Après avoir récupéré Deidre à Pré-Au-Lard, Gideon avait transplané pour Londres après un baiser de retrouvailles comme il se doit. Aujourd'hui, ils passaient la journée ensemble, ce qui le ravissait au plus haut point. Il voulait faire pleins de choses et ne pas perdre une minute pour profiter du peu de temps qu'ils avaient ensemble.

« Ne triche pas, hein ! »

Une main posée sur les yeux de sa belle, Gideon essayait de glisser la clef dans la serrure de la porte de son appartement et d'ouvrir celle-ci de son autre main. Après avoir galéré un court instant sans être tenté de sortir sa baguette pour ouvrir magiquement, il a enfin réussi à pénétrer le tout petit appartement dans lequel il vivait depuis septembre. Alors qu'il y a quelques jours, des paquets de céréales gisaient sur la table au milieu de tasses vides et de petites cuillères lâchement abandonnées, tandis que sur le petit canapé attendaient normalement un tas de fringues, la pièce principale qui servait à la fois de cuisine/salle à manger/salon était maintenant parfaitement rangé. La chambre aussi. Il était plutôt fier de lui. Même quand c'était sa mère qui venait, il ne rangeait pas autant. Mais étant donné que Deidre venait visiter pour la première fois, il ne voulait pas qu'elle pense qu'il était désordonné comme pas possible, il voulait faire bonne impression. Gid a avancé d'un pas afin de fermer la porte derrière eux et a enfin retiré ses mains des yeux de la poufsouffle.

« Tadaaaam ! » s'est-il exclamé.

« Je vais louper une marche et m'étaler comme une grosse crêpe. »

« Mais non, je suis là pour te rattraper ! »

Elle levait les mains, signe qu'elle lui faisait quand même assez confiance pour qu'il la guide dans les marches sans risquer de vraiment se casser la figure. Il souriait, amusé par sa petite amie mais restait un peu stressé à l'idée que Deidre pourrait détester l'endroit.

« C'est pas très grand mais tu dois être bien, là. »

D'habitude, il passait souvent en coup de vent ici et restait pratiquement toute la journée à l'école supérieure de magie, parce qu'il n'aimait pas vraiment rester tout seul dans son appartement... A Poudlard, les élèves vivaient en permanence avec leurs camarades et chez ses parents, il y avait toujours quelqu'un alors il avait bien évidemment pris l'habitude de vivre en communauté. Mais maintenant qu'il y était avec Deidre, il aurait pu rester toute la journée sans problème.

« Et c'est un plaisir que de vous accueillir dans mon humble demeure, mademoiselle. »

Tandis qu'ils s'embrassaient tendrement, il la mena jusqu'au canapé et tous deux s'installèrent dessus. En s'asseyant sur une belle plume qui avait échappé à son rangement, il coupa court au baiser, chatouilla le bout du nez de Deidre de la plume et la déposa sur la petite table basse accompagnant sa grimace amusée d'un haussement d'épaules. Il passa un bras au dessus de celles de Deidre et s'installa plus confortablement dans le canapé.

« Je peux te poser une question ?... Comment dire... Je me demandais si... Tu-étais-allé-au-bal-de-la-Saint-Valentin-avec-un-cavalier ? »

Gideon, jaloux ? A peiiiine !

Il n'avouerait pas si facilement qu'il était jaloux, qu'il avait peur que Deidre se trouve un petit copain à Poudlard, un copain qu'elle pourrait voir dès que ça lui chante et pas seulement quand elle peut quitter Poudlard... Ca ne l'enchantait pas de savoir qu'elle avait passé la Saint-Valentin toute seule mais ça le rassurait qu'elle n'y soit pas allée avec un autre garçon que lui. La prochaine fois, c'était sûr, ils seraient ensemble pour la Saint-Valentin. Gideon se le promettait !
Gideon étant un pitoyable hôte, Deidre avait pris les choses en mains, comme si elle avait toujours vécu ici et, depuis le canapé, le menton posé dans ses mains, il la regardait fouiller dans ses placards en souriant béatement. Finalement, alors qu'elle lui racontait les événements assez surprenants du bal de la Saint-Valentin (James et Lily n'étaient pas sensés être ensemble ? Depuis quand McGo et Rogue étaient entrés dans l'équation ?), il se leva et rejoignit la poufsouffle en train de préparer le thé.

« Moi aussi j'ai pensé à toi... »

De toute façon, ce n'était pas difficile, il pensait à elle pratiquement tout le temps. Il lui a déposé un baiser dans le cou et a chuchoté à son oreille.

« Je t'aime. »

C'était la première fois qu'il lui disait, ça lui faisait étrange mais il ne l'avait jamais autant pensé qu'à ce moment là, ce simple moment où Deidre ne faisait rien de plus que préparer un thé. Pourtant, ça semblait être le moment parfait. Les mots avaient été plus rapides que ses pensées, il n'avait même pas prévu de lui dire aujourd'hui. Ce n'était pas sans lui rappeler sa conversation avec Tybalt à propos du moment opportun pour dire à voix haute ce qu'on ressentait depuis un long moment déjà.

Gideon aurait bu une potion d'allégresse qu'il ne se serait pas senti plus heureux qu'à cet instant là. Ils avaient mis le temps mais ils se l'étaient avoués à voix haute. Encore plus que jamais, il sentait qu'ils étaient fait l'un pour l'autre et que rien ne pourrait les séparer. Mais quand viendrait l'heure où Deidre devrait rentrer à Poudlard, ce serait encore pire que d'habitude... Ou peut-être le vivrait-il mieux parce qu'il savait qu'elle l'aimait, qu'elle savait que c'était aussi son cas et qu'ils n'avaient rien à craindre des sorciers de Poudlads ou des londoniennes. Quoi qu'il en soit, ça ne l'empêcherait pas de compter vingt fois les jours qui les séparaient d'un nouveau rendez-vous. Lui aussi avait hâte que l'année se termine et qu'ils puissent se voir tout le temps, quand ils le voulaient et pas seulement quand leurs emplois du temps coïncidaient.

« J'ai hâte aussi, mais profite quand même de ta dernière année à Poudlard, avec tes amis et en sécurité. Mes parents disent toujours que leurs années à Poudlard resteront les plus belles de leur vie. »

Il se détacha à contre-coeur de Deidre et fouilla un placard d'où il sortit trois paquets de sachets de thé qu'il présenta à Deidre avec un grand sourire.

« Thé vert, à l'orange ou à la violette ? »

Deidre aborda le sujet de l'officialisation de leur couple. Car s'il ne faisait aucun doute qu'ils étaient ensemble depuis plusieurs mois, ils n'avaient annoncé la nouvelle à personne... Et plus le temps passait, plus il serait difficile de le dire sans vexer les personnes. Gideon prit un air coupable.

« Je... Je l'ai dit à Tybalt il y a quelques jours... »

Il avait eu besoin d'en parler à son meilleur ami, de lui demander des conseils étant donné qu'ils étaient dans une situation assez similaire. Tybalt sortait avec Nora, encore à Poudlard, mais depuis plus longtemps ce qui lui faisait espérer que c'était une difficulté surmontable. Avec Garance, c'était plus compliqué à annoncer. Ils étaient tous les deux ses meilleurs amis et lui avaient caché la vérité longtemps. Il a retiré l'eau chaude du feu et leur a servi deux tasses.

« On doit lui dire, mais j'ai l'impression qu'avoir attendu rend les choses encore plus difficiles. Et ça va être dur de réussir à se retrouver tous les trois pour lui annoncer la nouvelle ensemble... »

Installé sur le canapé, Gideon enlaça les épaules de Deidre et joua avec une de ses mèches de cheveux tout en réfléchissant. Il aurait fallu annoncer leur relation à Garance le mois qui avait suivi son début, au minimum... Mais ils avaient toujours repoussé. Maintenant, ça aurait été préférable qu'ils lui révèlent la vérité ensemble mais ça signifiait repousser encore ce moment, or ils ne pouvaient pas retarder encore une fois l'inévitable.

« Je te propose quelque chose. Demain, je vais chez mes parents, j'utiliserai leur cheminée pour lui annoncer. »

La technique des feux parlants était une technique qu'il ne cessait d'utiliser cette année, c'était un moyen de communication certes inconfortable mais qui avait le mérite d'être plus rapide que les hiboux. Seulement comme Deidre pouvait le constater, le petit appartement moldu de Gideon était dépourvu de cheminée.

« Je lui explique pourquoi on ne lui a pas dit tout de suite. Je préfère qu'elle fasse la tête à moi plutôt qu'à toi qui la vois tous les jours, peut-être que si elle se fâche un bon coup avec moi, elle sera plus gentille avec toi ?... »

Annoncer leur histoire d'amour qui date depuis un moment à Garance n'était pas la même chose que l'annoncer à Tybalt. C'était beaucoup plus difficile. Quand Deidre lui disait que Gary se sentirait trahie, Gid l'imaginait furieuse mais sa réaction serait peut-être très différente.

« Ne t'inquiète pas, elle comprendra, je suis sûr. Quand elle aura digérée la nouvelle, elle sera heureuse pour nous. » Dans sa voix, il y avait tout de même un soupçon de doute. « Enfin j'espère... »

Mentalement, Gideon se faisait une liste des personnes qu'il était important de prévenir en plus de Garance. Les autres pouvaient attendre un peu plus bien sur mais il faudrait tout de même y venir. Gideon avait complètement oublié son petit frère dans toute cette histoire. Fabian non plus n'était pas au courant. Au début, il pensait que lui révéler briserait totalement le secret et que le monde sorcier aurait été mis au courant en une semaine à peine puisque son petit frère n'avait jamais été capable de garder les secrets de ce genre... Mais à lui aussi, il devrait dire la vérité un jour ou l'autre. Et il n'hésiterait pas à le trucider pour lui avoir caché son histoire. Et puis bien sur, il y avait aussi ses parents mais là, il était certain qu'ils réagiraient très bien à la nouvelle.

« Je ne voudrais pas aborder un sujet encore plus épineux mais puisqu'on est dans le thème des révélations aux proches... Mes parents vont vouloir te rencontrer. Et je suppose que les tiens aussi ? »

Gideon ne se faisait aucun soucis pour Deidre : ses parents allaient l'adorer ! Certes ils n'étaient pas toujours d'accord avec le nom de ses fréquentations mais là, ils allaient être obligés de se rendre compte qu'elle était parfaite. Merope Prewett était une femme imperturbable qui poussait ses fils à être autonome et non le genre de mère poule qui refuse de voir son enfant aimer une autre femme. Quant à son père, c'était un bonhomme qui ne perdait aucune minute pour rigoler et ne se prenait pas toujours au sérieux. Gideon adorait ses parents, complémentaires, ouverts et loin de l'archétype du couple de sorciers pro-sang-pur.

« Mes parents vont t'adorer, ils ne savent pas qui tu es mais ils savent qu'il y a cette fille dont je suis complètement dingue... »

Il avait entretenu le mystère autour de sa petite amie mais ses parents n'étaient pas dupes et voyaient bien que leur premier fils était amoureux et heureux.
Non, ce qui inquiétait Gideon, c'était plutôt les parents de Deidre. Ou plutôt, le père de Deidre. Comme elle le disait si bien, son père était flic, ce qui devait être l'équivalent de la brigade magique mais sans les baguettes, ce qui n'en était pas moins inquiétant. Normalement, Gideon était assez bien élevé pour faire bonne impression auprès des personnes plus âgées que lui, mais ce n'était pas une situation normale : il allait rencontrer le père de sa petite amie, policier de surcroît. La remarque de la poufsouffle au sujet de l'interrogatoire lui arracha un léger rire nerveux. Il s'imaginait déjà comme dans un de ces films moldus qu'il avait pu voir un jour, assis sur une chaise dans une petite pièce sombre, une lampe braquée dans les yeux et le père de Deidre face à lui avec un air menaçant lui annonçant que s'il faisait du mal à sa fille, il n'avait pas fini de souffrir.

« S'il essaye de me faire du mal, tu me protégeras, hein ? » a-t-il faussement imploré avec un regard de chien battu.

Comme le disait Deidre, il n'y avait pas de raison pour que ça se passe mal lorsque Gid rencontrerait monsieur Velazquez. Il n'avait rien à se reprocher, se comportait toujours bien et venait d'une bonne famille... Il était presque le gendre idéal. Mais Deidre était la première et l'unique fille des Velazquez. Gideon n'avait aucune idée de comment c'était passé la rencontre entre son propre père et Arthur mais il lui avait toujours semblé que son beau-frère avait naturellement et aussitôt fait parti de la famille. Il n'empêche que Gid était sûr que sa mère avait du convaincre son père de laisser une chance au copain de sa fille avant de le jeter à la porte. Et aujourd'hui, les deux étaient mariés et avaient déjà une ribambelle de rouquins. Avec beaucoup de chance, tout se passerait comme ça pour Gideon aussi... Enfin, avec moins de rouquins dans l'affaire.
Il sourit tendrement à Deidre en s'amusant à dessiner doucement des arabesques sur ses bras du bout des doigts. Quoi qu'il arrive, il ne voulait pas non plus imaginer le reste de sa vie sans elle, il voulait vivre et vieillir à ses côtés dans un monde où leurs enfants ne craindront pas de se faire tuer parce qu'ils ne seront pas sangs-purs.

Deidre changea de sujet et alors qu'ils glissaient dans le futur un instant auparavant, elle les renvoya dans le passé, en plein souvenir.
« Oh, c'était quoi leur nom déjà ? C'était délicieux ! Des... entai... non ensaimendas ? Ensaimadas ! J'adore ta mère ! »
Ses yeux pétillèrent en se remémorant les fameuses pâtisseries et la fameuse journée à la fête foraine. C'était une des journées en haut de la liste de celles qu'il ne voulait jamais oublier. Il serra la jolie brune contre lui. Ils en auraient encore pleins des journées à ajouter à cette liste et celle-ci en ferait surement partie.
« Je t'aime. »
Quelque chose lui disait que maintenant que le premier je t'aime avait été dit, ils n'avaient pas fini de se le répéter.

Quand Deidre se dirigea vers l'évier pour laver les deux tasses, Gideon se leva à son tour pour replacer machinalement les coussins sur le canapé. Sans qu'ils s'en doutent, tous deux pensaient au même sujet. A la différence que Gid n'était pas prêt à faire le premier pas pour lui proposer de venir emménager avec lui. Alors quand Deidre lui a posé la question directement, sans détour, un immense sourire s'est affiché sur son visage. Il a traversé la distance qui les séparait pour la serrer dans ses bras son torse contre son dos, glisser ses mains sur sa taille et poser ses lèvres dans son cou.

« Je n'osais pas te demander... J'avais peur que tu trouves ça prématuré et que tu refuses. Je veux vivre avec toi, je veux pouvoir te voir et t'embrasser quand je veux, à n'importe quel moment. »

Vivre avec Deidre, c'était tout ce qu'il voulait. Plus jamais il ne voulait passer une année comme celle-ci. Il s'en fichait de prendre son temps, ils ne l'avaient peut-être pas. Certes ça impliquait quelques problèmes... Comment pourra-il conserver sa couverture avec l'Ordre quand il devra partir en mission à n'importe quel moment ? Certaines réunions au quartier général s'éternisaient tard le soir. Et il pouvait ne jamais revenir d'une mission. Quand il serait temps, il serait obligé de lui avouer pour l'OP. Garder le secret était impossible.

« Ici ou ailleurs. C'est petit et moldu, il n'y a pas de cheminée reliée au réseau de cheminette ce qui me manque très souvent. Cet été, on peut trouver un autre appartement... »

La cheminée, il en avait vraiment besoin maintenant. A chaque fois qu'il en avait besoin, il devait aller chez ses parents ce qui était loin d'être pratique. Il envisageait déjà de déménager à la fin de l'été alors autant choisir un endroit qui leur plairait à tous les deux, qu'ils pourraient aménager ensemble. Emporté par la joie qu'il avait à l'idée de ces plans avec Deidre, il la prit dans ses bras pour la soulever de terre et l'embrasser.

« On va vivre ensemble. Te quiero. »

Son vocabulaire en espagnol était très limité mais il savait le plus important. Un sourire en coin, Gid a déposé sa petite copine sur le bord de l'évier et un peu de mousse sur le bout de son nez.

Il avait tout le temps envie de l'embrasser et alors qu'ils étaient enfin ensemble, qu'elle était toute à lui, que les kilomètres ne les séparaient pas, il ne s'en privait pas. Il avait des semaines de baisers à rattraper en seulement quelques heures.

« Toujours, mon amour... »

Alors qu'elle se moquait de ses inquiétudes à propos de la cheminée, il fit mine de bouder. Mais rapidement il passa à autre chose quand Deidre annonça qu'elle éplucherait les petites annonces à peine rentrée à Poudlard. Ils avaient largement le temps avant de pouvoir emménager ensemble mais lui aussi s'imaginait déjà leur futur ensemble, la visite des appartements (avec cheminée !), leur installation et la monotonie du quotidien. Il ne rêvait de rien d'autre que des journées enfin normales et paisibles, sans ces histoires de guerre sorcière. Juste Deidre et lui dans leur petit nid d'amoureux.
Rigolant du compliment de Deidre concernant son espagnol, il joua des sourcils, un sourire en coin.

« Des cours particuliers avec vous, mademoiselle Velasquez ? Ce sera un véritable plaisir ! »

Pas certain qu'il soit l'élève le plus attentif jamais vu et ils risquaient surtout de pratiquer d'autres langues que l'espagnol.