Deux sorcières pour un sorcier, c'est un peu compliqué. ( Anne, Lyleïa et Swann )

Soir d'Halloween.

Anne était belle et ténébreuse sous son costume d'éventrée. Elle était morbide à souhait. Lyleïa était glaciale et sauvage, presque féroce sous son habit de Reine des neiges. Seul point noir au tableau: Swann, et son habituelle manie de s'attirer des ennuis. Aussi beau était-il, aussi intelligent était-il, aussi caractériel était-il; il ne voyait pas comment ce sortir d'un pétrain pareil. Son coeur était véritablement scindé en deux depuis les vacances d'été. Il n'avait pas parler avec la Serpentarde depuis leur rencontre à la plage, ni même à Emmeline, ni même à personne d'autre n'ayant un petit lien avec la blonde. Il avait fait volte face à toute cette période depuis qu'Anne - Sa petite amie - avait perdu sa meilleure amie. Dès lors, il c'était consacré corps et âme à la belle gryffone. Oubliant complètement Swann Jones et Lyleïa Romansky, ou même Théodora, qu'il ne voyait plus qu'une fois par jour dans la salle commune. Son quotidien ce limitait aux cours, aux devoirs, aux Quidditch et à Anne, qu'il suivait constamment.

Je vais bien, et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué j'ai passé un temps fou à me maquiller, et je serais bien déçue que tu sois le seul à admirer le résultat. Je vais bien.

Il sourit, puis embrassa doucement la joue de sa cavalière qui ce soir, lui parut aller mieux. Elle souriait, ce montrait plutôt tendre et ne semblait pas au bord de pleurer à chaque minute. Elle avait presque perdu de son air malheureux, Swann voulait y croire. A mesure que les mois étaient passés, il avait voulu tirer un trait sur le sorcier fantasque et borderline qu'il était et sur toute les comédies qu'il avait pu faire. Il était le petit ami d'Anne et l'épaulait autant qu'il pouvait, comme emprisonné dans une cage dorée. Il avait l'impression d'aimer profondément ce qu'il était devenu sans ce rendre compte qu'intérieurement: il criait.

- Swann, que ce passe t'il avec Lyleïa Romansky ?

Soudain, son coeur rata un battement. Ses mots prononcés dans la bouche de sa cavalière résonnèrent comme une vérité trop longtemps dissimulée. Il ce passait bien quelque chose avec Lyleïa, quelque chose de trop fort et de trop inexplicable pour rester dissimulé plus longtemps. Swann ce figea et resta silencieux, il fixa Lyl', puis tourna les yeux vers Anne, qu'il aimait pourtant sincèrement. Sa question était pourtant très simple, mais cette dernière le chamboula. Il fronça les sourcils, comme très agacé. Puis il grommela assez sèchement.

- Rien qui ne vaille la peine d'en parler.

C'était clair et net, il ne voulait pas parler de ça. Il voulait qu'Anne s'amuse et ne ce prenne pas la tête, il lui prit la main et avança avec elle jusqu'au buffet, le plus loin de Lyleïa que possible. A y réfléchir, il n'avait même aucunement envie d'être la. Il voulait devenir invisible, et seulement visible pour Anne, comme un ange protecteur. Pourtant, Swann n'avait rien d'un ange. Il était un démon qui en aimait une, mais en désirait une autre.

Anne avait posé cette question sans trop savoir quelle réponse elle en attendait. Elle n'était pas de ces filles qui surveillent de très près les fréquentations de Swann : depuis qu'ils sortaient ensemble, et cela faisait maintenant un moment, rien dans le comportement de son petit ami ne lui avait jamais donné de raison de douter de sa bonne foi. Bien sûr, il était connu dans tout le Château pour ses frasques amoureuses, mais même Dexter reconnaissait que Swann n'était plus le même homme depuis qu'il sortait avec elle. Et Anne le croyait, aveuglément peut-être, mais elle le croyait. Du moins, elle le croyait jusqu'à ce qu'il ne réagisse aussi violemment.

La jeune préfète resta un moment figée et cligna deux ou trois fois des paupières, interloquée par le changement d'humeur de Swann : d'enjoué et prévenant, il se montrait soudain sec et renfermé, ce qui conforta Anne dans son intuition. Il s'était bien passé, ou même se passait bien, quelque chose avec Lyleïa Romansky, et il ne servait à rien de se taire quand on avait un regard qui en disait long. Celui de la Capitaine des Serpentard en disait long, très long. Suffisamment pour que la jeune fille en saisisse des bribes : la réaction exagérée de Swann lui prouvait également qu'il était au courant de ce que quelque chose se passait, mais qu'il ne voulait pas lui en parler.

Swann, s'indigna-t-elle en riant nerveusement tandis que Swann lui attrapait la main pour l'entraîner vers le buffet, lâche-moi, je peux marcher seule.

Après qu'il l'eut lâchée, Anne jeta un autre coup d'oeil en arrière, vers l'endroit où se tenait la Serpentard quelques secondes plus tôt. Mais Lyleïa Romansky avait disparu dans la foule, aussi l'attention de la Gryffondor se reporta-t-elle sur son petit ami, qui semblait décidément bien sombre. Anne, malgré son instinct qui lui enjoignait de ne pas insister, écouta plutôt son intuition qui lui soufflait que Swann ne lui disait pas tout :

Tu me le dirais, si c'était grave, pas vrai ? Swann, tu peux tout me dire, tu sais, lui assura-t-elle d'une voix vaguement inquiète en posant sa main sur son bras.

L'énervement était monté en lui en une fraction de seconde. Il avait suffit à Anne de persister sur le sujet pour agacer le Serdaigle, qui avait à présent envie de planter Anne sur place et de rentrer ce coucher dans son dortoir. D'autant plus qu'il c'était largement racheté une conduite depuis qu'il était avec elle. Il n'avait pas fait d'écart depuis un bon moment. Il sentait planer un vent d'injustice car il s'était résigné et avait tellement voulu oublier Lyleïa qu'il en était arrivé à ce mentir à lui même, il avait mit tout ça de côté et n'y avait plus jamais pensé. Comme un secret enfermé dans une petite boite pendant des mois. La verte le fuyait comme la peste, et lui avait tiré un trait sur tout ça. Et Anne venait de réveiller des souvenirs enfouis tellement profondément que Swann n'avait même pas prêté attention à la capitaine des verts. Il s'interdisait de penser à elle, de la regarder, et avait même complètement omis sa personne durant les matchs, c'était une adversaire, un point c'est tout. Cependant, une petite voix lui disait qu'elle était toujours la, et qu'elle pouvait toujours compter sur lui, malgré tout.

Swann, lâche-moi, je peu marcher seule.

S'il y avait une règle avec Swann, une seule : c'était de ne jamais l'agacer. Car même le plus doux des agneaux peu mordre s'il en ressent l'envie. Et Swann était très loin d'être un agneau et faisait partie de ceux qui s'énervent et passent du blanc au noir en un rien de temps. il prit directement le refus de Anne comme un affront, et son regard ce gela, perçant comme les balles d'un fusil de chasse. C'est précisément la qu'il comprit qu'Anne n'était pas qu'une simple petite amie comme il en avait déjà eu, si ça avait été le cas, il lui aurait surement fait payé cet affront et lui aurait déjà collé une bonne gifle - ou même pire - et pourtant l'idée ne lui venait même pas à l'esprit. Non, il voulait à présent la rassurer, il eu vite fait de ce ressaisir. La voix de la rouge restait douce, mais tout aussi sérieuse et inquiète que ce fameux jour ou elle lui avait demandé de devenir son copain, moulée dans sa jupe abricot.

Tu me le dirais, si c'était grave, pas vrai ? Swann, tu peux tout me dire, tu sais.

" Non, je ne peu pas tout te dire " eu t'il envie d'ajouter. Mais c'était comme avouer l'inavouable. Parce qu'il était lui même perdu, et il c'était résigné à oublier la plage, l'été, et tout ce qui s'en suivait. A cette époque, il eu même envie de quitter Anne pour Lyleïa. Mais c'était comme quitter l'été pour l'hiver. Dire non à la biche pour épouser le serpent. C'était une difficulté qu'il n'avait pas eu la force d'assumer, et qu'il avait préféré enterrer. Les bons côtés de Swann aimaient Anne, et ceux jugés comme mauvais aimaient Lyleïa; c'est ce qu'il pensait. Il senti la main de Anne ce poser sur son épaule, et il saisit doucement cette dernière. Il fallait pourtant qu'il lui dise la vérité, qu'il ajoute que c'était du passé, mais encore fallait-il l'accepter soi-même !

C'est du passé. Il resta silencieux quelques secondes, Elle fait partie de toutes ses choses que j'ai voulu oublier. Il grimaça, car la musique du bal était passée d'un air entrainant à un rock sorcier cacophonique, il serra doucement sa main autour de celle de sa cavalière, puis l'entraina avec lui dans le hall. Allons discuter un moment dehors s'il te plait.

Ce " s'il te plait " qui semble dire " parce qu'il faut qu'ont parle. "

Anne se laissa entraîner sans mot dire, un peu impressionnée par le combat intérieur que semblait mener son petit ami contre lui-même. Car quoi qu'il puisse prétendre, ce passé avec Lyleïa Romansky continuait de le tourmenter, et l'idée même que Swann puisse souffrir pour quoi que ce soit était une torture pour Anne. Tout à coup, elle n'avait plus du tout envie de s'efforcer de s'amuser et essayer de donner le change devant des gens plus occupés à déceler la moindre faiblesse dans le rempart de son sourire qu'à chercher à la consoler de la perte qu'elle continuait de déplorer. Mais personne ne pouvait rien faire pour elle, personne ne pouvait lui rendre Charlie : en revanche, elle pouvait peut-être aider Swann à aller mieux, mais pour cela elle devait découvrir ce qu'il s'était passé, et pourquoi il avait réagi aussi violemment.

Est-ce qu'on peut rester ici ? osa-t-elle glisser en faisant pression sur la main du Serdaigle pour le forcer à s'arrêter dans sa course au beau milieu du Hall, je n'ai pas de veste, et il doit faire froid, dehors.

Avec un petit sourire, Anne s'extirpa de l'étreinte du jeune homme et s'éloigna dans un coin du Hall, invitant ce dernier à la suivre. S'ils devaient parler, comme le disait Swann, mieux valait le faire à l'abri des oreilles indiscrètes : s'il y avait moins de passage à présent que le bal était commencé et que la musique filtrait suffisamment pour étouffer un peu le bruit de leur conversation, à Poudlard nul n'était jamais sûr de ne pas être écouté par un élève, un tableau, ou Peeves. Après six années passées dans ce merveilleux Château, la jeune préfète des Rouges le savait pertinemment.

Parle-moi, lui enjoignit-elle tendrement en levant son regard inquiet vers celui sombre et fermé de Swann. Depuis trop de temps maintenant, c'était lui qui écoutait. Ce soir, les rôles allaient enfin être inversés.

Swann entraina sa petite amie dans le hall. Il aurait préféré partir dehors, car l'énervement et les dizaines de sentiments qui ce mélangeaient dans sa tête lui avaient donné chaud; il bouillonnait. il ressentait même du stress, car il était temps de crever l'abcès, et de tout dévoiler à Anne. Étrangement, Swann ce sentait mal; lui qui n'avait jamais eu le moindre remord à faire souffrir ses petites amies jusqu'à même les quitter pour d'autres. Très bon ami, Swann était une calamité amoureuse, persistant à s'enfermer dans le moule d'un couple voué à l'échec. Mais pour la première fois, il ce sentait comme un enfant ayant fait une grosse bêtise et incapable de mentir pour dissimuler cette dernière. Parce que depuis le temps, il savait qu'Anne était une jeune fille très intelligente et douée d'une grande sensibilité. Ses deux qualités, mixées avec l'affection qu'elle pouvait porter au crapuleux Capitaine la dotait d'un étonnant pouvoir de détecteur à mensonge. Hors, il avait trop d'affection et de respect pour lui mentir.

Elle le stoppa, toujours avec douceur, et l'invita à la suivre dans un coin du hall. Comme calfeutrés dans un coin de l'immense couloir de pierre, à demi dans la pénombre. La lumière de la nuit et des chandeliers éclairaient légèrement le visage morbide et maquillé de la jeune Gryffone, et par Merlin, qu'elle était belle ainsi. Swann retira son masque, aussi bien physique que moral, et tira sur son noeud papillon et son sa chemise, entrouvrant cette dernière. Il s'assit, entrainant Anne avec lui. Il laissa planer un lourd silence, avant de ce lancer. Parle-moi.

- J'ai beaucoup d'affection pour toi Anne, plus que je ne l'aurait jamais imaginé. Au début, on a commencé cette histoire comme çi c'était un jeu. Mais rapidement, je n'ai plus eu envie de jouer. Sa voix était posée, un peu tremblante, mais très sérieuse. Aujourd'hui, ce qui me fait le plus peur, c'est de perdre tout ses bons moment passés ensemble, c'est de gâcher tout ce que tu m'as apporté Anne, parce que tu es une fille fabuleuse. Il laissa de nouveau un silence, fixant le sol devant lui, puis il lâcha; d'une voix beaucoup plus faible : Et je ne veux pas qu'une connerie m'éloigne de toi.

Une connerie qui n'en était pas une, parce qu'il s'agissait de véritables sentiments qu'il ressentait pour Lyleïä, mais ces mêmes sentiments risquaient de lui faire perdre à tout jamais celle qui lui montra ce qu'était un véritable couple.

Elle se sentait mal. Vraiment mal. Le coeur au bord des lèvres, elle avait envie de vomir. Vomir sa vie, cette soirée et cette putain de douleur qui lui déchirait le coeur. Près de Reg, elle porta son verre à ses lèvres et remarqua qu'elle tremblait. Mauvais signe. Elle ne suivait plus rien de la soirée, les gens étaient devenues des ombres, des fantômes, il passait au ralenti autour d'elle, elle avait la sensation d'étouffer, la sensation qu'elle allait tomber dans les pommes. Il fallait qu'elle sorte. - Reg je ... je suis désolée mais il faut vraiment que j'y aille ... pardon, murmura t-elle à son ami et cavalier avant de se faufiler hors de la salle avec cette grâce presque fragile qui la caractérisait tant. Une fois dans le hall, elle s'appuya contre le mur et prit une grande bouffée d'air frais en fermant les yeux. Ca allait déjà un peu mieux. Soudain des voix lui parvinrent. Dont une qu'elle aurait reconnue entre mille.

- Parle-moi, fit une voix féminine toute douce que Lyleïa reconnu comme celle de la Préfète des Lions, Anne. Et l'autre voix, masculine indéniablement, était celle de Swann bien sûr. - J'ai beaucoup d'affection pour toi Anne, plus que je ne l'aurait jamais imaginé. Au début, on a commencé cette histoire comme çi c'était un jeu. Mais rapidement, je n'ai plus eu envie de jouer. Lyleïa fronça les sourcils et s'approcha sur la pointe des pieds pour écouter la suite. Elle savait que c'était mal mais en même temps, tant qu'à se damner autant le faire en beauté. Aujourd'hui, ce qui me fait le plus peur, c'est de perdre tout ses bons moment passés ensemble, c'est de gâcher tout ce que tu m'as apporté Anne, parce que tu es une fille fabuleuse, continua Swann. Un couteau s'enfonça dans le coeur de la Capitaine des Verts et se retourna, la faisant souffrir un maximum. Elle trembla un peu plus. Et je ne veux pas qu'une connerie m'éloigne de toi, termina le jeune homme. A ce moment là, la belle blonde était si choquée qu'elle buta sur une dalle et bascula vers l'avant. Elle se rattrapa avant de tomber mais du pour ça avancer et se mettre à découvert.

Elle fixa alors le couple qui la regardait avec de grands yeux. Elle aurait du s'excuser, leur dire qu'elle ne voulait pas écouter, qu'elle n'avait pas fait exprès mais elle n'y arriva pas. Sa gorgée était serrée et dans ses beaux yeux on pouvait y lire toute la douleur du monde. Elle fixa Swann d'un air à la fois perdu et douloureux. Trahi. Elle avait mal, si mal. Alors tout ça ce n'était qu'un jeu ? Pourtant elle n'avait rien inventé. Il avait été là quand elle avait tout découvert pour son père, quand elle avait perdu pieds il avait été son roc, il l'avait aidé à maintenir la tête hors de l'eau, il l'avait aimée. Du moins c'était ce qu'elle avait cru. Et maintenant elle comprenait que pour lui, tout ça ce n'était rien qu'un jeu, ce n'était qu'une ... connerie. Elle se senti trahie. Plus encore que lorsque Sirius l'avait abandonnée pour Gryffondor et ses Maraudeurs. Presque autant que lorsqu'elle avait découvert que c'était son père qui avait assassiné sa mère. Et maintenant elle se retrouvait seule dans la tempête. Seule contre tous. Et soudain, la douleur fut remplacée par la colère. Une rage brûlante qui décima tout sur son passage, incendiant son sang et explosant toutes ses barrières. Ce fut plus fort qu'elle et elle gifla Swann avec tant de force que le bruit résonna dans le hall vide et qu'il eu la trace de ses doigts sur sa joue. - Ca c'est pour la connerie, siffla t-elle le regard brûlant d'une haine vive. D'une haine née d'un amour trop profond et d'une trahison trop vive.

Spoiler:

Patiente, Anne attendait que Swann prenne la parole, assise à ses côtés, ses mains tremblantes soigneusement dissimulées dans les replis de sa robe. Patiente, mais surtout soudainement soucieuse de prolonger ce silence. Maintenant qu'elle sentait qu'il allait tout lui dire, et que ça ne le réjouissait pas, Anne ne savait plus très bien si elle voulait apprendre ce qu'il avait à lui dire. Ou plutôt si, elle savait qu'elle ne voulait pas vraiment l'apprendre. Mais elle devait l'écouter, l'écouter jusqu'au bout, quel qu'en soit le prix, afin de l'aider à aller mieux. Sans doute cela avait-il à voir avec sa famille, pour que cela le tourmente à ce point, ou bien avait-il des craintes à propos de ses ASPIC, ou de la Coupe de Quidditch pour laquelle les Serdaigles concouraient encore. Peut-être que cela n'avait rien à voir avec elle, rien de rien.

J'ai beaucoup d'affection pour toi Anne, plus que je ne l'aurais jamais imaginé. Au début, on a commencé cette histoire comme si c'était un jeu. Mais rapidement, je n'ai plus eu envie de jouer.

La concernée releva les yeux, un peu décontenancée. Elle ne s'était pas attendue à une telle entrée en matière, à dire vrai. C'était la première fois que Swann entreprenait de mettre des mots sur ce qu'il pensait, ressentait pour elle : Anne aurait volontiers fondu, si une désagréable petite voix intérieure ne lui avait pas méchamment soufflé qu'il ne le lui aurait pas dit si elle ne l'avait pas poussé, et surtout que vu la manière dont il le disait, cela n'avait pas l'air de lui plaire beaucoup. Elle aussi avait progressivement cessé de voir leur histoire comme une vaste supercherie, car au fil des jours, sa tendresse pour le Serdaigle n'avait fait que croître, tandis qu'elle découvrait un garçon charmant et joueur, au caractère bien trempé, mais parfaitement attachant.

Et je ne veux pas qu'une connerie m'éloigne de toi.

Voilà donc où reposait le problème : Swann n'aurait pas été aussi triste de lui dire qu'il avait de l'affection pour elle s'il n'avait craint que cela ne se termine et qu'elle ne claque la porte derrière elle. Anne releva les yeux vers son petit ami, avant de poser une main bien plus ferme sur celles de Swann, qui trituraient le masque du jeune homme.

Une connerie ? Mais quel lien cela a-t-il avec...

C'est alors qu'une forme indistincte surgit face à eux, s'attirant le regard surpris du couple et interrompant la question qui brûlait les lèvres d'Anne : Lyleïa se tenait face à eux, l'air désespérée, les yeux rivés sur Swann. Une nouvelle fois, les yeux de la préfète s'agrandirent de surprise, tandis que face à elle, la Capitaine des Verts n'était désormais plus que rage. Anne n'eut que le temps de se lever brusquement que déjà la main de la Serpentard claquait violemment sur la joue de Swann en un bruit assourdissant : la Gryffondor en resta médusée.

Ca, c'est pour la connerie, persifla la Capitaine des Verts en foudroyant du regard son homologue Serdaigle qui paraissait aussi furieux qu'elle.

Anne, quant à elle, resta muette, posant tour à tour son regard perdu sur l'un des deux jeunes gens, incapable d'articuler un mot. Tandis que la vérité commençait à trouver écho dans son cerveau anesthésié par le choc.

" Et je ne veux pas qu'une connerie m'éloigne de toi " Cette connerie, c'était ce caractère trop volage et trop instable qui caractérisait si bien Swann. On dit qu'il ne faut jamais être trop curieux, que c'est un vilain défaut. Que nous ne pouvons pas correctement interpréter quelque chose qui ne nous est pas destiné. Ses mots qui ne devaient être entendus que par Anne passèrent également par les oreilles d'une intruse; alors très malvenue dans la conversation. Lyleïa était la, avec ses grands yeux ébahis et sa mine effarouchée. Dans toute sa splendeur, elle venait de prouver à Swann qu'elle était une véritable Serpentarde; fourbe, maladivement curieuse et égoïste. Elle ce tenait face à lui; face à Anne : tel une victime. Swann ce leva d'un bond et fixa Lyleïa qui resta béate un instant avant de gifler Swann de colère. Ce dernier tourna la tête d'un quart, et resta ainsi quelques secondes, avant de fusiler Lyleïa du regard. Un regard qui n'aurait pas pu être plus haineux, même envers Regulus Black. Durant ses deux ou trois secondes de blanc, la tristesse qu'il ressentait auparavant ce changea en une grande colère. Contre lui même et surtout contre Lyleïa, qui ne faisait manifestement que lui pourrir l'existence depuis l'été dernier. L'impulsivité de Swann ne ce fit pas attendre. L'espace d'un instant, il pensa à saisir sa baguette pour balancer n'importe quel sortilège offensif : reducto, expulso, stupefix. Fort heureusement, il avait-eu la présence d'esprit de laisser sa baguette au dortoir.

Dans une réaction totalement moldue, il s'avança brutalement vers Lyleïa qu'il poussa vers le mur, les yeux noirs de colère, comme personne ne l'avait encore jamais vu à Poudlard. Les marques rouges sur sa joue lui rappelant l'affront que venait de lui faire Lyleïa. Il fixait cette dernière dans les yeux, son visage à une dizaine de centimètres du sien. Il plaqua violemment sa main contre le mur, frôlant les cheveux de la blonde. A présent, l'unique but de Swann était de la faire souffrir, à la mesure de ce qu'elle venait de faire. Maitrisant l'art de faire dépasser ses mots de ses pensées. D'une voix agressive comme les tirs d'un fusil, il lui lança " Qu'est-ce que tu veux Lyleïa ? M'enchainer à toi ? " - Il haussa le ton, sa voix résonnant dans les couloirs - "Mais disparait !" - Il laissa un blanc, quelques secondes de répit pour ce calmer et finalement lui dire. " La seule personne que tu aimes Lyleïa: c'est toi même. " Puis il retira sa main du mur, et recula. Se rapprochant de Anne qu'il fixa d'un regard bien plus doux et attristé. Il aurait préféré ne jamais lui montrer ce côté impulsif et colérique, ni même lui proposer de sortir du bal. Il aurait du ce taire et continuer de faire comme si tout allait bien, la faire danser, la faire rire et lui faire oublier le mal qui la rongeait. Il ce sentait infiniment égoïste et con.

Elle était une intruse elle le savait bien mais elle n'avait pas fait exprès d'entendre. A la base elle voulait simplement rentrer dans son dortoir, s'enfouir sous les couettes et ne plus jamais sortir. Pleurer toutes les larmes de son corps et se demander comment sa vie avait pu atteindre un stade aussi critique. Pourtant quand elle les avaient entendus parler, elle n'avait pas pu se résoudre à faire comme si de rien était. Mais si le fait de voir Swann avec Anne l'avait blessée ce n'était rien comparé à ses paroles. Une connerie. Elle n'était donc que ça pour lui ? Elle était si blessée, si furieuse qu'elle en était tombée des marches et n'avait pu faire autrement que de faire face au couple. Elle aurait du s'excuser, leur dire qu'elle ne voulait pas entendre, les déranger, qu'elle s'en allait mais là, immédiatement, elle en fut incapable. Et quand la colère prit le dessus elle fit quelque chose qui n'était jamais arrivé avant ce putain d'été. Elle perdit le contrôle.

La gifle qu'elle asséna à Swann résonna dans le hall, montrant l'ampleur de sa rage. Mais elle ne fut rien comparée à celle de l'aigle. La russe vit son regard s'assombrir et elle du avouer que quand il s'approcha d'elle, si menaçant, respirant le danger et la violence et qu'il la poussa contre le mur, elle eu peur. Pourtant elle se redressa, droite et fière face à sa colère qui s'écrasait contre elle comme les vagues contre un rocher. Du moins elle aurait aimé. - Qu'est-ce que tu veux Lyleïa ? M'enchainer à toi ? gronda l'aigle. - Certainement pas ça te ferait trop plaisir et c'est bien trop d'honneur pour une vermine comme toi, rétorqua t-elle venimeuse. Disparaître ? - Ouais je voudrais bien mais là tu me bloque le passage abruti ! Ah non elle n'allait pas se laisser faire. Elle n'était plus une petite fille effrayée. Elle était une adulte maintenant. Ca suffisait de se laisser porter par les évènements et écraser par les obstacles. Maintenant elle n'accepterait plus jamais ça ! - La seule personne que tu aimes Lyleïa: c'est toi même, lui balança Swann. Si celui lui fit un mal de chien, Lyleïa n'en montra pourtant absolument rien. Au contraire. Ses yeux se glacèrent et elle fit face à Swann si belle et si redoutable dans sa colère. - Ne confond donc pas avec toi Swann. Il y a des limites à ne pas dépasser.

Oh qu'elle avait mal. Elle avait des nausées, elle avait envie de vomir, elle avait envie de mourir. Comment avait-elle pu se laisser avoir comme ça ? Elle était vraiment trop conne ! Et dire qu'elle était tombée dans le piège qu'il lui avait tendu. Elle s'était pensée plus intelligente que ça. Assez pour ne pas être un nom de plus sur son tableau de chasse. Mais à croire que finalement, elle était plus bête qu'elle ne le pensait. - Tu sais ce que c'est ton problème Jones ? Ta érigé des barrières tellement hautes autour de toi et de ton coeur que tu ne te rends même pas compte à quel point tu blesse les gens autour de toi ! Des gens qui t'aiment réellement pour qui tu es et non cette façade que tu arbore en permanence. Tu t'es tellement barricadé que tu ne te rend même pas compte à quel point tu peux faire du mal ! Ta tellement la trouille qu'on te voit tel que tu es : un petit garçon paumé et effrayé qui a la trouille qu'on ne l'aime pas assez fort, lança t-elle d'un ton enflammé et venimeux. Elle se tu un bref instant. Ses joues étaient rougies, son souffle court soulevait sa poitrine et ses yeux brillaient d'une haine incontrôlable. Tu es pitoyable, cracha t-elle. Elle fit quelques pas en avant, s'approchant jusqu'à le frôler. En fait tu ne vaut pas mieux que mon père, lui balança t-elle. Elle l'avait dit dans un murmure tel qu'il était le seul a avoir pu l'entendre et ça, c'était un coup très bas, vicieux et méchant. Swann savait parfaitement ce qu'était le père de Lyleïa. Il savait ce qu'il avait fait, qui il était, qui il fréquentait et à quel point il était pourri. Le comparer à lui était la pire insulte possible. Ou presque. Finalement la Serpentard se recula en lui offrant un regard méprisant et dégoûté. Profite donc bien de ta soirée, Monsieur le grand et charmant Capitaine des Serdaigle, si beau, si cool et tellement plus froid que la glace elle même ! lâcha t-elle en reculant. Elle croisa alors le regard de la Gryffondor qui ne devait absolument rien comprendre et celle ci pu avoir un bref aperçu de ses larmes et de sa douleur avant que la Serpentard ne tourne les talons pour disparaître dans le couloir menant aux cachots. Elle courut à en perdre haleine jusqu'à sa salle commune puis son dortoir et s'effondra en larmes sur son lit, brisée.

Spoiler:

Anne n'osa plus bouger, ni même respirer, le temps que dura cette incartade entre la Serpentard et Swann. Pétrifiée par la surprise, par son impuissance, glacée d'effroi de voir cette lueur folle dans les yeux du Serdaigle, glacée de le voir se comporter de la sorte avec quelqu'un, fut-ce une Serpentard. Qu'est-ce que cela signifiait ? La Gryffondor n'en avait pas la moindre idée, mais les suppositions se bousculaient dans son crâne à la vitesse de la lumière, toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. Et puis soudain, aussi vite qu'elle était arrivée, Lyleïa avait disparu, lui lançant en repartant un regard indéchiffrable, toujours mêlé de colère, mais aussi de larmes de détresse. Comme si elle cherchait à lui faire passer un message : quel qu'il fut toutefois la jeune fille ne le saisit pas, et la Verte s'éclipsa sans rien ajouter.

Anne s'adossa contre le mur le plus proche, les jambes coupées, avant de frissonner à cause de la morsure de la pierre froide et se redresser, s'entourant de ses bras pour se réchauffer. Elle préférait garder le silence pour le moment, faisant taire ses interrogations pour laisser à Swann le temps de se calmer : si l'ampleur de la colère de son petit ami la surprenait et l'effrayait un peu, il n'en restait pas moins qu'Anne était une Gryffondor, et ne comptait pas fuir pas devant le "danger". Seulement, elle savait fort bien que si jamais son fougueux compagnon, sous l'effet de la colère, lui infligeait le même traitement qu'à Lyleïa Romansky, il s'en voudrait infiniment par la suite. Et elle n'était ni assez sotte, ni assez haineuse pour vouloir lui donner l'occasion de s'en vouloir plus qu'il ne le faisait manifestement déjà. Même si à présent, elle savait qu'elle pouvait exiger de lui des réponses claires à ses questions.

Un long silence plana entre eux, tandis qu'une flopée d'élèves jaillissait hors de la Grande Salle et passait près d'eux, leur lançant des regards curieux avant de disparaître à l'endroit même où Lyleïa avait disparu une demi-minute plus tôt. Anne leur lança un sourire absent, comme pour les rassurer : oui, tout allait bien, bien sûr, tout allait bien, comme toujours. Ce même sourire qu'elle distribuait à tous depuis plusieurs semaines, qui ne rassurait personne mais qu'elle continuait de distribuer quand même. Même si à l'intérieur elle hurlait sa peine. Elle hurlait sa peine, tout comme Swann venait de la cracher au beau milieu du Hall de Poudlard. Ce dernier était dos à elle, ses larges épaules tendues sous sa veste de costume : il faisait manifestement tous les efforts possibles pour se détendre, sans vraiment y parvenir. Anne quant à elle s'était rassise, incapable de rester debout plus longtemps.

Je crois qu'après une telle scène, tu me dois bien une explication, trouva-t-elle la force de souffler d'une voix un peu blanche en levant la tête en direction de Swann.

Il était inquiétant de voir à quel point Swann pouvait haïr et aimer Lyleïa. Milles pensées ce mélangeaient dans sa tête. Il était en colère, il était inquiet, et intérieurement; son coeur ce serrai comme une éponge que l'on avait trop essoré. L'espace d'un instant, le Serdaigle ce souvint de l'été dernier, et de tout les bons souvenirs qui l'accompagnaient. De tout ce qu'il avait fait pour Lyleïa, au point de sacrifier du temps passé avec sa bande; et même l'emplacement que lui avait loué son père à la coupe du monde de Quidditch. Il c'était presque coupé du monde l'espace de quelques mois pour l'aider à remonter la pente. Et quand il eu le malheur de reprendre sa liberté, elle arriva: telle une vélane jalouse, prête à lui couper les ailes. Le plus insupportable était de penser à tout le venin qu'elle irai cracher le conçernant, à qui voudrait bien l'entendre. Et de toute manière, Lyleïa avait le don de vous forçer à entendre, le don des lamentations et des pleurs. Et tandis qu'elle répandait son venin en plein milieu du hall, Swann la trouvait laide à en vomir.

La fierté était un défaut prédominant chez Swann comme pour Lyleïa, un point commun qu'ils n'auraient surtout pas du partager. Dans le cas de Swann, elle ressortait dans un comportement je-m'en-foutiste et très souvent moqueur. Chez Lyleïa, elle était une véritable défense, présente comme un épais mur la protégeant. Mais dans les deux cas; elle n'était que superficielle. Swann fut prit d'une colère très froide et sanguine. Il était impatient et imprévisible et il l'avait plaquée contre le mur, s'imaginant l'étrangler. Cette dernière n'eu d'autre choix que de lu cracher son venin, par deux premières exclamations ridicules qui passèrent complètement outre: elles n'avaient même pas frôlées les oreilles de l'Aigle qui ce contentait de fixer sa proie. Certainement pas ça te ferait trop plaisir et c'est bien trop d'honneur pour une vermine comme toi. Disparaître ? Ouais je voudrais bien mais là tu me bloque le passage abruti ! Aucune répartie, Swann occulta complètement.

Tu sais ce que c'est ton problème Jones ? Ta érigé des barrières tellement hautes autour de toi et de ton coeur que tu ne te rends même pas compte à quel point tu blesse les gens autour de toi ! Des gens qui t'aiment réellement pour qui tu es et non cette façade que tu arbore en permanence. Tu t'es tellement barricadé que tu ne te rend même pas compte à quel point tu peux faire du mal ! Ta tellement la trouille qu'on te voit tel que tu es : un petit garçon paumé et effrayé qui a la trouille qu'on ne l'aime pas assez fort !

Le problème était que Lyleïa n'avait pas tord. Seulement elle n'était à ses yeux pas la bonne personne pour lui dire ce genre de chose. Malgré tout l'amour qu'il pensait avoir pour elle; elle n'était pas un exemple à suivre. Et ce discours, Swann fut le premier à lui sortir quelques mois auparavant, dans la serre du cours de botanique, mais formulé autrement. Il était presque certain que Lyleïa et Swann étaient deux individus à prendre avec des pincettes, intérieurement très similaires, et souffrant des mêmes pathologies. Le plus flagrante: l'amour destructeur qui les consumaient. L'un n'ayant pas assez confiance en l'autre et réciproquement. Ils n'étaient pas prêt à s'aimer, ni même à être amis, sans que l'un ne vienne pourrir la vie de l'autre.

Swann resta muet, les yeux dans ceux de Lyleïa, il ce contenta de penser et de tirer des conclusions. Perdu entre amour et haine. Et lorsqu'elle fit allusion à son propre père, Swann serra les poings. C'était tellement bas, tellement inapproprié qu'il ne put en croire un seul mot. Swann connaissait le père de Lyleïa, il savait tout de l'histoire et tout ce qu'il lui avait fait. Il avait été la pour en réparer les morceaux. C'était comme lui cracher au visage toute la gratitude qu'elle ne ressentait visiblement pas, un pas de plus pour lui couper les ailes. Visiblement, elle avait eu - justement - la prétention de ce croire au dessus des autres filles. La prétention de ce dire qu'elle faisait partie des deux seules filles que Swann estimait et aimait vraiment, à savoir elle, et Anne, qui ne pouvait qu'assister à la scène complètement dépitée. Le Capitaine était honteux d'avoir à lui montrer qui il pouvait être et devenir en présence de la verte.

Profite donc bien de ta soirée, Monsieur le grand et charmant Capitaine des Serdaigle, si beau, si cool et tellement plus froid que la glace elle même !

Il aurait suffit de remplacer " Serdaigle " par " Serpentard " pour pouvoir lui rétorquer la même chose, comble des similitudes présentes entre Lyleïa et Swann. Encore une fois, la glace ne ce manifestait pas de la même façon pour l'un et pour l'autre. Et dans toute sa fierté, Swann dessina un sourire moqueur. Il fit semblant de rien, comme si tout lui était passer au dessus. Il ne voulait surtout pas ce sentir affecté devant la vipère, il voulait qu'elle ce sente ridicule. Il n'ajouta rien, la regardant partir aussi vite qu'elle était venue. Quelques secondes après sa disparition au bout du couloir, Swann ce tourna vers Anne. Distant. Il n'avait plus aucune envie de rire, parce qu'a l'instant présent seul les mots de Anne auraient pu réellement l'affecter. Elle qui était toujours si posée et juste, et qui avait le don d'apaiser les folies du bleu. Lorsqu'il la vit reculer vers le mur, les jambes tremblantes, il comprit qu'elle ne le réconforterai pas, c'était l'impression qu'il avait. Il ne prêta même pas attention aux élèves sortant de la salle de bal, il n'y avait plus que Anne, et sa demande. Des explications ? Comme s'il en avait pour justifier la folie de la blonde.

- Toi aussi tu es d'accord avec elle c'est sa ? J'suis incapable d'aimer quelqu'un ? C'est ce que tu penses de moi Anne ? Mon seul tord à été d'être à ses côtés quand elle était au plus mal, au point de la faire manger et survire. Et quand j'ai voulu reprendre ma liberté, elle c'est précipité pour me couper les ailes !

Il prit sa tête entre ses mains, s'adossant au mur à quelques pas de Anne, dépité. Tu vois celle la au bout du couloir ? Bah c'est elle, et l'autre juste à côté aussi.

Anne jeta un regard outré à Swann, lorsque celui-ci l'accusa (c'était bel et bien une accusation !) d'être en accord avec la Capitaine des Verts.

Ne me fais pas dire ce que je n'ai jamais dis ni même pensé ! s'exclama-t-elle, déçue qu'il fasse si vite l'amalgame entre les deux jeunes filles. Mais Anne eut l'impression que son petit ami ne l'entendait plus, et préféra ne rien ajouter pour le laisser parler, même s'il lui brûlait les lèvres de le rassurer, de lui dire qu'elle, elle savait qu'il pouvait l'aimer, et que ça n'était pas parce que Lyleïa Romansky ne le voyait pas qu'elle avait nécessairement raison. Swann aimait, la Préfète des Rouges en avait l'intime conviction... mais il aimait à sa manière. Fallait-il le blâmer pour cela ?

Mon seul tord a été d'être à ses côtés quand elle était au plus mal, au point de la faire manger et survivre. Et quand j'ai voulu reprendre ma liberté, elle s'est précipitée pour me couper les ailes !

Parce que tous deux se connaissaient ? Se fréquentaient ? Anne tombait à présent des nues : elle ignorait tout des relations qu'entretenait la Serpentard avec son homologue Serdaigle, ou plutôt, elle pensait qu'ils s'en tenaient tous deux à se voler le Souafle l'un à l'autre sur le terrain de Quidditch. Jamais il ne lui avait parlé d'elle, or il semblait la connaître bien mieux qu'elle ne l'avait soupçonné...

Quand est-ce que ça s'est passé ? souffla-t-elle, se rapprochant imperceptiblement de Swann, pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé ? Qu'est-ce que tu entends par te couper les ailes ?

Anne aurait pu continuer un moment, comme ça, tant les questions se bousculaient dans sa tête. Swann avait toujours aimé parler par énigme (sans doute était-ce son côté Serdaigle qui voulait cela), et cultivait ainsi la part un peu mystérieuse de sa personnalité que la Gryffondor cherchait à percer depuis des mois, sans y parvenir. Mais ce soir, l'étendue de ce qu'elle ignorait sur ce garçon l'effrayait : ce soir, elle voulait en apprendre plus sur l'étranger qui lui servait de petit ami.