Elle était là. Assise. Au début sur le quai. Maintenant sur sa valise. Elle attend. Elle ne compte plus le temps depuis qu’elle attend. C’est toujours comme ça. Elle doit toujours attendre. Elle prit son courage à deux mains, et chercha une horloge. Elle leva la tête et regarda l’heure. Deux heures qu’elle attend là. Elle aura pu rentrer chez elle depuis tout ce temps. Mais elle ne voulait pas. Elle voulait les inquiéter. Voir s’ils réagiraient. Alors elle se rassit sur sa valise. Et elle attendait. Encore une fois. Ses jambes commençaient à s’engourdir à force. Alors elle se leva. Elle marcha. Elle ne savait pas où. Mais elle ne comptait pas sortir de la gare.

Olivia aurait aimé qu’on lui explique. Pourquoi l’avoir adopté si c’est pour l’oublier sans cesse ? Elle aurait très bien pu se débrouiller seule dans les rues de Londres. Mais non, elle a une « famille » maintenant. Elle avait du mal à comprendre ce que c’était une famille maintenant. Pour elle, ça se résumait à des personnes qui ont tenté d’être de bon cœur en recueillant un enfant, mais en l’abandonnant de plus belle à force de toujours l’oublier.

Alors elle continuait de marcher dans cette gare, où à quasiment tous les débuts de vacances on l’oubliait. Son demi-frère, lui n’en avait rien à faire d’Olivia. Ses parents étaient venus le chercher lui. Mais ils ont encore oublié leur « fille ». Elle s’arrêta en croyant reconnaître une silhouette qui lui paraissait familière. Son frère peut-être ? Elle ne voulait pas s’approcher. Surtout s’il s’agissait de son demi-frère. Hors de question de s’approcher de lui. Mais, au fond elle espérait tellement que ce soit lui. Elle s’approcha donc, mais lentement et lâcha quelques mots « J’aurais préféré rester toute seule dans la gare si les parents t’ont envoyés me chercher ». Cette phrase partait du principe qu’il s’agissait de lui. Mais en se rapprochant, la silhouette paraissait bien plus âgée que celui-ci.

Et puis elle se rapprochait de cette silhouette qui lui semblait bien familière. Et elle s’est tellement rapproché qu’elle s’était enfin rendu compte qu’il ne s’agissait pas de son frère. « Bonjour Olivia. Non, tes parents ne m'ont pas envoyé te chercher... ». Loxias. C’était donc Loxias. Olivia sourit, parce qu’elle l’aimait bien Loxias. « Ça me fait plaisir de te voir là Loxias ! ». Et puis, ça la faisait bien rire qu’il réponde, parce qu’il savait très bien que ce n’était pas pour lui.

Elle s’assied encore une fois sur sa valise. Elle commençait à fatiguer quand même à trainer dans la gare depuis deux bonnes heures. Loxias avait l’air de ne pas trop comprendre ce qu’elle faisait encore là. Naturellement, il se doutait qu’elle venait de Poudlard, du Poudlard Express. « Alors, pourquoi es-tu encore là, Olivia ? Tes parents ne sont pas venus te chercher ? Tu les attends encore ? ». Elle fermait les yeux et elle essayait de réfléchir ce qu’elle faisait encore là. Après tout, elle faisait peut-être quelque chose de stupide quand même. Mais elle savait qu’avec lui, elle pourrait en parler et il pourrait donner son avis, ce qu’il en pense ; il la comprendrait peut-être. « Ils sont pas venus me chercher, comme bien trop souvent. Je ne sais même pas si je les attends, j’aurais pu rentrer toute seule aussi, mais je ne sais pas, j'veux voir leur réaction. Tu trouves ça stupide ? ». Olivia espérait qu’il comprendrait, elle l’espérait de tout cœur.

Y a vraiment pas à dire, Loxias il est tellement gentil avec elle. Bien sûr, elle en était persuadée, il devait pas comprendre toutes les raisons qui l’obstinait à rester dans cette gare, mais lui il s’en fichait quand même. Et puis, il vient même de lui dire que ce qu’elle faisait n’étais pas stupide. Il la comprenait, ça lui faisait du bien quelqu’un qui la comprenne. « Tu sais, j’apprécie ce que tu dis, ça me fait vraiment plaisir que tu me comprennes ». Et puis il s’est assis, là à côté d’elle sur sa mallette. Elle se souvient, le jour où elle l’avait achetée elle n’avait pas eu la plus chère, ni la plus belle mais au moins elle était plutôt résistante vu le nombre de fois où elle s’était assise dessus.

Et puis il m’a souri comme à son habitude et il m’a réconforté. Il était quand même formidable Loxias. Il avait toujours l’air d’aller bien, alors qu’elle le savait pertinemment, il était malheureux dans les alentours de la voie 9 ¾. « Est-ce que tu veux que je te ramène chez toi ? Je pourrais même engueuler tes parents en leur disant qu'on ne laisse pas une jeune fille toute seule dans une si grande gare, si tu veux ! lui dit Loxias, la faisant sortir de ses pensées ». Elle a ri, et lâcha un grand gloussement, il était trop drôle quand il faisait ça ! Et puis rapidement il changea d’avis, il avait une idée. « Qu’est-ce que tu nous réserves Loxias, on va quand même pas faire une course avec ma superbe valise ? dit-elle en souriant, quoique ça pourrait être marrant ! ».
Les deux amis se sont levés et Loxias a pris la valise d’Olivia et elle s’est laissé mener par celui-ci. « Je commençais à avoir un petit creux, c’est vraiment une bonne idée que t’as eu là, lui expliqua Olivia toute souriante ». Ils se sont donc installés sur une petite terrasse à l’intérieur de la gare king’s cross. La jeune fille voulait elle aussi savoir comment se portait son ami « Alors, toi, tu vas bien ? Tu faisais quoi ici errant tout seul dans une si grande gare ? lui demanda elle sur le même ton en plaisantant ». Il adorait discuter avec lui, elle savait qu'il était toujours une bonne oreille pour lui, et elle lui rendait la pareille.

C’était rare ce genre de personne là. Olivia pouvait être heureuse d’en connaître une qui était comme ça. Loxias, il était vraiment formidable. Mais il ne devait pas s’en rendre compte à quel point il l’était. Mais c’était sûr, il l’était et la jeune fille serait la première à en témoigner. Qu’est-ce qu’il pouvait être compréhensif, c’était dingue. Elle n’avait jamais vu ça. Et puis cet air de grand frère protecteur, mais qui ne dépasse pas trop non plus, ça lui allait tellement bien. Et puis, il avait toujours un mot pour rire, même quand ça va pas, il était toujours là. Elle lui devait quand même beaucoup. Mais elle ne savait pas comment elle pourrait faire. Il était toujours tellement gentil avec elle, et elle essayait de le lui rendre au maximum.

Avec leurs boissons sur la terrasse, ils discutaient, de tout et de rien. Et puis, Olivia lui avait demandé ce qu’il faisait là lui aussi. « Je suis en vacances aussi. Je ne faisais rien de bien intéressant... avait-il répondu». En pensant aux vacances Olivia était contente de rentrer à la maison mais cette joie a radicalement changée. Elle n’avait aucune envie de rentrer elle pourrait passer toutes ses vacances à siroter de nombreuses boissons plus pétillantes que les autres au lieu de rentrer chez elle. « En fait je voulais aller sur la voie 9 ¾ pour voir le Poudlard Express mais je suis arrivé trop tard... Je n'ai même pas pu traverser le mur, a continué Loxias ». Il faisait référence au fait qu’il ne pouvait pas aller à Poudlard. La jeune fille eu de la peine pour lui, car elle savait que lui aussi se sentait rejeté. Elle devait lui remonter le moral. « Mais tu sais, t’as pas besoin d’être un sorcier pour que tu te fasses apprécier, moi tu vois je t’aime comme tu es. Tu es super important à mes yeux, expliqua elle ». Elle ne savait pas si ça allait suffire pour lui remonter le moral, mais elle en doutait, c’est pourquoi elle enchaina « Et puis, tu sais à Poudlard il se passe toujours des trucs bizarres ! dit-elle sur le ton de la rigolade. En février, le jour de la saint Valentin j’ai été victime d’un philtre qui m’a rendue amoureuse d’un type qui voulait se faire un harem. Je te dis, j’étais en rogne une fois l’effet estompé ! ». Elle espérait que de lui parler des choses étranges qui se passaient à Poudlard pouvaient peut-être le réconforter. Elle ne voulait pas qu’il reste dans cet état-là, triste comme tout, ça lui faisait terriblement mal au cœur. Elle avait un regard terriblement inquiet, ça devait se voir, elle avait peur de lui faire encore plus mal au cœur, mais elle voulait le réconforter. Elle aurait voulu lui faire un gros câlin, parce qu’il avait tellement l’air triste, et puis il ressemblait tellement au nounours préféré de la jeune fille. Mais elle l’appréciait tout autant que celle-ci. Sauf que voilà, quand même elle l’aimait encore plus en fait, parce qu’il était pour elle comme son confident.

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Avait-elle bien fait de dire tout cela à Loxias. Avait-elle raison de l’avoir fait ? Un sentiment de remord commençait à l’envahir lentement. Elle aurait dû se taire. Mais, un sourire se dessina sur le visage du jeune garçon. Il devait s’imaginer lui arriver toutes ses bricoles qui n’arrivent que dans le château. C’était dingue quand on y pense. Est-ce qu’il existe un jour où tu vis « normalement » ta vie dans Poudlard ? La réponse à cette question était  bien simple ; non. Qu’importe l’endroit où on se trouve, on y est jamais tranquille dans la demeure du jeune sorcier. Qu’on soit moldu, mêlé ou sang pur, il ne faut jamais s’attendre à être tranquille une seule journée. Mais voilà, contre toute attente, Loxias avait souri. Il a du s’imaginer dans l’immense demeure. C’est sûr même. En tout cas c’est ce qu’elle espère Olivia.

« Alors, tu fais quoi après Poudlard ? demanda Loxias la faisant sortir de ses pensée ». Cette question, on la lui pose souvent. Mais que veut-elle faire ? Clairement, elle n’en savait rien, elle ne voulait jamais grandir, jamais. « Je sais pas encore à vrai dire, je rêverais de ne jamais grandir, mais comme tu le sais, c’est peu probable, dit-elle le sourire aux lèvres, et toi, tu as une idée ? ». Elle avait assez parlé d’elle, elle voulait savoir comment allait son ami aussi « Et les amours, tout ça comment ça se passe ? lui demanda elle en enchaînant ». Elle s’en était rendue compte depuis quelques temps, Loxias avait l’air épanoui et bien qu’elle se doutait pourquoi, Olivia tenu à lui demander tout de même.

Entendre que Loxias se rapprochait de quelqu’un avait rendu Olivia vraiment heureuse. Savoir qu’il avait quelqu’un avec qui parler la remplissait de joie. Il devait se sentir moins seul, ils se comprenaient. « Phoebe doit être vraiment quelqu’un d’extraordinaire alors, dit-elle joyeuse ». On voyait dans le regard de son ami qu’il était sincère, qu’il appréciait réellement cette lycéenne. Elle les imaginait tous les deux, complices. Oui, cette fille-là devait être géniale pour rendre Loxias amoureux.  Le temps devait paraître moins long, amoureux. D’un léger coup d’œil en pensant au temps qui s’écoule tel un sablier de sable elle regarda la grande horloge au-dessus de la terrasse sur laquelle ils s’étaient assis. L’horloge laissait apparaitre l’heure à travers ses fines aiguilles dorées. Voilà déjà trois heures que la jeune Poufsouffle était à la gare.  Elle commençait à se demander si ce n’était pas elle qui avait fait une erreur à rester ici. Aurait-elle dû rentrer à pied ? Surtout, qu’elle connaissait le chemin. Elle n’avait donc pas de réelle excuse. Elle regarda sa boisson en lovant sa tête dans le creux de ses mains. « Crois-tu que j’ai fait le bon choix de les attendre ? demanda elle un peu anxieuse sans vouloir affoler son ami »

Peut-être qu’elle n’avait pas fait le bon choix, peut-être qu’en fait si. Quoi qu’il en soit, elle avait décidé de rester. Et puis, son ami Loxias avait été vraiment gentil de rester avec elle. Elle lui en était très reconnaissante, et savait qu’il serait toujours là pour elle. Elle le serait aussi, encore plus maintenant. Il fit part d’une réflexion très mature, en disant qu’Olivia avait peut-être assez fait attendre ses parents. Elle sourit, s’en était une certitude ! « Il faut croire que je sais me faire attendre, répliqua-t-elle avec humour ». Loxias prit la valise de la jeune fille et commença à longer les quais en direction de la sortie de la gare Kings Cross, suivit par celle-ci. « Merci beaucoup Loxias, t’es vraiment quelqu’un de bien, je suis heureusement de te savoir mon ami, lui dit-elle ». Ils continuèrent à marcher jusqu’au domicile de la Poufsouffle tout en s’imaginant les différentes excuses qu’Olivia pourrait dire à ses parents pour expliquer son absence. Ils riaient aux grands éclats car Olivia ne cessait de dire des excuses plus bidons les unes que les autres, tandis qu’ils se tenaient bras dessus bras dessous plus soudés que jamais face à leurs problèmes.