloir les suivre après Poudlard et ils ne m'ont pas demandé d'en faire de même mais je sais qu'ils ne resteront pas sans rien faire. Quand on parle de magie noire ce n'est plus pareil, ils ne s'y intéressent pas de la même manière que moi. Parfois... Parfois ils me font peur dit-elle en songeant à cette drôle de lueur qui brillait au fond des yeux noirs de Severus Rogue.

Craindre ses ennemis est une chose mais craindre ses amis développait en Minerva un odieux sentiment de trahison et d'insécurité qui ne la quittait pas depuis quelques jours car l'air vibrait d'une excitation malsaine, les Serpentards piaffaient d'une joie et d'une excitation froidement contenus dont elle pouvait sentir sur sa peau nue le frisson écœurant. La magie noire... Quel épineux sujet! Depuis sa plus tendre enfance l'immense savoir de son cousin l'avait toujours écrasé de sa superbe, caressé son jeune âge d'une admiration sans bornes dont jamais son cœur et son esprit ne s'étaient défaits et Marcus, dont l'influence était puissante sur la jeune fille avait naturellement affiné, aiguisé son appétit intellectuel. La magie noire avait dans un premier temps était le prétexte pour se rapprocher de cet aîné dont le charisme jetait dans ses prunelles un ciel d'étoiles, et puis, petit à petit, gagnée par sa fièvre et le charme trouble de cet art elle avait laissé son âme et ses méninges y prendre goût.

- Et bien jeune fille, on se rebelle contre l'autorité maintenant ? Je ne veux pas t'encourager à te couper de ta mère loin de là. Oh mais loin d'elle l'idée de désobéir à la parole de sa mère. D'ailleurs, pourquoi refuserait-elle de se plier, s'incliner face à sa sagesse et son amour ? Morgan Moon entourait chaque jour sa fille d'un amour maternel si fort qu'elle en éprouvait la douce chaleur même loin du foyer bien aimé, il lui suffisait d'une parole, d'un geste, d'un regard pour faire plier la jeune Minerva. Jamais, oh non jamais l'idée d'être coupée d'une quelconque manière de sa mère ne lui aurait effleuré l'esprit. Alors lorsque Marcus prononça ces terribles paroles le dos de la jeune sorcière se raidit, ses yeux s'écarquillèrent et son coeur loyal, sa langue sincère parla plus vite et avec bien plus de conviction qu'elle ne pensait : - Non, jamais, jamais je ne trahirai maman!

Tu sais bien que j'apprécie Morgan. Mais comme tu le dis, elle a des idées bien arrêtées sur certaines choses. Une fois de plus Marcus disait vrai. Sa mère était à bien des égards une femme respectable mais sa douceur d'âme l'empêchait de concevoir la magie au-delà de toute notion de bien et de mal ce qui, au grand désespoir de Mrs Moon, n'était pas le cas de son unique enfant. Minerva appréhendait la magie noire d'un point de vue uniquement intellectuel mais sa mère était si pétrie de bonté que son esprit horrifié refusait de se laisser persuader.

Tu as raison de défendre ton droit à te renseigner. Et je te rassure sur un point : si tu continues à me le demander, je ne te refuserais aucun livre, quoi qu'en pense ta mère. Son petit cœur s'emballa d'un plaisir brûlant à ses paroles, elle avait eu si peur après cette terrible dispute qu'elle parvienne à dompter l'objectivité de son cousin! Ses joues prirent une jolie teinte rose tandis que ses yeux brillaient comme deux petits saphirs, son sourire éclatant s'étirait en une moue de reconnaissance qu'elle affichait souvent lorsque Marcus cédait à son bon désir purement intellectuel. Si elle pouvait la jeune sorcière se serait jetée dans les bras du libraire.

La seule chose qui est importante, c'est que tu ne te mettes pas en danger. Tu as assez d'esprit pour ça, je te fais confiance. Ah la notion de plaisir... Quel mot ridicule, si étroit, si maigre et futile pour désigner l'immense sentiment de fierté qui gonflait d'un orgueil palpable, vibrant, bourdonnant dans l'air ambiant! A ces mots dont Marcus ne mesurait certainement pas toute la portée Minerva se redressa de fierté, le dos légèrement cambré, le port à la fois gracieux et presque martial, figée dans une position d'intense satisfaction. Elle irradiait de vanité, bouffie d'un orgueil si évident qu'il vous en crèverait les yeux, elle se sentait intouchable, au-dessus de tous, supérieure à tout être. Si Marcus lui faisait confiance alors pourquoi douter de soi ?

La jeune sorcière vida sa tasse de thé d'un trait sans oser interrompre son cousin car à nouveau ses lèvres bougeaient pour parler mais cette fois quelque chose avait changé, elle percevait cela dans à sa manière d'être tout simplement. Les nouvelles de Poudlard résonnaient dans son esprit clairvoyant; elle aurait tant aimé pouvoir y lire comme dans un livre!

Je ne peux que te redonner ce conseil : garde les yeux ouvert. Garder les yeux ouverts... Elle ne faisait que ça! Toujours surveiller ses arrières, toujours se méfier de ses propres amis, ne jamais traîner avec les mauvaises personnes, se forcer à fréquenter des sorciers et des sorcières imbuvables... Elle se renfrogna.

Essaye de ne pas te faire d'ennemis. Repère les leaders des deux cotés et reste discrète. Par Merlin... Comment le lui avouer ? Des ennemis, il était trop tard maintenant pour s'en faire des amis, trop de venin avait empoisonné leurs cœurs respectifs, rien ne pouvait lui semblait-il effacer les mots et les gestes. Sirius Black... Ce garçon courait à sa perte, elle le détestait, le haïssait même mais il ignorait dans quoi il s'engageait, il était certes traître à son sang mais comme disent les moldus incapables de mettre de l'eau dans son vin. Une ombre assombrit ses jolis yeux bleus qui plongèrent vers le sol.

Les gens les plus dangereux sont ceux qui utilisent l'ignorance ou la peur. Mais magrès tout ça, reste concentrée sur tes études, c'est aussi très important. Sur ce point au moins, je pense que je suis d'accord avec ta mère n'est-ce pas ? Elle écouta attentivement, opinait de la tête pour manifester son adhésion à des mots aussi chargés de bon sens puis lorsqu'il eut terminé prit la parole à son tour :

- Je ne suis pas aussi persuasive et convaincante comme tu sais l'être dit l'adolescente avec une pointe de regret dans la voix. Maman veut me protéger mais c'est en m'empêchant de confronter mon esprit à cet art qu'elle me rend vulnérable! J'ai essayé de le lui expliquer, je lui ai dis à quel point l'ignorance nous affaiblissait mais elle a n'a rien voulu savoir. Il faudrait être fou ou stupide pour lancer de tels maléfices dans Poudlard, jamais je ne ferai cela.

Anxieuse à l'idée de le décevoir, à nouveau elle n'osa croiser l'éclat froid de ses yeux bleus lorsqu'elle poursuivit :

- A vrai dire il y a déjà des élèves avec qui je suis en très mauvais termes... Minerva poussa un long soupir puis dit d'une traite la voix pleine de venin, Sirius Black n'est qu'un parfait crétin vaniteux, prétentieux et immature, une sale petite limace baveuse et insupportable qui se pavane dans tout Poudlard! Il me déteste aussi, il n'y a aucune chance pour que nous soyons amis, ce sale cafard prend un malin plaisir à provoquer les Serpentards. Après cette tirade fielleuse la rouquine se radoucit, son visage retrouva cette douceur lisse et bienveillante qui l'animait lorsqu'elle parla à nouveau : Mes amis ont leur opinion et ne sont pas toujours discrets mais pour ma part j'évite les conflits autant que je peux et si je dois sortir ma baguette alors... Ses lèvres se tordirent en un petit sourire malicieux teinté d'une gêne palpable, Je n'ai pas trop de problèmes à régler mes petites affaires. Depuis l'inondation des cachots nous partageons la salle commune des Serdaigles ce qui limite les querelles. Ces élèves ont la sagesse de ne pas nous provoquer inutilement et puis ils sont assez sérieux et il est très intéressant de parler avec certains. A nouveau ses traits s'enflammèrent d'assurance après avoir marqué une courte pause. J'ai bien l'intention d'obtenir des résultats honorables à mes examens. A vrai dire la cohabitation avec les Serdaigles est plutôt avantageuse, ils sont assez neutres et se concentrent sur leurs études. Parfois j'ai peur que les livres scolaires ne soient pas assez documentés.

En réalité cela avait été plus facile qu'elle ne le pensait. Minerva nourrissait certes une détestation tenace envers le gryffondor Sirius Black et l'envie d'être sincère, la légère culpabilité même qu'elle ressentait à cacher des informations à son cousin y jouait aussi son rôle mais un Black reste un Black. Dans le monde des sorciers issus des flancs de nobles maisons celle des Black occupe une place de haut rang, naître Black revient à avoir un sang royal, quasiment équivalent à celui de la lignée de Salazar Serpentard et critiquer le maraudeur était périlleux. Non seulement elle ne voulait pas paraître ignorante et mal éduquée mais son souci de toujours plaire à Marcus l'empêchait de se laisser aller à des remarques trop blessantes en parlant des fréquentations du gryffondor. Fréquentations d'ailleurs qui ne lui déplaisaient pas pour la pureté de leur sang mais leur caractère trop différent du sien.

- Etrange cas que celui de ce Sirius Black. Avec une famille aussi respectable que la sienne, c'est étonnant qu'il soit devenue celui que tu décirs. De tous les Black, Sirius était certainement le plus tolérant, cela Minerva ne le niait pas et d'une certaine manière elle lui enviait son courage, sa capacité à assumer ses choix coûte que coûte mais elle détestait sa morgue, sa prétention, ses idées folles et ses blagues méchantes. A la remarque de son cousin la serpentarde se contenta d'émettre un soupir audible comme pour acquiescer à ce gâchis qui à vrai dire n'en était pas un.

C'est d'ailleur un des rares de sa noble maison que je n'ai jamais compté parmis mes clients. Mais la chère Mme Black semble assez d'accord avec toi à propos de son fils. Pourquoi cela ne l'étonnait pas ? Sirius Black fréquenter l'arrière boutique de Marcus Shipton! Inconcevable. La réserve de son cousin n'était à proprement parler un lieu très fréquentable, du moins d'un point de gryffondor, mais à ses yeux c'était une caverne remplie de précieux trésors dont le savoir dangereux lui procurait un indéniable stimuli intellectuel et puis elle n'était pas assez folle ou mauvaise pour user de ses découvertes. Choquée par les dires de Marcus, Minerva réprima une grimace d'effroi en songeant à quel genre de femme pouvait penser, et visiblement, dire de pareilles horreurs sur son propre fils.

Le jeune Régulus à l'air plus prometteur. Mais il manque peut-être un peu de caractère. Regulus Black, contrairement à son frère était surtout plus agréable, plus facile à supporter et n'avait pas cette fâcheuse tendance à se croire le nombril de Poudlard mais elle ne connaissait pas très bien le Serpentard. Elle esquissa un sourire bienveillantt au nom de Regulus Black puis reporta son attention sur les lèvres en mouvement de Marcus.

Quant à régler tes petites affaires, ça ne m'étonne pas que tu saches te débrouiller ! Le timide sourire se transforma en un large sourire, le regard animé de petite lueurs malicieuses elle ne chercha pas à se dérober. Après tout bon nombre des potions qu'elle concoctait avec ses amis et autres sortilèges farceurs provenaient de sa librairie, le sorcier n'était pas sans l'ignorer tout comme il connaissait les dons précoces de sa petite cousine.

- Regulus, même si nous ne sommes pas proches, m'a tout l'air d'être quelqu'un de sympathique. Je ne crois pas qu'il manque de caractère, son frère Sirius fait beaucoup plus parler de lui. Il est peut-être plus judicieux pour Regulus de ne pas tomber dans le même cercle et affirmer sa différence par des actes irréfléchis, ce serait mal vu par beaucoup à Poudlard, en particulier la direction de l'école avança prudemment Minerva.

- Les Serdaigles sont des gens sérieux, c'est vrai. J'en vois passer pas mal dans ma librairie. Quant à leur neutralité... Cela reste à voir. Ce n'est pas parce qu'on est sérieux et intelligent que l'on ne prend pas partie, tu ne crois pas ? Le rire bref de son cousin lui réchauffa le cœur et à nouveau elle sourit de toutes ses dents en réponse à cette éphémère légèreté. La question du libraire provoquait chez la jeune Minerva un sentiment d'importance bienvenu dans un monde d'adultes où sa parole était peu prise en compte, qu'il lui demande son avis la ravissait au plus haut point. Et comme toujours Marcus n'était pas homme à parler pour rien, sa parole avait cette puissance des grands penseurs, cette capacité à remuer en vous des souvenirs, des idées à peines effleurées et aussitôt oubliées par crainte d'être ridicule. Consciente de l'importance de sa réponse, elle prit le temps de peser ses mots et préféra le laisser poursuivre sur sa lancée.

- Les livres scolaires sont faits pour vous faire réussir vos examens. Ils sont assez documentés pour ça. Après, est-ce qu'ils sont assez complet pour vous préparez à la vie après Poudlard... C'est une autre histoire. Le regard tourné vers le sorcier blond, elle répondit à sa question sur la supposée neutralité des Serdaigles et plus globalement des penseurs.

- Certains Serdaigles, les plus désintéressés j'imagine, semblent ne pas être préoccupés par ce qui les attend après Poudlard et pour eux le savoir qu'ils peuvent accumuler semble plus important. Mais dans les faits beaucoup ont un avis sur les évènements qui agitent notre communauté. Il y a de la fascination, de la répulsion, de l'admiration parfois mais très peu donnent publiquement leur avis et approuvent ou condamnent. Certaines personnes ont la capacité à s'en tenir au savoir seul et ne pas prendre parti, mais je suppose sans trop m'avancer que tôt ou tard il faudra faire des choix et les assumer. A ce moment mieux vaudra avoir des connaissances suffisantes pour ne pas faire d'erreur fatale. La jeunesse, quoi qu'en dise le monde des adultes n'est pas dupe, cela Minerva le savait tout comme elle n'était pas sans ignorer la place prépondérante que jouerait dans les jours, les mois, les années à suivre sa génération pour le pouvoir, les valeurs d'une société commune. Le Lord comme ses opposants auraient besoin de leur force vive, la fraîcheur de leurs idéaux. Elle rebondit en répondant aux dernières remarques de Marcus :

- A Durmstrang la magie noire est enseignée, peut-être que si c'était le cas à Poudlard les avis changeraient. Après tout il ne s'agit pas de la pratiquer ni d'inciter à en faire usage mais simplement à savoir l'identifier, connaître ses origines, ses effets pour mieux s'en prémunir. Hélas Poudlard n'était pas de son avis! Soupirant, elle poursuivit néanmoins. Tant que Dumbledore vivra jamais la magie noire ne sera enseignée, ou au moins évoquée à Poudlard. C'est un grand sorcier, un grand mage dit-elle la voix pleine d'une admiration sincère envers cet être d'exception avant d'ajouter la mine lasse, et il est vrai que Grinderlwald a fait ses études à Durmstrang mais c'était un mage noir puissant, jamais il n'aurait pu atteindre une telle puissance, en connaître si long simplement sur les bans de l'école. Cela ne veut pas pour autant dire qu'il faut bannir cette forme de magie au risque d'en faire un tabou.

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