Tu ne mentiras point à tes frères [YORDANOV]

ORDRE DU PHÉNIX · Sujet: Tu ne mentiras point à tes frères [YORDANOV] Lun 4 Mar 2013 - 16:40

Un râle, un seul, à peine audible, mais plus terrifiant que tous les hurlements du monde. Bram ouvre instantanément les paupières, tiré du sommeil aussi brusquement que si le plafond lui était tombé dessus. Dans la chambre d'à côté, баща ne fait plus de bruit, ce qui est encore pire. Bram découvre qu'il tremble, prostré au fond de son lit, sans pour autant se résoudre à quitter son doux refuge. Le temps reprend son cours, et Bram parvient à se convaincre qu'il a mal entendu, qu'il a rêvé. баща doit dormir, il va bien, il n'a nulle raison de s'inquiéter, c'est bête de sa part. Bram ferme les yeux, cherche de toutes ses forces le sommeil, ferme les paupières plus fort, sans succès. Alors il rouvre les yeux, son regard dérivant inconsciemment le long des poutres du plafond, et soudain n'y tenant plus, il jaillit hors de son lit, et pose ses pieds nus sur le sol glacial. Il ne sent rien, car lui-même est glacé, mais même ça, il ne le sent pas. A pas furtifs, il traverse sa chambre dans le noir et atteint la porte qui mène au palier. Bram a peur, mais il entrouvre le battant sans bruit, et glisse sa tête doucement dans l'interstice. Dans la maison, seul résonne le carillon de la massive horloge du salon. La porte de la chambre de баща est fermée, celle de Dylhan aussi. Bram pose son pied dans le couloir, choisissant sans même s'en rendre compte les lattes qui ne grincent pas, celles qu'il connaît par coeur. Silencieux comme une ombre, il glisse jusqu'à la porte de la chambre de баща et pose la main sur la poignée, le coeur au bord des lèvres. Dylhan est à moins de dix mètres, il pourrait lui demander d'aller voir pour lui, Bram ne se sent pas la force... Clic, fait pourtant le mécanisme de la porte tandis qu'il exerce une légère pression du poignet sur la poignée. Bram tente tant bien que mal de déglutir, mais sa langue s'est transformée en plomb. баща est dans son lit, il a les yeux fermés, alors Bram s'avance jusqu'au pied du lit.

баща, papa, chuchote-t-il, спите ? Tu dors ?

Bram ne doit pas parler assez fort, баща ne se réveille pas, alors il se rapproche, баща a l'air détendu, il dort, du moins il paraît, car quand Bram pose sa main glaciale sur celle de son баща, il sait déjà, il sait déjà que c'est fini, que баща est parti rejoindre мама là-haut, alors subitement il veut hurler, mais le son reste coincé au creux de sa gorge, et...

Bram se réveille en sursaut et se retrouve assis dans son lit, haletant comme s'il venait de courir sur plusieurs kilomètres. Sur son visage la sueur se mêle aux larmes, et son coeur peine à retrouver un rythme normal. C'est la première fois qu'il rêve de la mort de баща avec une telle intensité, ça lui fait peur, et il ne sait plus que faire, comme à chaque fois qu'il panique. Mais Brooklyn, lui, il saura quoi faire, c'est le по-голям, l'aîné, il saura quoi faire, alors Bram se saisit maladroitement du miroir qui lui sert à communiquer avec son grand frère qui est resté à Londres, et chuchote d'une voix désespérée :

Brooklyn ! Tu dois venir, c'est баща, il lui est arrivé quelque chose tu dois venir ! Je t'en supplie, viens vite !

Spoiler:

ORDRE DU PHÉNIX · Sujet: Re: Tu ne mentiras point à tes frères [YORDANOV] Sam 9 Mar 2013 - 0:49

Lorsque Brooklyn s'engouffra dans la chambre de Bram, ce dernier était assis en tailleur sur son lit, prostré comme s'il cherchait à se faire le plus petit possible. Et pour cause, il regrettait déjà d'avoir appelé son grand frère, il allait forcément lui poser des questions, et lui n'avait évidemment pas envie d'y répondre. Il allait devoir reconnaître qu'il avait fait venir Brook pour rien, parce que баща allait probablement très bien, même si Bram n'avait pas été vérifier, il l'entendrait ronfler dans la pièce d'à côté. Tout ceci n'avait été qu'un rêve, mais rêver à propos de son баща rendait Bram fou d'angoisse, car bien trop souvent à son goût, il rêvait de choses sur le point de se produire. Mais ça, Brook ne le savait pas, et Bram ne voulait pas qu'il l'apprenne, pour ne pas l'inquiéter, car il avait certainement d'autres problèmes à gérer, il était Médicomage, après tout. Et par-dessus tout, il pouvait lire dans les pensées, mais ça, Bram ne devait pas le laisser faire, sous aucun prétexte, sinon il allait chercher à l'aider, et il en avait assez que ses deux grands frères le couvent sans cesse, il n'était plus un enfant, il avait maintenant 15 ans. C'est pourquoi il garda les yeux catégoriquement baissés, fuyant délibérément le regard de son grand frère, le laissant mijoter dans son incompréhension, debout face à son lit.

Je, parvient-il à articuler, la gorge soudainement aussi sèche que le Sahara, ses yeux exorbités rivés sur un défaut du plancher. Bram prit une nouvelle inspiration et retenta d'aligner quelques mots, très rapidement. Je crois qu'en fait je me suis trompé... Je.. Euh... Je suis désolé, glissa-t-il d'une toute petite voix.

ORDRE DU PHÉNIX

Forcément, Brook allait être furieux, et il aurait raison, Bram aussi était furieux contre lui-même, comment son grand frère pourrait-il faire autrement. Il devait être très occupé, c'était un grand Médicomage à présent, il faisait la fierté de la famille, il n'avait pas de temps à perdre avec des rêves débiles qui ne voulaient rien dire. Petit Bram se sentait à présent vaguement nauséeux tandis qu'il se remémorait les dernières colères de son grand frère, qui l'impressionnaient toujours un peu sinon beaucoup. Le jeune garçon frémit légèrement, rien que d'y penser, et ses doigts s'agrippèrent maladroitement à ses draps, comme un naufragé à une bouée de sauvetage.

C'était un cauchemar, Brook, c'est tout, osa-t-il enfin souffler après un long silence. Il ferma les paupières, soulagé d'avoir lâché le morceau, en attente de la vague de remontrances qui n'allait pas manquer de l'ensevelir dans quelques instants, quand son frère aurait bien enregistré l'information. Il ne pouvait pas lui dire la vérité, et même s'il la disait, Brooklyn ne le croirait pas. Mieux valait donc pour son frère lui cacher la vérité, et attendre patiemment que l'orage ne passe.

Spoiler:

« C'était un cauchemar, Brook, c'est tout. » lâcha Abraham.
Un cauchemar ? Alors pourquoi Brooklyn avait tout sauf l'impression que c'était juste un cauchemar ? Qu'essayait donc de lui cacher son petit frère ? Il ne pouvait pas l'avoir fait venir pour si peu, Brooklyn était persuadé qu'il y avait autre chose. Mais comme Abraham semblait ne rien vouloir dire...
Brooklyn fit un pas vers son petit frère et d'un geste brusque, il lui attrapa la mâchoire afin de le forcer à la regarder.
« Qu'est-ce-que tu me caches, Bram ? s'écria-t-il, un peu trop fort. по дяволите, regarde-moi ! Qu'est-ce-que tu me caches ? »
Il devait sans doute faire du mal à son frère tant sa main était crispée et sa poigne trop forte. Mais il réussit à capter le regard du jeune homme qui lui sembla soudainement si frêle, assis sur son lit dans son pyjama. Alors, il comprit. Comment Abraham fut mis au courant, il n'en avait aucune idée mais Brooklyn comprit enfin ce qui mettait son frère dans un tel état. Leur père. Leur père était en train de mourir.
Alors Brooklyn lâcha son frère et, tout en se retournant vers la porte de la chambre, il se plaqua une main sur le visage.
« Лъжеш** ! C'est pas vrai... Puis il se retourna vers Abraham. Qu'est-ce-que c'est que ces conneries...! »
Sa mère, et maintenant son père...

*bon sang, se prononce po dyavolite,
**Menteur ! se prononce Lŭzhesh !

ORDRE DU PHÉNIX

Bram ne parvint pas à se dégager à temps lorsque son frère le saisit à la mâchoire, il était trop rapide et trop fort, le jeune garçon n'avait rien pu faire. Brooklyn serrait trop fort, il ne s'en rendait pas compte, et des larmes jaillirent au coin des yeux de son petit frère, qui n'osa pas lâcher plus qu'un gémissement de douleur. Il n'entendait même pas les questions de son frère, ce dernier criait trop fort, il allait ameuter toute la maison, Bram le sentait, mais il ne disait rien, attendant que l'orage passe. Soudain pourtant, Brooklyn intercepta son regard, et le jeune cachottier frissonna, car il savait que c'en était fini de lui. Son frère sentait les choses, il les devinait comme s'il lisait dans les yeux des gens tous leurs plus grands secrets. Bram, lui, depuis la mort de мама, faisait des rêves étranges, étranges car ils étaient réels, ils se réalisaient par la suite. Enfin, seuls les rêves qui traitaient de la mort, ou de la souffrance de quelqu'un, ces rêves-là seuls se réalisaient, c'est pourquoi Abraham avait cherché à cacher cela à ses frères : il ne voulait pas les inquiéter, convaincu que cela allait lui passer. Et cela lui était réellement passé, pendant un ou deux ans, avant de revenir en force depuis quelques mois, les sueurs froides, les réveils en sursaut, les gémissements depuis le fond du lit. Les rêves s'étaient multipliés, et revêtaient désormais une intensité effrayante qui le faisait se réveiller en pleurs la nuits. Mais Bram avait tenu bon, il n'avait rien dit, sauf à Pippa et à quelques autres amis, qui avaient promis de ne rien révéler à Dylhan, ni à personne d'autre. Puis Brook le relâcha enfin et Bram se recroquevilla d'avantage sur lui-même, massant doucement son menton endolori, les yeux au loin. Là était sa posture, lorsque la réalité était telle qu'il ne pouvait la supporter : il se réfugiait en lui-même et faisait abstraction de tout, ce qui avait le don d'exaspérer баща, et tout le monde en fait.

Je ne suis pas un Лъжеш, murmura-t-il d'une voix lointaine mais vaguement indignée. A quoi servait-il de nier, à présent ? Brook ne se trompait jamais, et Bram ne parvenait pas à mentir à son frère. Si seulement il avait su, tout aurait été tellement plus simple pour eux tous...

Dylhan dormait bien tranquillement quand il fut tirer de son sommeil, non pas par la lumière du soleil qui se levait, ni par une envie pressante. Non simplement par des éclats de voie. C'est ce qui intrigua le plus le Serpentard, parce que des éclats de voie, y'en avait pas souvent chez les Yordanov. Pensant que peut-être Bram avait un problème, il descendit rapidement de son lit et quitta sa chambre. La chambre de Bram et la sienne était dans le même couloir et il ne lui fut pas difficile de reconnaitre la voix de l'autre interlocuteur.
-"Бруклин* ? " Pourquoi son frère ainé était-il revenu qui plus est en pleine nuit ? Il s'approcha de la chambre de Bram et entra sans frapper. Ce qu'il vit ressemblait à un rêve. Brooklyn tenait le visage de Bram terrifié. Pour le coup, Dylhan avait vraiment l'impression d'être dans un cauchemar. Mais non, le cauchemar n'avait pas encore commencer ! En pénétrant dans la pièce, il fut envahi par la colère de Brook et la peur de Bram. Des émotions plutôt contradictoire ! Une chance car elle s'annihilait entre elle.

-"Nan mais c'est quoi ce глупости ** ?" dit-il en fermant la porte derrière lui pour ne pas réveiller leur père. qu'est-ce que tu fait là Brook ? Faut pas croire, il était très content de revoir son frère, mais si Brook avait voulu leur rendre une simple visite, il serait arrivé dans la journée et pas au milieu de la nuit. Il s'approcha du lit de Bram et s'assit doucement à côté de lui. Il sentait chez son petit frère de la peur, de l'indignation et le sentiment qu'il était incompris. Mais incompris de quoi ?

-"Bon qu'est-ce qu'il se passe ici ?" demanda-t-il à ses frères qui étaient tout les deux dans tout leur états et qui si il ne se calmait pas très rapidement risquait d'avoir un Dylhan incontrôlable !

* Бруклин = Brooklyn (se prononce Bruklin)
** глупости = bordel (se prononce gluposti )

dragées:

Brooklyn jura. Il jura une bonne dizaine de fois, en anglais, en bulgare. Les mains posées sur son crane, le jeune homme ne voulait pas y croire. Ce n'était qu'un cauchemar, oui, un simple cauchemar mais alors, comment expliquer les sentiments d'Abraham ? Un simple rêve n'aurait pas mis le plus jeune des Yordanov dans un tel état.
Brooklyn était en rage. Après sa mère, il allait perdre son père, trop tôt, beaucoup trop tôt ! Malgré ses vingt-trois ans, le médicomage n'était qu'un môme. Et maintenant, tout s'éclairait... La mise en scène d'Aleksandar avec le père de Brionan, Brooklyn comprenait, à présent. Il n'avait pas le droit, non, il n'en avait pas le droit.
Alors Brooklyn, dans un excès de colère, quitta la chambre de son frère. Il voulut claquer la porte mais il risquait de réveiller leur père, ce que le sorcier désirait le moins du monde. Il descendit les grands escaliers, bifurqua vers la droite et se retrouva devant la porte des appartements de son père. Alors il hésita. Aller s'expliquer avec lui ou au contraire, continuer à faire comme s'il ne savait rien. A bout de force, il choisit la deuxième solution et se laissa glisser en silence le long de la lourde porte de bois. Les genoux relevés, le visage enfoui dans ses mains, Brooklyn se mit à pleurer, chose qu'il n'avait pas faite depuis voilà bien des années.
Il lui était inconcevable de pleurer devant ses frères. Voilà pourquoi il resta assis par terre, sur le carrelage froid, durant plusieurs minutes. Puis, lorsqu'il se fut calmé, il serra les poings et se releva. Il devait faire bonne figure, il devait montrer qu'il était un homme, que ses frères pouvaient avoir confiance en lui pour la suite. Ils n'auraient plus que lui, Brooklyn devrait tenir le coup.
Alors il remonta les escaliers et, devant la porte de la chambre d'Abraham, Brooklyn ferma les yeux et soupira, le coeur battant à tout rompre. Puis il entra, et trouva Abraham et Dylhan tous les deux sur le lit. Faire bonne figure, faire bonne figure, il devait se concentrer sur ça. C'était si... dur.
« Tu lui as expliqué ? » demanda-t-il à Abraham en désignant Dylhan d'un coup de menton.
Sa voix avait été trop sèche, il n'avait pu la contrôler.

ORDRE DU PHÉNIX

Bram frémit de plus belle en entendant dans le couloir le parquet craquer sous le passage d'un habitant de la maison, convaincu que баща s'était réveillé et allait venir les houspiller car il était bien trop tard pour faire du bruit. Mais c'était presque pire, car c'est Dylhan qui entra dans sa chambre, la mine interrogative : forcément, il avait dû être réveillé par les cris de Brooklyn, et les tensions violentes qui émanaient de la chambre de son petit frère. Dylhan s'assit immédiatement sur le lit près de Bram, et exigea de savoir ce qu'il se passait ici : son jeune frère toutefois ignora royalement sa question, tout paniqué qu'il était de voir que Brooklyn se dirigeait vers la porte.

Attends ! Ne va pas le dire à баща ! s'écria-t-il d'une voix suppliante en se redressant sur les genoux tandis que son frère aîné sortait en coup de vent de sa chambre, sans ajouter un mot. Brooklyn !

Bram sauta hors de son lit et arriva en trois enjambées au niveau de la porte, mais déjà le Médicomage avait disparu dans les tréfonds de la demeure Yordanov, et le jeune garçon s'arrêta sur le pallier avant de retourner dans sa chambre se rasseoir sur son lit. Tout chez son frère Dylhan le poussait à prendre la parole, aussi Bram ouvrit-il la bouche, qu'il avait sèche comme la peau d'un gobelin, et avala un peu de salive avant de se lancer dans son mensonge.

J'ai fait un rêve, Dylhan, commença-t-il tout doucement, et ça concernait баща et il lui arrivait quelque chose de grave, et j'ai cru que c'était vrai donc j'ai appelé Brooklyn, mais c'était qu'un rêve...

C'était souvent usant de faire la part des choses entre un frère empathique et un autre qui parvenait à lire dans les pensées, mais Abraham s'y faisait petit à petit, et parvenait à moduler sa voix pour que Dylhan comprenne qu'il était troublé, mais que grâce à son mensonge il ne sache pas pourquoi. Tout un art.

Tu lui as expliqué ? lui lança sèchement Brooklyn en rentrant de plus belle dans sa chambre, le regard froid. Bram le fusilla du regard :

Oui, lui lâcha-t-il simplement, les yeux rivés sur ceux de son frère, comme un acte de résistance.

A peine venait-il d'entrer et de s'assoir que Brooklyn quitta brutalement la pièce. Il n'y avait que la porte fermer avec forces mais silencieusement qui contrastait avec la colère que ressentait le médicomage. Et la pointe de tristesse aussi qui détonait avec la tempête qui faisait rage sous le crâne de son frère.
Tout ce surplus d'émotions risquait à tout moment de le faire exploser. Il n'était ni plus ni moins qu'un sortilèges à retardement. Il fit néanmoins un gros effort pour se calmer et écouter Abraham.
Un rêve ? Que Bram ait fait un mauvais rêve qui aurait pu le mettre dans un tel état était possible même si sa peur semblait pourtant plus réelle que celle qu'il aurait éprouvé pour un simple cauchemar. En revanche ce rêve n'expliquait pas la colère de Brooklyn. Il était en colère d'avoir été dérangé pour si peu ? Sans doute oui mais la encore c'était bien disproportionné par rapport à la "cause". Non il y avait autre chose !
-"Un rêve ? Juste un rêve ? " demanda-t-il a son petit frère avant de se tourner vers l'ainé pour avoir confirmation.
Le cadet se leva du lit sans quitter des yeux son frère ainé. L'angoisse ambiante de la pièce, elle ne venait pas de Bram, il le comprenait maintenant. C'était de Brooklyn !
Pendant un instant Dylhan se demanda si ce qu'avait rêvé Abraham pouvait être réel. Non impossible ! Leur père était trop fort pour être en danger ! Et puis les deux ainés l'auraient su si le benjamin faisait des rêves prémonitoires non ?
-"Vous pensez que ça pourrait être ... " Vrai ? Dire le mot, poser simplement la question était difficile et il redouter la réponse. Il ne pouvait pas perdre leur père. Dylhan n'avait qu'une envie c'était courir à la chambre du paternel, et de le réveiller pour savoir si il allait bien.

« Un rêve ? Juste un rêve ? » demanda Dylhan.
Brooklyn haussa les épaules, le regard dur. Son petit frère semblait avoir des visions et il ne leur en avait jamais parlé, alors que c'était tout de même quelque chose de très important. Un don, probablement transmis par leur mère comme Brooklyn avait hérité de sa faculté à lire dans la tête des autres. Ça aurait pu être juste un rêve mais lorsque l'aîné avait sondé l'esprit de son petit frère, il avait compris, Abraham savait que c'était vrai, il savait que ça allait se dérouler.
« Vous pensez que ça pourrait être... commença Dylhan et Brooklyn termina sa phrase pour lui.
— Vrai, tu veux dire ? Eh bien demande-lui », dit-il froidement en désignant Abraham d'un signe de tête.
Il y allait trop fort, il le savait car après tout, Abraham n'était qu'un môme, probablement trop effrayé par ses capacités pour en parler ouvertement à Brooklyn. Mais aujourd'hui, le sujet était grave, il avait vu leur père mourir, il ne pouvait pas dire simplement « Ce n'est qu'un rêve » et espérer en croisant les doigts que sa vision soit fausse.
« Depuis combien de temps as-tu... Ce genre de vision ? demanda Brooklyn en se retournant vers son petit frère, essayant d'adopter une attitude un peu plus calme et moins agressive. Elles se sont toujours réalisées ? Il n'y a aucun moyen pour... Pour les contrer ? »
Le jeune homme savait qu'il se nourrissait d'illusions, qu'il se faisait de faux espoirs mais leur père... Les garçons n'avaient plus que lui pour mener la barque. Brooklyn serait-il capable de reprendre les rennes ?

ORDRE DU PHÉNIX

Et soudain, lorsqu'Abraham comprit qu'il ne pourrait pas berner ses deux frères, ce fut comme si une chape de plomb s'était abattue sur ses épaules : toute sa tension s'évapora, et le jeune garçon se laissa tomber en arrière, tout doucement, pour s'allonger sur le dos et fixer le plafond de sa chambre. De la sorte, il parvenait à trouver le courage, celui de parler, enfin, sans croiser le regard inquisiteur de son frère aîné et celui plus paniqué de son frère cadet. De la sorte, il pouvait parler.

La mort de maman, marmonna-t-il d'une voix morne pour tenter de masquer son émotion, ça m'arrive depuis la mort de maman.

Il y eut un silence de quelques instants, mais avant qu'un de ses frères puisse prendre la parole, Abraham se redressa pour s'installer en tailleur et s'intéressa à ses mains, soudain incapable de se retenir de parler :

C'est par période, en fait, avoua-t-il du ton de la réflexion, j'veux dire, pendant mes premières années à Poudlard ça le faisait plus trop. Mais depuis plus d'un an, ça a repris. Et ça a empiré. Je pense que c'est à cause de tout ce qui se passe de mauvais, en ce moment...

Les morts, les torturés, les disparus, les blessés, les victimes. L'ambiance lourde qui régnait dans les rues le soir, dans les couloirs même de Poudlard, la violence, ce conflit latent entre deux puissances que rien n'arrêtaient, cette haine... Abraham releva les yeux vers son frère aîné lorsque ce dernier lui demanda si ses visions en étaient vraiment, en étaient toujours...

Oui, répondit-il d'une voix lointaine en repensant à toutes ces nuits à pressentir le malheur d'autrui sans parvenir à comprendre à temps de qui il s'agissait, et ce qu'il allait se passer. Mais je comprends le plus souvent trop tard. C'est quand ça s'est passé que je réalise que c'est de ça dont je rêvais la nuit d'avant.

Le désespoir était palpable dans la voix du jeune homme, tandis qu'un sanglot montait irrémédiablement le long de sa gorge, menaçant d'éclater au vu et au su de ses frères, ce qu'il ne voulait pas. Abraham tenta de le ravaler, et pour éviter de rouvrir la bouche, se contenta de secouer la tête pour signifier à Brooklyn qu'il n'y avait pas de moyen de contrer ses cauchemars. Du moins, que lui, du haut de ses quinze ans, n'en connaissait pas.

Sujet: Re: Tu ne mentiras point à tes frères [YORDANOV]

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