Les mains enfoncées dans les poches de mon costume - qu'est-ce que je le détestais ! Qu'est-ce que je me sentais coincé à l'intérieur ! Vivement que je puisse l'enlever celui-là, et que plus jamais on ne m'en reparle... -, je me tenais dans le beau jardin des Yordanov a observer distraitement les alentours et les convives. De là où j'étais, j'avais une bonne vue d'ensemble. J'ai vu Minerva Moon discuter avec des amis sans doute, reconnaissant de loin la chevelure de feu de la plus fidèle cliente de mon employeur le Doc Deaton, puis quelques autres personnes que je devais déjà avoir croisées sans toutefois réussir à mettre un nom précisément sur un visage. Comme tout le monde partait s'asseoir sur les bancs face à l'autel, je fis de même, dans les premiers rangs. Les chuchotis allaient bon train, j'y prêtais une oreille distraite, puis le silence se fit. Je compris que c'était maintenant que tout se jouait. Par instinct, et comme tous les autres convives, je me retournais et vis mon meilleur ami remonter l'allée en compagnie de ce bon vieux Aleksandar, qui semblait encore plus mal en point que la dernière fois que je l'avais vu. Les deux étaient suivis du second fils Yordanov, témoin du marié. Je ne voyais pas le troisième, qui devait être parmi les invités. Lorsqu'il passa à ma hauteur, Brook m'adressa un clin d’œil auquel je répondis par un petit rire incrédule - ça y est, il allait vraiment se marier ! - mais néanmoins sincère, et se fut enfin le tour de la mariée de le rejoindre. Impossible de déchiffrer son expression sous son voile, je me contentais donc d'observer la vue d'ensemble en haussant les sourcils, impatient d'entendre mon ami et sa future épouse échanger leurs vœux.

« Le premier et pas le dernier, crois-moi ! » Maxine se voyait déjà marié à Dylhan ? Pas certaine que Jeremiah serait fanatique de cette idée. Enfin, pour l’instant Max et Dylhan, tout allait bien pour eux et Philippa était bien heureuse pour sa cousine et son ami. Quoique elle aurait bien aimé être en couple avec un certain Yordanov elle aussi. Parlant d’un certain Yordanov, Bram était assis quelques rangées devant elle, aux côtés de son père. Il se retourna vers elle et il lui fit un signe de tête auquel Pippa lui répondit par un sourire. Elle se retourna vers Maxine et se pencha vers elle.

- T’inquiète pas pour voir Dylhan tantôt, je vous couvre.

Et puis la cérémonie allait commencer. Brooklyn se dirigea vers l’avant du jardin en premier. Il était très bien dans son costume. Et puis se fut le tour de Brionan de s’avancer. Elle était belle aussi, bref, tout le monde était bien beaux. Philippa remarqua Minerva qui s’essuyait les yeux avec un mouchoir. Avait-elle bien vue ? Minerva pleurait pour un mariage arrangé ! Pippa regarda sa cousine Maxine avec un regard désespéré. Espérant que sa voisine allait bientôt arrêter d’être aussi sensible pour si peu.

Camelia et Lilac prirent place au bout du troisième rang et lorsque tous les regards convergèrent vers les mariés, les deux soeurs suivirent le mouvement en se retournant d'abord vers Brooklyn accompagné de son père et de son frère, puis vers Brionan qui portait une robe somptueuse. Camelia ne put juger l'émotion de la future épouse dont le visage était masqué derrière un voile.
La plus jeune des soeurs Blackstone attrapa la main de Lilac et la serra fort lorsque les mariés se firent face. Elles adressèrent un signe de la main discret à leur soeur Daisy qui avait la place de témoin de la mariée, puis Camelia se retourna vers Lilac, souriant comme une niaise.
« Qu'est-ce-que c'est beau, un mariage ! » chuchota-t-elle en posant sa tempe contre celle de sa soeur.
Arrangé ou non, le mariage, d'ailleurs. Et dire qu'un jour, ce serait son tour.
Son regard se perdit dans les rangs devant elle au moment où Abraham se tournait dans sa direction. Elle n'eut même pas le temps de lui sourire, que déjà il s'était retourné face aux mariés. Les joues de la jeune fille prirent quelques couleurs et la cérémonie commença.

Lorsque le couple fut devant lui, le pasteur prit la parole, imposant le silence sur toute l'assemblée.
« Chers parents et amis, si nous nous sommes aujourd'hui réunis dans ces lieux, c’est pour unir cet homme et cette femme par les liens sacrés du mariage. Avant toute chose, si quelqu'un souhaite s'opposer à cette union, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais ! »
Le pasteur attendit un instant et Brooklyn en profita pour jeter un coup d'oeil discret aux invités derrière lui, s'attendant peut-être à voir débarquer Carmen, un enfant sous le bras, s'écriant « Je m'y oppose ! » pour mettre fin à cette blague. Mais il n'y avait personne et le pasteur reprit, après s'être raclé la gorge.
« Le mariage suppose que les époux s’engagent l’un envers l’autre sans y être forcés par personne, se promettent fidélité pour toute leur vie et acceptent la responsabilité d’époux et de parents. Est-ce bien ainsi que vous l’entendez ?
— Oui », répondit Brooklyn sans aucune hésitation.
Sans y être forcés, bien sûr. Fidélité, c'est ça. La responsabilité d'époux passe encore, mais celle de parents...
Brooklyn inspira profondément tandis que Brionan répondait au pasteur. Qu'avait-il ? Avant la révélation de la russe, il s'était senti prêt pour ce mariage. Sa promise était belle, agréable, de son rang, il s'était trouvé chanceux. Mais à présent... Ses mains étaient moites et le col trop serré de son costume l'étouffait.
« Passons maintenant aux consentements. Brooklyn Aleksandar Yordanov, Voulez-vous prendre pour épouse Brionan Kelly O'Shea ici présente, jurez-vous de l'aimer, de la chérir, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans le bonheur comme dans l'adversité et ce jusqu'à ce que la mort vous sépare ?
— Je le veux, répondit Brooklyn.
— Brionan Kelly O'Shea, reprit le pasteur. Consentez-vous prendre pour époux Brooklyn Aleksandar Yordanov ici présent, jurez-vous de l'aimer, de le chérir, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans le bonheur comme dans l'adversité et ce jusqu'à ce que la mort vous sépare ? »
Brionan répondit. Brooklyn ne pourrait dire si elle avait hésité ou non, son esprit était ailleurs. Il sentit le regard de son père posé sur lui et il savait que c'était pour lui faire comprendre qu'il devait se reprendre. Le trouble devait se lire sur son visage. Alors le jeune homme se retourna vers sa future épouse et lui adressa un sourire discret mais convainquant.
« Brooklyn, répétez après moi. Moi, Brooklyn...
— Moi, Brooklyn, je te prends, Brionan, pour femme, dans la joie et dans la peine, jusqu’à ce que la mort nous sépare. »
Le pasteur répéta l'instruction pour la future Madame Yordanov, puis les alliances furent apportées.
« Brionan, mettez cette bague au doigt de Brooklyn comme symbole de votre amour éternel. »
L'irlandaise s'exécuta et Brooklyn, sourire au coin des lèvres, lui adressa un clin d'oeil. Puis ce fut à son tour et, délicatement, il glissa l'anneau à l'annulaire de la jeune fille.
« Brooklyn et Brionan ont donné leur amour l'un à l'autre, et c'est un grand plaisir pour moi de les déclarer mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée. »
L'assemblée applaudit alors l'union des deux mangemorts et c'est dans ces conditions que les mariés échangèrent leur tout premier baiser...
Puis, les convives vinrent féliciter les époux tandis que les témoins allèrent signer les registres.

Devant l'autel, c'était maintenant que tout se jouait. Jouait... C'était vraiment le mot ! Le pasteur prit enfin la parole, et le couple lui fit face.
« - [...] Avant toute chose, si quelqu'un souhaite s'opposer à cette union, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais ! Bree se retint de toutes ses forces de se retourner. Et puis d'abord, pourquoi le faire ? Elle n'attendait personne, peut-être était-ce le cas de Brookyln ? Elle garda les yeux braqués fixement sur le pasteur, devant elle, attendant la suite. Ce n'était plus qu'une question de minutes désormais, avant que son destin soit définitivement lié à celui de Yordanov. C'était d'un romantisme fou. Et en même temps, l'irlandaise ne s'était jamais crue romantique. Pas vraiment. Le mariage suppose que les époux s’engagent l’un envers l’autre sans y être forcés par personne, se promettent fidélité pour toute leur vie et acceptent la responsabilité d’époux et de parents. Est-ce bien ainsi que vous l’entendez ? Poursuivit le pasteur, et après que la réponse de son futur époux fusa, la sienne ne tarda pas à venir ;
- Oui, déclara-t-elle d'un ton neutre et distinct, impénétrable. Pourtant, à l'intérieur, Brionan passait par un maelström d'émotions et d'interrogations, et ses jambes en coton ne lui avaient jamais parut aussi faibles. Pourtant, ce n'était plus le moment de reculer, ni de feinter l'évanouissement pour gagner du temps. Du temps qui lui servirait à quoi ? Le choix était déjà fait, la décision déjà prise. Le pasteur demanda à son futur mari s'il voulait la prendre pour épouse, question à laquelle il répondit par l'affirmative.
- Brionan Kelly O'Shea, consentez-vous prendre pour époux Brooklyn Aleksandar Yordanov ici présent, jurez-vous de l'aimer, de le chérir, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans le bonheur comme dans l'adversité et ce jusqu'à ce que la mort vous sépare ? Sans même attendre, elle répondit ;
- Oui je le veux, elle s'octroya même un sourire, sincère ou non, elle n'aurait elle-même pas su le dire, qu'elle adressa par la suite à Brooklyn lorsqu'ils se retrouvèrent face à face. Ce fut ensuite l'échange des vœux, que les deux sorciers récitèrent sous l’œil attentif de leurs parents respectifs, et bien qu'elle n'en montrait rien, cette attention scotchée à leurs deux personnes rendait Bree terriblement nerveuse et fébrile.
- Brionan, mettez cette bague au doigt de Brooklyn comme symbole de votre amour éternel, continua le pasteur et Brionan s’exécuta, les doigts un peu tremblants, sous le regard malicieux de Brook. Le rituel, la symbolique, ça la prenait à la gorge, l'étourdissait presque, mais elle était décidée à aller jusqu'au bout, sans incident. Elle tendit la main à Brooklyn, docile, pour qu'il fasse de même. Et sa respiration s'accéléra.
- Brooklyn et Brionan ont donné leur amour l'un à l'autre, et c'est un grand plaisir pour moi de les déclarer mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée. Bree en était presque timide, lorsqu'elle embrassa enfin son mari. Son mari, c'était si étrange, et si soudainement concret, maintenant. Les invités applaudirent, Bree sentit des larmes lui monter aux yeux, sans couler, ce n'était peut-être pas que de la joie, mais le sourire de sa mère, et la fierté de son père la comblèrent et l'enragèrent à la fois. Quelle journée pleine de contradictions ! Les témoins allèrent signer le registre, et Brionan abandonna un instant son époux pour rejoindre ses parents. En tombant dans les bras de sa mère, elle lâcha enfin quelques larmes, tandis qu'O'Shea Sr lui frottait doucement le dos.
- Ma chérie... », murmura Mrs O'Shea, tandis qu'elle réajustait ses cheveux. C'était maintenant officiel. Tous les convives quittèrent les bancs pour participer au buffet.