hj: J'extraie nos posts pour un sujet personnel. Je te laisse poster ton message à la suite du mien, je répondrai ensuite )

Bobby Donagan a écrit:

Blanc... le blanc de noël, le blanc de l'espoir, de l'innocence, de la pureté. Bobby laissa son regard trainer sur le miroir qui lui faisait face. Il avait revêtu un smoking couleur ivoire qui faisait admirablement ressortir ses yeux sombres et sa tignasse brune. Son visage avait changé, il était devenu plus homme qu'adolescent. Ses traits s'étaient durcis, sa mâchoire était plus carrée, ses épaules et ses muscles plus développés, pourtant il y avait quelque chose de nouveau dans ce regard ambré. Une sourde détermination, une révolte qui ne demandait qu'à sortir. Toute sa vie, le serdaigle avait été respectueux des règles, des gens, du monde en général, il avait appris à se taire, à garder pour lui ses opinions, et tout ce qu'il avait reçu en échange, c'était de la solitude, et de la souffrance.
Il se rappela qu'il tenait toujours la lettre dans sa main tétanisée. Il la releva consciencieusement à hauteur d'œil et avec une lenteur délibérée, la déchira sur toute sa longueur. Coupant la phrase "vous revoir" en deux, le mot "délicieuse soirée" et le "je vous embrasse Daisy". Ses yeux n'avaient pas quitté son reflet qui détruisait à un rythme méthodique la lettre de son frère. Damien... comment avait-il pu lui cacher cela? Comment avait-il pu seulement imaginé qu'il allait s'en tirer ainsi? Et Daisy, sa Daisy, celle qu'il avait tenu dans ses bras des milliers de fois, celle qu'il avait embrassé. Attrapant subitement sa baguette il la pointa sur la feuille qu'il avait laissé tomber au sol:

- Flambois!

Dans un craquement brusque, une flamme vint lécher le parchemin, le réduisant en cendres. Il avait maintenu son engagement auprès de Daisy. Chacun de ses regards, de ses sourires lui seraient plus douloureux que jamais, mais il voulait l'entendre dire. Lui faire avouer qu'il n'était rien pour elle, rien qu'un amusement avant son grand dessein, ce grand futur qu'elle avait déjà planifié dans son dos. La trahison de ses parents, de son frère n'était rien à côté de la sienne. On ne choisit pas sa famille, elle, il l'avait aimé.
Descendant les marches avec souplesse, il prit la direction de la salle de bal. Il avait dit à la serpentard qu'ils se retrouveraient là-bas. Ils faisaient pourtant parti du même dortoir mais c'était sa façon à lui de donner le ton de la soirée. Il ne voulait plus être ce garçon tendre et attentif, un vrai naïf au cœur de guimauve.
Lorsqu'il passa le seuil de la salle, il ne put s'empêcher d'admirer la décoration. Poudlard restait Poudlard, après toutes ces années, l'école réussissait toujours à l'impressionner. Le sapin gigantesque frôlait un ciel de neige et de nombreux élèves se trouvaient déjà là. Il repéra Sue en charmante compagnie ainsi que Brionan. Les couples affluaient et Bobby grimaça à l'idée de devoir jouer à nouveau un rôle qu'il ne supportait plus. Il écouta d'une voix distraite l'appel de Slughorn et ne remarqua pas sa meilleure amie inscrire son nom et celui de sa cavalière. Il s'éloigna de l'affiche et du professeur de potions et se laissa porter d'un pas lent entre les élèves.

Le moral de la jolie blonde n'avait cessé de décroitre depuis ce mois d'aout. Punie, elle avait dû se résoudre à se plier aux exigences paternelles et accepter cette union forcée. Depuis trois mois, Daisy n'était plus que l'ombre d'elle-même, errant dans les innombrables couloirs du château, se repliant sur elle-même, se plongeant à corps perdu dans l'obtention de ses ASPICS, martyrisant quelques premières années pour noyer son chagrin, évitant tout contact humain avec Orchid sa sœur, Brionan sa meilleure amie, bien occupée avec son amoureux pour la voir sombrer, ou Bobby, l'objet de son affection. Ils avaient sans doute tous les trois remarqué, malgré le masque impénétrable qu'elle affichait sur son visage, son regard éteint et son attitude glaciale et évitante.

Malgré tout, Bobby l'avait invité au bal et ils devaient s'y rendre séparément, comme le couple clandestin qu'ils étaient depuis plusieurs mois. Elle aurait voulu être à son bras pour descendre des escaliers de la tour des serdaigles, pour franchir la lourde porte de bois, pour danser la première valse.... Mais rien de tout cela n'attendait les amoureux secrets. Non, rien de tout cela.

Depuis quelques jours, Bobby était distant, devinait-il que quelques complots se déroulaient dans son dos ? Devinait-il que son amour s'éteindrait aussi vite que l'étincelle qui l'avait fait naître ? Leur amour si parfait avait toujours était destiné à l'échec, avant même de le commencer, Daisy, en fataliste qu'elle était, l'avait su. Avait-elle songé une seconde où cela les mènerait ? Avait-elle mis toutes les chances de leurs côtés ? Était-elle assez inconsciente pour imaginer pouvoir vivre cette jolie histoire ? L'avait-elle deviné à la seconde où leurs regards s'étaient croisé lors de cette soirée du 22 Février...?

Troublée, résignée, Daisy s'était donc rendue seule dans la salle de bal, sa tenue aussi claire que ses idées étaient sombres. Elle se faufila entre les convives et laissa les paroles du directeur glisser sur elle. Après avoir applaudit malgré sa totale inattention, elle repéra le serdaigle et se dirigea vers lui. Hésitante, la jolie blonde rejoint son amour et lui offrit un baiser timide. Sa main emprisonna la sienne, et elle serra aussi fort qu'elle le put, aussi fort que son amour pour lui, aussi fort que serait sa déception d'apprendre leur triste sort....

Son brillant serdaigle ne lui rendit pas son baiser, il restait aussi dur et froid que le marbre. Une lueur fugace éclaira son regard sombre lorsqu'elle plongea sa main dans la sienne pour disparaître aussitôt. Qu'était devenu l'être doux et aimant qu'elle avait aimé ? Raide, Bobby l'entraina sur la piste et entama les premiers temps de la valse qu'il guidait avec froide détermination. Aucune parole n'avait encore était échangée et l'ambiance se refroidissait de secondes en secondes. Savait-il ? Elle connaissait bien son intelligence perspicace et redoutait les conclusions qu'il pourrait en extraire. Et peut-être que Sue l'avait mis sur la voix. ou pire...lui avait balancé le morceau. Les commentaires et les réprimandes de la serdaigle avaient coulé à flot lorsqu'elle avait appris LE secret inavouable. La vipère plissa les yeux à la pensée de cette peste qui avait dû tout dévoiler par souci de "Vérité". Son regard clair devint plus sombre et elle dévisagea son amant à la recherche d'un signe qui trahirait ses pensées sans réussir à les décrypter.

Lorsqu'enfin, le silence fut rompu, ses mots confirmèrent ses craintes. Il savait. Le dernier bal de Daisy, qui aurait dû être l'un des plus beau souvenir de sa vie, se transformait en le cauchemar qu'elle savait inévitable. Mais que savait-il au juste ? Ses mots, choisis avec soin, étaient loin d'être innocents et son ton témoignait de sa déception implacable. En une fraction de seconde, la confusion l'emprisonna puis laissa place au chagrin et à la résignation:

- De quoi parles-tu, Bobby ! Va droit au but ! dit-elle en le fixant de ses yeux océan.

Où voulait-il en venir ? La septième année voulait en avoir le cœur net et elle murmura le nom de sa meilleure ennemie :

- Sue, elle..

Une phrase en suspens qu'elle ne put terminer. Gorge serrée, boule au ventre, la valse continuait d'une légèreté déconcertante à mesure que la tristesse et la douleur devenait plus lancinante que jamais.

Daisy plongea son regard dans le sien et se noya dans sa mer de plomb. Elle le contempla une dernière fois, vous savez cet instant éphémère juste avant une révélation qui détermine une destinée. Il avait peu changé depuis leur rencontre mais il semblait différent, loin de ce qu'il lui avait été donné de connaitre. A la fois dur et intense, fort et sensible, Bobby n'avait jamais été si beau que ce soir, mais peut-être était-ce simplement dû au fait qu'elle était en train de le perdre.

La jolie blonde se perdit un instant à songer à ce qu'aurait pu être ce bal si le sort n'en avait pas décidé autrement, si elle avait été une simple jeune fille d'une quelconque famille de sang-mêlé, ignorant les principes de sang, de classe sociale et de rang, s'ils n'étaient pas Daisy Blackstone et Benjamin Donagan, si il était l'ainé ou elle la cadette, si ses décisions comptaient, si elle était libre. La réalité la rattrapa lorsque le jeune homme lança une allusion entendue, anéantissant avec elle son dernier espoir.

La jeune femme hésita avant de répondre, assimilant ainsi les sous-entendus de sa réplique. "La magie occulte" et "le vert des serpentards" désignaient clairement son frère. Pendant un temps qui lui parut interminable, il ne la quitta pas des yeux, attendant sans doute une réponse claire et sans détour. Docile puisque fautive, Daisy se laissait conduire dans cette danse macabre qu'il dirigeait avec méthode et fermeté. Droit, son corps, son visage ne traduisait plus aucune émotion. Était-il devenu insensible ? Elle repéra la lueur de haine qui scintillait dans ses yeux, confirmant ses craintes.

Cette rage en lui, cette colère qui émanait de son être tout entier, celle qu'il adressait à ses pires ennemis, comme Bradley, la vipère s'en souvenait bien et elle n'aurait jamais imaginé y gouter un jour. Alors qu'il s'approcha de son oreille, son souffle dans son cou réveilla ses sens. Mais les mots qu'il prononça sonnèrent comme une menace, ravivant en elle sa colère ensommeillée, celle qu'elle refoulait tant face aux menaces et attaques incessantes de son père. Elle eut un brusque mouvement de recul face à l'horreur de la situation, et se figea comme une statue de glace. Ce ton là marchait peut-être avec Sir Blackstone, mais il risquait de la braquer et de la faire se replier sur elle-même, dans un mutisme indéchiffrable.
Malgré tout, elle décida de lui répondre....A demi-mots...elle lui devait bien ça...

- J'aime les énigmes bien plus que tu sembles le penser. Et j'aime moins le vert et la magie noire que tu en es persuadé !

Mensonge. Le mot était lâché. Un mot qui résonnait dans son esprit dans un écho insupportable. A ses yeux, Daisy n'avait pas vraiment menti, elle n'avait juste rien dit, dissimulant la terrible vérité. Le laisser dans l'ignorance le plus longtemps possible, retardait sa souffrance. La vipère s'était contenté de ne jamais aborder le sujet qui mettrait un terme à leur relation, imaginant peut-être que rien n'était réel tant que lui ne savait pas. Réalité qui revenait à la charge ce soir, comme on se trouve face à un mur infranchissable.

Son mensonge, aussi terrible soit-il, n'était rien comparé à la trahison même de sa famille à lui : préméditer une union entre son frère et sa dulcinée et en cacher la totalité. Bobby n'avait pas idée à quel point la traitrise et le complot le dépassait. Daisy se repassa le film du mois d'aout à l'accéléré : comment la soirée Blackstone/Donagan avait tourné au règlement de compte Père-Fille, comment elle avait été réduite au statut de prisonnière au sein même de sa maison pour avoir oser exprimer son opinion, comment elle s'était laissé convaincre par Narcissa au bout de plusieurs semaines à accepter un mariage qu'elle ne désirait pas pour finalement se soumettre à la volonté de son père. Au fil des rencontres avec Damien, la jolie blonde avait tenté de se rassurer en cherchant en lui tout ce que son serdaigle possédait. Mais Bobby n'était pas Damien, et inversement. Chaque minute passée avec l'ainé lui rapelait son amour pour son frère. Arriverait-elle à l'oublier ? Le même regard abyssal, la même allure, deux êtres à la fois si semblables et pourtant différents. Passer sa vie avec l'un sans pouvoir oublier l'autre, voici ce qui attendait la jeune femme si elle ne se décidait pas à se rebeller.

L'ultime choix s'imposait à elle..... Etre reniée, libre et amoureuse, ou perpétuer la tradition familiale, soumise et reconnue par son père...... A l'inverse de son choix, ses sentiments pour lui était une évidence.

Alors que les deux amoureux dansaient, Bobby s'adoucit légèrement. Daisy eut même l'impression d'apercevoir un soupçon de tendresse dans ses yeux sombres auquel elle répondit par une pression appuyée de sa main sur son épaule. Mais de nouveau il se referma, le visage impénétrable. D'un ton profondément désolée, elle lui répondit :

- Crois-moi, le mensonge vaut mieux que la vérité que je te cache...

Elle n'aurait pas pu faire plus flou....




(hj : The greatest thing you'll ever learn..........)

[ ]

Sue avait abandonné Jared le temps d'une petite heure. Après lui avoir mis dans une sale position avec cette fille hautaine ... Minerva Machin, elle lui devait bien ça, non ? Lui laisser un peu d'air. Puis la préfète avait bien besoin de souffler un bon coup, histoire de se calmer aussi. Il était si rare qu'elle se montre si impulsive et si mesquine. La Serdaigle réfléchie n'était pas toujours ce qu'elle croyait être. Vive l'exemple de la préfète !

La belle bleue était donc au buffet, occupée de se boire un autre verre en compagnie de Loreena, une Poufousouffle avec qui elle s'était liée d'amitié grâce au "couple" Bobby/Daisy. Toutes les deux contre cette relation, elles s'amusaient la plupart du temps à donner leur avis et à trouver toutes les bonnes raisons de ne pas les voir ensemble. Sauf que pour la première fois, Sue avait un avis contraire :

" J'les ai inscrit. "

s'exclama-t-elle, ignorant que Bobby venait tout juste d'arriver au buffet, pouvant ainsi participer à la conversation de Sue et de Loreena. Grande bavarde comme elle était, la Serdaigle ne laissa pas le temps à son amie de répondre.

" J'espère qu'ils seront élus et que ça fera réfléchir Daisy. Si elle le quitte, ... je ... "

dit-elle, cherchant ses mots. Elle aurait aimé pouvoir exprimer son envie de la tuer, de lui faire regretter à vie, mais ce serment inviolable stupide que les obligeait à partager une amitié s'en faille lui interdisait d'utiliser de tels propos.

" Je ne sais pas ce que je fais, mais je le fais ! Bobby mérite vraiment de vivre un amour sincère, tu comprends ? "

Mais son amie ne lui répondait plus ... restée sous silence. Pourquoi ? Elle essayait seulement de faire comprendre à la bavarde en chef que le concerné du sujet de conversation était présent ... ET qu'il avait TOUT entendu. La bourde totale !

" Loreena, t'es encore là ? C'est pas vrai que j'parle pour les murs ... "

Ce devait être le quatrième ou cinquième, à vrai dire Bobby ne les comptait plus trop. Ils lui faisaient oublier, pour un temps. La boisson ne devait pas être assez alcoolisée pour le faire tomber pour de bon en coma éthylique mais c'était déjà mieux que rien. Il n'en revenait pas que le monde se révèle aussi pourri. Finalement, on ne pouvait compter que sur soi-même. Depuis tout petit il l'avait toujours su, il était resté grand solitaire jusqu'à son arrivée à Poudlard, n'avait jamais cru qu'aux étoiles et n'avait toujours compter que sur son propre savoir. La vérité c'était que les liaisons pervertissaient l'homme, et que souvent, il en redemandait.
La musique empreignait son esprit, son regard dérivait, suivant le ballet des robes et des costumes. Une voix lui parvint, plus proche. Douce, il lui sembla qu'il en connaissait chaque note. Il essaya de s'y intéresser sans y parvenir. Il obligea à sa tête à décrire une rotation vers la source du bruit et ses yeux vides se posèrent sur Sue. Sue, sa meilleure amie. Il poussa un soupir de soulagement. A elle il pourrait tout dire. Elle ne l'avait pas remarqué. Décidé à ne pas se montrer sous son jour d'apprenti alcoolique il s'obligea à réveiller ses sens. Peut-être qu'un léger sort ranimerait ce cerveau embrumé. Dégageant sa baguette il la pointa discrètement sur lui. Au moment où il rassemblait les bribes du sortilège la phrase de la jeune préfète claqua dans l'air:

" J'les ai inscrit. " Il prêta une oreille plus attentive à la suite et son visage se décomposa lentement, si c'était possible de faire pire. Il ne comprenait pas tout mais de nouvelles explications s'imposaient. La colère remontait mais c'était comme si la routine s'installait. Le garçon en était las, il aurait presque dit "au suivant"! Le fait qu'elle est parlée d'amour sincère
titillait sa curiosité. Elle ne pouvait pas être au courant, pas elle! Sue et Day ne s'étaient jamais entendues, pire, elle avait été une des premières à faire tout pour que rien n'aboutissent jamais entre eux. Calme... Reste... calme... sa baguette retrouva le confort de sa poche et Bobby s'approcha, sourire aux lèvres. Loreena, belle poufsouffle semblait l'avoir remarqué bien avant son amie. Il glissa à son oreille, dans un murmure menaçant:

- On dit pourtant que les murs on des oreilles, tu devrais t'en méfier.

Ne se détachant pas de son sourire, le garçon laissa cependant son regard porté le poids de ses questionnements et d'un début de tristesse. Combien seraient-ils encore?

Figée, elle était figée. Démasquée ... elle avait été percée à jour. Bobby avait tout entendu, tout vu ... et tout compris. Comment rattraper ça ? Daisy allait la tuer !! Elle lui avait promis de ne rien dire, et voilà que sans le vouloir, elle avait tout dévoilé. Une minute passa, Loreena s'éclipsa, pensant sûrement qu'il était bon de laisser parler les deux meilleurs amis. Sue prit son courage à deux mains et se retourna enfin pour faire face à Bobby. Il ne fallait pas être "voyante" pour remarquer que son regard était lourd, pesant ... et menaçant. Le sang de la préfète se glaça et elle eut l'impression d'être un traître aux yeux de son meilleur ami.

" Je vais tout t'expliquer. Crois-moi, j'aurais aimé te le dire, mais j'pouvais pas. Je ... je ...

Elle était paniquée ... effrayée de perdre son amitié pour une bêtise pareille. Elle s'était torturée l'esprit pour savoir si elle devait lui dire ou pas ... Mais Daisy lui avait fait confiance, elle lui avait tout raconté. Et Sue avait eu envie de préserver cette confiance, sans vraiment savoir pourquoi. Pourtant ça restait Day, une fille qu'elle n'aimait pas du tout.

" Elle m'a fait promettre de ne rien te dire. Elle m'a convaincue que c'était à elle de tout t'avouer. Mais je lui ai parlé, Bobby. Je lui ai persuadé qu'elle faisait la plus grosse erreur de sa vie. Je suis sûr qu'elle y a réfléchi et qu'elle a changé d'avis. Elle t'aime, elle peut pas te faire ça. Si je t'ai inscrit toi et elle au concours de roi et reine de bal, c'est uniquement pour faire réfléchir Daisy à nouveau ... Ne lui en parle pas, s'il te plait. Laisse-lui une chance de t'en parler ... et de ... et de t'avouer qu'elle te ferait jamais un truc pareil. Elle peut pas ... pas à toi ... "

Mais qui persuadait qui ? Dans son discours, dans ce flot de paroles débité à une vitesse folle, Sue se convainquait elle-même que Daisy ne pouvait quitter l'amour de sa vie. Hors, elle se trompait ...

Un long silence s'installa. Sue avait baissé les yeux de honte. Elle craignait la réaction de Bobby. Sue n'avait rien révélé de grandiose dans son monologue. Elle avouait seulement d'être au courant de quelque chose. Si Bobby n'était au courant de rien -ce qui n'était pas le cas-, il ne comprendrait rien du tout à tout ce charabia.

" Daisy va me tuer ... "

murmura-t-elle dans un long soupire, comme pour conclure ce qu'elle venait de déclarer.