Discussion de littérature :)

« Puis elle ajouta, répondant sans doute à sa propre pensée : « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit. » »Lut à voix haute Maddy qui avait pour habitude de prononcer les dernières paroles des livres qu’elle lisait.

Cette phrase est la dernière d’Une vie de Guy de Maupassant, célèbre auteur français du XIXème siècle qui aimait, à travers ses nouvelles et ses romans, conter l’histoire de personnages évoluant dans sa Normandie natale. C’est en partie pour cela que la Poufsouffle dévorait ses livres les uns après les autres, de Bel ami à Pierre et Jean, en passant par Une Vie. Sa mère est née et a grandit à Lille, dans le nord de la France, mais les souvenirs qu’elle racontait à sa fille, avant que celle-ci ne s’endorme alors qu’elle n’avait que cinq ans, retraçaient avec précision ses vacances en Normandie, tout près de Caen. Ainsi Maddy s’endormait en imaginant le rire enfantin de sa maman et celui de sa tante Juliette, courant pieds nus dans le sable quand elles avaient encore l’âge de la rouquine. L’année de ses sept ans, durant les vacances d’été, les parents de la demoiselle l’emmenèrent à Cabourg, et se fut, selon son expression, les meilleures vacances de sa vie. Elle n’avait jusqu’alors jamais vu la plage, et ne connaissait pas encore sa petite cousine Léa qui n’avait que deux ans à l’époque.

La métamorphomage avait beaucoup aimé l’histoire d’Une Vie, bien qu’elle fût un peu triste du sort de Jeanne. Après presque dix minutes à contempler la couverture du bouquin tout en se remémorant ses merveilleuses vacances en Normandie, Maddy leva la tête de son livre et détailla la salle de repos dans les moindres recoins. La pièce était vide. Le rideau qui bordait la fenêtre virevoltait légèrement. La vitre ouverte, par laquelle passait un faible courant d’air, était sans aucun doute responsable de ce mouvement harmonieux. La brise délicate qui entrait dans la salle, diffusait une odeur printanière exquise provenant de l’extérieur. Le coin du tapis qui se trouvait sous les pieds de la rouquine était quelque peu replié, probablement causé par un élève non respectueux qui avait dû s’amuser à accentuer le pli avec son pied. Il y avait également une table entourée de deux chaises, tout près de la fenêtre, sur laquelle un jeu d’échec version sorcier n’avait pas était achevé. Sur le secrétaire, disposé dans un coin de la salle, se trouvait un vase où Maddy avait inséré de jolies tulipes oranges et violettes en entrant. La jeune fille aimait Poudlard. Elle adorait cette école, ses amis et l’ambiance chaleureuse qui s’y trouvait. Lorsqu’elle était entre ces murs, elle se sentait en sécurité, et un sentiment de bien-être l’enveloppait.

Maddy souris, toujours enivrée par l’histoire du livre qu’elle venait de lire. Elle se sentait toujours comme cela après avoir lu un bouquin dans la langue de Molière car, bien qu’elle ai grandi en Angleterre, sa langue maternelle est le français, sa mère ayant tenue à ce que sa fille puisse communiquer avec sa famille française. Depuis la toute première rentrée de la demoiselle à Poudlard, Mrs Bow avait pour habitude d’envoyer des livres d’auteurs français à sa fille, qui avait d’ailleurs un gros coup de cœur pour Guy de Maupassant donc, mais aussi pour Ronsard, dont le poème « Mignonne, allons voir si la rose » l’avait chamboulé. Elle avait adoré le style d’écriture de ce texte, et la présence de fleurs, et particulièrement de roses, dans ses vers n’avait fait qu’augmenter son amour pour ce poème.

La Poufsouffle attrapa son sac qui se trouvait à ses pieds, et se dirigea vers le secrétaire sur lequel elle avait déposé les fleurs. Elle s’installa et sortit son encrier, sa plume et un petit calepin. Après avoir trempé sa plume de paon, qu’elle tenait fermement dans sa main gauche, dans son encre bordeaux, qu’elle réservait uniquement à son usage personnel, la demoiselle écrit de son écriture soignée, mais assez illisible il est vrai, le titre de son livre, Une vie, et le souligna méticuleusement à l’aide d’une règle. Elle ajouta à la suite un bref résumé, de deux page tout de même, du bouquin, ainsi que ses impressions et son avis sur le dénouement de l’histoire. Lorsqu’elle eut terminé, c’est-à-dire, pas loin d’une demi-heure plus tard, elle referma son pot d’encre correctement afin de réduire au maximum les risques de renversement, nettoya le bout de sa plume, et relut ce qu’elle venait de noter, ainsi que ce qu’elle avait écrit sur les autres livres qu’elle avait eut l’occasion de lire, avant de tout ranger dans son cartable.

L’horloge, qui se trouvait près du fauteuil sur lequel elle s’était assise, afin de continuer la lecture de son livre en arrivant, indiquait 17 heures passées de dix minutes. Cela faisait déjà deux bonnes heures que Maddy se trouvait là, et elle n’avait pas vu le temps passer. Elle avait un devoir d’étude des créatures magiques à rendre le lendemain et elle n’avait toujours pas commencé la rédaction de ce travail. Par chance, elle avait déjà effectué quelques recherches à la bibliothèque la veille, et avait prit pas mal de notes sur un parchemin, qui ne lui restait plus qu’à organiser afin d’obtenir des réponses correctes aux questions posées. La première question portait uniquement sur son avis personnel : « Qu’avez-vous pensé du cours ? » Tous les nouveaux professeurs qu’ils avaient le leur demandaient. C’était important pour eux, certes, car ils avaient besoin de savoir ce qui allait ou pas dans leur cours afin de toujours plus l’améliorer, mais Maddy avait horreur de cette question. Elle ne savait jamais quoi y répondre. D’autant plus qu’elle était arrivée en retard à ce premier cours et qu’elle avait manqué de faire perdre des points à sa maison. Depuis quelques jours, elle devait d’ailleurs être plus vigilante sur les horaires et essayait de faire gagner un maximum de points aux Poufsouffle afin de montrer l’exemple car elle venait d’être nommée préfète.
La jeune fille sortit son parchemin brouillon, ainsi qu’un parchemin vierge, et commença la rédaction de son devoir à l’encre noire, quand la porte de la salle s’ouvrit, laissant alors entrer une silhouette.

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Quelques longues minutes se sont écoulées et enfin j'achève la rédaction de mon devoir de soin aux créatures magiques. Je suis exténuée. Il va sans dire que cette matière est de celles que j'affectionne le moins. Peut-être est-ce simplement une histoire de professeur en fait... qu'en sais-je ?
Poussant un long soupir, je range mes morceaux de parchemin dans mon cartable, puis en sort un nouveau roman, reçut ce matin même de la part de maman qui en a commandé plusieurs exemplaires pour sa librairie. Pour ne rien changer à mes habitudes il s'agit encore d'un livre français, de Zola cette fois-ci, intitulé l’Assommoir. Ce célèbre bouquin appartient à la série des Rougon-Macquart, et, ayant lu plusieurs romans de cette famille, je m'attends à un nouveau chef d'oeuvre...

*Gervaise avait attendu Lantier jusqu’à deux heures du matin. Puis, toute frissonnante d’être restée en camisole à l’air vif de la fenêtre, elle s’était assoupie, jetée en travers du lit, fiévreuse, les joues trempées de larmes. Depuis huit jours, au sortir du Veau à deux têtes, où ils mangeaient, il l’envoyait se coucher avec les enfants et ne reparaissait que tard dans la nuit, en racontant qu’il cherchait du travail. Ce soir-là, pendant qu’elle guettait son retour, elle croyait l’avoir vu entrer au bal du Grand-Balcon, dont les dix fenêtres flambantes éclairaient d’une nappe d’incendie la coulée noire des boulevards extérieurs ; et, derrière lui, elle avait aperçu la petite Adèle...*

Soudain, alors que je suis plongée dans cette lecture passionnante du premier chapitre, une voix, qui m'est d'ailleurs totalement inconnue, me sort de mes songes en m'interrogeant d'un air curieux sur mes occupations. Aussi, je m'empresse de répondre, mais l’intonation de ma voix est faible et tremblante... « Je lis » Dis-je simplement en lui tentant le livre.

Ce n'est plus supportable ! Depuis la publication des nouvelles réformes, nous ne sommes même plus libres de lire ce que bon nous semble ! J'ai toujours était passionnée par les livres moldus français, mais il faut croire que le temps où je dévorai mes bouquins dans le parc ou dans la salle de détente est révolu... Même ici on doit subir un total interrogatoire; et quand ce n'est pas les Surveilleurs, ce sont les Serpentards qui s'y mettent ! Ou va le monde ? J'ai l'impression que l'on court tous vers un mur, mais qu'à l'inverse de celui situé entre les voies 9 et 10 de la gare de King's Cross, celui ne mène nul part... J'ai l'impression que nous sommes tous condamnés à la mort, pour ne pas avoir fait "honneur" au sang pur, ou pour ne pas en être un... Est-ce une raison valable pour tous nous exterminer ?
A l'image de ses camarades vert et argent, la jeune femme qui se trouve face à moi est froide et hautaine. Elle s'adresse à moi de façon supérieure, comme si quelque chose la rendait plus forte ou plus importante ! Mais qui est-elle en réalité ? A-t-elle vraiment une personnalité qui lui est propre, qui la diffère de tous ces Serpentards aux caractères ignobles ?! J'en doute fortement... « Ça, c'est une oeuvre d'un des plus grands auteurs français ! » Je dis simplement, retenant la rage qui bouillonne en moi. Je sais que je suis trop faible pour me rebeller, et je manque également de courage, mais depuis quelque temps il est vrai que ce genre de situations devient de plus en plus récurrent et elles ont le don de me mettre dans un état second à chaque fois... c'est d'ailleurs sans surprise que mes cheveux prennent une teinte rouge carmin, traduisant toute la colère que je refoule en moi...

C'est avec surprise que ma camarade me tend mon livre, tout en m'ordonnant d'un ton assez posé, voir quelque peu angoissé de le ranger. Serait-elle anxieuse ? Je l'ignore, mais quoiqu'il en soit, elle a l'air inquiète... Pour moi ? Ou pour elle ? Le doute m'accable... Serait-ce un piège ? De nos jours, il est très difficile d'accorder sa confiance à quelqu'un, et c'est d'autant plus dur lorsque ce quelqu'un vient de l'horrible maison des serpentards. Il y a quelques mois c'est avec plaisir que j'aurai fermé les yeux sur sa maison et aurait discuté avec elle telle une semblable... Mais aujourd'hui je vis avec la peur, sans cesse, jamais ce sentiment d'insécurité ne me laisse en paix. Oeuvrer pour l'ordre de Poudlard est quelque chose que je juge indispensable, mais vivre dans "l'illégalité" en menant quelques recherches interdites, me terrorise. J'ai peur d'attirer des ennuis à mes parents en me montrant "traître à mon sang" mais je dois le faire pour aider mes amis... Ils sont bien trop importants à mes yeux pour que je reste les bras croisés, à ne rien faire pour tenter de les protéger...
Obéissante, je range le livre immédiatement dans mon sac, et adresse un regard interrogateur à la jeune femme.
« Pourquoi tu as fais ça ? » Je lui demande en murmurant, cherchant à savoir pourquoi elle ne m'a pas dénoncé...

- Tu es une sang pur. Me dit-elle tandis que je baisse la tête pour apercevoir ce qu'elle désigne du doigt. Oui, elle a raison, aucun écusson n'est cousu à mon uniforme, indiquant clairement que, comme elle, je fais partie de la classe des "sang pur".
Elle enchaîne, en m'expliquant qu'elle ne comprend pas que je me permette de lire de tels bouquins, et en public qui plus est... Pourquoi je me comporte comme cela ? Et bien parce que c'est ce que j'ai toujours fait ! Depuis ma première année à Poudlard, je dévore chaque semaine un livre moldu dans la langue natale de ma mère. Il m'arrive même régulièrement d'en discuter avec Trucy, qui elle-même parle couramment le français. C'est notre petit moment d'évasion, celui où l'on rêve que l'on devient les protagonistes des histoires que l'on lit. C'est beau, parfois même utopique, et ça nous change un peu de tout ce monde magique où la seule importance est de savoir si vous avez le sang pur ou non ! Alors oui, peut-être que je ne respecte plus le règlement à la lettre comme je le faisais avant, mais je ne comprends pas que l'on nous interdise tant de chose ! Ne cherchant même pas à savoir si sa raison est valable où non, je me décide à lui donner une explication !
« Oui, je suis de sang-pur, mais tous mes amis ne le sont pas; pourtant je les admire et les aime. Honnêtement quelle différence ça fait ? Ils sont comme nous ! » Je murmure d'une faible voix pour qu'elle seule m'entende...

A peine ais-je fini ma phrase qu'un morceau de parchemin qui sort de la cheminée, s'envole et vient finalement se poser sur mes genoux. Perplexe, j'attrape le papier entre mes doigts et en lis l'énoncé. "Je vous vois, vous allez avoir des ennuis." Qu'est-ce que cela signifie ? Je ne reconnais pas cette écriture, mais à en croire la précision des lettres je dirais qu'il s'agit d'une fille... Pourquoi quelqu'un nous en voudrait après tout ? Qu'avons-nous fait de mal, sinon de parler si bas que personne n'a pu entendre notre échange. Ce mot nous est-il d'ailleurs vraiment destiné ? Peut-être est-ce une erreur. Je ne comprends pas... J'aimerai faire comme si je n'étais pas touchée, comme si ce parchemin ne me déstabilisait pas, mais le vert caca d'oie qui s'empare de ma chevelure me trahi...
- Hum .. J’en connais une qui va avoir des ennuis.
"Si c'est de moi que tu parles, je n'en vois pas la raison !" Dis-je d'une voix forte en me levant d'un bond, avant de faire le tour de la salle...

Marchant nerveusement dans la salle, j'observe le moindre recoin dans l'espoir d'y trouver un indice, un signe. Peut-être y a-t-il une sorte de passage secret, une porte cachée permettant d'observer l'intérieur de la pièce sans être repéré. Je n'y comprends rien, et je dois avouer que cette situation me rend des plus mal à l'aise. Ne remarquant rien d'anormal, je me dirige de nouveau vers la jeune Serpentard, qui m'invite à m'asseoir, sourire aux lèvres. J'ai beau avoir passé un long moment de stress, cette journée n'aura pas eu que des inconvénients, puisque j'y ai fais la rencontre d'une jeune femme aux idéologies bien éloignées de celles que semblent avoir tous les serpentards. Le simple fait qu'elle s'adresse à moi d'une voix ni agressive, ni ironique, prouve que mon rang ou ma maison ne la préoccupe en rien. Il se peut que je me trompe bien sûr, on m'a souvent dit que j'étais naïve, mais je sais que tout au fond de cette jeune fille, se cache une personne avec un coeur énorme, et un sens des responsabilités bien différent de celui de ses camarades.

Elle m'affirme que cette lettre est sans doute une vile plaisanterie, qui ne nous est peut-être même pas adressée. C’est une étrange fatalité que nous devions éprouver tant de peur et de doute pour une si petite chose... une si petite chose... Quand j'y pense, je ne peux m'empêcher de me dire que cette ambiance de terreur dans laquelle nous sommes nous plonge dans la méfiance, le doute. Une si petite chose, en devient alors une immense. C'est l'effet papillon, celui qui existe depuis une éternité, mais qui prend désormais une place de plus en plus importante sur la ligne temporelle. Et si ce sentiment de peur devait nous envahir encore et encore, durant une période sans âge ?

La demoiselle se présente. Elle dit s'appeler Kiara. C'est beau comme prénom.
"Je suis Maddy." Je dis d'une voix timide, mais confiante. Quel paradoxe quand on y pense ! Avec les temps qui cours, nous nous méfions de tout et de rien, et c'est avec sympathie que je viens de me présenter à cette fille, que je devrais plutôt considérer comme un danger potentiel..

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