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Tous assis devant le feu, on était bien. J'avais mes coudes appuyés sur le haut de mes genoux, et je faisais distraitement tourner ma brochette de marshmallows au dessus des braises. Avec ma soeur Marloes et mes parents, on avait l'habitude des feux de camp, et on nous avait appris dès tout jeunes à reconnaître le bon moment, celui où le bonbon prenait cette teinte caractéristique et ce petit fumet qui signifiait qu'on pouvait le manger.. Et se régaler. A ma gauche, Bertram débouchait nonchalamment une bouteille de Bièraubeurre que je lorgnais plus ou moins discrètement, la flemme de tendre le bras pour en chopper une moi-même, voir de sortir de ma poche ma baguette pour m'en faire parvenir une sans avoir à bouger d'un iota. D'façon celle-là, moins je m'en servais, mieux j'me portais bizarrement. A ma droite, Swann commentait le match de façon animée. Les mots sortaient de sa bouche à toute vitesse, et j'en saisissais la moitié. Jusqu'à la phrase qui fit bondir Bert.
Dude, tu peux pas sérieusement dire ça ! Si on ne siffle plus de faute quand un joueur percute volontairement un autre joueur, on ne siffle plus du tout de faute
— Whoa, whoa, Bert qui défend un arbitre, on aura tout vu les mecs ! T'as pris un coup de cognard sur la tête buddy? je le taquinais en lui donnant un coup d'épaule amical, accompagné d'un clin d'oeil. Vous-y trompez pas : j'avais un grand sourire et les fossettes dehors, mais le coeur n'y était pas. J'avais toutes les raisons d'être content: j'étais à la coupe du monde de quidd' avec mes potes, c'était les vacances et l'été.. Mais je venais d'apprendre que j'avais foiré mes ASPIC. Je repiquais une année. Dur. Mais j'essayais de faire bonne figure quand même.
De toute façon, faute ou pas, McAllistair aurait marqué. Ce type est un héros.
— J'en connais un qui tombe amoureux.. Je bitchais encore avec un grand sourire. Au moins avec eux l'ambiance était toujours à la rigolade. Ca me changeait les idées.

Les mecs jouaient le jeu, et j'étais explosé de rire. Pauvre Berty, lui qui était d'ordinaire si fier de lui, il avait pas l'habitude de se faire chambrer comme ça, même par nous ! Quoiqu'il nous connaissait bien, et savait à quel point on pouvait être lourd parfois...
— Qu'est-ce que tu as Beber tu nous fait ton comming-out, fait gaffe ici on est pas interéssés, tu vas t'ennuyer ! ricana Swann en pinçant la joue de Bertram, et je poussais la plaisanterie en passant un bras autour des épaules de ce dernier,
— Parle pour toi Swanny, moi je s'rai peut-être intéressé, ça fait un moment que j'ai plus vu Mary en plus.. je blaguais, avant de me prendre un coup de coude dans les côtes, et d'exploser de rire à nouveau.
— N'aies crainte mon gros, c'est pas demain la veille qu'une jolie nénette cessera de me faire de l'effet, crois-moi. Au contraire... répondit Bertram d'une voix bourrue en carrant les épaules comme un vrai dur.
— En parlant de nénette, je renchéris, tournant les yeux vers Mason. Mace... Tu foutais quoi avec Caufield sur la plage ? Ah, c'est mon petit doigt qui me l'a dit mec ! je riais, devant le regard effaré de mon ami.