H.J. : Ceci est un sujet anachronique, ou "flashfoward" se déroulant 10 ans après la période qui est jouée sur ce forum. Il a été permis après demande auprès de l'équipe d'administration. Ce genre de sujet n'est autorisé qu'à condition d'en motiver sa demande auprès des administrateurs. Bonne lecture !

La journée avait été longue, éprouvante, mais Rémus en était plutôt satisfait. A vrai dire, il se serait satisfait d'à peu près n'importe quoi qui lui permettait d'être assuré de pouvoir payer son minuscule studio de la banlieue de Londres. Un luxe, comparé aux conditions de ses pérégrinations des dernières années. Des aventures forts enrichissantes... d'un certain point de vue. Mais la dernière avait faillit très mal se terminer et il s'en était sorti seulement grâce à l'intervention de son vieil ami, Kingsley Shacklebolt. Ce dernier l'avait ramené à Londres, héberger quelques jours, et lui avait même trouvé un travail dans une bibliothèque poussiéreuse. Le personnel étant aussi décrépi que le lieu, il prit la fonction d'homme à tout faire, s'occupant de l'entretien, du ménage, et de tout ce que ses vieux patrons n'avaient plus la force de faire. Un petit job qui ne dureraient que quelques mois, mais qui lui permettait de retrouver un semblant de stabilité et de ressources dans la capitale, après deux longues années à bourlinguer sans se poser plus de quelques semaines au même endroit.

Rémus esquissa un sourire entrant dans le petit restaurant. Il n'y était pas retourné depuis l'époque précédant la nuit de la disparition de Voldemort. Une adresse moldue, un italien simple mais délicieux où il avait traîné Sirius et Peter, voir même peut-être James et Lily plus d'un fois. Cette époque lui semblait si lointaine, presque une autre vie. Et pourtant lorsqu'il était passé devant le restaurant quelques jours plus tôt, il avait immédiatement reconnu la gérante, une matrone au sourire aussi large que sa corpulence, un éternel chignon piqué sur la nuque. Pendant un instant, il lui avait semblé que rien n'avait changé. Et pourtant... Son envie de redéguster son incroyable carbonara fut plus forte que la mélancolie qui menaçait de le gagner, et il se promit de revenir dès qu'il aurait quelques livres sterling moldues en poche. Par habitude, il choisit une table dans le fond de la salle, discrète. Il inspira une bonne bouffée d'air chargée d'odeurs délectable.

La salle avait un peu changé, lui aussi. Une courte barbe lui mangeait une partie du visage, dissimulant presque entièrement une cicatrice que les lotions magiques bon marché n'avaient pas réussie à faire disparaître et qui lui barrait le menton depuis six mois. Sa chevelure, fraîchement raccourcie, était prématurément parsemée de quelques mèches branchies, encore assez rares. Il attendait sa paye pour renouveler sa garde-robe usée, aussi portait-il un blouson largement élimé qu'il laissa au porte-manteau à l'entrée. Sa chemise avait le mérite de ne présenter aucun rapiècement, mais sa couleur, autrefois noire, avait plutôt viré au gris sombre.

Il était en train de réfléchir aux divers changements de la carte depuis sa dernière venue lorsqu'une nouvelle cliente qui venait de pousser la porte attira son regard clair...

Elle ouvrit un oeil en entendant son nom et eut un mouvement de recul en voyant un inconnu douteux penché sur elle pour lui parler.

- Remus?

Elle eut quelques secondes de flottement, sentant qu'elle avait laissé échapper la première bêtise qui lui passait en tête sans réfléchir. Pourquoi cet homme lui avait-il fait penser à Remus alors qu'il n'avait rien de son ancien amour. A part peut-être les yeux bleus....


Ces yeux, d'ailleurs, en y regardant de plus près... Oh Merlin, c'était effectivement lui!

- Oh mais c'est bien toi! Ca fait tellement longtemps! Viens donc t'asseoir avec moi!

Elle-même n'avait que fort peu changé. Son visage avait perdu ses dernières rondeurs enfantines, son regard doré s'était acéré, et elle n'avait plus cette attitude de petite chose sauvage, fixant le monde de manière obstinée dans son coin sombre. Son maintien avait gagné en assurance et tout son être en féminité.

Certes, il avait une allure asses élimée, mais pas une trace de crasse. Il renvoyait à Laya l'image d'un vagabond romantique, ce qui fixa pour de bon son sourire à son visage.

- Ce jour, c'était même une nuit! J'étais très fière de la petite surprise que je t'ai faite. C'était quand même bien agréable, ces petits avantages à être préfets!

Ce n'était pas si loin que ça pourtant pour elle. Peut-être que Laya avait conservé son âme d'enfant, qui rendait proches tous les évènements heureux qu'elle avait pu vivre...

- Eh bien... après Poudlard, j'ai été admise aux cours du Ballet Royal, j'ai donc déménagé ici. L'académie me finance en partie un petit appartement, mes parents m'aident pour le reste. J'ai déjà dansé dans Casse-Noisettes et Gisele. En ce moment, notre troupe répète pour la Belle au Bois Dormant, de Tchaïkovski. J'y suis en tant que choryphée, c'est à dire que mon rôle devient parfois soliste, mais que je finis toujours par rentrer en tête de mon groupe. Je pense que ma plus grande envie serait de pouvoir danser le rôle principal de Carmen.

Loin au-dessus de leurs têtes flottaient les rêves de Laya, qu'elle suivait les yeux au ciel et le nez en l'air, volubile et passionnée comme une fillette décrivant la robe de princesse de ses rêves.

Ses yeux immuablement dorés et qui s'étaient mis à pétiller, redescendirent lentement, aussi doucement qu'une plume qui tombe, et finirent par se reposer sur la tête désorganisée de Remus. Tout le paradoxe de son adolescence s'était maintenant inversé: lui qui avait autrefois l'air heureux et racontait des choses mornes, semblait maintenant monocorde et lui parlait d'un air enjoué et souriant.

- Qu'est donc devenu le préfet Gryffondor avec qui j'ai partagé un peu plus qu'une assiette de carbonaras?

- C'est vrai qu'on en a bien profité. La cuisine de l'école me manque parfois... Enfin tous les elfes de maison du monde n'arriveraient pas à la cheville de Mamma Carla tout de même. 

Il ne doutait pas que Laya était une habituée de la maison, si elle était à Londres depuis toutes ces années. Il l'écouta parler de sa carrière de danseuse avec admiration. Il ne connaissait rien au monde de la danse classique, mais la mention de "Ballet Royal" était tout de même impressionnant et les étoiles qui brillaient dans les yeux de la belle brune suffisait à lui faire comprendre qu'elle était complètement dans son élément. 

- Je te souhaite de danser Carmen alors ! En tous cas je suis content pour toi, tout ça a l'air génial. 

La question qu'il attendait finit par arriver et il eut un petit rire gêné et baissant les yeux. Elle lui rappelait en plus tout ce qu'ils avaient vécus ensemble, et même avant cette petit dizaine d'année de recul, Remus considérait toujours que Laya avait changé beaucoup de choses en lui. Mais il se retrouvait ce jour-là à la redécouvrir plus rayonnante que jamais, vivant une vie qui semblait la combler, et lui... Il ne lui avait jamais révélé sa lycanthropie, et ne pourrait certainement pas lui déballer ça maintenant. Ce qui voulait dire que sa vie errante, son impossibilité à se fixé, à trouver un emploi stable, les persécutions qu'il avait subit, il ne pouvait rien expliquer de tout ce qui avait fait sa vie pendant ces dernières années. Il décida donc de se contenter des aspects les plus neutres de son quotidien.

- Il n'est pas devenu aussi brillant que ma préfète serpentard préférée, j'en ai bien peur... Je travaille dans une bibliothèque depuis deux semaines. Pas besoin de préciser qu'il y faisait le ménage...  Et avant ça j'ai pas mal voyagé, j'ai fait des petits boulots par-ci, par-là. Il y a un mois j'étais sur un bateau de pêche en Islande, pour te donner une idée. Je crois que je ne pourrais plus manger de poisson d'ici un sacré bout de temps ! 

Elle le sentait bien, qu'il arrangeait la vérité par omission. Qu'il la préservait d'une réalité plus sordide pour ne pas gâcher un si joli moment. Elle n'était pas dupe, mais elle n'avait plus envie d'être d'une franchise blessante avec lui et de ruiner les efforts qu'il faisait pour rester souriant. Ca, c'était plutôt lors de sa scolarité à Poudlard. Elle préféré plutôt jouer son jeu, quitte à passer pour naïve.

- Oh, tu as l'occasion de voyager? Et qu'as-tu vu en Islande? Comment sont les villages là-bas? La cuisine, les histoires qu'on se raconte, les fêtes, le quotidien? Et tu as vu d'autres pays encore?

Elle ne le dirait pas pour ne pas paraître présomptueuse, mais elle espérait bien que dans un lointain futur, son métier l'amène à voyager un peu lors de tournées internationales. Elle lui enverrait une carte postale d'Italie en Islande, et lui répondrait par une autre à destination du Bresil. Chacun à l'extrême opposé de l'autre géographiquement, mais toujours capable de retrouver l'autre en 3 jours. Perspective plaisante...

Quel bazar en effet! Du temps de leur couple, elle avait reproché à Remus de rendre les choses compliquées. Mais avec le recul, les choses n'étaient-elles pas compliquées à la base avant qu'il ne mette un pied dedans? Et si c'était tout simplement lui qui arrivait trop souvent au mauvais endroit, au mauvais moment? Elle sentait bien qu'elle lui cherchait des excuses par excès d'affection, car il était évident qu'il lui cachait bien des choses importantes. Mais enfin, il avait quand même su l'apprivoiser avec douceur, empathie et gentillesse. Ca ne pouvait pas être lui qui chamboulait volontairement tout sur son passage!

- Eh bien, ca n'est pas à l'ordre du jour. Seuls les postes plus importants au sein du ballet peuvent partir en tournée nationale, ou même mondiale avec la troupe. Et moi, je viens juste de l'intégrer, ce ballet. C'est déjà une sacrée victoire en soi. Je ne dois pas être pressée de grimper les échelons, c'est le meilleur moyen pour gâcher son talent ou se dégoûter du métier.