C'en est trop, faut que j'intervienne... pensai-je dans le couloir ouest du 2e étage, en direction de la Grande Salle. J'espérai y trouver une certaine personne, qui allait finir par ruiner mon amitié avec Rémus, si elle n'arrêtait pas de lui briser le coeur. Voir Rémus dans un tel état était si déprimant que je finissais par ne plus pouvoir le regarder en face sans que l'envie de lui coller deux baffes me prenne. Ce que je ne savais pas, c'était que ladite personne, à savoir Laya Jackson, semblait tout autant triste que notre loup-garou national. Ahhh l'amour, aller me l'expliquer ! Et demandez vous après pourquoi je refuse de tomber amoureux ! Cela vous rend gaga et vous fait faire des choses complètement loufoques et dénuées de sens. Bon, certes, je n'ai pas connu l'amour, mais je l'ai frôlé à certains moments...

Arrivé dans la Grande Salle, mon regard se tourna aussitôt en direction de la table des serpents. Pas dur de trouver ma cible, elle était seule au monde sur son banc, personne n'osait l'approcher à plus de 10 mètres. D'un pas ferme et rapide, je m'approchai d'elle et, sans attendre une invitation de sa part, je posai mon derrière sur le banc en face d'elle.

Laya, je crois qu'il faut qu'on discute, toi et moi...

J'haussai les sourcils à sa question, mais ne cillait pas pour autant. Elle savait qu'elle ne pouvait pas m'intimider avec un regard, il en fallait beaucoup plus à James Potter. Je tournai le regard à gauche, puis à droite, pour vérifier que personne n'allait entendre la suite de cette conversation. Parler de Rémus, l'intelligent et mystérieux Rémus, comme d'une loque à cause de la demoiselle en face de moi, était chose très gênante, et je ne voulais pas ternir sa réputation.

Ne fais pas l’innocente, Laya. Tu sais très bien de quoi je veux parler.

Je laissai un instant de silence. Laya savait, bien sûr, que je venais lui parler de mon meilleur ami. Sans quoi elle n'aurait pas fait mine d'être ennuyée par mes paroles. Au bout d'un moment, je poursuivais.

Ecoute, ça me tue de le dire, je ne le répéterai pas deux fois. Rémus, c'est une vraie serpillière, là. Sirius n'arrive pas à lui changer les idées, moi non plus. Et je sais que c'est en partie à cause de toi. Donc, je viens te demander gentiment de mettre ta rancoeur de côté, et d'aller lui parler. Il ressent des trucs pour toi, ça nous tue, Black et moi mais c'est comme ça. Et je sais que toi aussi, alors c'est franchement con de vous briser le coeur à tous les deux.

Je m'apprêtai à poursuivre, sachant bien que Laya ne serait pas facile à convaincre, mais je préférai la laisser commenter. J'allais surement me faire envoyer balader, mais je n'étais pas à lâche, je n'abandonnerai pas avant qu'elle n'ai pris ses affaires pour retrouver Rémus.

Une grimace apparut sur mon visage. Je savais en partie, en effet. Rémus n'était pas quelqu'un de mal, et je le croyais lorsqu'il me parlait de philtre d'amour. Sirius et moi étions au courant de son attirance pour Laya, de leur relation naissante, et jamais Rémus n'aurait fait du mal à la jeune fille en allant en draguer une autre. Ce n'était absolument pas son genre, il ne pouvait y avoir que de la magie derrière tout ça.

Rémus nous a parlé d'un philtre d'amour dont il aurait été la victime... Je sais ce que tu vas me dire, nous n'en savons rien, il a peut être inventé mais... Mais franchement Laya, tu connais Rémus surement aussi bien que nous, il... Il ne t'aurai jamais fait de mal ! dis-je en tapant ma main contre le bois de la table.

J'hochai la tête de droite à gauche, comme si rien que l'idée que Rémus puisse faire une chose pareille était impensable.

Merlin seul sait à quel point il tient à toi !

Je baissai les yeux lorsque Laya me faisait un bref résumé de ses journées. Effectivement, je ne pouvais me rendre compte. J'avais des amis, beaucoup même. Certains étaient là juste pour la gloire, d'autres étaient plus fidèles, comme Rémus, Sirius et Peter, par exemple. Mais je ne pouvais laisser Laya dire du mal de Rémus, alors que ce n'était qu'un gros quiproquo.

Tu connais très bien Rémus, Laya. Sincèrement, fais lui confiance. S'il a agit de la sorte, c'est qu'il n'était pas lui même ! Toi même, sais-tu comment tu aurais réagis si tu avais été victime d'une même supercherie ? Peut être que lors de ce bal, si les rôles s'étaient inversés, peut être oui que tu aurais fini dans les bras d'un autre, toi aussi ! S'il a vraiment été sous le charme d'un philtre d'amour, ce que je crois à 99 pour cent, il ne pouvait faire autrement ! Tu es douée en potion, Laya, tu dois savoir que tu n'es plus maître de tes émotions avec un tel enchantement !

Je me tus un moment, une moue déçue sur le visage. Comment ne pouvait-elle pas se rendre compte de cela ? C'était flagrant qu'il n'avait pas été lui même. Peter et moi même nous étions fait la remarque, lors du bal.

Ce que je trouvais étrange, cependant, c'était que toute animosité envers Laya s'était envolé. La jeune fille m'apparaissait sous un nouveau jour, et malgré les mauvaises choses que Sirius pouvait me dire à son sujet, je ne pus m'empêcher de ressentir une once de sympathie pour la verte et argent.

Tu dis toi même que c'est dur d'être seule. Ne gâche pas tout pour un malentendu... Vous allez bien ensemble, finalement, vous passeriez à côté de quelque chose...

Et bien Rémus. Et corrige moi si je me trompe, mais il n'a rien d'un garçon stupide. Il est intelligent, toi aussi. Il est cultivé, et il me semble que dans la matière, tu te poses là. Il est calme et aime l'humour, tu es débordante d'ironie. Et il me semble que l'ironie est une marque d'humour, si j'en crois mes connaissances. Puis...

La fin de ma phrase se perdit dans le néant. Je baissai le regard, me mordant la lèvre inconsciemment. Laya et Rémus avaient un autre point commun, un des plus importants et je pense que c'est à cause ou grâce à celui-ci que leur relation se fit. Laya se sentait seule, pensant que personne ne pouvait s'intéresser à elle. Au fond de lui, Rémus aussi se sentait seul et je revis les moments de tristesse du Maraudeur, surtout les après pleine lune. La vie était dure pour lui et, malgré qu'il soit entouré d'amis, le jeune homme devait se sentir bien seul à l'intérieur.

Je soutins mon menton avec mon poing, les yeux dans le vide. En pleine réflexion sur le mal être de mon meilleur ami. Malgré que Laya ne pourrait certainement pas comprendre pourquoi je pensais une telle chose, je pris le risque de divulguer mes pensées à voix haute.

... Je pense que lui aussi n'attend qu'à être aimé...

Le but suprême de l'Homme était d'appartenir à un groupe, d'être reconnu et aimé. Mais comment réaliser ses choses lorsqu'au fond de soi, un monstre sommeille...

Soupirant, je me cachai le visage entre mes mains. Il était impossible de faire entendre raison à Laya et j'espérai qu'au fond d'elle, une fois que j'aurai quitté la pièce, elle repense à tout ce que je lui ai dit, afin de retrouver la raison.

Tu es bornée à un point, Jackson ! J'ai l'impression énorme de parler à un mur de pierres... Tout ce que je te dis n'a donc aucun sens, pour toi ? Tu ne penses pas, au fond de toi, que j'ai raison ? Que toute cette histoire a pris des ampleurs folles pour un gros malentendu ?

Je secouai la tête de droite à gauche puis dans le désespoir, je me levai. Si elle ne se rendait pas compte maintenant de son erreur, si elle ne voulait pas revenir sur ses pas, par trop de fierté, si elle continuait à se rétracter et à faire souffrir Rémus pour si peu, et bien peut être, en effet, qu'elle n'était pas faite pour lui. Je cherchai le bonheur de mon ami, et si Laya ne voulait pas y contribuer, peut être par peur de se casser à nouveau la figure, et bien je n'avais pas à insister. Rémus trouverait probablement mieux.

Debout devant la jeune fille, je posai ma main à plat sur la table en fixant son regard.

Je te demande juste de réfléchir à ce que je t'ai dis. Peut être que tu te rendras compte que j'ai raison, et peut être même que je n'aurai pas fait tout ce chemin pour rien. Réfléchis juste, ce serait trop bête de gâcher tout ça.

Je soupirai. Décidément, la conversation était trop difficile, avec Laya Jackson. Elle ne pouvait se résoudre à admettre que les autres puissent avoir raison. Certes, elle était mal et se sentait seule mais tout ce que je lui demandais était de réfléchir à ce que je lui avais demandé. Qu'attendait-elle en discutant avec moi ? Je n'étais pas un journal, je n'étais pas réputé pour écouter les autres, j'avais assez de ma personne et de mon égo pour ne pas avoir à écouter ce que les autres avaient sur le coeur.

Je m’apprêtai à tourner les talons, mais avant, je ne pus m'empêcher de regarder la jeune fille en haussant les sourcils.

"Tu devrais penser à te remettre en question avant de t'en prendre à tout le monde."

Je secouai la tête de droite à gauche puis, sans un mot de plus, je me retournai et partis en direction de la porte de la grande salle. Finalement, je plaignis intérieurement Rémus et lui souhaitai du courage.