Les mains dans les poches de mon pantalon, je marchai devant avec Sirius, tandis que Peter et Rémus nous suivaient, non loin de nous. Hilares, Sirius et moi débattions du meilleur tour à jouer aux Serpentard et nous nous mîmes très vite d'accord sur le fait qu'en trafiquant quelques boules puantes, il y avait moyen de bien rigoler.
— Euh... Peter, pourquoi tu es là...? fit alors Rémus, nous sortant de notre délire.
— Ha ha, Lunard ! T'as la mémoire qui flanche ? dis-je en riant. C'est toi qui as voulu qu'il nous accompagne, j'te rappelle !
— Non mais tout à l'heure tu es apparu à cet endroit là ! Dans le dortoir ! C'est pas vrai je ne suis pas fou quand même ! insista-t-il, imperturbable.
Je me penchai alors sur la carte que Rémus nous montra à Sirius et à moi, sans voir la moindre anomalie. Je me reculai alors, haussant les épaules, prêt à balancer à Lunard qu'il devait, effectivement, tourner fou le coco, lorsque Sirius intervint.
— Cornedrue tu m'expliques comment tu fais pour être en train de jouer les voyeurs dans les vestiaires et être à côté de moi, non parce que faut que tu me dises comment faire.
— Hein ?! m'exclamai-je en arrachant la carte des mains de Patmol. C'est quoi ce délire ? On m'a piqué mon identité, ou quoi ? Et toi, Rémus ! Tu viens d'apparaître à la bibliothèque ! m'étonnai-je de nouveau en levant les yeux vers mes amis, puis en vérifiant que l'on n'était pas, justement, près de la bibliothèque.
Je retournai la carte alors dans tous les sens, la secouai même, espérant peut être y voir un changement, puis je me grattai le sommet du crâne, ne trouvant aucune explication à ce défaut de fabrication. Quand alors...
— Attendez... Peter dans le dortoir, moi dans les vestiaires, Rémus à la bibliothèque... La carte n'enregistrerait-elle pas les lieux où l'on se trouve le plus souvent ? Regardez ! Slughorn est représenté à la fois dans sa salle de classe et dans son bureau ! C'est ça ! La carte est dotée d'une mémoire ! En plus d'avoir notre intelligence... ajoutai-je en donnant un coup de coude, amusé, dans les côtes à Sirius.

Piqué au vif par la remarque de Peter, je lui jetai un regard assassin avant de remarquer un papier de bonbon dépasser de la poche de son pantalon.
— Si c'est le cas comment on va faire ? Et si elle s'était imprégné de nos caractères et qu'elle devenait têtue ou je ne sais pas trop quoi ? fit Sirius.
— Ou si elle se mettait à engrosser comme Peter, ajoutai-je vexé comme un pou, les sourcils froncés, un doigt pointé vers la preuve des goinfreries Queudver. Enfin bref. Il faudrait trouver une alternative, c'est peut être la « mémoire » qu'on lui a créée qui fait qu'on retrouve certaines personnes à certains endroits. Peut être qu'elle n'a pas besoin de mémoire pour faire ressortir nos personnalités, c'est peut être ça l'erreur qu'on a fait... Ou alors, une mémoire sélective, je sais pas !
Je regardai de nouveau la carte plus en profondeur et remarquai en effet une paire d'anomalies. Je ne fus pas étonné le moins du monde d'apercevoir le nom de Peter Pettigrow dans les cuisines étant donné qu'il ne fermait plus le bouton du haut de son jean depuis maintenant plusieurs semaines et Albus Dumbledore était à la fois dans son bureau et dans celui du professeur Slughorn a qui il devait probablement rendre une petite visite à l'heure actuelle.
— J'avoue butter un peu, là, dis-je finalement en tendant la carte à Rémus. Ha et faites gaffe, vous avez déjà fait une corne.

Au fond de moi, j'étais furax. Il fallait toujours que Peter se donne en spectacle et là, c'était vraiment gros. Me faire passer pour le méchant alors que c'était lui qui avait commencé à faire son malin, c'était vache. Du coup, je ne bougeai même pas un sourcil lorsqu'il se tira en pleurant. Rémus le suivi, c'était un bon gars mais moi, je l'avais encore en travers de la gorge. Ça me disait rien de passer pour le mec sans coeur, qui traite ses amis comme de la bouse alors qu'en fait, j'ai toujours été ultra sympa avec Peter. On lui a fait intégrer la bande, on lui a fait vivre des trucs qu'il n'aurait jamais pu vivre sans nous, et au final, il était vraiment ingrat et pas reconnaissant pour deux noises.
Du coup, je fis comme si je ne le vis pas partir, le regard rivé vers la carte que Rémus avait refilé à Sirius. Quand celui-ci me mis un coup sur l'épaule en me disant que j'abusais, je fis semblant de ne pas entendre, genre trop concentré sur la carte. Du coup, il changea de sujet.
— Avec tout ça, on ne sait toujours pas ce qu'elle a celle-là, tu crois qu'il va falloir tout recommencer ? demanda-t-il.
— Je ne pense pas, il faudrait voir pour lui retirer une partie de la mémoire, afin qu'elle se contente seulement du traçage, répondis-je en attrapant la carte des mains de Sirius. Fais voir, ça...
J'avais dans la tête une formule trouvée dans un des grimoires lors de nos nombreuses recherches. Il était question d'une mémoire sélective et en l'occurrence, c'était tout ce qu'il fallait à la carte. Elle ne devait se souvenir que des noms et des lieux, et non des habitudes des gens. Sauf que je ne me souvenais plus que d'une partie de la formule et tenter quelque chose sur la carte sans être certain de ce que l'on faisait pouvait lui être fatal.
— Il faut que l'on retourne à la bibliothèque, j'me souviens d'un grimoire sur la mémoire, il faut que je retrouve cette formule ! m'écriai-je en agitant la carte devant mes yeux. Tu m'suis ?
Et sans attendre la réponse de Sirius, je pris la direction de la bibliothèque. Comme si de rien était, comme si Peter n'avait jamais été là.