Rêve ou cauchemar ... (libre)

Il faisait sombre, la lune était pleine, Daisy courait à perdre haleine dans la forêt interdite, Fuyait-elle un danger ? Non on aurait dit que c'était un jeu.. mais à quoi jouait-elle ? De temps à autre elle se retournait pour regarder ce qui la suivait, ou bien qui la suivait .... Une silhouette l'enveloppa de ses bras et la bloqua contre un arbre, de ses mains, l'ombre souleva ses mèches blondes ébouriffés et lui rangea derrière les oreilles, un geste doux et prévenant conclu par un baiser tendre et langoureux. Surprise elle le lui rendit sans vraiment savoir de qui il s'agissait et ressentit quelque chose de très inattendu. Du plaisir. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Daisy se dégagea de stupeur en découvrant le visage de ....

Réveil en sursaut pour une Daisy sans le souffle. En sueur, elle expira bruyamment et resta statique de longue seconde le temps d'analyser ce qui venait de se passer .... Ce n'était pas possible ... Pas ça .... Une multitude de sentiments contradictoires l'envahit et elle décida de se lever pour mettre ses idées au clair. Elle ne pouvait pas se rendormir comme ça.. comme si de rien n'était ...

Elle glissa jusqu'à la salle commune, quittant ses draps moites et essuya ses joues. Elles étaient chaudes. Instinctivement elle se dirigea vers l'âtre de la cheminée où le feu crépitait encore. Quel son réconfortant ces petits crépitements, quelle odeur.. quelle chaleur ... Tandis qu'elle s'assit devant le foyer, enveloppant ses genoux de ses bras, elle revenait peu à peu à la réalité ....

COTÉ DU BIEN

Je n'arrivais pas à trouver le sommeil ce soir là. Je n'étais pas du tout insomniaque, mais j'étais étrangement en forme. Demain, je serai dans un état épouvantable... Comprenant bien vite que je ne dormirai pas de la nuit, je m'étais décidé à descendre à la salle commune pour relire le livre de potion que j'avais prit à la bibliothèque. Inutile de préciser que comme tous les autres livres de potions, je ne comprenais rien de ce qui était écrit dedans. Je me balançais sur ma chaise, dans un coin reculé de la salle commune, ma double page illuminé par une faible lueur d'une lampe au dessus de ma tête. Je cessais ma lecture en entendant des pas dans l'escalier et je baissais la lumière de la lampe pour ne pas me faire remarquer. Je ne bougeais pas et attendais patiemment de voir qui n'arrivait pas à dormir.

J'eu presque un mouvement de recul en voyant que Blackstone avait ce genre de soucis de sommeil. Une telle vision m'arracha un sourire moqueur, mais je décidais d'attendre qu'elle me remarque, ou qu'elle soit dos à moi pour parler. Elle semblait triste, sinon choquée, mais je ne parvenais pas vraiment à voir son visage. La salle commune était toujours sombre, mais la nuit, c'était pire. Les ténèbres envahissaient la pièce, et si l'on allumait pas soi-même les lampes, il était quasiment impossible d'y voir correctement puisque seul l'âtre de la cheminée donnait de la luminosité. Elle s'assit sur le canapé en face de la cheminée, les jambes repliées sur elle-même et une telle vision m'étonna assez. Elle avait rarement ce visage là. Je n'étais même pas sûr de l'avoir déjà vu comme ça. Et pourtant ! Je m'en serait rappelé, ne serait-ce que pour lui lancer une pique là-dessus au détour d'un couloir. Mais maintenant, c'était chose faîte donc, et j'aurais un nouvel argument pour l'embêter à nouveau :

- Sommeil difficile, Blackstone ?

C'est une voix familière, reconnaissable entre toute, qui la sortit de sa solitude. Il ne manquait plus que lui. Moran Powell. Lui qui venait d'avoir une place de choix, malgré lui et surtout malgré elle, dans son cauchemar. Daisy serra les dents et son visage aussi rigide qu'une couverture d'encyclopédie. Comment ce type, aussi détestable soit-il, pouvait-il prendre une si grande place dans la vie de la serpentard, jusqu'à s’immiscer dans ses pensées nocturnes imaginaires et réelles. Ne pouvait-il donc pas la laisser tranquille. Elle dénoua ses bras et laissa glisser ses pieds sur le sol de façon à se trouver assise. Toujours dos à lui, elle fixait les flammes, vacillant dans la cheminée.

- Pas vraiment, j'avais juste envie de profiter du peu de calme qu'offre normalement notre salle commune à cette heure-ci ….

- Mais visiblement, des serpents peuvent y rester tapis des heures dans l'ombre dans l'idée d'en surprendre d'autres ….

COTÉ DU BIEN

Je n'avais absolument pas bougé.

Je tenais mon livre d'une main, ouvert à la page 112 tandis que l'autre était posée sur la table. Et je la regardais, satisfait qu'elle ne m'ai pas vu, mais surtout satisfait que ma présence la dérange. Blackstone ne me dérangeait pas plus que cela, puisque cette situation m'amusait particulièrement. Et puis, franchement, il me fallait une bonne raison pour délaisser ce bouquin et elle était la raison parfaite. Rien ne m'empêchait de casser les pieds à Daisy. Surtout pas un livre de potion. Je ricanais en l'entendant parler. Je fermais le livre d'un coup sec qui résonna dans la salle commune avant de parler :

- Les serpents aiment être tapis dans l'ombre, tu le sais mieux que n'importe qui. Ils... Attendent leur proie.

Les serpents attendaient patiemment que leur proie vienne et s'offre à eux. Et ce qu'il se passait en ce moment correspondait parfaitement à cette scène, même si je ne risquais pas de manger cette fille. La métaphore s'évapora dans ma tête et je me dis qu'elle ressemblait à une proie comme cela. Elle n'avait pas sa répartie habituelle, la faute au sommeil, sans doute. Je ne comptais pas bouger de ma chaise pour l'instant, mais en y réfléchissant bien, cela ne ressemblait pas à Daisy de venir "profiter du calme de la salle commune" vidée de vie. Ou presque. Mais je ne me formalisais pas dessus, après tout elle faisait ce qu'elle voulait je n'allais pas être choqué parce qu'elle mentait. J'avais l'habitude des gens de ma maison, et désormais, je crois que pas grand-chose pouvait me choquer venant d'eux. Alors un petit mensonge...

- C'est vrai que ça change de l'agitation habituelle concédais-je. Comme toi je voulais profiter du calme, mais hélas, il n'a pas duré bien longtemps.

D'un sort deux coups, puisque je venais de lui lancer une pique, et en plus je venais de lui mentir. J'étais assez satisfait de moi-même mais pourtant, un tel comportement ne me ressemblait guère. Je n'étais pas comme ça avec les autres, et je ne risquais pas de provoquer des élèves. Mais avec Blackstone, je ne pouvais pas m'en empêcher, et ça durait depuis un moment. Quelques années sans doute, je n'en était même plus très sûr, avec le temps. Ca allait devenir physique, à force. Je haussais les épaules pour moi-même sans arrêter de la regarder. Je crois qu'on ne pouvait pas être plus droite qu'elle ne l'était déjà.

J'avais dû la surprendre. Tant mieux, c'était l'effet voulu.

Daisy n'avait rien d'une proie, ce n'était pas une petite souris frêle et gracile qui n'attendait que de se faire dévorer par un féroce rapace. Elle prenait d'ailleurs plutôt la place de prédateur si elle était dans une quelconque chaîne alimentaire. Bref, elle écouta sa remarque et sentit tout de suite que leur rencontre serait finalement bien ordinaire, saupoudrée d'ironie, de sarcasme et d'hypocrisie.

- Ainsi tu m'attendais … Répondit-elle avec un ton doucereux

Sur le fauteuil, elle se positionna de façon à être face à lui, mais elle ne distinguait pas bien les traits de son visage. La cheminée ne suffisait pas à éclairer les expressions faciales de son interlocuteur, déjà difficile à déchiffrer.

- Peut-être même que tu viens ici chaque soir, attendant que je daigne me présenter pour une petite joute verbale d'avant nuit …

COTÉ DU BIEN

A sa phrase, je me retenais honnêtement de rire. Mais quitte à être hypocrite autant l'être jusqu'au bout. C'est avec beaucoup de calme et presque avec sincérité que je lui répondis alors :

- Je t'ai toujours attendu, Daisy.

Je n'étais pas sûr qu'elle puisse voir mon visage, et cela m'allait très bien puisque la seule marque d'ironie que je m'étais autorisé était un rictus aux coin des lèvres. Je me doutais qu'elle ne croirait guère à ce que je disais, et mon but n'était pas qu'elle le croit d'ailleurs. Je voulais juste l'embêter, comme toujours, comme elle le faisait d'ailleurs, comme elle venait de le faire avec sa phrase au ton doucereux. Je la vis se bouger pour être davantage face à moi et je distinguais mieux les traits de son visage. Elle n'avait pas exactement la même expression que plus tôt, elle semblait plus calme et plus médisante. La Daisy habituelle en somme.

- Tu n'as pas idée de tout ce que je fais pour te voir, Blackstone.

J'avais volontairement appuyé sur le mot "tout", pour lui faire comprendre que quoi qu'il lui soit arrivé pour qu'elle ait envie de descendre, c'était de ma faute. Je savais qu'elle n'était pas descendu pour le calme, et j'étais bien déterminé à savoir ce qui l'avait poussé à descendre à cette heure-ci. Je ne sais pas combien de temps j'allais rester sérieux, mais je n'étais pas sûr que cela dure encore longtemps. J'avais pourtant assez de maîtrise sur moi-même habituellement. Mais ce que je disais était si irréaliste par rapport aux relations que nous avions entretenus depuis quelques années, qu'il était tout simplement impossible que je les pense. Je devais résister pour le plaisir de cette pièce de théâtre. Je me dis qu'une fois sûr de rester impassible face à elle, j'allais bouger pour m'asseoir sur un canapé proche du feu, c'est toujours mieux de jouter face à face.

- Mon livre de potion n'était... Qu'une distraction pour t'attendre bien sûr.

J'étais plutôt fier des mots que je trouvais et si je ne me connaissais pas, j'aurais presque pu les croire vrais. Car il n'y avait là aucune marque de moquerie, je jouais de mon air sérieux que j'utilisais dans certains cours où je m'ennuyais ferme. Je croisais les bras sur ma poitrine sans cesser de la regarder.

Cette soirée serait peut-être intéressante, finalement.

Moran voulait jouer la comédie lui aussi, elle le sut lorsqu'il répondit favorablement, mais non moins hypocritement à sa phrase. C'était drôle de les voir discuter et articuler exactement l'inverse de ce qu'ils voulaient dire. Elle sourit imperceptiblement à sa seconde réponse.

- J'imagine que tu y mets beaucoup d'énergie et de patience, je peux te reconnaître ces deux qualités là...

Mais quelle hypocrite … Son ton se voulait toujours aussi doucereux mais elle laissa poindre un peu de mièvrerie feinte.
Moran ne bougeait pas et Daisy plissa ses yeux pour essayer de voir un peu mieux sa position et ce qu'il y avait sur la table, à la recherche d'indices sur son activité nocturne à lui. Une masse semblable à un livre traînait bien sur la table et correspondrait au bruit qu'il avait fait en le fermant. Ses paroles conclurent donc son enquête puisqu'il évoquait bien un ouvrage de potion.

- Quelle autre distraction cherche tu donc ce soir ? Une partie d’échec sorcier ? Un duel ? Ou autre chose qui ne te mettrait pas en échec ?

Daisy était fier de sa pique et un large sourire vint illuminer son visage. C'était finalement distrayant et cela lui changeait un peu les idées … ou pas .. gardant en mémoire, pas si éloigné que cela, le cauchemar dont il avait été l'acteur principal.

COTÉ DU BIEN

J'écoutais et regardais attentivement Daisy sans bouger. Je cherchais une raison de la détester et je n'en trouvais pas. Cela me dérangeait. Je la poussais à bout, comme elle le faisait, je jouais l'hypocrite, comme elle, les faux-sourires et les moqueries, mais au fond, pourquoi ? Pourquoi ce besoin de toujours déranger l'autre, de toujours montrer sa présence par du négatif ? J'avais échangé tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables avec elle, nous avions hypocritement conversé tous les deux pendant un nombre d'heures incalculable, nous avions tout fait pour nous croiser dans les couloirs, dans le seul but de s'agacer. Mais pourquoi ? Je doutais qu'elle ait les même réflexions philosophiques que moi. Je ne comprenais pas, mais je compris bien vite que je mettais du temps à répondre. Je me redressais pour mettre mes coudes sur mes genoux réfléchissant à ce que je pouvais lui répondre.

- Mais, je sais que tu fais de même, la preuve tu descends ici, dans le seul espoir de me voir. Je suis touché, touché par cette attention que tu accordes à ma personne.

Ah ! Ce ton mielleux que je n'employais qu'avec elle. Il était si faux que même un enfant l'aurait prit pour une provocation.

Une main sur ma poitrine et je ne pouvais pas faire pire tableau que celui que je livrais. Le pire, c'était que ce que nous faisions n'était même pas de l'hypocrisie courtoise comme on en voit dans les familles de Sangs-purs. C'était l'hypocrisie volontaire, pour que l'autre la voit. Je me levais alors, plus pris d'une pulsion que par un acte réfléchi et je m'avançais vers le fauteuil solitaire près du canapé où elle était assise. Je m'affalais dessus tout en mettant nonchalamment mes pieds sur la table basse. Quel posture pour un Serpentard ! Il n'y avait pas avec beaucoup de gens de ma maison que je ferais ça, et puis, les fauteuils étaient souvent pris par les septièmes qui marquaient leur territoire en posant leurs fesses dessus.
Je souris sincèrement à l'entente de sa dernière phrase et je me mis à fixer l'âtre dans lequel brûlait le feu.

- Seraient-ce là des propositions, Blackstone ?

Je ne pris pas la peine d'argumenter. J'étais très bon en duel, difficilement batable d'ailleurs. Une teigne. Quand aux échecs sorciers, je me débrouillais tant bien que mal. Je jetais un coup d’œil au livre démoniaque, ne désirant pour une fois pas m'étendre sur mes déboires en potion. Lui donner une arme de plus pour la retourner contre moi serait suicidaire. Je quittais le feu des yeux pour ne pas me brûler la rétine et reposais mes yeux sombres sur ma camarade.

- Toi, tu sembles abandonner pourtant, puisque tu descends de toute évidence parce que tu n'arrives pas à dormir.

Un jour, je penserai à remercier mes parents pour ma perspicacité, elle m'avait aidé plus d'une fois. Je savais que c'était cela, j'en étais persuadé. Pourquoi ? Plusieurs choses laissaient entendre une telle chose. Elle était descendu avec une tête de sirène de son dortoir (et autant dire que ce n'était pas du tout un compliment), tout ça pour descendre regarder le feu. Et la piètre explication qu'elle m'avait livré n'aurait pas même convaincu les tableaux qui dormaient aux murs. Elle n'arrivait pas à dormir, et j'étais prêt à mettre ma baguette au feu, que c'était parce qu'elle avait fait un mauvais rêve. Mais je ne lui dirai pas de suite. Je voulais jouer un peu d'abord, la faire tourner en rond et voir ce qu'elle répond, pour être sûr de mon idée.

Blackstone faisait un mauvais rêve, Blackstone avait peur de quelque chose qu'elle avait vu en fermant les yeux. Et cela me faisait rire. J'avais bien fait d'être réparti à Serpentard.

Ma curiosité me perdra un jour je le savais. Mais d'ici à demain matin, je saurais ce qui l'avais vraiment poussé à descendre. Et j'utiliserai tous les moyens possible pour connaître la vérité.

Spoiler:

- Je suis découverte, je me suis réveillée et je me suis dis « Tiens si j'allais voir si mon cher et tendre ami de toujours est là … » ….

Par mimétisme, Daisy mit ses deux mains sur son cœur, en penchant sa tête légèrement en arrière, feignant une princesse effarouchée attendant son prince charmant sur son valeureux destrier. Ils étaient bien deux à jouer le rôle de leurs vies ce soir. Mais à feindre les bons sentiments ne risque-t-on pas de s'y perdre ?
A peine eut-elle fini sa phrase qu'il se leva pour la rejoindre sur le fauteuil d'en face. Elle recula d'instinct et de surprise, mais était finalement satisfaite de pouvoir observer son visage et sa posture à sa guise. L'analyse en serait plus fine.

- Quoi d'autres (what else ? .. mdr) ? Il y a tellement de domaines dans lesquels je pourrais t'écraser comme un vulgaire ver de terre …. Les potions sans doute …..

Elle avait répondu du tac au tac en ne le quittant pas des yeux pour voir l'effet de sa réplique. Sans attendre, il finit par revenir au sujet du pourquoi était-elle descendu au milieu de la nuit. Il ne perdait pas le nord et souhaitait mener la danse. C'était sans compter le désir de contrôle de Daisy qui décida de répondre en prenant le contre pied :

- C'est vrai quelle perspicacité ….. En réalité, j'ai fait un terrible cauchemar …..... Qui sait …... tu étais peut-être dedans …..

Daisy maniait l'art de la conversation depuis qu'elle était enfant. Elle savait que parfois, mêler vérité et mensonge permettait de tromper son interlocuteur. Elle en usait et abusait à bien des instants … Serait-il dupe ?

COTÉ DU BIEN

La main sur le cœur, elle avait eu le même geste que moi, ce qui avait eu le don de me faire sourire. Mais elle avait eu un mouvement de recul lorsque je m'étais levé. J'étais vexé de voir que je lui faisais peur. Ce n'était pas quelque chose que les gens faisaient habituellement en me voyant, c'était plutôt l'inverse même. Je n'effrayais pas grand-chose et j'en étais conscient. Mais ce n'était certainement pas par la peur que j'obtenais ce que je voulais. Mais plutôt par la manipulation.
Elle se moquait ouvertement de mon niveau de potion, et j'affichais sur mon visage un sourire amusé. Ce n'était pas comme si mon niveau de potion était une affaire privé. Mes déboires étaient connus de tous, parce que généralement, je ne faisais pas les choses à moitié. Quitte à faire exploser le chaudron, autant que la substance à l'intérieur atterrisse sur moi.

- En potion ? C'est évident.

Je levais les yeux au ciel tant c'était ridicule. J'étais d'une nullité absolue dans cette matière, et je ne faisais pas grand-chose pour améliorer mon niveau…

- En métamorphose par contre…

J'étais un des meilleurs dans cette matière, que je trouvais bien plus intéressante que les potions qui étaient davantage pour moi une recette de cuisine qu'autre chose. Heureusement d'ailleurs, mais mes exploits dans cette matière étaient moins connus. Les gens préféraient propager des choses plus amusantes. Il fallait dire que je rentrais au moins une fois par mois au dortoir avec les cheveux plein de liquide visqueux sorti tout droit d'un chaudron. Les gens commençaient à être habitués. Mais je ne me cachais pas de ces quelques soucis dans la matière.
La lumière du feu illuminait très bien son visage que je pouvais détailler à loisir. Blackstone n'était pas moche dans son genre. Elle était simple et passait davantage inaperçus qu'une Fluvia Avery, mais le caractère n'était pas le même. C'était sans doute cela qui faisait la différence. Mais c'était Blackstone, et rien que la voir me donnait envie de lui lancer des piques et de jouer l'hypocrite finit. Je gardais un air très sérieux en l'écoutant parler, même après qu'elle ait finit sa phrase. Cela ne m'étonnerait même pas que ce qu'elle me dise était vrai. Vraiment pas. Elle pensait faire la maligne à manipuler la conversation, mais elle n'était certainement pas la seule personne qui avait la même éducation qu'elle à qui j'avais parlé. Les manières et l'éducation des Sangs-Purs et nobles, c'étaient toute une histoire. Je plissais légèrement mes yeux noirs. Je réfléchissais. La manière dont elle avait dit sa phrase, qui laissait clairement entendre une moquerie, (une de plus) pouvait m'induire en erreur. Mais je n'étais pas si dupe que cela. Je continuais de réfléchir et je couplais sa phrase à son recul lorsque je m'étais levé et à la tête qu'elle avait fait en descendant du dortoir. Un mauvais rêve, je n'en doutais pas. Que je sois dedans… Pourquoi pas. Mais c'était Blackstone, et la vérité était toujours dure à obtenir avec elle. Sans me départir de mon air sérieux, je lui lançais alors :

- Eh bien, j'espère que je te faisais bien chier dans ton rêve lâchais-je d'un air nonchalant.

Je pensais ce que je disais. Si tant est qu'elle ait rêvé de moi. Si c'était le cas, elle ne pourrait pas savoir si je la croyais ou non. Si elle m'induisait volontairement en erreur, alors elle maniait en effet bien l'art de la parole. Mais d'un autre côté, même si elle me disait la vérité, jamais elle n'avouerait… Quoi que, un peu de manipulation ne faisait jamais trop de mal, n'est-ce pas ? Je lui jetais un regard intense avant de reposer mes yeux sur le feu.

- Après tout… Peut-être que je rêve de toi, moi aussi.

Spoiler:

Et voilà que le serpentard se vantait de ses prouesses en métamorphose. A vrai dire, Daisy l'avait finement observé en cours et il réussissait la plupart du temps à modifier l'apparence de nombreux objets. Elle pouvait lui reconnaître ce talent qu'elle n'avait pas. En fait à part les potions et cette matière, les deux élèves avaient beaucoup de compétences en commun quand on y regardait de plus près. Ils avaient choisi les même options. Se débrouillaient en DCFM, vol et sortilèges, reléguant l'astronomie et la botanique au second plan. Elle se surprit à connaître tous ses détails. A force de le côtoyer, elle le connaissait aussi bien qu'un ami.... Mais après tout ne dit-on pas « garde tes amis près de toi et tes ennemis encore plus près » ?
Tout à coup, Daisy n'était plus bien sur de savoir à quelle catégorie appartenait Moran. Si longtemps détesté, dans le désir d'agacement constant et de provocation, se pouvait-il qu'ils trouvent un terrain d'entente ? Daisy effaça instantanément cette idée qu'elle trouva saugrenue lorsqu'il lui répondit.

- C'était le cas …..

Lança-t-elle d'une voix aussi détachée qu'elle l'aurait souhaité.. Mais en réalité Daisy était tendue. Elle rapprocha de nouveau ses jambes contre elle et son sourire s'effaça un instant. Car ce rêve.. l'avait bien fait chier. Que signifiait-il au juste … Bien sur, si on le prenait au premier degré, il n'y avait aucune équivoque quant à son sens... Mais la jeune fille savait très bien que les rêves ont toujours un sens caché.. Et elle ne savait pas vraiment si elle voulait savoir ce que celui-ci signifiait.
Lorsqu'il articula sa dernière phrase, Daisy n'était définitivement plus dans le jeu. Elle le dévisagea, troublée pour la première fois. Elle ne savait plus quoi dire et elle s'en voulait. Ressaisis toi Daisy ! Trouve une réplique cinglante, ne laisse pas entrapercevoir une quelconque faiblesse.
Finalement, la blonde lui rendit la pareille, mais avec moins d'entrain qu'elle aurait voulu :

- Et bien j'espère que j'y étais à la hauteur de la réalité ...

COTÉ DU BIEN

Lorsqu'elle me répondit, j'aurais juré ne pas y voir du cœur. C'était comme si elle ne le pensait pas, et pourtant, dès qu'il était question d'agacer l'autre, les sentiments étaient sincères. Que lui arrivait-il donc ? De quoi avait-elle bien pu rêver qui la mette dans cet état ? Je commençais par croire qu'elle me disait la vérité, mais qu'est-ce que je fichais dans sa tête ? Pourquoi son subconscient m'utilisait-il ainsi, telle une marionnette ? Un tel songe la perturbait, et la voir ainsi me perturbait tout autant à vrai dire. Je trouvais cela dommage que ses yeux se perdent ainsi dans le vague, alors que nous aurions dû discuter (se provoquer) comme d'habitude jusqu'à ce que le sommeil revienne. Mais non. Elle était perturbée et je ne comprenais pas pourquoi.
Sa deuxième phrase était davantage plus enjouée, mais pourtant, ses yeux ne suivaient pas ce qu'elle disait. "Les yeux sont le reflet de l'âme" disait-on. L'âme de Daisy n'avait pas envie de plaisanter ce soir, et une telle constatation me refroidi considérablement. Si Blackstone n'était pas d'humeur, soit, je ne voulais pas la perturber davantage. La déranger, oui, être lourd, sûrement pas.

- Tu étais de meilleure humeur que ce soir, c'est certain.

Je n'avais pas dit ça en plaisantant, je disais simplement la vérité. Je ne comprenais pas pourquoi cela ne me plaisait pas que Daisy soit comme cela. Quelques années en arrière, cela m'aurait amusé au point qu'elle aurait fui dans son dortoir pour avoir la paix. Mais là, je voulais comprendre. Pourquoi donc voulais-je comprendre Blackstone ? Blackstone, juste elle ! Je regardais le reste de la salle commune vide en réfléchissant à la réponse. Il n'y en avait pas, ou tout du moins je ne la comprenais pas. Ou alors, peut-être ne voulais-je pas la comprendre.

Je coulais un regard vers elle en l'a détaillant de haut en bas. Non, je ne comprenais pas. Et elle devait être au même point que moi, vu la tête qu'elle tirait. Je n'aurais pas ce genre d'interrogation pour quelqu'un d'autre. Quelqu'un, avec un nom et une vie mais dont je me souciais guère. Mais elle, je voulais savoir. Je voulais savoir comme avec quelqu'un dont je me souciais vraiment, Calypso par exemple. Je la connaissais depuis toujours, c'était une amie à qui je tenais réellement, bien différente de ces autres connaissances auxquelles je ne m'intéressais que très peu. Mais Daisy et moi n'avons jamais été proches au contraire de Calypso. Je ne suis même pas sûre que nous ayons déjà eut une conversation poli, Blackstone et moi.
Ma langue échappant à ma pensée, je lâchais :

- Au fond, on en est où, Blackstone ?

Je n'étais pas certain qu'elle comprenne réellement ma question, mais au fond, je ne la comprenais pas moi-même.

Les yeux perdus dans le vague, sa réplique glissa sur elle. Daisy était toujours d'humeur égale et avait la répartie facile. Elle prenait beaucoup de plaisir à critiquer, décortiquer, manipuler, donner son avis étriqué. Elle était plutôt prévisible et on savait généralement comment la chercher et la trouver … Mais plus maintenant, ni ici. La salle commune lui parut soudain très étroite pour eux deux. Tellement étroite qu'elle aurait pu suffoquer. Les secondes de silence lui parurent une éternité. Puis finalement il articula quelque chose qu'elle ne comprit pas vraiment.
« On en est où » ? On en est où justement pensa -t-elle ? « On » en est où. Les mots se répétaient inlassablement dans sa tête comme une ritournelle enfantine, sans en comprendre le sens. Elle détacha son regard du feu pour le planter dans celui de son interlocuteur et finit par répondre plutôt froidement :

- On n'a peut-être simplement plus envie de jouer ….

Elle laissa sa phrase en suspens. Pas dans l'attente d'une réponse ou autre, juste parce qu'elle n'avait rien d'autre qui venait. Toujours en le fixant, elle chercha à détailler un peu plus son visage. Elle ne savait pas vraiment pourquoi tout à coup cela l'intéressait de savoir ce qu'il pensait, là, maintenant. Elle renonça bien vite et souhaita conclure leur rencontre en se levant du canapé.

- Je te laisse à tes distractions.....Moran ... Dit-elle doucement avec résignation.

Elle amorça son départ vers le couloir des chambres ...

COTÉ DU BIEN

Je m'en voulu immédiatement après avoir dit cela. Fierté de Serpentard ou de garçon, je ne savais pas trop, mais c'était là clairement un aveu de mon état. J'étais perdu, tout comme elle. La première réponse de Daisy ne me satisfaisait pas. Je n'étais pas du genre à me lasser de quelque chose, et elle non plus. Cette guéguerre durait depuis quelques années, et jusqu'à il y a quelques minutes, tout était comme avant. Mais non. D'un coup, ça avait changé, la faute à ce qui l'avait à descendre de son dortoir, sans doute. Je soupirais. Je ne m'avouerai certainement pas vaincu si facilement. Si je n'arrivais pas à poser de mots sur mes sentiments, tout comme elle, je n'allais certainement pas les ignorer et attendre que ça passe pour que tout redevienne comme avant. C'était hors de question. Je soutins le regard de Daisy sans dire un mot. Il fallait bien dire que ça s'activait dans ma tête et rien qu'à voir son air, il était évident qu'il en était de même pour elle. Je la regardais se lever en me souhaitant bonne soirée. Hors de question que je la laisse filer comme ça. Cette conversation était loin d'être terminé, et je préférais largement qu'on trouve quelque chose à dire plutôt que l'on reste dans le flou, autant l'un que l'autre. J'étais assez étonné qu'elle m'ait appelé par mon prénom, parce qu'elle s'en tenait habituellement à mon nom ou au tutoiement pour s'adresser à moi. Et au fond, j'étais persuadé qu'elle ne voulait pas vraiment clore la conversation ainsi. Je n'attendis pas qu'elle soit au milieu de la salle commune pour la rattraper. Je pris son bras avant de la retourner vers moi :

- Tu ne crois quand même pas partir comme cela j'espère ?

Je la regardais attentivement, avec un air plus outré qu'agacé. Je préférais largement que l'on aille se coucher avec les idées claires plutôt que de passer la nuit à penser. Même si je n'avais pas vraiment sommeil, et que mon livre de potion faisait une distraction nécessaire, je comptais dormir au moins une heure ou deux ce soir. Si Daisy partait comme cela, nul doute que je ferais nuit blanche, et elle aussi, sans doute. Je ne réalisais que maintenant que je ne lui avais pas lâché le bras ce que je fis après en avoir pris conscience.

- Ecoute …. Hum… commençais-je avec malaise.

Je ne savais pas vraiment quoi dire, parce que rien n'était clair dans ma tête. C'était flou, et je me demandais si c'était dû à cette conversation ou bien au fait qu'il était tard. Je soupirais. Je n'imaginais pas du tout cette soirée comme ça, mais après tout, un peu d'imprévu était toujours bénéfique. Je réfléchissais à ce que je pouvais dire. Et je crois que je commençais à comprendre à peu près le cœur du problème. Daisy et moi ne nous étions jamais réellement détestés, nous nous provoquions, nous agacions mais c'était davantage amical que réellement négatif.

- Je crois qu'en fait, je t'apprécie sincèrement, Blackstone.

Je me surpris une fois encore. Un jour, je penserai peut-être à surveiller ma langue, peut-être. Mais malheureusement, j'étais encore bien loin du problème principal.

Spoiler:

Avant d'avoir pu quitter la pièce, Moran la rattrapa pour lui faire face. Elle fut plutôt surprise de ce contact soudain et réalisa qu'ils n'avaient jamais été aussi proche physiquement alors qu'ils se connaissaient si bien verbalement.

- Bien sur que si.. Qu'est-ce qui me retient … ?

Lâcha-t-elle sans réfléchir lorsqu'elle percuta qu'il ne l'avait pas lâchée.. et qu'elle ne s'était pas dégagée de l'étreinte de sa main. Ce qu'il fit aussitôt. Elle porta machinalement sa main à son bras à l'endroit de contact comme pour être sûre que cela venait bien d'arriver puis elle recula d'un pas. Le malaise s'installa des deux côtés, mais surtout l'incompréhension. Qu'était-il en train de se passer ? Daisy était tiraillée entre l'envie de rester là face à lui pour comprendre et celle de fuir le plus loin possible. Sa dernière phrase lui fit l'effet d'une bombe. Apprécier ? Sincèrement ? Tout son corps se raidit. C'était tellement l'inverse de ce qu'ils se disaient depuis des années, dès la première rencontre d'ailleurs. C'était physique, ils se détestaient. A l'instant même où il avait franchi la porte du wagon du Poudlard Express et avait prononcé son premier mot avec sa voix de gamin trop sûr de lui, Daisy l'avait haï sans même le connaître. Et il lui avait bien rendu ! Tous les prétextes étaient bon pour se critiquer, au quidditch, en cours, dans la salle commune, partout, tout le temps. Soudain elle réalisa que tout ce temps elle avait cherché cette relation, réfléchissant à la meilleure façon de l'enquiquiner, manigançant la meilleure manière de l'humilier, anticipant la meilleure réplique pour le toucher. Il était dans son esprit jusque dans ses rêves. Il était tant que cela cesse. ~~(déni quand tu nous tiens)~~

- Ne peut-on pas se contenter de s'ignorer ? Finit-elle par lui répondre

Était-ce satisfaisant ? Était-ce suffisant ? Elle le pensait. Jusqu'à présent cela lui avait plutôt bien réussi. Ignorer les problèmes plutôt que d'y faire face. C'était bien une technique lâche et fourbe de serpentard...et de Blackstone... C'était donc ça la solution … Si elle ne le croisait plus.. elle n'y pensait plus … Il n'existait plus.. Et ses sentiments avec....

Sujet: Re: Rêve ou cauchemar ... (libre)

» fais de ta vie un rêve, et d'un rêve... retour à la réalité ϟ ROSAMUND
» [ i ] — Les rêves sont terminés, le cauchemar ne fait que commencer.
» Que le rêve devienne votre réalité + Holden C.
» avis aux cachottiers, voilà votre pire cauchemar | berty jojo
» Rêve ou Réalité ? [Ethel]

Rêve ou cauchemar ... (libre)

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