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A la croisée des chemins [Farkas H.]

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MessageSujet: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Sam 15 Juin 2013 - 0:13

Maxine frôla du bout des doigts le marbre froid. Glacé.
Encore un être aimé qu’elle perdait. Encore une tombe sur laquelle se recueillir. Alix reposait là-dessous à jamais, aussi gelée que la pierre. La vie était cruelle. Sans aucune pitié. Mais ça, la jeune Orwell le savait depuis bien longtemps.
 
Le soleil déclinait lentement, colorant le ciel d’un rouge sang. Maxine se redressa et balaya du regard les alentours. Personne. Elle était seule. La seule en vie du moins. D’où elle se trouvait, elle pouvait apercevoir le caveau Orwell. Aussi beau et impressionnant qu’était le tombeau familial, ceux qui y reposaient n’en restaient pas moins des cadavres. Froids et inertes, comme tous les autres.
 
Son visage était lisse et son regard placide. Un Orwell ne souffre pas. Il encaisse. Quoiqu’il arrive. Aussi intense qu’est la douleur, elle doit rester inexistante aux yeux du monde. Il en est de même pour la joie, la colère, la honte et tout autre sentiment pouvant faire de nous des êtres humains. Notre vie n’est que refoulement et dissimulation. Et aux yeux de vous tous, notre vie est parfaite. Bienvenue chez les Orwell.
 
Maxine sursauta, brisant le quart d’une seconde son masque de glace. Sa main se dirigea vers la poche de sa veste et en sortit sa baguette. Quelqu’un approchait. Dans l’ombre du crépuscule, elle ne voyait qu’une silhouette avancer lentement. Puis doucement, le visage de l’homme se dessina plus nettement. Un visage inconnu. Mais des yeux bleus dans lequel se reflétait la lumière rougeoyante du soir. Un bleu azur, glacé et dur…
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Sam 15 Juin 2013 - 20:39

Les crises s'alternaient avec de moments d'une froideur extrême, où il lui semblait de plus pouvoir rien ressentir. Perdre le contrôle était alors presque un soulagement, même si cela s'accompagnait de douleurs atroces lui vrillant le crâne, et d'une colère aussi violente que destructrice. Mais même si chaque crise le laissait un peu plus brisé, toujours plus perdu, au moins lui donnaient-elles l'impression d'être encore vivant. Car sans colère, sans haine, sans violence, sans rage, il n'était plus rien.


Quelques jours s'étaient passé depuis la mort d'Alix. Son départ de l'hôpital, les pleurs de la famille, l'enterrement... tout cela était noyé dans l'esprit de Farkas par une brume épaisse, où le temps n'avait plus vraiment de sens, où plus grand chose n'avait de sens en fait. C'était son corps qui avait repris le dessus le premier. Il avait recommencé à s'alimenter, à boire, et même à dormir. En dehors de ça, il passait le plus clair de son temps à errer dans le cimetière, passant des heures à gratter la terre du bout de ses doigts, s'éloignant dès que la tombe d'Alix recevait de la visite, puis revenant, attendant la prochaine crise qui ferait exploser la glace de ses veines. C'est lors de l'une d'elle, alors qu'il s'était recroquevillé dans un buisson en gémissant faiblement, la tête entre ses mains, qu'un semblant de sens commença à s'imposer dans son esprit. Il retrouvait un goût qu'il connaissait si bien, la vengeance... Sa logique absurde commençait à chercher des coupables, et soudain, une évidence s'imposa à lui. Il n'était pas mort, et pourtant il n'avait absolument plus rien à perdre, ce qui faisait de lui quelqu'un de plus dangereux que jamais.


En cette fin de journée, son calme froid revenu avait laissé une petite place au fond de lui à cette nouvelle certitude. Il prenait à nouveau le chemin de la tombe d'Alix lorsqu'il repéra une silhouette se tenant près de la pierre tombale. Il continua tout de même à avancer, et il était encore à une bonne distance quand la jeune fille sortit sa baguette. L'odeur qui lui parvenait par la légère brise du soir lui parut étrangement familière. Il ne s'arrêta pas, tentant de distinguer les traits qu'il voyait difficilement dans contre-jour de se coucher de soleil. Soudain, alors qu'il n'était plus qu'à une dizaine de mètres, il s'immobilisa et pendant l'espace d'un instant, il crut que son cœur allait s'arrêter. 

- Elena... souffla-t-il.

Mais moins d'une seconde plus tard, il s'était reprit, reprenant le dessus sur cet esprit si affaiblit qu'il avait cru pendant un instant reconnaître l'ombre de sa soeur décédée. Il faut dire que si cette dernière avait atteint l'âge de cette jeune femme, nul doute qu'elles se ressembleraient comme deux jumelles... Les même yeux, la même bouche... Des traits qu'il n'oublierait jamais, qui continuait de le hanter, mais qui était aussi ceux de son autre soeur. Maxine Orwell se tenait devant lui. Ce ne pouvait être qu'elle. Ils ne s'étaient jamais croisé, mais Farkas savait ne pas se tromper, même si c'était bien la dernière personne qu'il s'attendait à voir ici, seule. Etrange que son cher frérot ne soit pas dans le coin. Il regarda autour de lui et huma l'air pour en être sûr

- Qu'est-ce que tu fais là ?  demanda-il brusquement d'une voix rauque.
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Dim 16 Juin 2013 - 14:44

Figée sur place, Maxine était incapable de faire le moindre mouvement. L’homme aurait pu se jeter sur elle qu’elle n’aurait tenté de l’en dissuader. Sa baguette pointée sur Farkas Hitchens ne lui était d’aucune utilité. Prononcer la moindre formule, jeter le moindre sort, était bien au-dessus de ses forces. Car oui, elle en était certaine, il s’agissait bien de Farkas Hitchens. Certains signes ne trompent personne. Quand on nait Orwell, changer de nom ne suffit pas. Tout dans sa silhouette, sa façon de marcher et de la regarder trahissait ses origines. S’il avait pu grandir au manoir au sein de sa famille, sans doute aurait-il ressemblé comme deux gouttes d’eau à Jeremiah. A Franck. Mais les évènements en avaient décidé autrement… Il avait tué sa sœur. Leur sœur.
 
Il se tenait debout face à elle, le dos légèrement courbé, les épaules tombantes. Il y avait dans son regard quelque chose de sauvage. Quelque chose de l’animal indompté qui fascinait Maxine. Elle sursauta légèrement lorsque la voix de son frère résonna sur le marbre des pierres tombales. Dangereux avait dit Jeremiah. Dangereux. Mais la jeune Orwell ne pouvait fuir maintenant. Depuis qu’elle avait appris l’existence de ce frère, son rêve le plus cher était de le rencontrer. Qu’elle puisse enfin comprendre ne serait-ce qu’une petite partie de l’histoire. Il était son seul espoir de pouvoir un jour atteindre son but ultime ; La vengeance.
« Elena. Pourquoi l’avoir tuée ? » demanda-t-elle d’une voix sourde. Maxine s’empressa de serrer les dents pour empêcher son menton de trembler. Elle n’avait pas peur de son frère. Mais elle était terrifiée de la réponse qu’il pourrait lui donner.
 
Le soleil continuait lentement sa course, plongeant le cimetière de plus en plus dans les ténèbres. Quand elle avait quitté le manoir, Jeremiah n’était toujours pas rentré. Elle espérait être de retour avant lui. Dans le cas contraire, il faudrait qu’elle trouve une excuse acceptable. Que son frère sache qu’elle avait rencontré Farkas et plus jamais il ne la laisserait sortir de sa chambre. Pardonne-moi Jeremiah. Pardonne-moi de me jeter ainsi dans la gueule du loup. Mais il le faut. Je dois savoir. Tout ce que nos parents nous ont tus. Et tout ce que maintenant tu me caches…
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Lun 17 Juin 2013 - 0:00

Elle l'avait reconnu... Pour la première fois Farkas sentait l'effet des liens du sang. Jeremiah représentait tout ce qu'il ce qu'il détestait, il était l'incarnation de la haine qu'il vouait à cette famille qui l'avait rejeté, le symbole de toute cette société qu'il haïssait. Maxine n'aurait pas due être différente... Et pourtant, elle l'avait reconnu. La jeune fille tenait toujours sa baguette pointée vers lui, Farkas n'était pas armé, mais il ne fit aucun geste pour le lui prouver. Il n'arrivait pas à lire les émotions dans les yeux si familier qui étaient fixés sur lui. Etait-ce à cause de l'état précaire de son esprit qu'il se sentait si aveugle ? Quoi qu'il en soit il reçut comme un boulet de canon les premiers mots qu'elle lui adressa. Elena... Encore une fois, ses pensées se brouillèrent et il crut pendant un instant que c'était l'ombre de sa grande soeur qui l'interrogeait "Quoi m'as-tu tué ? Je t'aimais, tu étais mon petit frère adoré et tu m'as tué...". Il secoua la tête pour chasser ces fantômes et détourna les yeux vers le caveaux des Orwell qui se distinguait non loin de là. Elena était là-bas, sous ces vieilles pierres froides. La Orwell qui se tenait devant lui était bien vivante, et ne l'avait jamais connu. Et elle n'avait eu qu'un frère... Il reporta ses yeux clairs sur elle le visage fermé et lutta pour articuler lentement :

- Ton frère ne te l'a pas dit ? Il eut un petit rire nerveux, sans la moindre trace de joie. Il t'a pas expliqué ce qui peut amener un petit garçon de cinq ans à tuer sa soeur une nuit de pleine lune ? 

Son rire disparut et son regard devint flamboyant, toisant avec une lueur de défi Maxine Orwell. Il attendait sa réaction, une réaction digne de sa famille, une réaction qui lui prouverait que ce n'était pas Elena qu'il avait face à lui. 
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Lun 17 Juin 2013 - 22:59

Une sensation de puissance et de force semblait se dégager du jeune homme. Il n’était pourtant ni grand, ni exceptionnellement baraqué. De larges cernes bordaient ses yeux et sa peau était d’une pâleur extrême. Il ne la menaçait pas mais toutefois, en cet instant, Maxine se sentait plus que jamais en péril. Peut-être était-elle influencée par ce que lui avait dit Jeremiah sur la dangerosité de son frère. Ou bien était-ce dû à la présence de cet animal qu’elle avait cru entrapercevoir dans son regard. Peu importait. Dans tous les cas, le danger valait la peine d’être couru. Elle avait face à elle son frère. Son frère de sang.
 
Lorsqu’elle avait évoqué le prénom de leur défunte sœur, Farkas s’était agité. Le temps d’un court instant, son regard était devenu flou. Il avait jeté un bref coup d’œil vers le caveau familial comme pour s’assurer qu’aucun Orwell disparu n’en sortait, puis avait reporté son regard sur elle. Maxine détaillait chacun des gestes de son frère, tentant de les analyser un à un. Mais à nouveau, la voix grave du jeune homme résonna dans le cimetière.
 
Ton frère ne te l’a pas dit. Le regard de la jeune Orwell cilla malgré elle. On en venait au fait. Ses soupçons étaient bel et bien fondés ; Jeremiah lui cachait des choses. En cet instant, elle aurait eu envie de se boucher les oreilles pour ne pas entendre. Ne pas savoir. Cette vérité tant redoutée et pourtant si convoitée…  Mais il fallait qu’elle soit forte. Elle était une Orwell.
Et alors que Farkas continuait, Maxine retenait sa respiration.
 
Les mots de son frère ne percutèrent pas instantanément l’esprit de la jeune fille. Ses paroles cheminaient lentement dans sa pensée, s’insinuant dans les moindres recoins. Si bien qu’une éternité sembla passer avant qu’elle ne saisisse réellement l’ampleur  de la situation. Le regard de Farkas plongea alors dans le sien. Et c’est à ce moment précis que Maxine comprit qu’elle avait vu juste. Au fond de ses yeux clairs, elle pouvait voir le loup. Il sommeillait, attendant son heure, attendant le moment magique lors duquel il pourrait enfin apaiser sa faim. Elle le voyait nettement maintenant, ce loup sanguinaire contre lequel Jeremiah voulait la protéger…
 
« Non. Il ne me l’a pas dit… murmura-t-elle d’une voix blanche. La jeune Orwell ne faisait plus aucun effort pour masquer l’effroi qui s’était emparé d’elle. Son bras était retombé le long de son corps sans qu’elle ne s’en aperçoive, rendant sa baguette inutile. Ses yeux agrandis par la peur cherchaient en vain quelque chose, quelqu’un sur qui s’appuyer. Il ne m’a pas dit que… Il m'a dit que tu étais un meurtrier… C’était pourtant un accident, n’est-ce pas ? » Continua-t-elle d’une voix presque suppliante. Son cœur menaçait de sortir hors de sa poitrine et sa respiration était courte et rapide. Farkas était un loup. Un loup garou. Mais aussi terrible qu’était cette vérité, son frère n’était certainement pas un meurtrier... contrairement à ce que voulait lui faire entendre Jeremiah.
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Mer 19 Juin 2013 - 21:51

Le loup savait parfaitement que sa révélation serait un choc pour la jeune fille. Il en jaugea l'effet, les sourcils froncés. Lui revenait en tête ce jour où à quelques pas de là, c'était Jeremiah qui se tenait devant lui. Il avait connu le lycanthrope avant d'apprendre qu'il était né Orwell. Farkas n'avait pas voulu lui révéler, il était été prit d'une de ces crises de démences lorsqu'ils avaient commencé à parler d'Elena. Mais il avait eu l'air de profondément perturber l'esprit de ce soi disant frère, et cette pensée lui suffit à ne pas regretter cet entrevu, même s'il s'était promis de ne plus jamais se montrer faible devant lui. Tout ça, c'était avant la mort d'Alix... Les fantômes l'entourait de manière encore plus pressante et au même moment où il avait perdu la femme qu'il aimait, la soeur qu'il n'avait jamais cessé d'aimer, Elena, était plus présente que jamais. Mais elle le tourmentait d'une manière si différente aujourd'hui... Elle lui murmurait des mensonges, lui chuchotait qu'il n'était pas un meurtrier, qu'il avait encore une famille. La seule vérité qui s'imposait était que Jeremiah était un hypocrite aussi détestable que son père. Il marmonna avec mépris, plus pour lui-même que pour Maxine.

- Toujours protéger les apparences hein ? Digne héritier Orwell... 

Le loup garou fixa à nouveau ses yeux dans ceux terrifiés mais aussi bleus que les siens de la petite dernière. Elle semblait le supplier de lui donner une raison de ne pas l'être. Comment pouvait-elle lui demander ça ? Il était un loup garou, ça ne lui suffisait pas? Sa nature même le rendait coupable aux yeux de la plupart des gens. Mais ils ne comprenait que la culpabilité lui était interdit à partir du moment où il s'acceptait tel qu'il était : un chasseur, un loup. Il fronça les sourcils, avec un soupçon d'étonnement.

- Jeremiah Orwell fait parti de ceux qui ne se posent pas la question de désigner autrement ceux de mon espèce. Elena s'est... trouvé au mauvais endroit. Je n'avais pas planifier sa mort, si c'est ta question. 

Il sentait que son cœur commençait à s’accélérer, son impassibilité risquait à nouveau d'être submergé par cet afflux d'émotions qui lui ravageait le crâne. La moindre étincelle pouvait à nouveau faire s'enflammer chaque goutte de son sang. Mais il lui semblait que malgré la colère sourde qui faisait encore battre son cœur, il n'avait plus vraiment d'autres forces à dépenser dans un nouveau débordement d'émotion. Il secoua la tête avec rage.

- Mais qu'est-ce que ça change hein ? Elle est morte, Franck Orwell a voulu me tuer, ils m'ont abandonné, j'ai survécu, je suis devenu ce que je devais être. Appelle-moi meurtrier, ça leur fera plaisir à tous !
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Mer 4 Sep 2013 - 18:54

Elle se sentit soudain plus légère. Comme si le poids qui pesait sur ses épaules depuis plusieurs semaines déjà, venait de s’envoler. La mort d’Elena n’avait été qu’un accident et son frère n’était pas un assassin. Il était victime de ce loup caché en lui, ce loup se réveillant les nuits de pleine lune… Maxine ne pouvait le rejeter pour ce qu’il était devenu. Il était son frère. Et alors qu’elle pensait sa famille réduite à Jeremiah seulement, elle venait de découvrir un morceau perdu de la lignée Orwell.
 
« Mais ça change tout ! lança la jeune fille d’une voix qu’elle n’aurait pas voulue si forte. Pour moi, c’est important. La famille, c’est sacré et je veux savoir si je peux te faire confiance. Contre toute attente, elle s’approcha alors du loup et d'une main hésitante, lui attrapa la sienne. Peut-être était-ce une folie que de faire ceci. Farkas pouvait la tuer sur le champ et abandonner son cadavre au beau milieu du cimetière. Mais si ce que son frère venait de raconter était véridique, s’il n’avait pas tué Elena, alors pourquoi la tuer elle, Maxine Orwell …
 
Papa est mort, maman est morte, notre sœur aussi. Heureusement que Jeremiah a été là toutes ces années. Il s’est bien occupé de moi. Sans lui, je ne sais pas ce que je serais devenue. Mais toujours est-il que nous n’avons été que deux… Maxine pencha la tête sur le côté, observant attentivement le visage de son frère, guettant la moindre réaction, de rejet ou de compassion. Alors je t’en prie, reste avec moi. Ne m’abandonne pas… »
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Dim 8 Sep 2013 - 12:23

Le loup aurait pu lui éclater d'un rire sans joie à la figure en l'entendant déballer ses mièvrerie sur la famille. Comment pouvait-elle dire des choses pareilles alors qu'elle venait d'apprendre que ses parents lui avait menti, qu'ils avaient abandonné son frère aîné à la mort et que son autre frère avait prit le relais en tant que menteur professionnel... Farkas aurait pu commencer à croire que sa petite sœur était aussi dérangée que lui, mais... elle lui prit la main. Il fut parcourut d'un frisson et la dévisagea, aussi surpris qu'effrayé. Il aurait pu se dégager, la repousser et s'enfuir le plus loin possible, mais il resta immobile. En l'entendant vanter les mérites du soit disant frère parfait qu'avait été Jeremiah, il aurait pu encore une fois laisser exploser sa haine, mais il commençait à comprendre le lien qu'il avait avec cette jeune fille, et pourquoi il était incapable de lâcher cette main qu'elle avait logée dans la sienne. Ils étaient tous les deux terrifiés. Lui avait peur d'elle, de ce qu'elle représentait, de ce qu'elle lui rappelait de lui, de ce qu'il était, de ce qu'il pouvait être. Elle aussi avait peur de lui, mais pas comme elle aurait du avoir peur. Et ils partageaient avant tout ce traumatisme d'être abandonné, cette frayeur de se retrouver seul. Mais comment pouvait-elle encore croire aux promesses ? Cette naïveté le fascinait, et lui faisait mal.

- Les gens meurent... Les gens mentent... Personne ne tient ses promesses...

Il tourna la tête vers la tombe d'Alix, sentant une nouvelle crise monter dans son cœur, lui écraser la poitrine. Ses doigts se resserrent autour de ceux de Maxine. Il ne savait même plus s'il était encore capable de pleurer lorsqu'une larme lui brûla la joue.

- Elle... m'avais dit que rien ne nous séparerais. Comment peux-on croire une chose pareil ? Il replongea ses yeux dans ceux de Maxine. Ton frère est incapable de te protéger. Personne n'a été capable de protéger Elena alors qu'elle ne voulait pas croire que son petit frère lui ferait du mal... Mais c'est... c'est ce que je suis... Je suis un tueur.

Il tremblait, mais aucune menace ne se reflétait plus dans ses yeux. Comment pouvait-il voir une autre vérité que celle qui faisait le plus mal ? Il leva lentement sa main libre et se mit à caresser doucement les cheveux de sa petite sœur. Il déglutit difficilement et repris d'un voix rauque.

- C'est toi qui m'abandonnera... Comme ils l'ont tous fait, Papa, Maman... Même ceux que j'aimais, même ceux qui m'aimait... Elena... Alix...
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Dim 8 Sep 2013 - 15:57

Alors que le loup tournait la tête vers la tombe d’Alix, une larme roula lentement sur sa joue. Farkas souffrait de la mort de la jeune femme. Et Maxine ne connaissait que trop bien cette souffrance. Celle d’un coup de poignard porté au cœur pouvait paraitre dérisoire à côté de cette douleur-là. Elle vous rongeait de l’intérieur, le jour comme la nuit, jamais elle ne laissait de répit. Personne ne pouvait imaginer avant de l’avoir vécu quel calvaire c’était. Grâce à Jeremiah, grâce à son désir de vengeance, Maxine avait réussi à surmonter ses souffrances. Mais Farkas, qui aurait-il pour l’aider ? Il avait besoin d’elle autant qu’elle avait besoin de lui. C’était pour ça qu’ils se devaient de rester soudés.
« Je n’ai plus besoin de personne pour me protéger. J’ai juste besoin d’une famille. D’une vraie famille. J’ai besoin de quelqu’un sur qui compter, quelqu’un qui jamais ne me mentirait… Ce n’est pas ce que tu veux, toi aussi ? Lâchant la main de son frère, Maxine passa ses bras autour de ses épaules dans une étreinte qu’Orwell père aurait réprouvée. Rarement Franck avait démontré une quelconque manifestation d’affection pour ses enfants si ce n’était une tape sur l’épaule agrémentée d’un « je suis fier de toi, fils ». Tandis que son frère lui caressait les cheveux, la jeune fille, l’oreille collée contre son torse, écoutait les battements de cœur du loup garou. Sa voix grave résonnait à ses oreilles comme un grondement. Tu n’es pas un tueur, murmura Maxine. Les tueurs n’ont pas de remord. Les tueurs ne pleurent pas leur victime. Il y eut un silence pendant lequel une chouette hulula non loin d’ici. Je te fais la promesse que jamais je ne t’abandonnerais. Jamais. »
La nuit était maintenant tombée. Jeremiah, certainement de retour au manoir, devait être fou d’inquiétude de le retrouver vide. Quand elle franchirait le seuil de la demeure Orwell, Maxine allait passer un sale quart d’heure. Mais étrangement, pour le moment elle s’en moquait.
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Mar 10 Sep 2013 - 14:26

Spoiler:

Une vraie famille... Cela faisait des années que Farkas s'était persuadé qu'il ne pouvait y voir personne d'autre que sa meute. Mais ce trou noir qui l'avait fait si souvent perdre pied, cette envie dévorante qu'il avait transformé en rage, il savait qu'il était stupide de croire que cette jeune fille qui se blottissait contre lui pouvait en être le remède, mais au fond de lui, il avait envie d'y croire. Il se maudissait d'être aussi faible, il ne méritait pas la confiance de Greyback, et il ne savait pas s'il serait capable d'être le frère que Maxine attendait. Il ne voulait pas lui mentir, il avait toujours détester mentir, et il commençait à sentir un étrange vertige à l'idée que ce pouvait être à lui-même qu'il n'arrêtait pas de se mentir. Perdu, il s'accrochait à cette petite soeur qui lui offrait de nouvelles promesses terrifiantes, mais qui semblait être les seules qui puissent le sauver. D'une voix hésitante, il lui glissa :

- On... on sera plus fort tous les deux.

Elle refusait d'accepter l'idée qu'il puisse être un tueur... Pourtant, la logique de tous les gens qu'il connaissait établissait une relation de cause à effet indiscutable entre lycanthrope et tueur. Elle n'était que la deuxième personne qui refusait cet état de fait, et la première en était morte il y a bientôt vingt ans. Il avait été élevé dans l'idée qu'un prédateur ne peut pas avoir de remords pour chasser sa proie, que ce serait aussi absurde que de voir un renard culpabiliser pour avoir mangé une poule. Et pourtant... Ce n'était pas par fascination sadique et morbide qu'il traînait si souvent dans ce cimetière où reposait plusieurs de ses victimes, Elena étant la première, mais aussi d'autres personnes inconnues, dont il ne connaissait souvent même pas le visage, juste l'odeur... et le nom. Est-ce que Maxine pourrait tenir sa promesse s'il tenait la sienne de ne rien lui cacher ? Il eut la soudaine pensée que jamais il n'avait été involontairement aussi proche de Jeremiah, sans savoir à quel point les deux frères partageaient de soucis communs autour de leur seule et unique sœur. Il soupira et s'écarta doucement d'elle, la tenant toujours par les épaules, pour lui dire droit dans les yeux :

- Malgré tous ses mensonges, Jeremiah a raison pour une chose : je suis réellement dangereux. Si tu veux tenir ta promesse, il faut que tu t'en rendes compte. Je peux te faire du mal et... ça me détruirait de te perdre toi aussi... Je ne te mentirai pas, c'est tout ce que je peux te promettre puisque je sais que je suis capable de briser toutes les autres promesses, ou... qu'une partie de moi en est capable.
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Dim 22 Sep 2013 - 19:53

Le cœur de Maxine se serra au creux de sa poitrine. De façon tout à fait inattendue, dans ce grand cimetière d’Abney park, elle venait de gagner un frère. Un deuxième frère. Loup-garou certes, mais cela importait peu à ses yeux. Si leurs parents avaient jugé bon d’abandonner Farkas il y a vingt ans de cela, la jeune fille ne comprenait toujours pas pourquoi… Le chagrin d’avoir perdu une fille, la honte d’avoir à loger un lycanthrope sous son toit ou tout simplement le dégoût d’un père pour son fils… Rien ne justifiait un tel acte de la part des parents Orwell. Toute son enfance, Maxine avait entendu son père lui ressasser encore et encore à quel point elle devait être fière de son sang, de son nom et surtout de son appartenance à la grande et noble famille que formaient les Orwell. Rien que des paroles, du vent…
Mais elle n’en voulait pas pour autant à ses parents. La jeune fille regrettait simplement qu’ils ne soient plus de ce monde pour lui donner une explication claire sur ces faits survenus deux décennies auparavant. Elle regrettait aussi qu’Elena ne soit pas présente aujourd’hui pour voir son frère et sa sœur les bras l’un dans l’autre…
 
La voix de Farkas sortit Maxine de ses pensées. Les yeux dans les siens, elle l’écoutait attentivement. Quand il eut fini, elle hocha la tête avec gravité. « Sois sans crainte, je comprends…  Et cette promesse me suffit amplement, ajouta-t-elle dans un demi-sourire. Sur cette terre, il y aurait au moins un homme qui serait honnête avec elle. Et ce ne serait pas Jeremiah… Bien que celui-ci ne lui ait pas menti à proprement parler. Il s’agissait plus de non-dits que de mensonges jusqu’à maintenant. Pour la protéger qui plus est. Elle ne pouvait lui en vouloir mais admettait qu’elle se trouvait un peu déçu ; Son grand frère qu’elle idolâtrait n’était qu’un homme, il n’était pas la perfection incarnée comme elle l’avait si longtemps pensé… Je dois rentrer maintenant, Jeremiah va s’inquiéter. Jeremiah était sans aucun doute déjà en train de s’inquiéter. Mais cela, Maxine le garda pour elle. Elle s’écarta bien malgré elle de son frère d’un pas en arrière. Si… Si je veux te revoir… comment je te contacte ? »
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [Farkas H.] A la croisée des chemins [Farkas H.] 129196351Dim 6 Oct 2013 - 19:11

Elle comprenait... Farkas savait qu'elle ne pouvait pas comprendre totalement. Comment l'aurait-elle pu ? Il lui avait promis l'honnêteté, il lui apprendrait petit à petit qui il était, pourquoi il était dangereux. S'il tenait sa promesse, peut-être tiendrait-elle la sienne ? Elle ne l'abandonnerait pas, même si comprendre qui elle avait pour frère risquait de ne pas être facile. Elle s'écarta légèrement, indiquant qu'elle devait partir, rejoindre son autre frère... Farkas fronça un instant les sourcils avant que l'ombre d'un sourire ne passe sur son visage. Il ne voulait pas la laisser partir, maintenant qu'il l'avait retrouver, la laisser retrouver auprès de Jeremiah lui était difficilement supportable. Bien sûr il n'était pas plus capable que lui de la protéger, mais pourquoi fallait-il toujours qu'il soit condamné à voir ceux qu'il aime s'éloigner de lui ? Il baissa les yeux un instant mais se contenta de hocher la tête. Puis il finit par lever la main et effleura doucement la joue de Maxine avant de laisser tomber son bras le long de son corps en soupirant.

- Tu n'as pas les frères que tu mérites Maxine Orwell.

Elle lui demanda comment elle pourrait le contacter. Le premier réflexe du Farkas habituel aurait été de lui rétorquer qu'il ne pouvait pas être contactable, qu'elle n'avait pas intérêt à essayer, pour leur sécurité à tous les deux. Mais aujourd'hui il se retrouvait avec ce qu'il avait toujours voulu avoir, plus ou moins consciemment : une sœur sur laquelle veiller. Aussi son regard se perdit dans le vague, réfléchissant à toute vitesse, et finit par se poser sur la tombe d'Alix... Outre la douleur dans la poitrine que cette vision lui procurait toujours, il fourra sa main dans sa poche et en sorti deux grosse billes translucides qui roulèrent dans sa paume. Des médico-transmetteurs, habituellement réservé au personnel de santé pour une communication instantanée à Sainte-Mangouste. Alix lui en avait donné un il y a quelques temps, qu'il devait utiliser lors des lendemains de pleine lune s'il n'était pas en état de se déplacer. Une fois activé, le transmetteur auquel il était connecté de mettait à vibrer légèrement, prenait une vive teinte rouge, et communiquait à celui à qui était destiné le message l'emplacement exact de celui qui avait envoyé l'appel. Le loup garou hésita un instant, puis plaçant une des billes dans la main de la jeune femme.

- Active-le, et je saurais où tu es et que tu as besoin de moi. Ça pourrait nous mettre en danger toi et moi tu sais... Mais en cas d'urgence, je viendrais. Par contre, ne tente jamais de me chercher. On trouvera d'autres moyens de se contacter, plus sûr.

Il s'écarta, commença à ouvrir la bouche pour dire un dernier mot avant de la laisser partir, mais se contenta de sourire, les yeux brillants, et lui tourna le dos, s'éloignant, les mains dans les poches, dans le crépuscule qui avait envahit le cimetière.
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