Citation :

Minerva,

Nous n’avons pas eu le temps de se parler depuis cet été. Je sais que les derniers évènements ont été très éprouvants pour toi. Et je sais aussi que tu t’inquiètes beaucoup de l’état de santé de ta mère. Je lui rends régulièrement visite et veille à ce qu’elle prenne les potions recommandées par les médicomages. C’est une épreuve difficile que traverse notre famille. Pour être sincère j’ignore si nous en sortirons plus grandis ou au contraire déchirés. En ce qui me concerne j’ai décidé de ne plus être esclave de notre sang.

J’ignore sous quel jour l’on te parlera de ma trahison mais saches que ma vie prend enfin un sens. Ne sois pas trop dure avec Miranda.

Tu sais où me trouver si nos liens signifient encore quelque chose pour toi.

Melody Moon.

Cela faisait trois jours maintenant qu’elle avait reçu ce hibou. Hibou bientôt suivi d’autres venus lui annoncer la nouvelle sur un autre ton. La venue de son oncle Alphard avait été un évènement exceptionnel annonciateur de sombres nouvelles. Miranda était entrée la tête haute, le regard fier et puis… Plus de nouvelles ! Une ombre, une chevelure blonde qui brille avant de disparaître à l’angle d’un couloir, une silhouette qui file. La rouquine cherchait sa jeune cousine, elle voulait lui parler, Miranda savait sûrement pour la lettre de Melody, elles qui étaient si proches ! Mais Miranda se terrait, la colère du père avait dû être terrible et la mélancolie de l’adolescente l’emporter.


L’heure du couvre-feu n’allait pas tarder mais Minerva sentait les réponses affluer en elle. Alors, certaine d’être entendue, Minerva avait demandé ce petit service à Alshaïn. Entre cousines ça ne se refusait pas. Elle monta les marches, sa robe noire se fondant dans le décor, son parchemin dans une main, sa baguette dans l’autre. Un cri attira son attention et la fit sursauter. Méfiante, elle s’avança doucement, passa la tête discrètement et…

- Dorcas ?! Ton poignet saigne fit-elle un peu surprise de constater qu’elle ne serait pas seule.

Les lieux puaient la volaille à plein nez. Chichiteuse comme elle l’était, Minerva fit une drôle de grimace en sentant la semelle de sa ballerine s’enfoncer dans quelque chose de mou. Elle pinça les narines, dégoutée d’avoir mis le pied sur une fiente toute fraîche. Ses jolies ballerines ! Fichues ! Minerva sortit sa baguette et d’un sortilège informulé effaça cette insulte caca d’oie.

Meadowes se débattait, et c’était le cas de le dire, avec un hibou plutôt agité. Elle saignait mais ça ne semblait pas la gêner outre-mesure. La vue du sang en revanche ne laissait pas la rouquine indifférente. Elle détourna les yeux, cherchant du regard son hibou lorsque la blonde se mit à lécher sa plaie. Ce geste l’écœurait mais elle n’en laissa rien paraître.

Citation :

"Ouais j'avais senti, merci"

Elle se garda bien de répondre, tout aussi gracieuse car la grande perche sentait bien que Dorcas n'était pas d'humeur. Et puis provoquer des disputes allait à l'encontre de son naturel conciliant.

Citation :

"Dis… ça te dirait de m'attraper une de ces choses"

Quelle merveilleuse idée! Tellement merveilleuse que Minerva en souriait jusqu'aux oreilles... Hormis son hibou, docile et doux, elle ne supportait pas ces bestioles. Non pas qu'elle ai une dent contre eux, mais leur odeur, les fientes, les plumes; bref, tout ça ce n'était pas pour elle.

Citation :

"…On s'entend pas à merveille tu vois"

- Nos hiboux ont l'air de plutôt bien s'entendre dit-elle en désignant le hibou grand-duc aux belles plumes marron, noires et beiges qui se tenait bien droit, dans l'attente d'un ordre de sa maîtresse. Elle tendit le bras et le hibou grand-duc déploya ses ailes pour se poser sur le rebord d'une fenêtre.

- Je ne te garantie rien, mais peut-être qu'avec un petit biscuit...

Elle en tendit un au hibou de Dorcas qui en guise de réponse s'envola pour aller plus loin encore. Dépitée, Minerva donna la friandise au sien.

Le hibou grand-duc, elle s’en souvenait comme si c’était hier lui avait été offert par son grand-père. Un hibou d’un aspect noble, fier et docile à la fois, un hibou qui conviendrait à une enfant craintive et peu désireuse de voir un animal prendre trop de place. Mais cet hibou était fait pour elle. Jamais elle n’était parvenue à se faire obéir d’un autre rapace.

Citation :

"Oh cette "chose" n'est pas à moi..." "…c'est un des hiboux de l'école"

Le rapace protesta par un ululement, visiblement vexé d’être nommé avec aussi peu de considération. Il est vrai qu’il n’avait pas fier allure face au grand-duc.

Citation :

"on aura au moins essayé… merci quand même."

- C’était prévisible, en dehors de mon hibou aucun de ces rapaces ne m’obéit fit-elle d’une petite voix piteuse.

Citation :

"Hourra j'ai donc gagné le droit de tenter ma chance avec un autre"

Minerva opina d’un hochement de tête sans pour autant proposer son aide à Dorcas. Elle n’avait aucune envie d’entrer en contact avec des hiboux étrangers. Qui sait où ils avaient pu traîner et quels microbes rapporter… En attendant le sien patientait sans manifester de signe d’agacement . Dorcas s’approcha de quelques hiboux, tendit la main et provoqua un concert de ululements et de battements d’ailes. Instinctivement Minerva se protégea la tête, allant même jusqu’à reculer d’un pas. Son hibou grand-duc ulula, battit des ailes en lançant un regard furieux à ses congénères. Seul un rapace, d’un aspect misérable d’ailleurs ne bougea pas. Le pauvre oiseau ne devait pas être choisi souvent car il témoignait d’un certain empressement, voire de reconnaissance…

Citation :

"C'est pas malin, si on se fait choper par Picott, notre sablier va se faire doublement vider,

Tu avais aussi une lettre urgente à poster"

Moon se permit un petit sourire qui s’effaça bien vite en pensant à Picott et la crise que piquerait Alshaïn si elles se faisaient pincer.

- Prends mon hibou, il est rapide et sûr, cette pauvre bête m’a l’air au bout du parchemin proposa-t-elle en réponse à leur situation avant de conclure, Ma lettre peut attendre demain.

Citation :

"T'es sur?"

Dorcas parût sincèrement étonnée de la proposition de la rouquine. Celle-ci n’était guère surprise. Les serpentards n’étaient pas réputés pour leur générosité exemplaire et puis un hibou ça pouvait être très privé pour certains.

Citation :

"Eh bien… merci beaucoup"

Minerva eût un sourire doux à l’attention de Dorcas, un sourire qui n’avait rien de narquois, supérieur ou encore méprisant. Un sourire d’égal à égal qui reflétait sa douceur parfois bien cachée derrière ses airs de petite fille gâtée.

- De rien répondit-elle simplement.

Du regard Dorcas chercha l’approbation silencieuse de Minerva. A nouveau elle lui sourit mais cette fois pour l’encourager. C’était plus drôle cette impression de se reconnaître en un autre. Sa position lui convenait tout à fait, et d’ailleurs, hormis son hibou, elle n’avait d’autorité sur aucun autre. Le rapace saisit le rouleau de parchemin d’un coup de bec autoritaire mais en prenant soin de ne pas blesser la jeune femme blonde.

Citation :

"Il veut ton accord apparemment..."

Il tourna sa tête vers sa maîtresse, son regard perçant attendant un ordre. Minerva s’approcha du hibou grand-duc et d’une brève caresse sur le dos lui permis de réaliser cette course. Le hibou prit alors son envol, ses ailes majestueuses déployées. Bientôt il ne fût plus qu’un minuscule point de plus en plus difficile à identifier.

- On devrait filer maintenant, sinon on risque de croiser les autres préfets dit-elle d’un air entendu, sous-entendant la complicité évidente de sa cousine Alshaïn.

Melody était quelque part dans un coin de sa tête. Sa cousine n’aurait pas approuvé leur situation actuelle. Non, Melody était trop honnête, trop pétrie de bons sentiments, scrupuleuse et même psychorigide pour ça. Bref, c’était le genre de situations qui lui auraient valu les reproches de son aînée. Sans même qu’elle soit dans la même pièce Minerva en vint à penser que décidément, quoiqu’elle fasse, sa famille la poursuivait d’une manière ou d’une autre. Toutefois il y avait aussi des avantages à naître Moon et tous ses parents ne prenaient pas autant de plaisir à faire appliquer la loi. La preuve en était avec sa petite cousine Alshaïn, une parente éloignée.

Citation :

"Bon, allons y alors"

Minerva approuva d’un signe de tête. Elle avait beau bénéficier de la complicité de Miss Rookwood, le hasard ferait bien ce qu’il voudrait de son cas. Et d’ailleurs Alshaïn était assez peu considérée et appréciée par ses collègues pour qu’ils ne lui accordent leur confiance. Ils feraient vite le rapprochement s’ils apercevaient la chevelure rousse d’une Moon dans les parages. Entrainée par Dorcas, Minerva prit le chemin du dortoir en croisant les doigts pour qu’Alshaïn soit toujours dans le coin. Tout au fond de sa poche, là où il faudrait littéralement lui passer sur le corps, se trouvait sa réponse à Melody. Comme toujours le sujet était classé secret défense, les secrets des Moon ne concernaient que les Moon. Pourtant il n’y avait pas de quoi en faire un drame, mais en ces temps troubles mieux valait que certains individus ignorent les sentiments de Melody.

Les deux sorcières marchaient depuis quelques minutes déjà lorsqu’un premier bruit se fit entendre. Minerva tendit l’oreille, incertaine mais réalisa bien vite qu’elles n’étaient plus seules. Dorcas l’entraîna sans un mot dans une course folle qu’elle suivit sans peine portée par ses longues jambes. Elle n’osait se retourner, de peur de voir dans leur dos la figure enragée d’un préfet et suivait Meadowes sans poser de questions. Elles finirent par se retrouver coincées dans un cul de sac. Leur seul espoir consistait en une porte qui renfermait certainement des vieilleries… Dorcas l’ouvrit et la referma sur elles.

Pliée en deux par l’effort, Minerva avait une main sur son point de côté qui lui faisait atrocement mal et une autre sur son crâne dans l’espoir vain de ne pas salir ses cheveux. La situation était grotesque. Coincée entre Dorcas dont la petite taille lui évitait bien des inconforts et tout un tas de balais et autres choses, Minerva souffrait. Elle ne pouvait pas se redresser sans que son crâne ne heurte durement des planches dont le contenu risquait de se déverser sur elle, pas plus qu’elle ne pouvait étendre ses jambes. Bref, c’était l’horreur… Les voilà coincées dans un placard à l’usage des elfes de Poudlard au vu de l’étroitesse du lieu…

Son dos lui faisait trop mal, toute tordue comme elle l’était, alors elle essaya de se redresser mais glissa sur un chiffon humide. Elle se rattrapa à une étagère qui céda. La garce ! La suite ne lui laissa même pas le temps de dégainer sa baguette. La matière visqueuse se déversa copieusement sur sa tête, coulant dans son dos… Elle plaqua une main sur sa bouche pour étouffer un cri, au bord de la nausée…


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Prises la main dans le chaudron, voilà ce qu’elles étaient ! Et avec ça puantes comme des fennecs ! Ce placard à balais, chiffons, plumeaux et autres curiosités n’était pas fait pour des girafes comme elles, bien qu’en réalité la seule girafe soit Minerva. Non, en fait, ce lieu servait d’entrepôt aux elfes de Poudlard. Il n’y avait qu’à voir la taille de ce cagibi tout juste assez grand pour y faire tenir droit dans ses bottes un élève de première année, et encore, qui soit plutôt petit. Et bien sûr Moon, avec son bon mètre 75 ne faisait pas l’affaire. Même toute courbée, tordue elle était décidément inadaptée au lieu et ce qui devait arriver arriva. Elle glissa et dans sa chute, si on pouvait appeler cela une chute elle entraîna une étagère qui par malheur n’était surtout pas à celle à décrocher.

Allez savoir ce que contenait ce pot. L’odeur était nauséabonde, la texture visqueuse et ses déductions peu sympathiques.

Citation :

Vous avez une idée de l’heure qu’il est ? C’est moi que vous fuyiez comme ça ? Faudra courir plus vite la prochaine fois ! Vous savez très bien que vous avez interdiction formelle de circuler dans les couloirs après le couvre-feu, les filles ! Cinq points de moins à serpentard, pour chacune

La porte de leur cachette s’ouvrit à la volée. Minerva n’eût guère le temps de sortir sa baguette pour se donner une allure moins dégoutante que déjà Velazquez, la préfète des poufsouffles les rappelait à la réalité… Bien que faîtes comme des lutins, la sanction n’était pas sa priorité immédiate.

Citation :

"5 points chacune?!!" "On pourrait peut-être avoir une réduction de groupe?"

Par la culotte de Merlin ! Ne pouvait-elle pas se taire ? Perdre 5 points n’était certes pas un drame en soi, mais provoquer une préfète n’arrangerait pas leurs affaires. Gênée, à la fois par la réaction de Meadowes et sa propre puanteur, elle se tourna vers cette dernière, l’air furieuse, mais digne. Elle ouvrit la bouche, la referma, l’ouvrit à nouveau mais ne trouva rien de pertinent. Maintenant qu’elle avait un aperçu de leur allure Minerva comprenait mieux le fou rire de Dorcas.

- Velaz… Deidre, elle se ravisa, jugeant peut-être préférable de l’appeler par son prénom, Ce que Dorcas essaie de te dire c’est que…

Un regard de côté à ladite Dorcas lui fit changer d’avis. Elle plongea alors sa main dans sa poche très lentement et poursuivit d’une voix calme qui tranchait avec le fou rire de Meadowes.

- Je vais sortir ma baguette et nous débarrasser toutes deux de ce truc… Elle fit une moue dégoutée en sentant le liquide en question couler dans sa nuque, Verdâtre et franchement puant. Je crois que nous sommes toutes trois d’accord sur ce point, n’est-ce pas ? Alors veux-tu que je le fasse ou préfères-tu lancer le sortilège toi-même ?


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"La main dans le sac" = La main dans le chaudron
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"Fait comme un rat" = Faîtes comme des lutins