Un faux fusil moldu dans les mains, l'oeil aux aguets en direction des nombreuses boîtes de conserve cabossées devant moi, je tirai. Un grand bruit retentit alors dans toute la fête foraine, résonnant dans chaque coin de chaque attraction. La conserve que je venais de viser était partie s'exploser dans le décor et c'est avec un air satisfait que j'adressai un sourire à l'organisateur.

- Plus que trois et la peluche géante est à toi, mon garçon ! me dit-il avec un air de défi.

Je replaçai le fusil à billes entre mes mains, collai mon oeil au viseur et attendis un instant. Le secret, c'était la concentration, rien de plus. Inutile de se presser, le tout était d'arriver à son but, après tout. Un... Je respirai un grand coup. Deux... Les yeux plissés, j'observai ma cible. Trois... Je sentis un grand coup de coude me frapper dans les côtes et le tir partit tout droit en direction du forain qui se reçu le projectile en plein milieu du front.

Je me retournai vivement en direction de Luiz, les sourcils froncés et l'air frustré d'avoir loupé mon tir. Adieu la peluche géante du troll en robe de soirée, autant dire que j'étais dégoûté. Mais j'aimais bien Stregone malgré son air nonchalant qui en agaçait facilement plus d'un, et j'étais content de le croiser à Pré-au-Lard.

- Tu te rends compte quand même que je peux dire adieu à la peluche géante à cause de toi ? Dis-je en pointant du doigt la dite peluche, les yeux plissés.

Bizarrement, lorsque je me retournai en direction du forain, il avait l'air extrêmement satisfait de me voir perdre la chance de gagner le gros lot.

- Tu me le payeras, sale ogre en slip ! Ajoutai-je en riant avant de lui serrer la main à la façon d'jeuns, genre tape m'en cinq, fait un tour sur toi même, lève les bras en l'air, pousse des petits cris aigus etc.

Etait-ce chose judicieuse de poursuivre sa partie alors que Luiz était dans les parages ? Surement pas. Il allait probablement tout faire pour me faire bouger et me faire perdre mes chances de gagner un lot plus petit. Mais peu importe, j'allais continuer et peut être même lui tirer dans les pattes s'il tentait quelque chose.
J'attrapai donc le fusil que je remis bien en place histoire d'être pile en face de ma cible. Mes mains ne tremblaient pas mais j'avais perdu ma concentration de tout à l'heure. A la place, je tentai des coups d'oeil à Luiz a qui je ne faisais pas confiance.

- Non, sans déconner, reste pas derrière moi, Stregone ! Tu vas me faire une vacherie ! Dis-je en reposant le fusil et en me retournant en direction du serpent.

Lorsque Luiz siffla la jeune fille dans la foule, je me mis à rire. Ce mec était un vrai goujat, une fille, ça ne se sifflait pas. D'où sortait-il pour croire qu'une demoiselle se laissait traiter comme un simple chien ? Ce fut plus fort que moi. Lorsque je le vis faire son gros malin, je lui flanquai un violent coup de pied dans l'arrière des genoux et, aussitôt, il tomba à terre. Il avait vraiment l'air d'un mec super cool devant la jeune fille, maintenant, sans aucun doute ! En tout cas, elle riait aux éclats en montrant Luiz du doigt.

- Bah alors Stregone, on tient plus debout, mon pote ? Dis-je en m'esclaffant comme un enfant.

Visiblement, je tenais ma vengeance, et je la tenais bien.

J'attrapai la main de Luiz et le remis sur ses pieds, riant toujours aux éclats. Puis je lui tapotai l'épaule avec force, les yeux rivés sur la demoiselle qui s'enfonçai dans la foule et qui disparu de leur vue.

- Aller viens, Stregone, on va aller faire un tour, histoire de trouver mieux ! Celle-ci avait un pif plus gros que celui d'Hagrid ! Il y a surement moyen de trouver une plus belle proie ! Dis-je en l'attirant avec moi sur le chemin de la grande roue.

Les filles adoraient les grandes roues. Elles avaient forcément peur arrivées en haut et on était toujours là pour les protéger, même si elles ne risquaient rien du tout. C'était surement la meilleur démarche pour draguer lorsque l'on était à une fête foraine.

Je le regardai partir à la chasse de la jolie demoiselle dans la grande roue et m'amusai de la voir tirer une tronche de six pieds de long, comme si elle voyait venir devant elle un ornithorynque en pleine crise de constipation, prêt à lui faire dessus si il arrivait à temps sur ses genoux.

▬ « Tiens ! Regarde celle là, toute seule dans son compartiment... Elle est pour moi, mon pote ! » me lança-t-il avant de prendre place à côté de la jeune fille.
▬ « C'est ça, tente ta chance, Stregone ! J'croise les doigts pour qu'elle te vomisse dessus, mec ! »

J'attendis qu'il parte puis pris l'embarcation d'après. Personne avec moi, j'avais surtout dans l'intention de pourrir le plan de Luiz qui, je le voyais, commençait déjà à se rapprocher de la demoiselle à côté de qui il avait pris place. J'allais tout faire pour qu'il ne puisse pas conclure. C'était ça, aussi, l'amitié Potter / Stregone. Constamment à s'en prendre à l'autre, mais évidemment, toujours avec beaucoup d'humour.