l'écriture peut prendre bien des facettes [PV Garance]

Sean marchait dans les couloirs. Son pas était décidé. On ne pouvait voir aucune hésitation dans sa démarche. Il savait où il allait. Cependant, il gardait une allure souple et légère, prenant son temps. Il regardait autour de lui. Les cours étaient finis. Les élèves trainaient ici ou là. Ils retrouvaient leurs amis, se changeaient les idées. Le serdaigle eut un petit moment de doute. Il se demanda s’il ne préférait pas rejoindre les siens. Pourtant, il ne changea pas de chemin. Son doute fut tellement court et futile qu’on ne put le remarquer. Il savait qu’il n’arriverait pas à s’amuser comme d’habitude. Il n’était pas dans cette humeur-là. Son cerveau fusait. Les idées venaient et partaient. Il était en pleine phase d’inspiration. Il ne savait toujours pas quel serait le sujet d’aujourd’hui, mais il savait que c’était le moment de s’isoler.

Il était donc en marche vers la bibliothèque, un petit cahier sous le bras. Il y notait toutes ses idées. C’était le cahier qu’il ne voulait pas perdre. Cependant, il n’avait pas réellement peur de se le faire piquer. Certes, il perdrait tout, mais il y avait peu de chance que l’on comprenne son contenu. Son organisation était particulière. Il y avait dedans un mélange d’histoires inventées, d’évènements importants qu’il ne voulait pas oublier ou encore des idées pour sa recherche ou ses plans. Tout se suivait. Tout se mêlait. On pouvait se tromper entre imagination et réalité. Très facilement. Par contre, lui, il trouvait une logique très simple là-dedans. Tout était lié d’une façon ou d’un autre. Ces inventions avaient souvent un rapport avec ce qu’il avait vécu dans la journée ou dans la semaine. Bien que parfois, il lui arrivait d’intégrer une idée complètement différente, qui semblait déplacée dans l’ensemble. C’était bien lui ça.

En attendant, il devait toujours atteindre le lieu tant aimé. Il fallait qu’il se dépêche. Cet endroit était ouvert à tous et surtout aux adorateurs de culture, mais il fallait bien qu’il ferme à certain moment. Comme pour les repas par exemple. Sean ne comptait pas attendre le lendemain ou après le repas pour avancer. Il voulait le faire maintenant. Et pour lui, maintenant, c’était maintenant. Il accéléra le pas, arriva devant la porte et la poussa. Il avait l’impression qu’il n’y avait personne. Certes, ce n’était pas le lieu le plus fréquenté de Poudlard, mais il savait que certains élèves le considéraient comme leur lieu d’habitation. Peut-être pas pour aujourd’hui. Ou sinon il était en avance sur la sortie. En tout cas, il ferait mieux de se dépêcher pour trouver une place correcte. Il se déplaça vers la droite. Au milieu, il y avait une table solitaire. Elle semblait être placée au calme. Pas trop d’étagères populaires dans le coin. Une table parfaite pour lui en conclusion. Il posa son sac, s’assit et s’installa confortablement. Il commença par se rappeler de ses dernières idées. Cependant, il dut vite admettre que ça ne l’intéressait pas. Il ne se concentrait pas sur sa lecture. Il essaya encore une minute, mais il sentait que s’il n’arrêtait pas, il allait jetait ce cahier. Ce qu’il ne voulait pour rien au monde, rappelons-le. Il finit par le poser sur la table et fouiller dans son sac. Il y ressortit une plume ainsi qu’un encrier. Il regarda autour de lui pour voir s’il y avait un risque qu’il soit embêté. Personne à l’horizon ? Parfait.

Je ne comprenais rien. Que se passait-il ? Pourquoi je suis par terre ? Il y a un problème. Pourtant, je marchais sans problème il y a seulement une seconde. J’ai plus qu’à me relever et partir loin. Je crois que je ne supporterais pas de voir ces têtes de cake se moquer de moi. Ils avaient l’air si intelligent avec leur piège pourri. Ils ne devaient vraiment rien avoir dans le cerveau. Je dois avoir l’air d’une tomate en plus. Allez ! On se relève et on n’a pas honte. Oh non… Pourquoi fallait-il qu’elle soit là ? Pourquoi devait-elle toujours être présente dans mes moments de honte ? Je dois être maudit. Il n’y a pas d’autre raison possible. On va essayer d’être plus discret que d’habitude. Voilà, passer, sans regarder personne, tranquillement. Pourquoi dois-je toujours être attiré par son regard ? Je ne peux faire autrement que de la regarder au passage. Elle a un sourire sur son visage. Un sourire moqueur bien évidemment. En même temps, quelle idée de s’intéresser à une fille faisant les pires coups bas. Et si elle était responsable de mon humiliation ? Et si elle prenait plaisir à le ridiculiser ?

Sean releva la tête. Il resta un moment ainsi à réfléchir. Il se demandait maintenant pourquoi ces phrases étaient venues à lui. Il ne se rappelait pas avoir pensé à quoi que ce soit de semblable dans la journée. Qu’est-ce que l’imagination pouvait être tordue par moment ? Au fait, il était quelle heure ? Il avait le temps de continuer un peu ou pas ? On allait dire que oui.

Je ne sais plus quoi faire. Dois-je continuer d’espérer ou passer à autre chose ? Ai-je seulement une chance qu’elle devienne plus sympa ? Elle a pourtant l’air d’avoir un bon fond à première vue. Mais ne dit-on pas qu’il faut se méfier des apparences ? Je suis vraiment idiot. Ils ont raison de me faire ça. Si je ne me bouge pas, je risque de finir seul, sans personne à mes côtés. Mais je ne peux pas me changer non plus ? Je ne peux pas changer mon caractère. C’est moi, non ? Je… Outch. Encore par terre… Par quoi cette fois… Oh non, qui ça allait être maintenant ? Aurais-je de la chance ? Je n’arrive pas à voir son visage. Quoique. Si ! Là ! C’est…

Sean entendit des cris au loin. Et voilà que miss bibliothécaire faisait son cirque. Il fallait qu’il se dépêche. Il devait partir vite. Si elle le voyait en train d’écrire sur un cahier, il aurait le droit à un long moment de réprimandes. Elle serait trop bigleuse pour voir qu’il s’agissait d’un cahier. Sauf qu’elle se dirigeait par ici. Le serdaigle se saisit du cahier, l’amena jusqu’à une étagère pour le cacher tout en faisant semblant de chercher un livre. A peine l’avait-il déposé derrière deux romans qu’il vit la femme arriver. Elle le vira sèchement. Il essaya de protester sachant que ce n’était pas l’heure, mais elle ne voulait rien entendre. Il dut récupérer rapidement ses affaires et sortir de la bibliothèque. La porte claqua derrière lui, enfermant son cahier à l’intérieur. Il savait qu’il ne pourrait le reprendre de suite. Il n’avait plus qu’à attendre demain…

Sean se sentait perdu. Jamais cela ne lui était arrivé. Il y avait déjà pensé et c’était souvent dis que cela ne changerait pas grand-chose. Cependant, il dut avouer qu’il n’appréciait pas du tout. Il était pourtant certain que personne ne pourrait le trouver. Mais sa simple absence l’obsédait. Il n’arrivait pas à penser à autre chose. Toutes ses pensées étaient tournées avec lui. Il se le représentait dans son esprit, croyant presque qu’ainsi il pourrait le ravoir. Il pouvait revoir ses courbes usées, sa texture lisse et douce, son intérieur qui reflétait toutes ses pensées, enrichi de mille et une idées. Qu’est-ce qu’il aimerait l’avoir sous les yeux, tout de suite. Et si une idée soudaine lui venait ? S’il avait besoin d’inscrire quelque chose sur ce petit cahier ? S’il avait besoin de revoir un évènement important ? S’il devait modifier un détail ? Pourquoi n’avait-il pas pu le ranger dans son sac ? Il en aurait eu largement le temps. Il avait vraiment fait preuve d’imbécilité. Maintenant il en était à attendre péniblement dans la salle commune.

Il savait qu’il ne servait à rien de retourner à la bibliothèque ce soir. Elle serait fermée. La responsable n’était apparemment pas d’humeur à recevoir des élèves dans son environnement. Pourtant, Sean ne put s’empêcher de faire un détour en remontant dans sa salle commune après le repas. Ce fut sans surprise qu’il fit face à une porte bloquée. Il essaya de forcer un peu sans faire trop de bruit, mais c’était presque mission impossible. Il dut fuir avant de recevoir les foudres de miss livres. Ce fut un peu dépité qu’il arriva dans la salle des bleus, mais très vite il oublia avec la présence de ses amis. Il put se détendre. Par contre, une fois retourné au lit, il y repensa. Pourquoi était-il si obsédé ? Ce n’était qu’un livre. Un livre ne pouvait pas avoir un tel pouvoir sur les humains non ? Il était ridicule. Demain, il le retrouverait et rien n’aura changé dans sa vie. Ce n’était pas parce qu’il se reposait un peu dans la bibliothèque que l’improbable se produirait. Et, au final, n’était-ce pas mieux ainsi ? Il pouvait enfin remarqué à quel point cela lui prenait du temps. Peut-être était-il temps de faire un peu plus attention aux autres, à autre chose.

En même temps, là il pouvait bien y penser. Cela ne l’empêchait pas de faire attention aux autres. Ces derniers ronflaient alors il ne pouvait pas les louper. C’était assez… perturbant quand on essayait de dormir. Quoique ça pouvait faire un rythme musical. Mais il fallait pas mal d’imagination et là il avait un peu de mal à l’invoquer. Il finit tout de même par s’aventurer dans le pays du sommeil. Il passa par la contrée des bûcherons occupés à scier des arbres vivants voulant dévorer tous les petits cahiers qu’ils trouvaient. C’était leur met préféré d’après ce que le serdaigle put comprendre. Il vit rapidement des pages voler devant ses yeux. Le ciel était rempli de morceaux de parchemins déchiquetés. Il attrapa l’un d’eux à la volée et reconnu directement son écriture. Il tourna la tête et vit un grand chêne s’occuper personnellement de ce petit journal si cher à ses yeux. Mais à peine eut-il l’idée de partir à sa rescousse qu’un tremblement de terre le renversa comme s’il n’était qu’une petite plume. Il atterrit dans le tas d’arbres coupés qui finit par l’avaler. Mais alors qu’il allait visiter la contrée des habitants très mystérieux de ces morceaux de bois, une secousse le plaqua à terre de nouveau. Il sentit soudain des êtres escalader son dos. Il était attaqué ! Le parchemin l’attachait contre la peau de l’arbre. Il ne pouvait plus bouger. Le parchemin ?!

Sean se réveilla en sursaut. Il se releva rapidement pour… recevoir un livre en plein dans son visage. Il entendit ensuite des rires et des pas de course dans l’escalier. Quels imbéciles. Il essaya de se lever mais ses draps restaient collés à son corps : il était en sueur. Sa respiration était saccadée. Il avait encore devant ses yeux la vision de la destruction de ce cahier. Il se leva péniblement, emmenant avec lui la moitié de son lit qu’il abandonna au milieu de la pièce. Quand il revient, dégoulinant après avoir pris une bonne douche froide, il remarqua le désordre qu’il avait laissé. Tout ça pour un cahier. Il était ridicule. Il rangea rapidement : il plaça le tout sur son lit sans rien plier. Puis il descendit dans la grande salle, la tête complètement dans le brouillard. Il remarqua à peine qu’il n’y avait presque personne. Ce fut seulement quand il arriva devant la bibliothèque qu’il commença à comprendre que la journée avait bien débuté.

Le lieu était bondé. Les élèves circulaient dans les rayons tranquillement. Sean comprit ce que cela pouvait bien vouloir dire : il était plus que temps de récupérer ses affaires. Et si on l’avait découvert ? Et si on l’avait piqué ? Et si quelqu’un avait tout lu ? Mais non, ces élèves étaient plus intéressés par les livres de sorts. Or il ne l’avait pas caché à ce niveau-là, non ? Il avança rapidement, ne se décalant à peine lorsque des personnes venaient vers lui. Il posa son sac brusquement sur la place qu’il occupait hier et alla directement vers le lieu tant imaginé la veille. Il renversa doucement les livres pour découvrir : rien ! Non, ce n’était pas possible. Pas déjà ! Il devait y avoir une erreur. Il parcourut le reste de la rangée. Rien, strictement rien. Il revint au point de départ et observa le rang du dessus. Là, un intrus. Il le sortit avec délicatesse de cet endroit et le posa tendrement sur la table. Il était toujours là. Il ne l’avait pas perdu. Par contre, quelqu’un l’avait touché. Il en était sûr. Il savait exactement où il l’avait posé. Il l’ouvrit et regarda vivement son contenu. Il n’y avait aucune rature, aucun commentaire. Bizarre. Peut-être l’avait-on simplement reposé au mauvais endroit après avoir remarqué qu’il appartenait à quelqu’un. Sean espérait ardemment que ce soit le cas. Mais il craignait que ce soit trop facile. Et ses craintes étaient apparemment fondées : il trouva le petit mot.

Il fut surpris. Il ne s’attendait pas du tout à cela. Mais un certain trouble vint remplacer sa surprise. Jusqu’à ce qu’un sourire naisse sur son visage. Il comprit pourquoi cette personne, cette jeune femme apparemment, avait écris cela. Elle avait seulement dû lire la fin. Elle n’avait pas l’air méchante. Il ne pensait pas non plus qu’elle utiliserait contre lui ce qu’il avait écris. Encore fallait-il qu’elle comprenne le fonctionnement de ses pensées. Cependant, il fut légèrement bloqué. Il ne savait pas comment réagir. Elle croyait qu’il avait vécu ce qu’il avait écris alors que cela faisait parti de sa pure imagination. Mais il ne pouvait pas non plus tout lui avouer. Il fallait qu’il garde son identité mystérieuse. Si elle comprenait tout, elle saurait pas mal de chose à son sujet et ne connaissant pas son nom, cela pouvait être dangereux. Pourtant, il ne se voyait pas partir comme un voleur sans une réponse. Il curiosité montait en lui. Qui était-elle ? Que croyait-elle ? Qu’avait-elle lu ? Qu’est-ce qu’elle en pensait ? Pourquoi donner ces conseils ?

Il commença par sortir sa baguette pour pouvoir incruster le petit mot dans ce manuscrit. Il pensait que sa place était là. Il faisait maintenant parti de sa vie. Mais ça ne prenait pas longtemps de faire cela. Comment réagir maintenant ? Il finit par se lancer, à ses risques et périls.

Je vois que la curiosité n’est pas réservée qu’à ma personne. Ne crains rien, je ne t’en veux pas. C’est une erreur de ma part. Puis-je cependant connaître les raisons de ce petit mot ? D’après ce que je peux lire, je crois comprendre que l’on s’est loupé de pas grand-chose. Peut-être est-ce mieux ainsi ?
Je ne peux que te remercier pour tes conseils, je crains malheureusement que tu ne te trompes sur la signification de l’extrait que tu as lu… Sauf si tu as lu plus que je ne le pense ? Puis-je savoir jusqu’où t’a mené cette curiosité ? Qu’est-ce que tes yeux ont pu parcourir dans ce petit cahier ?
Petite indiscrétion de ma part, que voulais-tu dire en me conseillant de m’ouvrir aux autres ?
J’espère pouvoir garder ce secret en lieu sûr en te le confiant. Mais après tout, ai-je le choix ?
En espérant peut-être en savoir plus ?
Bonne journée et à bientôt peut-être…

Sean relut ses paroles. Ce n’était pas ce qu’il avait écris de mieux, mais il n’avait pas envie de changer. Ses idées étaient sorties, alors il ne les changeait pas. Et puis, avait-il un avis réellement objectif ? Il referma le cahier pour ne plus y penser. Sa baguette était restée posée à côté. Il la regarda un instant, se demandant s’il devait le faire, puis finalement la prit pour sceller le calepin au silence face à des inconnus. Excepté les personnes ayant inscrit quelques mots à l’intérieur. La curieuse l’ayant fait en quelque sorte, elle pourrait trouver sa réponse. Si elle daignait le rouvrir. Mais Sean n’en doutait pas à ce sujet. Un curieux ne refuse jamais d’en savoir plus…

Le serdaigle se leva et alla le reposer sur l’étagère. Il l’avait posé au moment endroit que la veille. Il allait franchir la porte d’entrée quand soudain il pensa à quelque chose. Il reprit donc le chemin inverse, récupéra le livre et le plaça sur l’étagère du dessus. Il fallait qu’elle le retrouve s’il voulait une réponse. Et, enfin, il partit de ce lieu rempli de connaissance. Il avait comme l’impression qu’il reviendrait vite dans cet espace. On se demande bien pourquoi…

Sean avait cru qu’il ne survivrait pas un jour et une nuit sans son cahier pourtant il réussit. Cependant, il ne pensait pas que ça allait durer plus longtemps encore. Certes, il avait dû le laisser dans la bibliothèque pour avoir des réponses, mais il avait pensé qu’elle répondrait rapidement. Qui pouvait oublier ce genre d’évènements ? Qui pouvait bien parler à un inconnu et l’oublier en l’espace d’une seconde ? Lui il avait tout de suite inscrit ce qu’il pensait à la suite de son message et il avait laissé la place libre pour ne pas la perturber ou détruire le mystère. Il était revenu un peu plus tard dans la journée : rien de nouveau. C’était normal, certains élèves n’avaient pas le temps de passer durant la journée. Mais quand il découvrit qu’il n’y avait aucun changement le soir juste avant la fermeture, il fut choqué. N’avait-elle pas vu son nouveau mot ? Avait-elle seulement approché cette étagère ? Comment pouvait-elle se désigner comme curieuse ? C’était faux, totalement faux. Elle n’avait pas le droit de se qualifier comme cela et de lui laisser de faux espoirs. C’était sadique de sa part. Il se sentait un peu trahi. Ne comprenait-elle pas l’importance de ce journal ? Pourquoi le faisait-elle attendre ?

Sean McLloyd… Il faudrait réfléchir un peu. Les autres ne passent pas leur temps à la bibliothèque ou le nez dans des cahiers. Il était temps qu’il sorte, qu’il retrouve ses amis. C’était l’avertissement qu’il ne fallait pas manquer. Il fallait qu’il apprenne à vivre sans, qu’il redevienne un peu comme tout le monde. Il était resté trop longtemps à ses côtés depuis un moment. Cela l’avait empêché d’avoir des nouvelles du monde. Alors maintenant, on va dehors et on laisse ce lieu tranquille. Ce fut très dur de sortir de là. Il n’arrêtait pas de lancer des regards en arrière. Pourtant, une fois sorti, bizarrement, il réussit à l’oublier. C’était comme s’il avait compris qu’il ne le retrouverait pas tout de suite. Il s’était adapté. Comment était-ce possible ? Il n’en avait aucune idée. Il savait juste que lorsqu’il n’était pas dans les parages de ce lieu rempli de mystère et surtout rempli de son mystère, tout allait bien. Par contre, dès qu’il se dirigeait là-bas, il fallait qu’il se batte pour ressortir une fois le cahier inspecté.

Quel soulagement il reçu au bout du troisième jour quand il revit cette écriture étrangère. Il n’avait jamais espéré autant la revoir. Il sentait que le combat qu’il menait chaque fois pour sortir devenait de plus en plus dur. Cependant, il n’avait plus besoin. Plus la peine de se battre contre lui-même. L’écriture était là, incorporée directement sur les pages blanches. Pourtant, quand il lut les quelques lignes, il fut moins heureux. Il eut la drôle impression qu’elle avait mal interprété ses propres paroles. Il n’avait en aucun cas voulut être méchant ou lui faire des reproches. Il se sentit soudain mal. Il s’était mal exprimé. Mais voulait-elle vraiment lui parler ? Est-ce que cela servait à quelque chose de se rattraper ? Prenons la question autrement : était-il capable de partir en arrêtant simplement cette correspondance ? Etait-il capable d’oublier cette inconnue ? Il savait qu’il n’y arriverait pas. Il savait qu’il ne pouvait pas partir comme ça, tout simplement. Il ne venait pas de passer trois jours à se torturer l’esprit pour rien. Il était donc temps de répondre…

Je crains que nous nous soyons mal compris. Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise. Je ne voulais pas non plus te mettre à l’épreuve. J’étais juste un peu curieux. Sache que maintenant, grâce à toi je l’avoue, ce cahier est protégé. Si tu le montres à quelqu’un d’autre, il ne pourra rien lire. Je te laisse à toi seule, l’opportunité de parcourir mes lignes. Pourquoi ? L’intrigue sûrement.
Encore une fois, je ne voulais absolument pas te faire un reproche. J’aurais fait exactement la même chose que toi. Je voulais juste savoir si tu étais plus curieuse que moi ou non… Rien de plus. Excuse-moi pour cette incompréhension…
Je garderai précieusement ce conseil. Merci pour tout.
Maintenant que j’ai répondu, il y a de grande chance que tu l’ouvres de nouveau ce cahier. Cependant, je dois avouer que je ne sais plus quoi dire. Tu m’intrigues, mais les questions ne me viennent plus. Bizarre hein ? Me retrouver sans rien à dire ne m’est pas habituel. Peut-être viendront-elles dans les deux jours à suivre ?
A bientôt, jeune inconnue…

Il se sentit soudain stupide. Il avait attendu plusieurs jours cette réponse, l’avait enfin eu. Il avait même la possibilité de poser les questions qu’il souhaitait et il n’avait rien qui lui venait. Ridicule. Totalement ridicule. Il plaça le cahier à l’endroit demandé. Il ne se posa aucune question cette fois-ci. Il savait quand il le retrouverait changé. Aujourd’hui, c’était son message qui le mettait à l’épreuve. Il fallait bien qu’il y ait quelque chose qui n’allait pas. Mais il finit par combler sa frustration la veille de la date limite. Il savait qu’il ne trouverait rien de nouveau dans son jardin secret. Mais il avait besoin d’écrire pour soulager son esprit. Il avait besoin d’oublier ses dernières lignes.

Je ne sais plus quoi faire. Elle m’occupe l’esprit à longueur de temps. Je ne la connais pas vraiment mais elle prend toutes mes pensées. Dois-je lui parler ? Lui poser des questions ? Quelles questions ? Je n’arrive pas à en trouver. Je me retrouve sans idées avec elle. Elle me perturbe. Je n’ai aucune information sur elle. Elle ne sait même pas qui je suis. Dois-je essayer ? Et si elle me prenait pour un idiot ? Pour un fou peut-être ? Comment pourrait-elle me voir autrement de toute façon ? Déjà quel mec écrirait ? C’était ridicule. Mais est-ce une raison d’arrêter ? Je n’y arriverais pas. Pourquoi prend-elle toutes mes pensées ainsi ? Pourquoi m’empêche-t-elle de continuer de vivre comme d’habitude ? Plus rien n’est pareil depuis ces quelques jours… Plus rien…

Il arrêta, se sentant mieux. Il ne pouvait pas continuer non plus, sinon son inconnue ne retrouverait pas son mot. Il reprendrait plus tard. Le moment était venu de lui laisser la place. Ce n’était plus à lui de jouer. Quoique, au moment où il le reposait, une question lui vint en tête et il ne put s’empêcher de la pauser. Mais la verrait-elle à la suite de son invention ?

Pourquoi entre ces deux livres en particulier ?

» [i] Ne peut-on pas prendre un bain tranquillement ? (Augustus Miller)
» Le ballet peut se tenir en bien des lieux... [Corban]
» Je n'aime pas les dragées, mais on peut bien faire une exception...
» Comme les facettes d'une même pièce [Barty Croupton Jr]
» [Libre] Prendre l'air.

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