DIMANCHE 29 SEPTEMBRE 10H42
MANOIR YORDANOV
CARDIFF

« Je me marie demain, Carmen.
— Super, t'as déjà un fils, Ares, six ans, tu l'invites ? »

Ces mots résonnaient encore à ses oreilles. Il avait vu Carmen la veille au soir, Carmen, la jolie blonde qui s'était emparé de son coeur il y a de ça tellement de temps que ça semblait provenir d'une autre vie. Un fils... Il avait eu le temps d'en parler à personne et de toute façon, il devait se marier aujourd'hui. Oui, aujourd'hui, il allait épouser Brionan O'Shea.

Devant le miroir de la salle de bain, Brooklyn nouait sa cravate noire autour de son cou, apportant les dernières touches à sa tenue de marié. Le regard rivé dans son reflet, il observait sa peau blanche et les cernes sous ses yeux. Bien sûr, ce n'était pas un mariage d'amour mais il aurait pu tout de même apprécier la cérémonie s'il n'avait pas appris sa condition de père il y a de ça à peine quelques heures. Elle avait gâché son mariage comme il avait gâché sa jeunesse.
Brooklyn entendit frapper à la porte de la salle de bain et tourna la tête vers Aleksandar Yordanov lorsque celui-ci pénétra dans la pièce. La maladie qui l'emportait peu à peu lui avait donné dix ans de plus. Ses yeux étaient sombres, sa peau ridée et Brooklyn ressentit un pincement au coeur à l'idée que ce mariage allait probablement être la dernière bonne chose que vivrait son père.
« Je suis fier de toi, mon fils, dit Aleksandar en s'approchant de Brooklyn. Tu vas devenir un homme, mon grand et je sais que je peux compter sur toi, à présent. Viens par là... »
Yordanov Sr. s'empara de la cravate de son fils et entreprit de lui nouer autour du col de sa chemise noire. Ils avaient toujours entretenu une relation privilégiée, tous les deux, une relation plus forte encore qu’avec Abraham et Dylhan. Brooklyn était face à son mentor, son pilier.
« Tu sais, ajouta le bulgare, ton frère est très content d'être ton témoin. Tu as fait le bon choix en prenant Dylhan à tes côtés et ainsi, lorsque le jour viendra où tu devras lui dire la vérité, il saura qu'il fait parti de cette famille au même titre qu'Abraham ou toi.
— Merci Papa, je... Ecoute, il faut que je te dise quelque chose... commença le jeune homme, prêt à tout avouer sur sa nouvelle paternité.
— Ça attendra après la cérémonie, Brooklyn, répondit son père d’un ton catégorique.
— C'est important, c'est...
— Pas aussi important que ce mariage, le coupa Aleksandar. Allez, finis de te préparer, tout le monde t'attend en bas.
— Mais Papa...
— Après la cérémonie, fils. »
Le bulgare admira son grand fils devant lui, les deux mains sur ses épaules. Puis, dans un élan d'émotion, il l'enlaça, ce qui surprit Brooklyn au plus haut point.
« Ta mère aurait été très fière de toi, mon grand... A tout à l'heure. »
Et sur ces mots, il referma la porte derrière lui, laissant Brooklyn seul avec son reflet dans le miroir.

Brooklyn et Brionan Yordanov, ça sonnait bien, ça avait un certain charme. Ils s'étaient mis d'accord tous les deux, ils avaient discuté de leur condition. Chacun de leur côté, ils vivraient leur vie comme si ce mariage n'avait jamais eu lieu mais aux yeux de tous, ils joueraient le couple amoureux, filant le parfait amour malgré l'arrangement passé entre leurs pères. Brooklyn se satisfaisait de cette situation. Mais qu'en était-il de Brionan ?

Au rez-de-chaussée, les invités discutaient en attendant le début de la cérémonie, cérémonie très intime, d’ailleurs, les familles des mariés n’ayant pas envie qu’une attaque d’aurors, à l’image du mariage précédent, vienne gâcher l’événement. Du coup, seuls la famille et les proches avaient été conviés. Le piano du petit salon jouait des mélodies pour accompagner ce moment.
Au fond du jardin du manoir Yordanov avait été dressé un chapiteau blanc, au bout de l’allée en petits cailloux, allée qui avait été recouverte d’un tapis noir pour l’occasion. Des bancs avaient été alignés entre le chapiteau et la fontaine, devant un pupitre d’où serait célébré le mariage.

Tout était parfait, loin de l'image bancale du couple qu'ils allaient former.

« - Tu es très belle », déclara Moïra O'Shea, assise sur le lit de sa sœur, la regardant dans le reflet du miroir en pied devant lequel elle se tenait. Mrs O'Shea, elle, se tenait debout près de sa fille aînée, bras croisés sur la poitrine, la regardant avec tendresse. Sur la coiffeuse, elle attrapa une brosse et entreprit de brosser doucement une dernière fois les boucles brunes de sa fille, admirant sa fine silhouette mise en valeur dans la longue robe blanche faite de transparences et de broderies de perles, qui lui arrivait en bas des pieds. Bree, elle, était silencieuse, et leur sourit doucement à toutes les deux. Si elle avait prit toute cette mascarade à la légère et de façon décontractée lors des entrevues avec les membres de sa belle-famille, l'irlandaise faisait beaucoup moins la fière aujourd'hui. Elle allait se marier. Elle allait quitter les siens, et quitter son nom. Elle n'avait que 19 ans, se sentait si jeune, et eut soudain une grande bouffée d'inquiétude. Pour y palier, elle attrapa le bâton de rouge à lèvre que lui tendait sa mère, et l'appliqua avec précaution.
« - Nous sommes si fiers de toi, si fiers de cette union. Ma belle, grande, jeune femme. Tu n'es plus une petite fille aujourd'hui Brionan, et tu nous comble avec ce mariage » chuchota sa mère. « Prête ? » Incapable de répondre, Bree fit oui de la tête.
Dans le hall du Manoir O'Shea, Finneus et Ryann se tenaient droits comme des i dans leurs costumes, attendant les trois femmes de la famille. Bree eut un pincement au cœur ; on aurait dit le clichée d'une carte de vœux. Des vœux... Elle s'apprêtait à en prononcer d'ici peu. Et les doutes l'assaillaient toujours plus. Brooklyn et elle avaient longuement parlé, négocié, pourparlé, et étaient tombés sur un accord ; chacun mènerait sa vie comme il l'entendait, du moment qu'ils jouaient le couple parfait aux yeux de tous. Leur intimité ne serait pas partagée, et ne serait qu'une couverture aux yeux de tous, tandis que Bree vivrait au Manoir Yordanov, et que Brooklyn gardait son appartement londonien. Sur le moment, cela lui avait parut être la meilleure solution. Mais maintenant... Brionan n'était plus sûre de rien, un sentiment vraiment très étrange pour une fille comme elle, qui avait toujours su contrôler chaque minute de sa vie. Elle savait qu'en se mariant à Brooklyn Yordanov, elle aurait put tomber sur bien, bien pire. Mais arriveraient-ils à jouer la comédie aux yeux de tous ? Et ne seraient-ils pas fatigués, à la longue, de la jouer ? Bree ne voulait pas être malheureuse toute sa vie.
« - Ma fille... » murmura Finneus O'Shea, en prenant les mains de son aînée. « Es-tu prête ? » C'était la deuxième fois de la journée qu'on lui posait cette question. C'était la deuxième fois de la journée qu'elle était incapable de parler et hocha la tête. La famille au grand complet s'agrippa les mains, et tous les cinq transplanèrent au Manoir Yordanov.

Ils arrivèrent dans la bibliothèque d'Aleksandar Yordanov, et le père et le fils descendirent immédiatement au rez-de-chaussée où les invités présents discutaient déjà. Les trois femmes, elles, s'enfermèrent dans l'une des chambres à l'étage du Manoir. Il ne fallait pas que les mariés se voient, sinon cela porterait malheur... Bree eut envie de rire. Et de voir Daisy aussi, aussi vite que possible. Mais l'heure n'était pas encore aux retrouvailles. Sa mère présenta sous ses yeux le voile qui recouvrirait ses cheveux et son visage, en lui souriant d'un air confiant. Moïra à côté ne disait rien, mais ses yeux brillaient d'admiration et d'émotion. Aurait-elle le même genre de mariage que sa soeur aînée ? Ou aurait-elle la chance d'épouser celui que son cœur lui aurait dicté ?
« - Est-ce que... Est-ce que tu peux descendre voir si Daisy est arrivée, et remonter avec elle ici si c'est le cas maman, s'il te plait ? » ouvrit-elle enfin la bouche, sa phrase sonnant comme rauque et éraillée dans sa gorge serrée. La cérémonie n'allait plus tarder à commencer.

robe:

Dylhan finissait de se préparer dans sa chambre. Un dernier noeud de cravate, il s'observa dans le miroir pour voir si tout était parfait. aujourd'hui c'était le mariage de Brooklyn et en tant que témoin, il prenait son rôle au sérieux.Et si tout n'était pas parfait, au goût de Aleksandar Yordanov, il était bon pour des reproches.
Quand il fut sur d'avoir une tenu et une coiffure irréprochable, il sortit de sa chambre pour rejoindre la salle de bain, ou se trouvait son frère aîné. Passant devant de Abraham, il passa la tête par la porte. Il trouva son frère à qui il manquait la cravate, et un coup de peigne également.
-"Dépêche toi de finir de te préparer" lui lança-t-il alors qu'il repartait déjà vers la salle d'eau.
Se mariage se déroulerait en petit comité mais Dylhan y avait invité Maxine Orwell, sa petite-amie et ce, sans le consentement de son frère aîné. Et il doutait que la voir dans la salle sans y être mis au courant risquait d'être... dangereux.
La voie de son père le sortit de ses pensées alors qu'il sortait de la salle de bain. La maladie l'avait considérablement affaiblis et pourtant il gardait toujours cet air respectable qu'il avait toujours eu. Il laissa son père le regarder alors qu'il posait les main sur ses épaules.
-"Tu es parfait Dylhan ! tu fait honneur à ton frère ce soir en ayant accepté d'être son témoin. Je suis fier de vous les garçons" dit-il en parlant de Dylhan et de Abraham. Il lui donna un tape sur les épaules avant de s'éclipser du couloir et de descendre s'occuper des invités. Dylhan s'approcha de la porte, respira un grand coup, toqua et entra. Ce qu'il avait à annoncer à son frère risquait fort de le mettre en colère et après les mots de son père cela serait encore plus dur. Il observa un instant son frère sans toute la classe Yordanov qui leur avait été donné à la naissance.
-"Abraham finit de ce préparer !" Ignorant parfaitement que son frère n'avait pas besoin de cinq minutes pour mettre une cravate et se coiffer les cheveux et qu'il était donc déjà descendu. "Ça va ?" Il avait ressentit pendant quelques secondes les doutes de son frère avant que celui-ci, habitué à gérer ses émotions en présence de Dylhan, ne les fassent disparaître pour d'autres émotions plus neutres.
-"Brooklyn faut que je te dise..." Alors qu'il comptait lui avouer pour son invitation illégale, le bruit de quelqu'un qui toquait à la porte le coupa. Un elfe de maison apparut dans l'entrebâillement de la porte. Comme si c'était vraiment le moment le moment d'être interrompu.
-"Monsieur... Messieurs, votre père et les invités s'impatiente de votre vos venus." couina la voix aigus de l'elfe. Sans même avoir pu parler à son frère, Dylhan suivit l'elfe de maison jusque dans les escaliers qui menaient au salon au rez-de-chaussé. Il ignorait si Brooklyn le suivait mais de toute façon, il ne pouvait pas en parler ici, en présence le l'elfe de maison et à porter d'oreilles indiscrète. Tant pis.

dragées:

Il y a un peu plus d'un mois, j'étais au pub du chat écrasé avec Brooklyn, un soir après le boulot. On prenait un verre avant de rentrer chez nous, on bavardait. Je me souviens qu'à cette occasion, j'avais ri très fort ce soir là, deux fois. La première fois, c'est quand il m'a dit que j'allais devoir porter un costume.
« ▬ Mon pote, t'es sérieux ? Ça doit faire une dizaine d'années  qu'on se connait toi et moi, j'ai jamais porté une seule fois de ma vie un costume. J'aime pas ça. C'est contre nature. C'est contre ma nature. Sans blague ça colle, ça coince, ça gratte, ça s'accroche aux poils. Et puis de toute façon j'en n'ai pas, comme ça c'est réglé. » Bien sûr lui en avait des tonnes, et donc forcément un à me prêter. La deuxième fois que j'ai ri très fort, c'est lorsqu'il m'a annoncé qu'il allait se marier. Je me rappelle que j'avais tellement ri, que mon whisky pur-feu était ressorti par ma bouche mais aussi par mes narines.
« ▬ Ahahah, c'est la meilleure de l'année celle-là, ahahahah ! Attends, j'en pleure de rire ! Et tu vas épouser qui ? L'infirmière de la semaine dernière ? Ou la patiente de la semaine précédente encore ? Ou mieux : ta voisine du quatrième ? Non je sais ; la ruskov de Salem qui est revenue y a pas longtemps ? » Bon j'avoue la dernière, j'aurais pas dû, c'était pas vraiment drôle. Ça m'avait d'ailleurs valu un coup de poing au menton, pas suffisamment fort pour me faire du mal intentionnellement, mais en y appliquant assez de pression pour me faire sentir que j'avais frappé trop bas sur ce coup là.
« — Avec Brionan O'Shea. » Je la connaissais pas celle-là. J'étais étonné, parce qu'il était très sérieux. Et que d'habitude, il avait toujours son petit sourire de petit con au coin des lèvres, qui faisait que même si je n'entendais pas à des kilomètres à la ronde les battements de son cœur, je savais qu'il déconnait. Or, il ne souriait pas, et son rythme cardiaque était aussi tranquille que je devenais nerveux.
« ▬ Tu vas vraiment te marier alors. » C'était stupide, mais j'avais besoin de le dire à voix haute, pour y croire. Je crois même que je ne l'ai pas félicité, tant j'étais estomaqué. De tout mes proches, Brook était celui que je voyais le moins se marier, du moins le plus tard possible.

Et j'y réfléchissais encore, alors que ma sœur Dallas m'aidait à nouer ma cravate. Je ne savais vraiment pas m'occuper de ce genre de chose, et ça m'étranglait déjà. J'ai voulu m'en mêler, elle m'a tapé sur les doigts.
« ▬ Touche pas, laisse-moi faire », dit-elle sèchement, en souriant quand même. Trois minutes plus tard, et je me regardais de haut en bas dans la salle de bain, sans me reconnaître. « Plutôt pas mal frangin... Tu vois quand tu veux ? Tu peut être plutôt canon quand tu décide de te civiliser ! » j'ai attrapé un t-shirt qui traînait et le lui ai lancé dessus, alors qu'elle filait en éclatant de rire. Dix minutes plus tard et j'étais chez Brooklyn, qui m'avait laissé les clefs de son appartement et un peu de poudre de cheminette. Dix minutes de plus, et j'arrivais dans le hall du Manoir Yordanov. Beaucoup d'invités étaient déjà présents, mais mon meilleur ami était introuvable. Je me frayais un chemin parmi les convives et sortis à l'extérieur, là où la cérémonie se déroulerait.

Spoiler:

Spoiler:

Énième mariage arrangé. Camelia en était sûr, ce n'était pas l'odeur de l'amour qui régnait dans cette demeure lorsque Lilac et elle arrivèrent dans le petit salon par l'âtre de la cheminée. Non, ce n'était pas de l'amour, c'était autre chose et tout le gratin de sang-pur était rassemblé aujourd'hui pour assister à cette énième union factice.
Camelia était vêtue d'une longue robe noire, qu'elle épousseta pour faire disparaître la suie qui s'était légèrement déposé sur le tissu. Un noeud était cousu sous sa poitrine, tout contre son ventre. Une cape en velours bordeaux était enroulée autour de ses fines épaules et elle avait relevé ses longs cheveux blonds et les avait tressés autour de sa tête. Son parfum floral laissait une trace enivrante sur son passage.
Son regard fit le tour de la pièce tandis qu'elle s'agrippait doucement au bras de sa soeur. Elle repéra Daisy monter les escaliers et disparaître à l'étage puis, ses joues s'empourprèrent subtilement lorsqu'elle vit Abraham en descendre. Elle lui adressa un signe de la main discret accompagné d'un sourire puis elle suivit sa soeur jusque dans le jardin où allait se dérouler la cérémonie. Celle-ci s'extasia sur la décoration des lieux et Camelia acquiesça mais seul l'image d'Abraham restait ancré dans son esprit...

Arrivée au manoir Yordanov en compagnie de sa cousine Maxine et de son frère Julius, Philippa regarda autour d’elle. Déjà, plusieurs invités étaient présents. La plupart des personnes qui s’y trouvait étaient des sang-purs, donc peu de gens étaient des inconnus aux yeux de la jeune femme. Pippa était vêtue d’une robe beige agrémentée de perles et de pierres précieuses. Elle avait laissé ses cheveux lousses légèrement frisés vers le bas. Son frère n’approuvait certainement pas la longueur de sa robe, mais cela ne la dérangeait point, elle ne s’était pas habillée aussi jolie pour lui. Philippa se retourna vers sa cousine et baissa légèrement sa voix.

- Le premier des frères Yordanov à se marier… Tu vas voir Dyl’ avant la cérémonie ou seulement après ?

Dans la foule au rez-de-chaussée, Philippa remarqua Bram. Il était parfait dans son costume, elle soupira. Elle espérait au moins avoir une danse avec celui-ci et la chance de discuter aussi avec lui. Elle n'avait surtout pas aperçu Camelia Blackstone. Elle se dirigea donc vers l’extérieur où se tiendra la cérémonie. Tout était si beau, si parfait. Son frère lui avait dit de s’installer près de Minerva Moon ce que la jeune femme fit, même si cela ne lui plaisait pas du tout. Pippa souria à Minerva et la remercia de son compliment. Maintenant, ne restait plus que les mariés.

Lorsque Yordanov Sr. quitta la salle de bain, Brooklyn se retrouva seul et pour la première fois depuis des mois, les doutes se mirent à l'assaillir. Et s'il faisait le mauvais choix ? Et s'il était en train de faire une énorme erreur sous prétexte de faire plaisir à son père ? L'image de Carmen et d'un enfant sans visage hantait son esprit au point qu'il ne savait plus où il en était. Elle avait réussi, elle avait eu sa vengeance, finalement.
L'arrivée de Dylhan stoppa net ses réflexions et, connaissant l'empathie dont pouvait faire preuve son frère, Brooklyn se força a récupérer une certaine détente qu'il n'avait plus ressenti depuis hier. Sauver les apparences, c'était toujours ainsi que ça fonctionnait.
« Abraham finit de se préparer, fit Dylhan et Brooklyn hocha la tête avant d'attraper sa veste de costume accroché à un cintre qui pendait à la tringle du rideau de douche. Ça va ? »
Brooklyn déglutit, les yeux rivés vers leur reflet dans le miroir. Garder la face, faire bonne figure, toujours faire bonne figure pour montrer que malgré tout, ils pourraient toujours compter sur lui. Alors il se retourna vers son frère et lui sourit, sachant très bien que son sourire serait des plus convaincants.
« Pourquoi ça n'irait pas ? J'épouse l'une des plus belles filles du pays, répondit Brooklyn tout en remettant en place le noeud de sa cravate pourtant parfaitement en ordre.
— Brooklyn faut que je te dise... commença Dylhan.
— Monsieur... l'interrompit un elfe de maison passant la tête par l’entrebâillement de la porte. Messieurs, votre père et les invités s'impatientent de votre venue.
— Eh bien dis leur qu'on arrive, fit Brooklyn en déposant une main sur l'épaule de Dylhan. Le futur marié et son témoin sont prêts ! ajouta-t-il en lançant un clin d'oeil à son petit frère.

En arrivant en bas, Brooklyn constata que tous les invités étaient déjà dans le jardin à attendre le début de la cérémonie. Brionan n'était pas encore descendue et Brook soupira, plus anxieux qu'il ne l'aurait pensé. Son regard fit le tour du salon, cherchant il ne savait quoi, Carmen peut-être, venu le dissuader de se marier. Mais elle n'était pas là et Aleksandar s'avança vers son fils, une canne à la main pour l'aider à marcher correctement.
« C'est bon, Papa, je suis prêt, le devança-t-il en lissant du plat de la main sa veste qui n'avait nullement besoin d'être lissée.
— Parfait mon grand, tout le monde t'attend, à présent... »
Aleksandar passa une main dans le dos de son fils et l'invita à quitter la demeure pour le grand jardin. Les regards convergèrent dans sa direction et Brooklyn, s'obligeant à garder un visage neutre, s'avança en compagnie de son père et de son frère jusqu'au fond du jardin où tout le monde était rassemblé, pasteur compris. Il salua deux, trois personnes d'un signe de tête, adressa un clin d'oeil à son meilleur ami Derek, puis se posta devant l'autel improvisé, n'attendant plus que la future mariée.

Quelques coups frappés à la porte, et sa mère réapparue accompagnée de Daisy qui en quelques enjambées l'avait rejointe et la serrait fort dans ses bras. Bree s'y laissa engloutir car être « la petite sœur », pour une fois, ça faisait du bien.
« - On va vous laisser une minute toutes les deux, d'accord ? Moïra ma chérie, viens avec moi on descend, murmura Mrs O'Shea, et les deux descendirent au rez-de-chaussées, laissant les amies discuter.
- Bree, tu es magnifique ! déclara Daisy en saisissant ses mains, et Bree lui adressa un petit sourire.
- Je te retourne le compliment... Du noir, comme ma robe à ton mariage. Nous sommes sur la même longueur d'onde, murmura l'irlandaise dans un sourire. Daisy sonda du regard son amie, si pâle derrière son voile.
- Que te dit ton cœur ? lui demanda-t-elle enfin, et Bree baissa la tête, avant de la relever un moment plus tard.
- Il me dit que je n'ai pas vraiment le choix... déclara-t-elle en encrant son regard dans celui de sa meilleure amie, persuadée qu'elle saisirait l'allusion. Mais que j'aurais pu tomber sur pire, je pense », poursuivit-elle mais cela, seul le temps le lui dirait. Alors, pourquoi avait-elle ce drôle de pressentiment ?

Quelques minutes plus tard, il fallait descendre. Après une retouche maquillage et avoir correctement ajusté son voile, Bree descendait les grands escaliers et s'apprêtait à franchir la porte qui la mènerait au jardin, à l'autel, et à son époux. Juste devant elle l'attendait son père, lui souriant. Regardant par dessus son épaule, Daisy était tout près d'elle, prête à assumer son rôle de témoin de la mariée jusqu'au bout. Au fond, près de l'autel Brooklyn et son frère se tenaient droits. Le rythme cardiaque de Brionan s'accéléra, mais elle sortit de sa torpeur et agrippa fermement le bras que lui tendait son père.
« - Brionan, mo  leanbh *, tu es... Métamorphosée » lui glissa-t-il à l'oreille tandis que sous les yeux des convives, ils remontaient tous deux l'allée jusqu'à l'autel. Bree ne réussit à rien répondre, et gardait le regard scotché à celui de Brooklyn, par dessous son voile. Enfin elle lui fit face et son père s'écarta.

* mon enfant en gaélique

Le sourire que lui servit Brooklyn rassura Dylhan qui ne cru pas un seul instant qu'il n'y avait pas de vrai sincérité derrière. Il se doutait qu'il n'y avait pas d'amour entre son frère et la jeune O'Shea mais si Brooklyn le prenait bien, y'avait-il vraiment à s'inquiéter. En revanche, il s'inquiétait plus pour son avenir. De mémoire, Brooklyn ne s'était jamais vraiment casé avec quelqu'un. Il était toujours passé d'une nana à l'autre. Il était avec Maxine depuis plusieurs mois déjà et il ne souhaitait pour rien au monde que son père lui annonce un soir qu'il avait prévue une union avec une autre femme de bonne famille.
Il suivit son frère dans le jardin jusqu'a l'autel improvisé et se plaça au côté de son frère. Placé ou il était, il avait une vue parfaite sur l'assemblé. Il ne lui fallut que quelques secondes pour repérer Maxine qu'il avait invité sans autorisation au côtés de Philippa sa camarade Préfète !
Il espérait sans grand succès que Brooklyn l'esprit trop pris par les évènements n'avait pas remarquer la présence intruse de la jeune Orwell.