Un rayon de soleil perçait à travers les rideaux tirés de la chambre de Gideon et vint le réveiller en éclairant désagréablement ses paupières closes. Il se redressa à peine pour sortir ses pieds nus de dessous la couette et les poser sur le sol froid. Émergeant doucement assis sur le bord du lit, il tenta de se souvenir de quel jour il était et ce qu'il avait prévu de faire. Samedi... Week-end donc aucun cours aujourd'hui, mais une dissertation à finir pour un cours sur les sorts d'attaque de niveau 3 et puis un sort de camouflage pour lequel il devait s’entraîner. Et quelque chose qu'il avait l'impression d'oublier mais qui ne devait pas être si important. Dans l'espoir de se remettre les idées en place, il se dirigea dans la salle de bain et régla l'eau sur une température assez chaude. Il s'écarta rapidement du jet d'eau quand il faillit se brûler... Depuis le début de l'année qu'il vivait dans cet appartement du quartier moldu de Londres, il n'avait jamais réussi à se faire au système de la douche. Poudlard et son dortoir dans la tour Gryffondor lui manquaient.
Poudlard ! C'était ça ! Il y avait la sortie à Pré-Au-Lard aujourd'hui, c'était Fabian qui lui en avait parlé dans sa dernière lettre. Il espérait bien y croiser quelques personnes encore à Poudlard... Et plus exactement, une personne en particulier. Son brin de toilette finit, il se précipita dans sa chambre, totalement réveillé... Enfin, pas au point de ne pas se prendre le petit orteil dans le pied de son bureau où de nombreux livres et parchemins s'entassaient. Jurant et sautant à cloche pied jusqu'à son armoire, il dénicha un sweat-shirt rouge et des chaussettes propres, récupéra son jean sur sa chaise de bureau, attrapa sa baguette sur sa table de nuit et fila dans la deuxième pièce de son petit appartement pour retrouver son bonnet rouge et bleu posé sur la table à côté d'un paquet de chocogrenouilles fini. Le rangement n'était pas son fort, sa mère allait piquer une crise quand elle viendrait lui rendre visite... demain ?! Et mince, il allait passer sa nuit entre ses devoirs et le rangement !
Tant pis, ce n'était pas la question pour le moment. Où était sa deuxième boot à lacets, bon sang ? Oh, juste dans la plante verte, logique... Son manteau bleu foncé était sur le porte-manteaux et il était bien le seul à sa place. Enfin prêt, il transplana directement dans une des ruelles de Pré-Au-Lard. Il faisait assez froid dehors et après quelques mètres, il regretta de ne pas avoir pris une écharpe ou des gants. Mais il oublia rapidement ses doigts engourdis quand il aperçut des jambes vertes, un vert qui lui rappelait étrangement une jolie robe cet été dans une certaine fête foraine. Il se rapprocha de la demoiselle dont il connaissait trop bien la silhouette pour l'avoir observé consciemment ou non des heures durant et arrivé à sa hauteur, il fit la même chose qu'elle même lui avait fait ce jour là à Flaneuse-la-Doxy, il posa ses mains sur ses yeux.

« Devine qui c'est... »

Il était tellement heureux de la revoir que s'il n'avait pas voulu maintenir le suspens un peu plus longtemps, il l'aurait carrément pris dans ses bras pour fourrer son nez dans ses cheveux avant même qu'elle se rende compte que quelqu'un était en train de l'aborder comme un sauvage. Elle posa ses mains sur les siennes et il ne sentit plus du tout le froid lui engourdir les doigts. Son coeur fit un bond quand elle prononça son nom dans une exclamation et alors qu'elle s'accrochait à son cou, il la souleva de terre pour tourner sur lui-même. Il la reposa à terre avant de se casser la figure mais son immense sourire faisait toujours trois fois le tour de son visage. L'euphorie et le bonheur de la voir aujourd'hui se combinèrent à une pointe de nervosité.

« Je... Je passais par ici, par hasard... Tu me manques... » bafouilla-t-il un instant avant de rapidement se reprendre avec un grand geste qui englobait Pré-Au-Lard et le château qu'on voyait au loin. « Enfin, tout ça me manque, Poudlard, les sorties à Pré'O, l'ambiance dans les dortoirs, les repas dans la Grande Salle... »

Il baissa les yeux sur ses chaussures, nerveux, mais retrouva très vite les yeux bruns de Deidre, bien décidé à les fixer aussi longtemps qu'il le pourrait avant de ne plus pouvoir la voir avant un moment.

« Après le camp, je suis retourné un peu chez moi et puis, j'ai déménagé juste avant la rentrée... A Londres... Rien de bien fantastique quoi... Et euh, et toi ? »

Bizarrement, il perdait tous ses moyens alors qu'il avait passé la soirée d'hier à imaginer ses retrouvailles avec Deidre sans même être sûr de la croiser aujourd'hui.

« Ahah, ouais, ça me fait étrange aussi... » Il avisa les sacs de la poufsouffle et changea de sujet. « Tu fais des achats, à ce que je vois ? »

Une bourrasque gelée vint glacer un peu les joues de Gideon et soulever les cheveux de Deidre. On était mi-octobre mais il faisait déjà assez froid sur tout l'Angleterre. Peu désireux de les voir tous les deux la goutte au nez à la fin de la journée, Gideon proposa à Deidre de se mettre à l'abri.

« Ça te dit de discuter au chaud, autour d'une bonne bieraubeurre ? »

Les Trois Balais étaient assez bondés mais Gideon avait réussi à dégager un passage jusqu'à la cheminée et ils avaient pu s'installer juste à côté. Il régnait un tel bruit dans l'auberge de madame Rosmerta que pour pouvoir parler et entendre Deidre, Gid était obligé de se pencher tout près d'elle au dessus de la petite table. Il était loin de regretter d'être aussi proche d'elle, au contraire il était plus que ravi. Il l'observa boire une gorgée de sa Bieraubeurre et il aurait tout donné pour être à la place de sa chope et pouvoir déposer ses lèvres sur les siennes. Il fut sortie de ses pensées quand elle lui posa une nouvelle question. Il se laissa le temps de trouver une réponse adéquate en buvant une gorgée de sa boisson avant qu'elle ne refroidisse. Il avait bien envie de tester quelque chose.

« Ahah... Si tu veux tout savoir, oui... »

Il laissa sa phrase en suspens une seconde pour détailler l'expression de Deidre et essayer d'y déceler une trace de jalousie... Il espérait tellement en détailler une que quoi qu'elle fasse, il l'aurait pris comme tel avant de se dire juste après qu'il avait rêvé.

« … Elle s'appelle Eleanor Green... »

Il a levé sa bieraubeurre jusqu'à ses lèvres pour boire une nouvelle gorgée et l'a reposé doucement avec un petit sourire taquin.

« … Elle a environ cinquante ans, est professeur de Théorie en Défenses Contre les Forces du Mal et donne plus de travail que tous les autres professeurs réunis. En fait, elle n'égaye pas vraiment mes journées même si c'est parfois passionnant mais en tout cas, elle les remplit très bien ! »

Gideon adorait les cours qu'il avait, surtout que tous allaient lui servir pour devenir Auror et même si les professeurs étaient sévères et donnaient beaucoup de travail, c'était nécessaire et il aimait assister au cours. Il faisait partie des meilleurs élèves de sa classe et même si ses études ne faisaient que commencer, il avait grand espoir de réussir le concours. Sans compter que tout ce qu'il apprenait lui servait déjà pour les missions au côté de l'Ordre du Phoenix.

« Et toi alors ? Ca se passe comment à Poudlard ? »

Il avait faillit demander "un petit copain ?" mais il avait un peu peur que la réponse soit positive (il rigolait moins soudainement).

Ça lui mettait du baume au cœur de voir Deidre rougir comme ça alors qu'il se jouait d'elle. C'était forcément du rouge jalousie qui pourprait ses joues mais de là à en conclure qu'elle était amoureuse de lui... Quand il s'agissait d'histoire de cœur, Gideon était souvent lent à la comprenette. Pourtant s'il voulait savoir s'il avait une chance ou non avec Deidre, il fallait bien qu'il bouge ses fesses à un moment ! Un grand sourire toujours sur le visage, il appuya sa tête contre son poing en l'observant, parfaitement satisfait de sa réaction – le rouge aux joues et le soudain étouffement.

Il écoutait à moitié ce qu'elle disait à propos des professeurs intéressants – on savait tous que Binns n'en faisait pas parti – trop occupé à filtrer les mots « petit-copain » ou « amoureux » ou quelque chose comme ça. Ça l'aurait tué mais en même temps, il se disait que si elle sortait avec un garçon, il n'y avait pas de raison pour qu'elle soit jalouse quand il lui racontait sa folle non-histoire d'amour avec Madame Green. Et puis si elle avait un copain, elle ne serait surement pas en train de boire une bieraubeurre en tête à tête avec Gid. Il y avait tellement de bruit aux Trois Balais qu'il a faillit ne pas entendre ce qu'elle a dit en dernier mais il était tellement concentré sur elle qu'il aurait pu lire ce qu'elle disait sur ses lèvres – s'il avait su faire ça, sauf qu'avec Fabien ils s'étaient entraînés toute leur enfance mais les résultats étaient peu concluants.

« Tu sais, même si t'es pas là à côté de moi tous les jours, t'es quand même un peu là... Enfin, voilà, loin des yeux ça veut pas dire loin du cœur... »

Il n'arrivait pas à croire qu'il avait pu sortir un truc comme ça. Apparemment, les deux élèves de Troisième année qui étaient installés à même pas un mètre de là non plus parce qu'ils se sont esclaffés comme s'ils venaient d'entendre la meilleure blague de l'univers. Gideon leur a lancé un méchant regard et il a toussé pour cacher sa gêne face à Deidre. C'était si pitoyable.

« Euhm... Ouais... Euh... Elle est bonne cette bieraubeurre ! »

De pire en pire. Il a plongé son nez dans sa chope pour boire à grandes gorgées ce qu'il restait de sa boisson et réfléchir au meilleur moyen de disparaître en simplement clignant des yeux. C'est dans ces moments là qu'on se dit que les Cours de Camouflage, ça devrait pas servir qu'en mission.

Gideon avait bien vu que Deidre avait l'air déçue après qu'il ait sorti sa remarque forte intéressante sur la bieraubeurre. Il se sentait encore plus stupide d'avoir dit ça pour cacher sa gêne, il aurait mieux fait de se taire mais il avait préféré dire un truc totalement à côté de la plaque pour que Deidre se sente pas obligée de dire quelque chose au cas où elle ne pensait pas vraiment à lui, quand elle était à Poudlard. Il n'était pas spécialement doué pour parler aux filles, encore moins pour les comprendre, c'était le sang anglais qui coulait dans ses veines qui devait faire ça.

Mais bon sang, il avait été à Gryffondor ! Ça lui revenait soudainement, le Choixpeau l'avait mis là-bas, certes parce qu'il était assez fou pour briser toutes ses chances avec la fille qu'il aimait plus que tout, mais surtout parce qu'il était courageux. C'était le moment de montrer qu'il était un digne représentant de Godric Gryffondor... Sauf qu'à tous les coups, Godric devait faire craquer toutes les demoiselles en claquant des doigts. Il devait avoir une assurance de dingue que Gid n'était pas sûr et certain d'avoir.

« J'ai une théorie. Le fait que je sois venu à Pré-Au-Lard pile le jour de la sortie des élèves de Poudlard... Et qu'en plus, je sois tombé par hasard sur toi à peine arrivé... Ça ne peut pas être une véritable coïncidence. »

D'accord, il était venu à Pré-Au-Lard parce que Fabian lui avait dit qu'une sortie était prévue aujourd'hui, mais le deuxième hasard en était vraiment un !

« Et maintenant que j'y pense, je crois que tu étais dans mon rêve cette nuit... Un rêve très bizarre où tu faisais pousser un géranium à côté d'un ananas... Et Garance faisait la danse de la pluie à côté pour l'arroser... Mais passons... »

Il n'était plus certain que c'était un géranium mais en tout cas, c'était quelque chose comme ça. Au moment où il disait ça, il ne savait pas du tout comment il allait finir la théorie qu'il était sensé lui exposer. Vive l'improvisation...

« Enfin bref, tout ça pour dire qu'on était obligés de se voir aujourd'hui. Peut-être que si je rêve de toi toutes les nuits, que je passe à Pré-Au-Lard tous les jours et qu'à la prochaine sortie à Pré'O tu te retrouves comme par hasard devant la même boutique, peut-être alors qu'on peut refaire cette triple coïncidence... »

Ça ne voulait absolument rien dire ça, mon cher Gideon. Il faudrait être plus clair s'il voulait vraiment qu'elle saisisse ce qu'il disait... Pas qu'elle soit bête, mais plutôt que lui était complètement en train de perdre le fil de sa propre histoire...

« 'Fin, ce que je veux dire... C'est que je me demandais si à la prochaine sortie, on pourrait se revoir... … … Un rencard quoi... »

On avait vu plus romantique comme façon de demander un rencard. Il la regardait avec de grands yeux, inquiet qu'elle refuse et qu'il se ridiculise, ses doigts serrés autour de sa bieraubeurre vide.

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500 mots.

Quand il a eu fini l'explication de sa théorie, Gideon n'a pas quitté Deidre des yeux une seule seconde en attendant sa réponse qu'il espérait positive... Si elle refusait son invitation ou trouvait une fausse excuse, ses espoirs seraient réduits à néant mais au moins, il saurait qu'il n'avait aucune chance avec la jolie poufsouffle. Il n'aurait alors plus qu'à attendre que ses sentiments pour elle s'éteignent ou bien à vivre avec eux sans qu'ils ne soient un jour réciproque.
Deidre a un peu plus rougi et lui a souri... Et elle a dit oui ! Gid s'est senti bien léger soudainement et il avait un sourire jusqu'aux oreilles. Ils avaient un rencard... Un rencard !

« Chouette ! » a-t-il dit à la fois pour manifester sa joie et pour se moquer (un peu) de Deidre qui ne semblait avoir que ce mot à la bouche aujourd'hui.

Maintenant qu'il n'était plus dans le doute complet concernant les pensées de Deidre à propos de Gideon, il était beaucoup plus rassuré et plus du tout stressé ou gêné.
Il a posé ses yeux sur la main de la jeune femme et en reposant son regard sur elle, il a eu envie de lui dire qu'il l'aimait ou qu'il avait envie de l'embrasser mais c'était peut-être aller trop vite et il ne voulait rien gâcher. Il voulait profiter de chaque instant et prendre son temps. Il a rebaissé les yeux sur leurs mains et tout doucement il a emmêlé ses doigts avec ceux de Deidre. Elle avait la peau douce et il se sentait juste à sa place, comme si l'espace entre ses doigts n'attendait que ceux de la poufsouffle.

« Oui, ça me dit bien... On ira se promener ! »

Gideon avait envie de sourire comme un abruti depuis maintenant cinq bonnes minutes. Depuis qu'elle avait accepté pour le rencard et encore plus depuis qu'ils avaient leurs doigts entrelacés. Il était comme sur un petit nuage, si bien qu'il lui a fallu plusieurs secondes pour que la question que Deidre lui posait parvienne jusqu'à son cerveau.

« Oui... C'est provisoire normalement parce que c'est tout petit... »

Il se prit à s'imaginer l'année prochaine dans un appartement plus spacieux et... Deidre vivant avec lui, la routine s'installer, le bisou au réveil et le bisou au coucher, se brosser les dents en s'observant dans le miroir de la salle de bain et lui préparer un petit déjeuner le dimanche matin... La perfection dans la simplicité. Mais pour l'instant, ils étaient encore aux Trois Balais et surtout pas encore ensemble.

« Londres, c'est... totalement différent du village où mes parents vivent. Les londoniens sont étranges et pas vraiment chaleureux, je trouve... Enfin, c'est beaucoup plus individualiste, la ville. C'est une masse de personnes qui ne se connaissent pas, qui se croisent tous les jours et qui ne se connaitront surement jamais... Mais je m'y fais ! »

Il parlait et il jouait un peu avec les doigts de Deidre comme si c'était ce qu'il y avait de plus naturel au monde. Elle lui a dit qu'il avait une goutte de biéraubeurre sur la joue. Elle s'est penchée par dessus la table et il s'est senti fondre quand elle a posé ses doigts sur sa joue. Et les yeux dans les yeux, séparés par seulement quelques centimètres, le temps s'est suspendu. Son regard volant entre ses lèvres et ses yeux bruns, Gideon en oubliait carrément son propre prénom. Il lui semblait avoir perdu pied pendant cinq bonnes minutes mais ça ne faisait que dix secondes à peine quand il a commencé à s'approcher de la poufsouffle pour déposer ses lèvres sur les siennes, sans même réfléchir qu'il l'embrassait.

Un véritable feu d'artifice venait d'exploser dans la tête de Gideon. A la table voisine, les deux élèves de Troisième année pouffèrent un peu et rougirent en murmurant que ce n'était pas trop tôt. Gid se serait occupé de leur jeter un regard noir s'il n'avait pas été occupé à la plus merveilleuse des activités. Activité à laquelle Deidre mit un terme après un petit moment. Gideon se passa la langue sur les lèvres et sourit comme un bien heureux (ce qu'il était). Il enfila lui aussi son manteau et attrapa les pièces que la poufsouffle venait de déposer sur la table pour les remplacer par quelques unes qu'il avait dans la poche. Ce qu'elle pouvait être agaçante à toujours tout payer avant qu'il n'ait eu le temps de réagir ! Il s'est laissé entraîner vers la sortie et a glissé les mornilles dans la poche de Deidre dès qu'il en a eu l'occasion. Dès qu'ils réussirent à échapper à la foule qui se bousculait dans le pub des Trois Balais, la tornade brune l'entraîna un peu à l'écart et reprit aussitôt leur activité un peu plus tôt abandonnée. Glissant une main dans les longs cheveux de la poufsouffle, il répondit au baiser avec fougue et ne se sépara d'elle que quand ils furent tous les deux à bout de souffle. Il a chuchoté à son oreille.

« Je veux que cette journée ne se termine jamais. »

Pourtant il faudrait bien qu'ils se séparent, l'une pour regagner Poudlard, l'autre son petit appartement de Londres. Mais Gideon n'en avait pas du tout envie, il ne voulait plus la laisser filer maintenant qu'il savait que Deidre ne le considérait pas que comme un ami.