[HRP : "me levant en même temps que... Sylvia, pas Penelope x)]

Jetant un coup d'oeil au grand escalier qui conduisait dans les étages depuis le hall, je fus ravie, comme presque chaque fois que je me faisais la réflexion, que notre Salle Commune soit située en sous-sol - là tout de suite, j'aurais pas vraiment été en état de me coltiner les escaliers... ils n'en font qu'à leur tête en plus, j'aurais pas envie de me retrouver à faire pleins de détours pour finalement arriver à destination. Rien que penser à la salle des Serdaigles, tout en haut d'une tour, j'en ai les muscles des cuisses qui protestent ! Et puis, ces stupides énigmes auxquelles il faut répondre pour devoir entrer... même Penelope n'en trouve pas toujours les réponses du premier coup. La réponse d'Orpheus me tira de mes rêveries - un sourire moqueur étira mes lèvres à sa réponse, et je relevais vers lui un regard explicite - ben voyons ! Il dort debout... il sera jamais levé à temps demain. Mais c'était amusant de le voir essayer de s'en convaincre...

- Super, merci !!

Entre lui et Penelope, pour mes devoirs, j'étais quand même sacrément bien aidée ! C'était si rassurant, de savoir que si je ne comprenais pas quelque chose, je n'avais qu'à demander pour qu'on m'explique. Quelque part, j'étais sacrément favorisée par rapport à d'autres élèves...

- D'accord, répondis-je en souriant. Merci, bonne nuit à toi aussi...

Me détournant après un dernier salut, je commençais à me diriger vers mon dortoir... puis fis rapidement volte face, avalais la distance nous séparant déjà en deux foulées, et me jetais à son cou avant qu'il n'ait le temps de filer dans son propre dortoir.

- Tu vas me manquer... marmonnais-je dans son col de chemise en serrant fort mes bras autour de son cou.

Je souris simplement à son remerciement, n'en rajoutant pas plus. Quand je pense à la quantité de travail que j'allais devoir abattre pendant les vacances, j'en était déjà découragé. Théoriquement, j'étais presque persuadé de ne pas avoir le temps d'aider Sylvia, mais si elle en avait besoin, je prendrais un peu de mon temps pour elle, quitte à raccourcir mes nuits pour être à jour. J'aurais aimé qu'on m'aide lorsque j'en avais eu besoin...

Dans la salle commune, c'était l'effervescence : entre les embrassades et les jeux, tout le monde s'en donnait à coeur joie avant de partir. Personnellement, je ne voulais qu'une chose : du calme et une couette chaude. Même si j'étais attristé du départ de mon amie, j'étais trop exténué pour espérer tenir une heure de plus debout. Lorsque j'étais sur mon balai, la fatigue n'était pas un problème, mais une fois au chaud et rassasié elle me tombait dessus comme une chape de plomb.

Je saluai la jeune sorcière et partis lentement vers mes dortoirs, quand Sylvia se matérialisa devant moi sans crier garde et me sauta au cou. Je restai pantois quelques secondes, crispé par ce contact inhabituel pour moi. Nous avions beau être amis, les gestes d'affection était rare... Mon éducation, et l'époque, ne m'encourageait pas à montrer à quel point j'appréciais la jeune sorcière. Mais après mon instant de surprise, je la pris par la taille pour la serrer contre moi. Elle était si menue que je l'entourais d'un seul bras. Je cachai mon visage dans ses cheveux, inspirant une grande bouffée de son parfum, avant d'embrasser le haut de son crâne.

- Tu vas me manquer aussi, mais on se retrouve vite !

Je me reculai un peu et la regardai en souriant. Pour cette fois, c'était à moi de lui assurer que tout irait bien !

Je n'avais pas pu m'en empêcher - nous n'allions plus nous voir durant deux longues semaines, et les hiboux, ce serait pas pareil. J'avais beaucoup d'amis de mon age, mais je passais pourtant le plus clair de mon temps en la simple compagnie d'Orpheus, la raison principale étant que je me refusais à le laisser seul. Dès que nous étions séparés, j'avais ensuite toujours un peu de mal lors de nos retrouvailles à l'arracher de la coquille dans laquelle il se plaisait à s'enfermer, et je n'aimais pas ça. Savoir que durant ces deux semaines, il passerait les fêtes seul ou presque, avec pour seul loisir et occupation ses devoirs scolaires, et qu'à mon retour il serait plus renfermé que jamais ne m'encourageait pas à partir tranquille... alors, je profitais de nos derniers instants pour me montrer plus démonstrative qu'à l'ordinaire.

Je cru d'ailleurs qu'il allait immédiatement me repousser... mais passé le premier instant de surprise, il me rendit mon étreinte, et je resserrais encore la mienne, souriant de contentement. Je savais qu'il pourrait être mal vu que je me montre trop tactile envers lui, un garçon beaucoup plus âgé que moi, en public... surtout pour lui en fait, mais, juste pour cette fois... les gens auraient toutes les vacances pour oublier.

- Oui, acquiesçais-je en me reculant, affichant un sourire que je voulais courageux. Bonne nuit, passe de bonnes vacances !

Puis je fis volte-face et m'engouffrais en courant dans les escaliers menant aux dortoirs des filles - j'étais une grande fille, maintenant... hors de question que je pleure, c'était ridicule.

Elle partit presque aussi vite qu'elle ne m'avait sauté au cou, me laissant tout seul au milieu de la salle commune. J'entendis quelques murmures, perçus un ou deux regards en coin, mais me contentai seulement de me redresser et de défier silencieusement quiconque de faire un commentaire. J'étais encore en droit d'enlacer une amie, même si ça devait choquer quelques élèves. Je connaissais mes intentions, c'était ce qui comptait.

Je montais dans mon vestiaire, me changeai et tombai de fatigue sur mon lit. Malgré le départ de Sylvia demain, il ne me fallut pas longtemps pour sombrer dans un sommeil lourd et sans rêve. Il fallait encore s'entrainer pour la coupe de Quidditch, et chaque entrainement me laissait plus exténué que jamais...

Quand j'ouvris les yeux le lendemain, je n'entendis pas un bruit. Vu la lumière qui filtrait par les fenêtres hautes, il faisait déjà jour et la matinée était bien entamée. J'avais raté le départ de Sylvia, comme je m'en étais douté hier... Et elle aussi, assurément. Je me levai paresseusement, pris une douche rapide et enfila une robe de sorcier sur un pull chaud et un pantalon en velours. La salle commune était vide, et lorsque je passais devant la cuisine, aucun capharnaüm n'habitait les lieux. Le petit déjeuner était déjà prêt, et vu l'heure, j'avais plutôt intérêt à m'activer...

J'arrivais dans la grande salle, richement décorée pour Noël, et m'installai à l'unique grande table que nous partagions tous, vu que nous étions peu à rester à Poudlard pour les vacances. Au fil des années, nous avions appris à nous connaitre, et à apprécier ces moments où nous formions ce qui pouvait se rapprocher d'une famille. Lorsque les autres élèves revenaient, nous nous saluions d'un petit mouvement de tête, d'un sourire, comme pour assurer l'autre que nous ne l'avions pas oublié.

Je me servis d'un peu de porridge, pris un oeuf et deux petites saucisses, et commençai à manger sans rien dire. Qu'allais-je faire aujourd'hui ? Peut-être finir cet essai sur la Grande Guerre des Ogres, que j'avais commencé à déblayer, puis voler lorsqu'il fera beau... Je redressai la tête et sortis de mes pensées quand je remarquai Penelope entrer dans la grande salle. J'hésitai un peu à la saluer, ou même a baisser les yeux sans rien faire, quand je fis quelque chose de bien pire. Je lui souris légèrement et indiquai d'un mouvement de tête timide qu'une place était libre à mes côtés si elle le souhaitait.

C'était sûr, j'avais pris froid hier sur le terrain.

Assise dans un encadrement de fenêtre, j'observais l'aube se lever avec la délectation de savoir que j'étais sans doute une des rares personnes dans le château à admirer ce spectacle. Une bonne partie des élèves profitaient certainement de leurs derniers instants de sommeil avant de devoir se lever pour prendre le Poudlard Express, et l'autre partie devait tranquillement tirer le meilleur parti de cette première grasse matinée. C'était tellement dommage... rien n'était plus pur qu'un lever de soleil derrière le lac, sur les collines lointaines, surtout vu depuis une des plus hautes tours du château. Le givre avait paré de diamants scintillants le parc qui s'étalait à perte de vue, et j'échappais un soupir - c'était magnifique... et j'allais avoir le temps d'en profiter tous les jours dorénavant, puisque durant deux semaines je ne serais plus pressée par le besoin de prendre mon petit-déjeuné avant d'aller en cours.

Me laissant glisser doucement au sol lorsque j'estimais que le plus intéressant était passé, je traversais la salle commune et remontais dans mon dortoir, récupérer ma trousse de toilette avant d'aller faire un crochet par la salle de bain des filles. Fin prête, je descendis dans la grande salle, où je patientais jusqu'à ce que Sylvia descende prendre son petit-déjeuné, et de là, je l'accompagnais jusqu'à la gare, où je lui souhaitais de bonnes vacances avant qu'elle ne parte pour Londres. J'avais bien vu qu'elle était vraiment déçue que je ne rentre pas cette année... mais elle devait être forte, et surtout, mon absence serait un bien pour tout le monde. Moi je n'aurais pas à supporter les remarques froides et cruelles de ma génitrice, et elle n'aurait pas à être témoin de nos disputes incessantes...

Remontant rapidement jusqu'au château, j'hésitais une fois dans le hall - aller directement à la bibliothèque... ou se laisser tenter par une dernière tasse de thé avant le déjeuné ? Tentant. Tentée. Allez, vendu. La salle me parut tout un coup gigantesque - ne restait plus qu'une table disposée en son centre, où les derniers retardataires prenaient un petit déjeuné tardif... donc Goldsmith, le compagnon préféré de ma trop innocente petite sœur. J'allais laisser mon regard glisser sur lui, m'avançant pour prendre place... quand je remarquais son mouvement, qui me laissa un peu perplexe. Était-ce une invitation ?... Le temps que je me décide à trancher la question, deux élèves en plein bavardage me doublèrent et virent prendre place à côté de Glodsmith, ce qui régla le problème pour moi, et j'allais m'asseoir sur le banc d'en face, regrettant cette idée stupide d'être revenue prendre du thé maintenant. J'aurais mieux fait d'aller directement à la bibliothèque...