(anne) aren't we just terrified ?

Quand l'arbitre du match a sifflé une faute de la part des américains, j'ai pris ça comme un signe du destin, je sais pas pourquoi et je me suis levé brusquement, avec dans l'idée d'aller me chercher un hot-dog, comme poussé par une force supérieure que j'arrivais pas à contrôler. Cette force qui dictait ma conduite malgré moi, c'était une faim de ouf à laquelle je pouvais pas résister.
En me levant de mon siège, avec l'élan et tout ça, j'ai fait tomber mon sachet de pop-corn (je m'étais un peu cru au cinoche, à la base, ouais j'avoue) sur la tête du type assis juste devant moi. Il s'est retourné mais j'étais déjà barré.
J'ai gêné une bonne vingtaine de personnes pour quitter mon rang et arriver enfin dans les escaliers. Puis j'ai tout descendu super vite, je voulais pas trop non plus louper toutes les actions, ça aurait été con. J'ai sauté les quatre dernières marches et j'ai failli rentrer dans un mec de la sécurité, droit comme un i, mains jointes dans son dos, le type sérieux qu'il fallait pas bousculer, quoi. Je l'ai contourné et j'ai été me poster dans la queue du stand de hot-dog. En fait, je crois que tout le monde avait eu la même idée que moi, il y avait une queue d'enfer et j'étais pas sorti de l'auberge.
J'ai levé la tête vers le ciel, histoire de suivre un peu le match quand même mais bordel, on voyait rien avec toutes ses banderoles. Du coup, j'ai croisé les bras, j'avais plus qu'à attendre.
La fille devant moi dans la queue s'est retournée et m'a fait « Super match, hein ! Dommage qu'on ne voit rien d'ici ! »
Elle était mignonne, alors j'ai souri.
« C'est clair ! Moi c'est Harper, je t'ai jamais vu à Poudlard, tu viens d'où ?
— De l'institut de Salem, qu'elle m'a fait et j'ai étiré mon sourire encore un peu plus. Je viens supporter les américains, mon cousin joue, il est poursuiveur ! »
Que c'était classe de discuter avec une américaine, même si j'étais quand même un peu plus pour les français. Ça s'est pas lu sur ma tronche.

Trouver des toilettes à peu près propres, avec du papier toilette magique à volonté et moins de vingt personnes dans la file devant soi, tel est en général la quête désespérée de la nana lambda qui vient voir un match de Quidditch avec son chéri et les copains de son chéri. Pour Anne, la quête quant à elle consistait d'avantages en la recherche d'un énorme hot-dog fumant avec au moins une tonne de mayonnaise et un grand soda bien frais : chacun ses valeurs, après tout, et la jeune fille n'allait certainement pas blâmer la ribambelle de midinettes qui patientait sagement en se tortillant de gêne tandis qu'elle gambadait à travers la foule à la recherche d'un marchand ambulant. Mason et Swann lui avaient proposé de se joindre à eux pour assister au premier match de la coupe du monde de Quidditch et la jeune fille avait immédiatement accepté avec joie. La fête battait son plein dans les tribunes, et les garçons étaient tellement survoltés que même en dévoilant des trésors d'hystérie, Anne ne parvenait pas à faire le quart du bruit qu'ils faisaient et commençait à vraiment fatiguer : c'est pourquoi elle avait discrètement déserté les gradins au beau milieu du match pour souffler un bon coup et trouver à manger.

Hot-dog ! Ils sont bons mes hot-dog ! entendit-elle soudain sur sa droite, ce qui lui fit faire un demi-tour à 90° : le paradis était proche, maintenant, elle le sentait, sauf que... Pour y accéder, elle allait devoir passer par la case Harper Hughes, le meilleur ami de Charlie qu'elle ne pouvait encadrer. Son sang ne fit qu'un tour et un soupir excédé s'échappa d'entre les lèvres : quelle poisse, il la suivait décidément partout même jusqu'en France, ce garçon était une véritable malédiction à lui tout seul. Il ne ratait jamais une occasion de lui pourrir la vie, et aujourd'hui la nouvelle Anne rêvait de temps en temps qu'elle prenait sa revanche après tant d'années à supporter les frasques d'Harper. Tranquillement en conversation avec une jolie fille, le Gryffondor ne l'avait pas encore remarquée qui hésitait derrière lui à rejoindre la file à sa suite. Seulement, l'odeur de la nourriture lui titillait à présent les narines, et Anne s'indigna doucement : il ne serait pas dit qu'Anne Bowes-Lehnsman renoncerait à son hot-dog à cause de Harper Hughes, ça non !

A présent que sa décision était prise et que la jeune fille était déterminée à ne pas laisser passer cette chance inespérée de manger un bon hot-dog avant la fin du match, il lui fallait mettre en place son plan d'action. Allait-elle se placer tranquillement derrière lui et l'ignorer en croisant les doigts pour qu'il ne la voie pas ? Ou au contraire l'attaquer par surprise, afin de ne pas lui laisser le temps de mettre sur pied un plan destiné à la ridiculiser une fois de plus ? Le dilemme... Et soudain, une idée assez osée lui vint à l'esprit, et Anne se retint de pouffer : oserait-elle ? Du nerf, que diable, tu es une Gryffondor ou zut ? Sa décision était prise. Inspirant un grand coup, Anne se mit en marche et réduisit en quelques enjambées la distance qui la séparait, avant de s'emparer d'autorité du bras de Harper et dédier à sa jolie conquête un sourire charmant.

C'est bon Harper chéri, je suis revenue des toilettes ! Quelle attente, c'est terrible ! Oh, bonjour, tu me présentes à ton amie ? exigea-t-elle de la voix impérieuse digne de la plus possessive des petites amies. La réaction fut d'ailleurs immédiate chez la compagne d'Harper : son visage se décomposa à vue d'oeil tandis que le sourire d'Anne s'élargissait, et sans plus attendre l'américaine trouva une excuse bidon pour s'éclipser. La Gryffondor, très fière de son coup, attendit qu'elle ait totalement disparu dans la foule avant de lâcher le bras d'Harper avec un soulagement manifeste.

Et une donzelle de sauvée, soupira-t-elle théâtralement, une.

C'était grisant, de pourrir la vie des autres, en fait.

Spoiler:

Soudain, j'ai senti un bras qui s'agrippait à moi.
« C'est bon Harper chéri, je suis revenue des toilettes ! »
Je me suis retourné, c'était Anne. « T'es sérieuse ? » que j'ai voulu lui dire, mais j'étais trop sur le cul pour répondre quoi que ce soit.
Elle a ajouté « Quelle attente, c'est terrible ! Oh, bonjour, tu me présentes à ton amie ? »
Je l'ai regardé, genre les yeux ronds, pendant une paire de secondes. Une paire de secondes de trop, j'aurai du réagir, faire quelque chose, retirer mon bras ou même siffler l'hymne anglais, je sais pas, faire quelque chose, quoi. Mais j'ai rien fait. Et quand je me suis retourné vers l'amerloque, c'était trop tard.
« Je... Je suis désolée, je dois aller retrouver mon copain, qu'elle a fait avec son bel accent américain qui allait me manquer terriblement. Bye. »
Je l'ai regardé s'éloigner, j'étais dépité et en même temps, Anne, elle me tenait toujours le bras. Elle a dût lire dans mes pensées car aussitôt, elle a retiré sa main.
« Et une donzelle de sauvée, qu'elle a soupiré, une. »
J'ai pas pu m'empêcher de sourire. La jalousie puait à des kilomètres.
« Quelle petite conne !* que j'ai sorti de ma plus belle voix. C'est quoi ton problème, ma grosse ? Faut pas être jalouse comme ça, si tu voulais mon bras, fallait me le demander directement, bébé ! »
Elle allait me défoncer. J'étais pas contre.

*en français dans le texte.

C'était bon, Harper avait à peine ouvert la bouche que déjà Anne était sur les nerfs. Il avait comme qui dirait un don, celui de l'horripiler à chaque fois qu'il alignait plus d'un mot : autant dire à la vitesse d'un expelliarmus. Au moins pour une fois Harper avait-il crié le premier, cela lui changeait agréablement. Et si elle ne comprenait pas ce qu'il venait de lâcher en français avec une exaspération palpable, elle ne doutait pas qu'il s'agissait d'une quelconque insulte en mesure de la faire rougir jusqu'aux cheveux.

Primo, articula-t-elle avec tout le dédain du monde, je n'ai aucun problème, je m'efforce de régler ceux des autres.

Car cette petite américaine n'en avait certes pas la moindre idée, mais Anne venait de la sauver d'un péril certain, c'était évident. Surtout si comme elle avait voulu leur faire croire, elle avait un petit ami : il n'existait pas plus irrespectueux des conventions amoureuses que ce cher Harper, qui n'y prêtait pas plus attention qu'aux rayures de sa baguette magique.

Secondo, reprit-elle d'une voix un peu plus indignée, je ne suis pas jalouse, je suis solidaire. Y'a peut-être quelques lettres en commun entre les deux, mais sinon les deux ne peuvent pas se confondre je te jure. Et tertio, conclut-elle de nouveau avec dédain, je ne suis pas ton bébé.

Sur ces belles paroles et comme elle avait tout dit, Anne tourna alors la tête et fit semblant de ne plus prêter la moindre attention à Harper, comme s'il était subitement devenu totalement transparent.

J'ai haussé les yeux au ciel quand Anne m'a engueulé. Elle était toujours comme ça, avec moi. J'étais rôdé.
Des gens dans la queue se sont retournés vers nous mais Anne leur tournait déjà le dos. Du coup, j'ai balayé la situation d'un geste de la main pour leur faire comprendre que c'était pas grave, que ça lui passerait, que c'était une gamine un peu hystérique mais qu'elle se soignait. Ouais, dans un geste de la main, j'ai essayé de faire ressortir tout ça. Pas sûr que ça ait marché.
J'ai dit « Faites pas attention, elle doit avoir ses... vous savez... » J'me suis penché vers eux et j'ai fait semblant d'être discret mais en fait, j'voulais que ça s'entende « Ses trucs de nanas. »
Puis je leur ai sourit et j'ai croisé les bras en tournant le dos à Anne, comme elle devait le faire de son côté. J'ai décidé de faire la queue, au calme, en ignorant totalement la donzelle derrière moi. Après tout, c'est comme ça que ça marche, nan ? Suis-moi, je te fuis, fuis moi, je te suis. En l'occurrence, là ça marchait pas. Elle me fuyait aussi et du coup, ça commençait vaguement à m'énerver. En plus, la queue, elle avançait pas, c'était d'un gênant, j'vous jure.
J'ai soupiré, bruyamment, histoire qu'elle sache que j'étais toujours là. Ou qu'elle me dise « Qu'est ce que t'as ? » mais elle a pas bronché. Du coup, j'ai pris la perche qu'on me tendait quand un mec a traversé la queue devant moi pour retourner à ses gradins. J'ai fait style qu'il venait de me pousser et genre, je me suis cogné dans Anne. Doucement, hein, c'était pas violent non plus.
« Ah, fais gaffe où tu marches, abruti ! » que j'ai gueulé en direction du type, mais pas trop fort non plus car s'il se ramenait, j'étais bon pour les ennuis. « Excuse-moi, je t'ai pas fait mal ? » que j'ai ajouté en me retournant vers Anne en la regardant avec ma p'tite gueule d'ange. « J'l'ai pas fait exprès, c'est à cause de cet imbécile, là bas. J'suis désolé, ça va ? »
Ah le coquin, ah le menteur. Harper, vous irez en enfer mon gars, toi et ton vieux coup monté à deux balles !

Elle essayait vraiment de garder son calme, cette petite, elle essayait vraiment et c'en devenait tout à fait touchant voire clairement admirable, oui admirable, c'est bien le mot, tandis que cet idiot congénital d'Harper Hughes annonçait ou plutôt clamait à toutes les personnes à la ronde (et y'en avait, du monde, vous pouvez en être certains) qu'il n'y avait qu'une seule et unique raison à sa mauvaise humeur ambiante, et que celle-ci ne pouvait venir que de sa nature même de créature humaine ayant passé un certain cap en matière de féminité. En plus, et sans même parler du fait que c'était tellement indiscret et choquant, c'était un pur et simple blasphème, cette satanée histoire, mais vraiment, car ce genre de situation gênante, quoique totalement naturelle, n'était pas en passe de se produire avant encore plusieurs semaines, la jeune fille en était absolument certaine. Evidemment, Harper ne pouvait décemment pas le savoir, ni même ne devait l'apprendre, d'ailleurs, jamais, et évidemment elle n'allait pas vraiment annoncer à tout le monde que c'était pas vrai, cette histoire, car ça aurait l'air encore plus suspect, aussi serra-t-elle les paupières et les poings dans un bel ensemble, résistant à grand-peine à l'envie lancinante qui doucement mais sûrement la prenait de lui foutre dans cette maudite file d'attente devant ce maudit stand de hot-dog une raclée dont il ne se remettrait pas.

Environ quarante-neuf secondes de tranquillité passèrent avant qu'Harper ne se remette à s'agiter, lui qui s'était un peu calmé après avoir sans doute avec regret noté que son attaque puérile n'avait pas suffi à faire sortir de ses gonds la perle de self-control que sa malheureuse compagne était. Et puis soudain, ce abruti se trouva sensiblement totalement dans son périmètre de sécurité et avant même que la Gryffondor ne puisse articuler la moindre protestation, Harper lui écrasa sauvagement le pied avant de recommencer (ô rage, ô désespoir) à lui parler de plus belle.

Enfoiré, parvint-elle à articuler entre ses dents en repliant sa jambe pour pouvoir masser son pied faussement endolori, non mais sérieusement Hughes, quand on sait pas se tenir debout, on évite de sortir sans son déambulateur !

Etonnant comme la proximité de ce garçon pouvait la rendre irritable et désagréable, car comme vous le savez il n'était pas dans les habitudes de la douce jeune fille de piquer pareilles crises et d'utiliser un tel vocabulaire, sa mère y veillait d'ordinaire au grain : mais là, c'était différent, sa mère était pas là et surtout c'était Harper, alors la Gryffondor pouvait bien se permettre ce sursaut d'humeur, bien que réalisant qu'au fond il n'y était pour rien et qu'elle n'avait même pas eu si mal que ça.

En fait c'est jamais de ta faute, si je comprends bien, c'est ça ? ajouta-t-elle avec mauvaise humeur en le repoussant, bien que vaguement amusée. Eh ouais, parfois, Harper Hughes parvenait à vaguement l'amuser, mais qu'on se le dise, c'était pas souvent. Et puis la jeune fille aurait sans hésité préféré mourir plutôt que de le reconnaître, qui plus est devant lui !

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Sujet: Re: (anne) aren't we just terrified ? Mar 10 Sep 2013 - 22:50

« Enfoiré, qu'elle a dit et elle avait pas tord. Non mais sérieusement Hughes, quand on sait pas se tenir debout, on évite de sortir sans son déambulateur ! »
J'ai répondu « Parle pas comme une retraitée ! » car sérieux, qui employait le mot déambulateur à part les vieux ?
Enfin bref, j'ai souri car au final, elle me reparlait, c'était un peu le but du stratagème. Je me sentais comme Jésus marchant sur l'eau. Jésus, il a dû se dire « Je vais tenter un truc et si ça marche, je serais le messie » alors il s'est approché, il a soufflé un bon coup, il a mis son pied sur l'eau et bam, il a marché, c'était le messie. Moi, Anne me reparlait, j'étais le messie. Tout ça pour ça, ouais je sais.
« En fait c'est jamais de ta faute, si je comprends bien, c'est ça ? » qu'elle a ajouté en me repoussant.
Mais j'étais pas con, j'ai senti dans le ton de sa voix qu'elle se retenait de sourire. Doublement messie, vous voyez. Alors j'ai souri encore plus même si au fond, je savais qu'elle allait détester ça.
« Je suis une victime ! » que j'ai fait en levant les deux mains en l'air, paumes tournées vers Anne.
Alors la queue a avancé un peu. Dans les tribunes, ça gueulait sec. A mon avis, il y avait du but dans l'air. Mais il n'y avait pas que ça : il y avait aussi une tension sensuelle palpable entre Anne et moi, fallait que j'en profite.
Alors j'ai demandé « Tu crèches au camping ? » histoire de poursuivre la conversation sur le ton de l'amitié.
Je savais que si je parlais pas, elle allait encore me snober et mes chances avec elle allaient s'évaporer direct. Du coup, il fallait parler, quitte à dire n'importe quoi.
Les gens devant nous ont récupéré leurs sandwichs, c'était à moi. Alors j'ai commandé des frites, avec double ration de sauce à la citrouille, j'avais la dalle. Puis je me suis retourné vers Anne et d'un signe de tête, je lui ai désigné le stand de bouffe.
« Qu'est-ce-que tu prends ? C'est cadeau » que j'ai dit avec ma tronche de gentleman.

Sujet: Re: (anne) aren't we just terrified ? Lun 16 Sep 2013 - 20:06

Anne était bien embêtée, elle n'avait pas prévu qu'Harper n'allait plus lui lâcher la grappe comme ça. Bon, il fallait relativiser, tant qu'il se montrait civilisé comme ça, y'avait pas de problème, la jeune fille était même prête à reconnaître qu'il était d'agréable conversation quand il s'en donnait la peine. Mais le fait était que quand il lui parlait, elle n'entendait plus ce qui se passait sur le terrain, et cela l'ennuyait un peu : d'un autre côté, ça n'était pas que de la faute de Harper. La foule en elle-même faisait tellement de bruit que la Gryffondor n'était même pas sûre à 100% d'entendre le speaker si jamais ce dernier sifflait la fin du match.

Ouais, on est posés au camping, répondit-elle un peu en retard à la question d'Harper, concentrée qu'elle était à écouter ce qui se passait sur le stade tandis qu'une ovation saluait un... But ? Penalty ? Difficile de savoir ! Enfin, je suis avec Marion, en fait, ajouta-t-elle en croisant le regard de Harper, afin que ce dernier ne se fasse pas de fausses idées. Bien sûr, Swann était sur le camping aussi, et Mason, mais la jeune princesse ne se voyait pas le moins du monde partager leur tente. Même si parfois, Marion pouvait se comporter comme un véritable garçon, elle aussi...

Je ne peux pas accepter, bafouilla-t-elle d'une voix vaguement ennuyée à l'offre de Harper. Qu'est-ce qui lui prenait de l'inviter à manger comme ça ? D'accord, ils venaient de parler pendant une minute trente secondes sans s'arracher les yeux, mais était-ce suffisant pour lui offrir son repas pour fêter ça ? Anne, tu es stupide, il essaye juste d'être gentil, se rabroua la jeune fille en dévisageant un cours instant Harper, avant de secouer la tête de plus belle.

Bon, vous vous décidez ? s'impatienta le vendeur, en désignant du menton la file de clients qui n'avançait plus et commençait à jeter des coups d'oeil vers le stand pour voir d'où venait ce bouchon.

Oui, pardon, s'excusa aussitôt Anne avant de décaler Harper pour poser d'autorité ses deux petites mains sur le comptoir du vendeur, je prendrais un hot-dog, mais sans la sauce à la citrouille dedans, j'la veux sur les frites, j'veux une grande frite, et un moyen sodafizz au citron. Et un donut, ajouta-t-elle après une petite seconde de réflexion.

Sujet: Re: (anne) aren't we just terrified ? Lun 16 Sep 2013 - 20:59

A ma question, elle a répondu : « Ouais, on est posés au camping », et j'ai hoché la tête pour faire genre que c'était cool quoi et elle a ajouté : « Enfin, je suis avec Marion, en fait » et là j'ai fait les gros yeux.
La Marion, elle m'avait dit qu'elle pouvait pas rester au camping avec moi et tout et en fait, j'apprend quoi, qu'elle partage une tente avec la môme Anne, j'comprenais mieux !
« Ah ouais, ok, ok, vous devez bien vous marrer » que je lui ai dit et de là, je l'ai invité à manger un truc et elle a essayé de refuser et finalement, elle a accepté, tout ça.
Les filles, c'est des vraies girouettes. Ça refusent les invitations des garçons pour faire leurs princesses, c'est toujours pareil, ça veut faire genre que c'est inaccessible et au final, quoi, ça accepte bien vite avant qu'on se ravise. Faut pas nous la faire, on le sait que vous mourrez d'envie qu'on vous paye un coke ou là, en l'occurrence, un hot dog, une grande frite, un sodafizz et un donut. Bref, elle voulait me ruiner, pas de problème.
Le serveur lui a tout mis dans un sac en papier et j'ai réglé la note avec beaucoup de classe, comme si ça m'ennuyait pas de donner mon or pour une donzelle. J'ai même pas fait de remarque sur le poids qu'elle allait prendre, respect, non ? Gentleman, je vous dis. Mais j'ai bien vu qu'elle regardait en l'air, quand même. Elle loupait le match par ma faute et elle savait pas comment me dire de lui foutre la paix. Mais j'avais pas trop envie de lui foutre la paix, en fait.
J'ai demandé « T'es dans quelle tribune ? » en priant un peu pour qu'elle soit proche de la mienne.
Mais comme je savais que ça allait la saouler que je la colle, j'ai ajouté : « Je dois demander un truc à Marion, en fait et comme j'arrive pas à la croiser au camping... »
Oohlala, c'est moche de mentir.

Sujet: Re: (anne) aren't we just terrified ? Mar 17 Sep 2013 - 19:37

Sans trop savoir pourquoi, elle avait accepté. Même si elle n'aimait pas trop l'idée de piquer à ce garçon son argent, elle avait accepté, car c'était le moyen le plus simple pour en terminer au plus vite. Si elle avait refusé, il aurait insisté (peut-être ?), et elle se serait bornée, et lui... Enfin, le plus simple avait été de désamorcer la crise. Et comme ça au moins, elle allait à présent pouvoir retourner rejoindre Mason et Swann et leurs amis, et Harper allait retourner se perdre dans la foule, et son séjour se terminerait tranquillement, quel bonheur !

On est dans la tribune Est, près des buts des Américains, répondit-elle distraitement après avoir tiré sur la paille de son Sodafizz sans toucher à son hot-dog. Du moins, les garçons y étaient-ils lorsqu'elle était partie, il y avait déjà près de vingt minutes de cela. Tout à coup, Anne commença à craindre qu'ils n'aient bougé, avant de se ressaisir : tant que le match ne serait pas terminé, Swann et pire encore Bertram, ne bougeraient pas d'un iota. Elle était tranquille.

Ah mais Marion n'est pas avec moi ! s'écria-t-elle en levant les sourcils, un peu contrariée par Harper qu'elle croyait tout à fait. Elle voulait se rapprocher de la tribune du commentateur pour lui lancer des Bombabouses si jamais il disait des trucs méchants sur les Américains, bref, on l'a pas suivie, quoi.

Sujet: Re: (anne) aren't we just terrified ? Mer 18 Sep 2013 - 10:24

« Ah », j'étais grave contrarié, là.
Maintenant, je regrettais d'avoir employé l'excuse Marion, j'étais coincé, j'avais plus d'autres choix que d'aller la rejoindre, enfin de faire semblant d'aller la rejoindre car au final, j'avais rien à lui dire. Bon, en même temps, je pouvais pas trop en demander à la môme Anne, c'était déjà bien qu'elle m'ait adressé la parole sans m'étrangler et si j'insistais trop avec la miss, elle allait trouver ça louche. Et puis, dans les tribunes, ça gueulait de plus en plus, et je voulais pas louper la fin du match, la bataille finale, le coude à coude entre les deux attrapeurs.
Du coup, j'ai dit « J'vais aller voir si je la trouve, alors ! » et juste avant de quitter la Anne, j'ai ajouté « Profite-bien de ton hot-dog ! » et ouais, moi aussi j'ai trouvé ça ringard mais trop tard, c'était sorti, on pouvait plus revenir en arrière, très clairement.
Alors je lui ai fait un signe de la main, accompagné d'un clin d'oeil et je l'ai abandonné dans la foule pour remonter dans mes tribunes qui, ouais, au comble de la chance, se trouvaient du côté Ouest, vous voyez le bordel, à l'opposé, et tout. J'ai gravi quelques marches puis je me suis retourné pour lui jeter un coup d'oeil mais elle faisait déjà plus gaffe à moi, ça m'a fait de la peine, moi qui lui avais payé si gentiment toute sa bouffe. Bref, j'ai tourné la tête et je suis retourné à ma place, calmement. Le match était pas fini, j'ai pu profiter de la fin même si, des fois, je l'avoue, mes multiplettes étaient rivées tribune Est.

Sujet: Re: (anne) aren't we just terrified ?

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