Mathilda n'aimait pas faire cela, mais les toilettes des filles étant toutes occupés, elle s'était permise d'entrer, espérant qu'aucun garçon ne s'y trouvait.

Elle posa son sac près des lavabos et vit un élève de sa maison qu'elle avait déjà entraperçu.
Elle hésita à ressortir, mais elle le vit toucher une sorte de cicatrice sur son cou.
Elle était intriguée, elle finit par s'approcher de lui

- Oh mon dieu, mais qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?

Rémus sursauta, le coeur battant. Perdu dans ses pensées, il n'avait pas entendu entrer Mathilda. Il ne connaissait que de vue la Gryffondor. Il se retourna brusquement, la main toujours sur le cou, très gêné.

- Oh ! Euh... Tu m'a fait peur... Ca ? C'est... une vieille cicatrice... Une longue histoire...

Il tenta de rassembler ses esprits pour trouver une histoire crédible (comme d'habitude) et fermer ses pensées (une nouvelle habitude prise grâce au professeur Zegger...). Fixant ses pieds, il se rendit compte tout à coup d'une chose et releva la tête, les sourcils relevés.

- Mais dis donc... Tu ne t'es pas trompée de porte ?...

Il fit un petit sourire timide, et pensa que ça lui ferait gagner un peu de temps pour trouver une anecdote à raconter...

La vue de la cicatrice de Rémus avait presque fait oublier à Mathilda où elle se trouvait, elle se sentit rougir...

- Euh ... oui .. excuse- moi... les toilettes des filles sont encore bondées ... j'espérais que personne ne se trouve là ...

Mathilda, d'un naturel curieux, ne cessait de fixer le cou de Rémus ... Qu'avait-il bien pu lui arriver ?

-Une si grande cicatrice doit sans aucun doute avoir une longue histoire derrière elle ......

Rémus remonta un peu le col de sa chemise, pour signifier discrètement que ce regard fixé sur son cou le gênait de plus en plus. Il avait réussi à reprendre sa contenance dit d'une voix qu'il espérait assez posée.

- Une longue histoire, ça c'est sûr. Mais malheureusement, qui ne me met pas vraiment à mon avantage...

Il haussa les épaules, en souriant.

- Disons que ce n'est pas vraiment le souvenir d'un quelconque exploit mais plutôt d'une grosse bêtise... Tu vois le genre ?

Il avait remarqué lors de ces multiples inventions de messonges pour dissimuler son petit problème, que la meilleure façon de rester crédible était de ne pas vraiment mentir, mais plutôt de ne pas dire toute la vérité et de laisser l'autre s'imaginer ce qu'il veut...

- Non, je ne vois pas du tout .....

Mathilda voulait vraiment savoir quelle était la raison d'une telle cicatrice... Elle attendait avec impatience le récit de ses aventures...
Certes elle ne voulait pas le mettre mal à l'aise, mais sa curiosité était plus forte....

Rémus soupira...

- Puisque tu insistes...

... Je vais devoir mentir, pensa-t-il. Cela le fatiguait le devoir toujours inventer des histoires qui tiennent la route. Bon, il pouvait prendre ça comme une bonne stimulation intellectuelle, c'est ce que lui avait dit Dumbledore lorsqu'il avait, il y a quelques années maintenant, dit qu'il detestait cette vie de mensonge.

- L'année juste avant de rentrer à Poudlard, j'ai fait une fugue... Ne me regarde pas comme ça, je sais que j'ai pas la tête à faire une fugue, mais on va dire que cette expérience m'a servi de leçon. J'étais parti avec un ami. On a essayer de se cacher en forêt et evidemment on s'est perdu... A un moment où je suis monté sur un arbre pour voir les alentours...

Rémus s'arrêta, puis repris en secouant la tête.

- Pfff... C'est trop ridicule... Un sanglier a débarqué et c'est mis à chargé mon ami. Au même moment, la branche sur laquelle j'étais a cédé, je suis tombé juste devant la bête, qui a essayer de m'empallé sur ses défenses... Voilà comment j'ai eu cette marque.

Rémus observa la réaction de Mathilda, puis se dit qu'il fallait qu'il raconte la fin l'histoire pour faire "plus vrai".

- Finalement l'autre gars a été plus doué que moi, il a réussi à faire fuir le sanglier, a retrouvé le chemin du retour et m'a porté jusqu'à chez moi...

Rémus soupira, se laissant un peu prendre par son histoire.

- C'est lui le héros de l'histoire, moi je ne suis que le boulet qui s'est débrouillé pour tomber d'un arbre sous le nez d'un sanglier...

Mathilda l'écouta attentivement.... Elle le fixait et tentait de ne montrer aucune émotion sur son visage...
Le ton du jeune homme semblait vrai.
Son histoire était bien ficelée.. elle était peut-être vraie après tout.

- Et bien, tu as du avoir peur sur le coup, et puis .. cela a du te passer l'envie de recommencer ..

Elle se demandait pourquoi le jeune homme avait tenté de fuguer aussi jeune...

- Que tentais tu de fuir ? ... elle rougit....
Enfin, cela ne me regarde pas....

- Oh que oui, ça m'a passé l'envie de m'enfuir !

La question de Mathilda le troubla un peu. En effet, ce n'était pas pour rien qu'il avait eu comme idée de raconter une fugue, car c'était une idée qui lui était passée par la tête lorsqu'il était plus jeune, et pas totalement conscient du danger qu'il représentait pour les autres. Il supportait très mal d'être autant tenu à l'écart et réver d'une seule chose... la liberté. Il ne savait pas quoi répondre mais ne voulait pas jeter un froid entre eux...

- Pourquoi j'ai fait une fugue... Bonne question... Ca mériterait sûrement un analyse psychologique !

Il se força à rire pour détendre l'atmosphère.

- Je suppose que j'était mal dans ma peau, un truc comme ça... Ca ne t'ai jamais arrivé à toi ? De fuguer ou de penser à fuguer ?

En voilà, un retournement de situation.. Alors que Mathilda questionnait son camarade, c'est elle qui se retrouvait à être questionné... c'était très futé....
Elle était déstabilisée par se retournement de situation, mais décida tout de même de répondre...

- Fuguer, non, mais j'ai toujours aimé la liberté...

.. être libre..., partir sans se retourner..... Voilà ce qui aurait plu à Mathilda ....

- On fuit tous quelque chose .... ou quelqu'un ...
on cache tous quelque chose.....

Rémus fut une nouvelle fois troublé par la dernière phrase de sa camarade de maison. Décidément, cette discussion était des plus destabilisantes. Cela ressemblait presque à un jeu ou chacun tentait de prendre l'autre à contre pied. Mais Rémus avait de l'entrainement pour s'écarter des sujets qui pouvait être trop dérangeants. Aussi il jetta un coup d'oeil par dessus l'épaule de Mathilda, vers la porte d'entrée des toilettes. Il sourit.

- Dis, tu crois que si quelqu'un débarque maintenant, il se dit quoi ?

La question de Rémus remit Mathilda dans la réalité.. Elle s'était évadée quelques secondes repensant à des détails du passé....
Elle se redressa, et se mit à rire.... Effectivement, si quelqu'un rentrait, elle et Rémus seraient dans une situation embarassante...

- Tu as raison ... cela risquerait de donner de quoi écrire à la plume à papote....

- Bon, je ne te dérange pas plus que ça, je m'éclipse ... avant qu'un autre élève n'arrive ...

- Peut-être aurons nous l'occasion de reprendre cette conversation ....

Et oui, cette cicatrice l'intriguait toujours...

Bien sûr, Rémus espérait que la mémoire de Mathilda avait des limites et que le sujet ne retombe pas sur la table... Mais il sourit tout de même. Il la trouvait sympathique, malgré tout.

- Je me sauve aussi, cours de potion ! On se retrouvera de toute façon dans la salle commune, au moins pour la soirée que tu organises ! Très bonne idée d'ailleurs.

- Merci, et à bientôt ... lui dit-elle en souriant

Elle le regarda une dernière fois, puis partit en silence ...