C'était un samedi particulier : au lieu de se lever comme à son habitude pour faire ses devoirs ou se rendre à la serre, Luzia avait revêtu sa cape et son écharpe aux couleurs de sa maisons.
Lorsqu'un match de quidditch était prévu, tout le château était en effervescence - même les professeurs semblaient tolérer quelques écarts de comportements. C'est donc joyeuse qu'elle suivit sa cousine et ses amis vers le terrain de quidditch.

Elle le savait à présent : son écharpe d'un jaune chaleureux égayait sa cape sombre - c'était un véritable signe annonciateur de la victoire. Y habian ganando el partido ! Contre Serpentard ! Elle se souvenait encore de certaines passes mémorables de la part des jaunes et de la moue boudeuse du capitaine de Serpentard lorsqu'il avait compris que son équipe perdait lamentablement.

A présent, les festivités débutaient dans la salle commune : les cris raisonnaient contre les murs, on faisait jaillir des étincelles multicolores des baguettes, les garçons se donnaient des accolades à se décoller la cage thoracique, les filles dansaient ou discutaient entre elles avec animation et d'autres s'affairaient à ramener des cuisines des gâteaux et des petits fours.

Luzia observait tout ce beau monde lorsque les joueurs, victorieux et dont le visage portaient encore les traces de leurs efforts, entrèrent dans la salle, provoquant un concert de félicitations.

- ON A GAGNNNNEEEEEE !!! ON A GAGNEEEEEE !!!!!!

La jeune fille se joignit aux applaudissements tandis que l'on commençait à servir la bièraubeurre.

Boire de la bièraubeurre faisait toujours le même effet à Luzia : la boisson piquante et forte lui rappelait toujours la première fois qu'elle en avait goûté, en troisième année, lors d'une de ses premières excursions à Pré-au-Lard. Novice, elle avait bu dans sa chope avec innocence et avalé de travers, surprise par l'amertume de la boisson.
Depuis, la jeune fille avait étendue ses découvertes au vin et préférait de loin le Vin du Sorcier que buvaient ses parents lors des repas importants. Là, en l’occurrence, ce vin était un luxe pour les soirées étudiantes et il fallait se contenter de ce que l'on avait sous la main.

La jeune fille, encore à côté du buffet, cherchait sa cousine du regard - elle ne l'avait pas vu depuis la fin du match et voulait absolument la féliciter pour ses performances ! Elle était fière d'être sa cousine et savait que dès le lendemain, elle écrirait à son oncle et sa tante pour leur raconter les prouesses de leur fille.

Elle était si perdue dans ses pensées qu'elle entendit à peine qu'on l'interpellait : une fille de cinquième année, la moue joyeuse et des étoiles plein les yeux, lui demandait de lui passer une bièraubeurre. Attrapant une bouteille, Luzia la lui tendit avec le sourire et but une autre gorgée.

Elle ne comprit pas ce qu'il se passa ensuite - on la percuta suffisamment fort pour que le contenu de sa bouteille, au lieu de couler dans sa bouche, atterrît sur son pull blanc.

- Cuidado ! s'exclama-t-elle avant de se rendre compte que la personne qui l'avait percutée n'était autre que la fille à qui elle avait passé une bouteille.

- Je suis vraiment désolée, dit cette dernière précipitamment. Je ne voulais pas trébucher comme ça, je vais t’aider à essuyer !

Luzia regarda autour d'elle et vit que d'autres élèves étaient déjà en train de les observer. Elle devait avoir l'air bien avec son haut dégoulinant de liquide jaunâtre qui coulait à présent sur son pantalon et venait éclabousser le sol de salle commune. Hébétée, elle laissa dans un premier temps la fille s'affairer à l'essuyer, se répandant en excuses.

Mierda ! Pourquoi fallait-il que ça lui arrive à elle, de se payer la honte devant TOUS les Pousouffle réunis ?!

- Laisse, dit-elle un peu sèchement à la fille, je vais aller me changer.

Elle allait tourner les talons mais se ressaisit et, soupirant, elle lui dit :

- Ce n'est pas grave, mais fais attention la prochaine fois. Les gens apprécient moyennement d'être arrosés de la sorte.

La jeune fille savait qu'elle était un peu dure mais elle avait tellement honte qu'elle ne pouvait s'empêcher de lâcher ces paroles. Elle savait aussi qu'elle pouvait très bien lancer un sort de nettoyage pour que son pull redevienne blanc comme neige, mais sachant qu'elle était énervée, elle ne voulait pas rater son sortilège au risque de se ridiculiser davantage.

Elle posa sa bouteille de bièraubeurre - vide, désormais - sur le buffet et, aussi vite qu'elle le pût, elle se précipita dans son dortoir.

Spoiler:

Luzia avait finalement changé de haut et avait opté pour un tee-shirt noir - comme ça, on ne s’apercevrait même pas si quelqu'un lui renverse de nouveau son verre dessus. Enfin, la voilà qui redescendait les marches de son dortoir, prête à regagner la Salle Commune..

La rumeur qui lui parvenait s'était amplifiée - signe que de nombreux autres Pousouffle s'étaient joints à la fête. Peut-être que Deidre avait enfin décidé de se montrer ! Luzia la chercha du regard, se demandant ce que sa cousine pouvait bien faire ! Était-elle restée avec Garance à la suite du match ?

La jeune fille s'était arrêtée devant le buffet et se saisit d'une meringue avant de s'éloigner par mesure de prudence.

Bon, songea-t-elle, et si j'allais voir Charlie ? Il devait être tout fou de la victoire de Pousouffle et Luzia voulait absolument voir sa joie !