Le dossier Hamilton lui était tombé par hasard dans les mains. Enfin presque. Disons que ces derniers temps elle avait pas mal repensé à la situation de Faye après avoir appris qu'elle travaillait chez Barjow & Beurk. C'était triste comme situation, mais au moins c'était légal, contrairement à ses activités parallèles auxquelles Moon préférait ne même pas penser. Elle avait donc consulté le dossier Hamilton, sans y croire, car cela faisait maintenant plusieurs années qu'aucune piste n'avait été trouvée. De toute manière les aurors avaient de plus gros elfes à fouetter et il était probable que l'enquête ne soit jamais rouverte. Et puis soudain il y eût une anomalie, une dissonance, comme une déchirure dans la trame narrative de ce double meurtre. Moon se souvenait parfaitement de la vieille Miss Perks, une vieille dame excentrique qui passait pour folle dans le quartier. La réalité était toute autre. La vieille Perks était loin d'être folle, bien au contraire.

Ce qu'elle lut ce jour-là dans le dossier Hamilton troubla Moon plus qu'elle ne le pensait elle même. La sorcière y songea toute la nuit, et plusieurs jours encore avant d'admettre qu'il y avait bel et bien une anomalie, une micro-fissure d'où s'échappait la vérité. Il fallait qu'elle en ai le coeur net. Voilà qui expliquait sa présence dans l'allée des embrumes, toujours aussi crasseuse et puante. Elle observa la devanture de Barjow et Beurk en songeant avec dégoût que les Moon, et donc elle, avaient un lien de parenté plus ou moins lointain avec cette famille pure.

- Bonjour Faye dit-elle en entrant, son regard méfiant passant d'un objet à l'autre, J'aimerai te parler si tu en as le temps.

Spoiler:

La jeune Hamilton finissait avec un client lorsque Melody franchit le seuil de la boutique. A son regard, elle sentit deux choses, de la méfiance et du doute. Elle déposa son tablier noir près de la caisse et entraina la jeune femme dans l'arrière cour du magasin. Mr Beurk l'excusa malgré son regard mauvais, mais son exemplarité d'employée lui permettait de prendre ce genre de pause. A l'écart, Faye entama directement la conversation. Elle savait que Melody ne se déplacait pas pour rien et encore moins pour fouler les pavés de l'allée des embrumes. Quelque chose n'allait pas :

- Bonjour Mel ! On a cinq minutes.. Sinon je finis dans deux heures ...

Le vieux Beurk lui inspirait toujours autant de dégoût. Son regard était mauvais et clairement suspicieux. Qu'est-ce qu'une traître à son sang pareille faisait dans sa boutique ? Pas de besoin d'être legilimens pour deviner. Néanmoins c'est la tête haute et avec un superbe dédain, merci grand-mère, qu'elle suivit Faye dans l'arrière-boutique.

- Bonjour Mel ! On a cinq minutes.. Sinon je finis dans deux heures ...

Le malheur n'avait pas de prise sur le joli minois de Faye, et c'était toujours aussi déroutant de la voir dans un lieu aussi minable. Gamines, elles s'étaient toujours imaginées des destins merveilleux et Moon avait souvent comparé la petite Hamilton à une princesse avec sa toison d'or. Mais aujourd'hui tout ça était mort et enterré avec ses parents.

- Passes chez moi après le boulot, on dînera ensemble. J'aimerai que tu réfléchisses à cette question. La vieille Miss Perks était-elle folle au sens clinique ou simplement excentrique et indifférente aux ragots ? Souviens toi lorsqu'on allait prendre le thé chez elle et qu'elle nous offrait des patacitrouilles. A ce soir Faye.

Laissant la jeune Hamilton à ses souvenirs, Moon s'empressa de quitter cette pseudo boutique non sans penser à tous les décrets violés en toute quiétude par ce porc de Beurk. Tout ça mériterait une bonne descente et une fouille en règle de sa comptabilité!


HJ :

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Faye resta muette sur ses paroles et regarda son amie s'en aller. Elle se souvenait bien de Miss Perks et de son côté déjanté. Tout le monde la traitait de folle dans le quartier et peut-être avaient-ils raison en un sens. Sa maison était un vrai capharnaüm, des piles et des piles de journaux entassés dans la cuisine, des tas d'objets divers et variés au nom imprononçable. Son sourire un peu niais et ses yeux blanchâtre lui valaient de nombreux surnoms mais Melody et Faye étaient toujours contentes de lui rendre visite. Enfin surtout qu'elles repartaient avec des sachets entiers de cochonneries. Après la mort de ses parents, Faye se souvenait qu'on lui avait dit que Perks avait fait une crise. La tristesse et la douleur avaient été telles qu'elle n'était pas retourné dans le quartier et elle avait perdu de vue la majorité de ses connaissances de l'époque.
Faye continua son travail pendant les deux heures qui lui restait avec une sorte de lassitude, mais l'excitation montait aussi au rythme des aiguilles de l'horloge devant la porte de la boutique. Enfin lorsque l'heure indiqua la fermeture elle salua furtivement son patron et se rendit chez Melody. Elle monta les escaliers jusqu'au dernier étage et toqua à la porte, impatiente de mener cette discussion à son terme ! Pourquoi Melody avait souhaité lui rappeler ces souvenirs ? Avait-elle du nouveau sur l'enquête de ses parents ?