Andromeda leva le nez de son bouquin lorsqu'elle vit arriver dans le salon son mari sautillant telle une biche -la comparaison vous paraît démesurée ? vous ne connaissez pas ce cher Ted.
« Chérie, mets vite une robe, ce soir je vous emmène au restaurant » dit-il avant d'emporter Nymphadora dans sa chambre.
Cet homme était une véritable puce, toujours à gigoter dans tous les sens, à proposer des idées toutes les cinq minutes etc. Parfois, Andromeda n'avait qu'une envie : le clouer au mur pour qu'il arrête de bouger juste trente secondes. Mais c'était son mari et ce pourquoi elle l'avait choisi.
Elle referma son bouquin d'un coup sec et le déposa sur la table du salon. Puis elle partit s'enfermer dans la chambre pour regarder un peu ce qu'elle pourrait mettre ce soir. Elle opta pour une robe rouge légère qui lui tombait au dessus du genou.
« Tu es prête Meda ? demanda Ted en entrant dans la chambre et en l'embrassant dans le cou.
— Je suis prête, Ted » répondit-elle en souriant.
Puis ils prirent tous la route du restaurant. Ils avaient loué un appartement sur la place du village et le restau se trouvait sur cette même place, autant dire qu'ils n'avaient pas à marcher cent sept ans. Ainsi, Andromeda avait pu chausser ses plus hauts talons sans craindre d'avoir mal aux pieds.
Ils furent accueillis par un serveur qui les installa à l'extérieur.
« Ça à l’air plutôt sympa ici, vous n’trouvez pas ? » fit Ted en installant Nymphadora sur sa chaise.
— Oh oui, papa ! répondit la petite et Meda acquiesça en souriant.
— Qu'est-ce-que je vous sers ? »
Andro sursauta. Un serveur était apparu derrière elle sans qu'elle ne s'en aperçoive.
« Ce sera un whisky pur feu pour moi s’il-vous plait, fit Teddy en prenant également une commande pour Dora. Et toi chérie ?
— Un verre de blanc, s'il vous plaît, répondit la jeune femme.
— Château Lafée ou Garoupiac ?
— Château Lafée, je vous remercie. »
Puis le serveur fila sans un mot. Eh bien dis donc, il n'avait pas l'air commode, celui-là.
Alors que Ted contemplai avec béatitude leur fille en train de changer de couleur de cheveux pour plaire au garçon d'à côté, Andromeda se plongea dans le menu pour voir ce qu'elle pourrait choisir. En fait, elle était surtout plongée dans ses pensées.
Si sa famille était venue à cette coupe du monde... Ses soeurs, ses parents, ses oncles et tantes, tous les gens qu'elle avait renié pour fonder sa propre famille avec Teddy. Rien que d'y penser, elle en avait mal au ventre. Elle ne voulait pas les voir, elle ne voulait pas qu'ils puissent voir Dora, ça la rendait malade.
« Tu es vraiment magnifique ma chérie, lui fit Ted, la sortant ainsi de sa rêverie, ou de ses tourments.
— C'est gentil, mon ange... » répondit Andromeda en lui adressant un sourire tendre.
Quoi qu'ils puissent penser, quoi qu'ELLE puisse penser, elle avait de la chance de l'avoir trouvé.
Le serveur réapparut et son air maussade trônait toujours sur son visage. Il déposa les verres sur la table et repartit sans broncher.
« Il n’a pas dû avoir l’augmentation qu’il souhaitait lui ! murmura Ted, ce qui fit rire sa femme.
— Cesse de te moquer de lui, il a peut être passé une très mauvaise journée, répliqua-t-elle en essayant de contenir son sourire. Dora, ton verre, tiens-le avec les deux mains chérie, s'il te plait. »
Andro porta son verre de vin blanc à ses lèvres puis se retourna vers Teddy.
« Alors, le programme de demain, qu'est-ce-que tu as envie de faire ? demanda-t-elle. Le match n'étant que demain soir, j'ai pensé qu'on pourrait aller visiter le musée des créatures sous-marines le matin puis l'après-midi, on pourrait louer un bateau et passer le reste de la journée au large, qu'est-ce-que tu en dis ? »

« Et avant d’aller au match on pourrait peut-être manger une glace ? »
Andromeda pouffa de rire tandis que Nymphadora sautillait sur sa chaise.
« Oh ui papa, une glace, une glaaace ! commença-t-elle à beugler et sa mère la fit taire en lui posant un doigt sur les lèvres.
— Sht, calme-toi ou tu n'auras rien du tout ! »
Dora se calma aussitôt, se cachant le visage dans ses toutes petites mains, ce qui fit sourire à nouveau Andro. La jeune femme aimait sa famille, aussi loufoque et aussi peu conforme soit-elle du point de vue des Black. D’ailleurs, l’avis des Black, elle n’en avait plus rien à faire depuis très longtemps, maintenant. Mais s’ils les voyaient à présent, tous les trois autour d’une petite table d’un restaurant, Andromeda était sûre qu’ils en auraient des renvois.
Le serveur reparut, calepin en main et demanda sans politesse s’il pouvait prendre leur commande. Meda tourna la tête vers Ted, le regard rieur, imaginant bien son époux en train de pester dans son for intérieur contre le manque d’amabilité du jeune homme.
« Tu as choisi chérie ? demanda Ted, un sourire espiègle se dessinant sur son visage.
— Alors je vais prendre la salade d’été, sans citrouille, s’il vous plaît. Et pour elle, Andro désigna sa fille d’un geste du doigt, un steak de légumes et quelques frites, merci.
— Pour moi ça sera le poulpe farci, fit Ted. S’il-vous-plait-Monsieur, » ajouta-t-il en insistant bien sur chacun des mots.
Andromeda se retint d’éclater de rire et au lieu de cela, elle flanqua un coup de pied dans la cheville de son mari. Qu’il pouvait être bête, parfois !
Le serveur disparut après avoir enfoncé son calepin dans la poche de son tablier. Meda leva alors les yeux vers Ted et secoua la tête de droite à gauche.
« Tu es impossible, dit-elle en riant. Mais le pire, c’est que je suis sûre qu’il n’a pas compris ton allusion, il a l’air plus bête qu’un troll, celui-là !
— Moi, z’aime bien les trolls, maman ! fit Dora d’une voix enjouée. On pourrait en avoir un, dis ? On pourrait ?
— Bien sûr ! Mais il mangerait tous tes jouets, il casserait ton lit, il écraserait Monsieur Pantoufle (Monsieur Pantoufle étant la peluche préférée de Dora, un ours brun avec un nœud papillon rouge à pois blancs) et peut être même qu’il nous mangerait, ton père et moi, c’est ça que tu veux, Dora ?
— Mais non, Maman ! C’est zentil les trolls, ma copine Peggy-Sue elle en a un ! répliqua la petite.
— Ah bon, Peggy-Sue en a un ? Elle te l’a déjà montré ? demanda Andro, amusée.
— Non, elle le cache dans son garaze et des fois, son Papa il va le promener ! »
La Maman n’insista pas, préférant stimuler l’imagination de sa fille plutôt que de lui avouer que son amie se moquait littéralement d’elle. Mais les enfants font toujours ça, ils inventent des histoires incroyables et tout le monde les croit.