Elsa soupira en lisant la lettre de ses parents. C'était sa mère qui l'avait rédigée bien sûr. Son écriture fine et strict d'institutrice. Elle lui parlait de la ferme, de son père à qui ses enfants manquaient, de Jonathan qui était venu à la maison pour leur présenter Rebekah, sa petite amie. Sa mère lui en fit un éloge pas possible et puis lui recommanda de bien travailler à l'école, d'être sage et de bien veiller sur ses deux brigands de frères. Elz' leva les yeux au ciel. Comme si elle avait besoin de veiller sur ses frères. Ils se démerdaient très bien sans elle. Son père ajoutait un petit mot en bas, de son écriture quasi illisible mais si propre à lui même, qu'il l'embrassait fort, qu'il l'aimait et qu'elle ne devait surtout pas écouter sa mère. Qu'elle devait s'amuser tant qu'elle était jeune. Son petit mot fit sourire la jeune fille qui attaqua sa réponse. Puis elle se rendit à la Volière et caressa Pan pendant un long moment. Pan était le hibou de la famille qu'ils se partageaient tous. Elle le gâta un peu et finit par lui donner la lettre. - Allez porte le à papa et maman Pan, murmura t-elle au hibou en le regardant s'envoler. Puis elle retourna vers la salle commune des Serdaigle. Sauf que les escaliers malicieux décidèrent de l'embêter. Elle s'assit donc sur les marches en attendant qu'ils arrêtent de jouer et finit par se perdre dans ses pensées. Une voix familière la tira de ses rêveries.

« Qu'elle aille se faire voir ! » hurle Andy au milieu du couloir du quatrième étage.
De rage, il cogne son poing contre le mur de pierres. Ses phalanges se mettent à saigner, il n'y prête pas attention. Il est trop en colère, il sentira la douleur plus tard.
« Cette fille va me rendre DINGUE ! »
Brusquement, il jette son sac par terre qui glisse sur plusieurs mètres et s'arrête juste devant les escaliers où Elsa s'est réfugiée. Il ne fait pas attention à son amie et se plaque les mains contre son crâne, les larmes lui brouillant la vue. Il ne pleure pas de tristesse, non, il pleure d'exaspération, de fureur. Ashton le rend fou, elle va finir par le tuer.
Alors il se laisse tomber sur le carrelage froid et s'adosse au mur. Sa respiration est rapide, il remonte ses jambes contre lui et enfouit son visage entre ses bras croisés. Il faut qu'il se calme, elle ne doit pas l'atteindre, il doit se ressaisir. Sa main lui fait mal, il s'est peut-être cassé quelque chose, mais peu importe. C'est le cadet de ses soucis.
Bon sang, pourquoi s'attache-t-il toujours aux gens qui le détruisent ? Est-il accro à ce point à sa propre souffrance ?

Elsa sursauta violemment en voyant un sac atterrir brusquement à ses pieds suivit de plusieurs cris de rage. Merde alors et dire qu'elle se pensait tranquille pour rêvasser dans les escaliers il fallait qu'il y en ai un pour venir la saoûler. Mais quand elle vit la personne en question, son coeur s'arrêta pour repartir plus vite, paniqué. C'était Andy. Son Andy. Pas qu'ils sortaient ensembles mais il était son meilleur ami, ils étaient nés ensembles, avaient grandis ensembles, il était comme un frère pour elle, et elle ne supportait pas de voir les larmes qui ravageaient son visage ou la douleur qui inondait ses beaux yeux. Elle aurait mit le monde à feu et à sang pour détruire la personne qui lui faisait autant de mal. Et elle avait d'ailleurs une idée de la personne en question. Sans réfléchir, elle se précipita sur son ami. - And' ! Andy réponds moi, qu'est ce qui se passe ? demanda t-elle à la fois folle d'inquiétude et malheureuse de voir son meilleur ami dans un tel état. Puis elle remarqua sa main en sang et blêmit. - Montre moi ça ! ordonna t-elle d'une voix sans appel. Elle savait y faire avec les garçons. Elle avait grandi entourée de six mecs dont trois étaient ses frères, les trois autres étant les frères Cole, et elle n'avait pas compter leurs pères. Alors du sang froid face aux mecs elle en avait ! Se relevant, elle déchira sa chemise blanche et lui fit un bandage de fortune. Ils iraient à l'infirmerie plus tard. - C'est à cause d'elle hein ? demanda t-elle d'une voix mauvaise. Non, elle n'appréciait pas beaucoup la copine d'Andy même si elle n'avait jamais rien fait contre elle pour son meilleur ami. Les choses allaient peut-être changer ... Qu'est ce qu'elle a encore fait ?

Andy ne relève pas la tête lorsqu'il entend la voix d'Elsa. Il ne veut pas qu'elle le voit dans cet état. Il connait les sentiments d'Elsa pour Ashton, il sait qu'elle ne l'apprécie pas et il ne peut pas lui en vouloir. Lui-même serait hors de lui si un type se comportait avec elle comme Ashton se comporte avec Andy.
Les poings crispés, ses ongles lui bouffant l’intérieur des paumes, il essaye de retenir sa main endolorie quand Elsa tente de s’en emparer. Puis il finit par se laisser faire en serrant les dents, toujours la tête baissée pour ne pas croiser le regard de son amie.
« C'est à cause d'elle hein ? demande la Serdaigle et Andy ne répond pas, le corps secoué par un sanglot qu'il tente tant bien que mal de réprimer. Qu'est-ce qu'elle a encore fait ? »
Andy se trouve pathétique, il secoue la tête de droite à gauche pour montrer qu’il ne veut pas en parler. Il est épuisé, il est au bout de ses forces. Son cœur le fatigue chaque jour davantage mais Ashton persiste à toujours se disputer avec lui. Elle le rend cinglé, complètement cinglé.
« J’en ai marre, réussit-il à dire dans un soupir. J’en peux plus de tout ça… »
D’un geste rapide, il vient essuyer ses yeux humides avec le dos de sa main. Ça le tue, mais il sait qu’il est complètement mordu de cette fille.

Andy, c'est le mec le plus têtu qu'Elsa connaisse. Même ses frères savent que ça ne sert à rien de lutter quand elle prend cette voix dure, sévère, sans appel comme leur mère le fait parfois. Mais Andy lui il résiste. Il lui résiste toujours. Avant ça amusait Elsa, elle considérait comme un défi de le faire plier mais aujourd'hui c'est plus pareil. Il est malheureux et elle ne peut rien faire contre ça. Ca la tue à petit feu. Elle aimerait bien avoir Ashton sous la même pour pouvoir l'étrangler, lui taper la tête contre le mur, lui faire aussi mal qu'elle fait mal à Andy. Elle ne la supporte plus cette fille. -  J’en ai marre. J’en peux plus de tout ça… murmure finalement Andy en séchant ses larmes de sa main valide. Le coeur d'Elsa se serre. Elle a horreur de le voir comme ça. - Andy ... murmure t-elle. Elle ne sait pas quoi dire. Elle n'a jamais été douée pour consoler les gens, elle ne sait pas trouver les mots, c'est pas son domaine ça. - Je ne sais pas pourquoi tu t'entête ... Elle te mérite même pas s'te fille, lui dit-elle d'une voix sourde. Elle essaye vraiment de soutenir son meilleur ami, vraiment mais c'est plus fort qu'elle, elle est tellement furieuse contre Ashton qu'un peu de cette colère filtre de sa voix qui vacille. Elsa n'est pas une mauvaise fille mais il ne faut pas s'en prendre à elle ou à ceux qui lui sont chers parce que ça risque de devenir dangereux. Elle peut-être mauvaise, tellement mauvaise, et elle est si rancunière. Mais là, elle veut juste être là pour Andy, elle s'occupera de la Doyle plus tard. Alors elle passe son bras autour de son meilleur ami et pose la tête sur son épaule. Elle ne dit rien. Elle ne sait pas faire. Elle se contente d'être là, de lui montrer qu'elle ne le lâche pas. Ca elle sait faire. - Comment tu te sens ? demande t-elle un long moment plus tard. Elle a peur aussi même si elle ne montre rien. Elle ne veut pas perdre Andy comme ils ont perdus Sid. Ca ferait trop mal.

« Je ne sais pas pourquoi tu t'entêtes... dit Elsa. Elle te mérite même pas s'te fille. »
Andy n’en est pas sûr. Il a une très basse estime de lui-même. Il ne sait rien faire, il n’est bon à rien. Dans sa tête, il est même un poids pour ses parents. Il sait qu’ils s’inquiètent pour lui, il sait qu’il leur gâche la vie. Ashton, il la mérite, il mérite de souffrir. Pour tout ce qu’il fait subir aux autres.
Elsa l’entoure de ses bras et Andy ferme les yeux. Il bascule doucement sa tête en arrière, cognant légèrement son crâne contre le mur. Ses joues sont humides mais il commence à se calmer, il sent dans sa poitrine son rythme cardiaque ralentir. Elsa pose sa tête contre l’épaule d’Andy. Pourquoi Ashton n’est pas aussi gentille, avec lui ? Doucement, le Serdaigle attrape la main de son amie et se met à la serrer fort entre ses doigts, comme s’il voulait se raccrocher à elle pour ne pas tomber de la falaise, pour ne pas sombrer. Sa bouée de sauvetage. Son dernier souffle d’oxygène.
« Comment tu te sens ? demande Elsa et Andy inspire profondément.
— Je me calme, répond-il d’une petite voix, les yeux toujours clos. Ça va aller… »
Même s’il sait que ça ne va aller qu’en empirant, Andy ne veut pas le montrer. Inquiéter Elsa est la dernière chose qu’il souhaite. Mais en vérité, il a envie de hurler, de s'arracher le coeur de la poitrine pour qu'il arrête de se briser encore un peu plus chaque jour. Il a envie de disparaître, de ne jamais avoir existé. Il se sent mal, affreusement mal.

En voyant la tête que tire Andy, Elsa grogne doucement. Elle n'aime pas quand il fait cette tête là, elle sait parfaitement à quoi il pense. Elle le connait si bien. Mieux qu'elle même. Elle le connait par coeur. - Arrête, gronde t-elle agacée. Elle déteste quand il se dévalorise. Tu mérite mieux qu'elle. Tu mérite le meilleur parce que t'es un gars génial, t'es extraordinaire et si elle est pas capable de voir ça qu'elle aille se faire voir ! fait-elle venimeuse et passionnée. La colère colore un peu ses joues et fait briller son regard bleu/violet. Il a pas le droit de se dévaloriser, elle n'arrête pas de le lui répéter mais il est têtu son meilleur ami. Presque autant qu'elle. Presque seulement ...
Elle finit par cesser de l'engueuler, elle se contente de se blottir contre lui, de lui montrer qu'elle est là, qu'elle sera toujours là. Ca fait seize ans qu'ils sont ensembles côte à côte c'est pas maintenant qu'elle va le lâcher son aigle farouche. Mais là elle doit avouer qu'elle bouillonne, et son mépris envers Ashton se mue en haine vorace. Elle vengera son meilleur ami, elle va lui pourrir la vie à cette blondasse décolorée. Mais ça elle ne le dit pas. Elle se contente seulement d'être là pour Andy, et sa présence la calme. Ca à l'air réciproque. Andy prend sa main et la serre fort comme si elle l'ancrait, comme si elle était la main qui le sauverait de la noyade. Elsa ne recule pas. Elle lui rend son étreinte. Elle le serre fort pour qu'il sente qu'elle est là, qu'elle ne partira pas. - Je me calme. Ça va aller… qu'il lui murmure. Un sanglot noue la gorge d'Elsa mais elle fait comme si de rien n'était. Elle respire profondément. - Ta jamais pu me mentir Andy alors arrête d'essayer, murmure t-elle. C'est vrai. Aucun des garçons n'a jamais su lui mentir. Elle est bien trop intuitive pour ça. Bien trop perspicace. Et elle les connait bien trop pour ça. Mais ça ira ouais. Parce que t'es pas tout seul, qu'elle balance, déterminée. Il ne veut pas l'inquiéter elle le sait. Mais c'est fait pour ça aussi les amis. Pour s'inquiéter. Elle se redresse, pose un baiser sur sa joue. - Je t'aime tu sais ? murmure t-elle maladroite. Elle a pas l'habitude, elle st pas si sensible d'habitude, elle est plus dure même si elle flirte sans arrêt avec les autres. Ils restent là longtemps. Elle attend qu'il se calme. Elle est patiente comme un aigle en chasse. Puis finalement elle se redresse. - Allez viens je t'emmène à l'infirmerie, je sais pas soigner ça moi, fait-elle en se levant et en tendant sa main à Andy. Elle lui sourit, le regard animé d'une lueur particulière. Elle ferait n'importe quoi pour son meilleur ami.

« T’as jamais pu me mentir Andy, alors arrête d'essayer. » fait Elsa et Andy ouvre un œil, un mince sourire au coin des lèvres.
Non, il n’a jamais pu lui mentir. Et c’est pas faute d’avoir essayé. Elle le connait par cœur, elle lit en lui comme dans un livre ouvert. Et c’est pareil pour lui, d’ailleurs. Il la connait trop bien, elle est comme sa sœur.
« Mais ça ira ouais. Parce que t'es pas tout seul, ajoute Elsa. Je t’aime, tu sais ? »
Elle dépose un baiser sur sa joue moite et Andy rougit en baissant les yeux vers sa main blessée. Des tâches de sang décorent le bout de chemisier déchiré d’Elsa. Ça lui fait mal, mais c’est supportable. La douleur physique est souvent moindre comparée à la douleur morale.
« Je t'aime aussi » lui répond-il à voix basse, déposant sa joue contre la tête d'Elsa.
Et le silence s’installe. Andy essaye de contrôler sa respiration qui reprend peu à peu une vitesse raisonnable. Sa main serrant toujours celle d’Elsa, il retrouve son calme qu’il avait si vite perdu quelques minutes plus tôt.
« Allez viens je t'emmène à l'infirmerie, dit la Serdaigle en se levant et en tendant la main à Andy. Je sais pas soigner ça, moi. »
Andy soupire, mais elle a raison. Il doit aller à l’infirmerie, que ça soit pour sa blessure ou pour son traitement quotidien. Il attrape la main d’Elsa et se relève avec son aide. Il se passe la manche sur les yeux humides et renifle. Il est mort de fatigue.
« Je… commence-t-il en tournant en rond, visiblement à la recherche de quelque chose. Je sais pas où j’ai foutu mon sac… »
Il finit par le trouver à quelques mètres d’eux mais même ces quelques mètres lui semblent insurmontables. Alors il soupire de nouveau et va récupérer ses affaires qu’il balance sur son épaule. La journée va être longue.

- Je t'aime aussi, lui répond Andy faisant sourire la Serdaigle. - Ta plutôt intérêt. Sinon tu sais ce que je te fais, répliqua t-elle d'une voix faussement menaçante toujours aussi douée en ce qui concerne les sentiments. A croire qu'elle était dépourvu de sensibilité féminine Mais ils restèrent là, enlacés. Ils en avaient besoin autant l'un que l'autre. Lui se raccrochait à elle pour ne pas sombrer. Et elle s'accrochait à lui pour être persuadée qu'il ne partirait pas, qu'il ne disparaîtrait pas comme Sid les avaient quittés. Elle voulait y croire. Il allait guérir. Ils profitèrent donc de la présence l'un de l'autre puis finalement Elsa se redressa et le motiva à aller à l'infirmerie. Elle n'était pas médicomage elle, elle ne savait pas soigner les pétage de câble dans le mur. Andy accepta sa main tendue et elle l'aida à se relever. Mais il semblait si faible, si fatigué que le coeur de Elsa se serra et elle du résister à l'envie de le soutenir. Il n'aurait pas aimé. Malgré tout Andy restait un mec. - Je ... Je sais pas où j’ai foutu mon sac… Elsa regarda autour d'elle. - Là, fit-elle en lui désignant. Elle aurait voulu l'attraper mais il fut plus rapide. Elle se contenta donc d'attraper le sien et de marcher près de lui jusqu'à l'infirmerie. Quand elle le vit, Pomfresh soupira puis lui désigna un lit l'air de dire "tu connais le chemin". C'était habituel. Elsa la foudroya du regard quand elle tourna le dos. C'était pas parce que Andy était malade qu'elle devait être aussi ... désinvolte. Oh bien sûr elle s'occupait bien de lui mais bon. Alors Elsa s'assit près de lui et attendit qu'elle le soigne en étendant ses longues jambes devant elle. Certaines des filles disaient qu'elle avait des jambes interminables de mannequin, que c'était du gâchis d'être comme un garçon manqué alors qu'elle pouvait être "si jolie" en fille. Si seulement Elsa en avait quelque chose à faire des commentaires. - Miss Hawkins vos pieds je vous prie ! la sermonna Mrs Pomfresh. Elsa soupira et retira ses pieds de la chaise pour se redresser. Elle regarde Andy avec inquiétude. Elle a la trouille même si elle ne montre rien. - On fait quoi après ? demande t-elle d'un air très concentré. La sieste peut-être ... j'ai envie de rien faire cette aprem. Et toi ?

Le chemin jusqu'à l'infirmerie se fait en silence. Par trois fois, Andy se met à bailler, il a du mal à respirer. Il a l'impression d'être l'ombre de lui-même.
Lorsqu'ils arrivent à l'infirmerie, Madame Pomfresh ne semble pas surprise. Elle le voit tellement souvent, Andy, qu'elle a même nommé un lit à son nom. Ce lit, elle lui désigne puis elle retourne s'occuper de son autre malade. Andy soupire, il en a marre de tout ça, de l'infirmerie, de la fatigue, de la maladie. Il dépose son sac aux pieds du lit et s’assoit sur les draps blancs et propres. Elsa prend place sur une chaise à côté de lui, avant de se faire réprimander par l'infirmière.
« On fait quoi après ? demande Elsa et Andy sent de l'inquiétude, dans sa voix. La sieste peut-être... J'ai envie de rien faire cet aprèm. Et toi ? »
Andy hausse les épaules, regarde sa montre. Il est dix-sept heures passé, les cours sont terminés, ils ont tout leur temps libre jusqu'au repas du soir.
« Moi non plus » répond-il en balançant ses pieds dans le vide, les bras tendus de chaque côté de son corps et les mains agrippées au bord du lit.
Madame Pomfresh s'approche d'eux, inspecte Andy de la tête au pied par-dessus les montures de ses lunettes. Son regard s'attarde sur la main bandée du Serdaigle.
« Faites-moi voir ça » dit-elle en posant un dossier sur la table de chevet et en tendant la main vers Andy.
Celui-ci lui tend la sienne en retour. L'infirmière enlève le bandage de fortune, regarde un moment les phalanges rouges et croûtées de sang, puis relève la tête vers le jeune homme.
« Vous auriez pu vous casser quelque chose, dit-elle d'un air sévère. Vous avez de la chance, c'est très superficiel. »
Elle sort une baguette de son tablier, la pointe vers la blessure d'Andy et les plaies se referment aussitôt. Puis elle sort une petite fiole du même tablier, dépose quelques gouttes sur un coton et vient nettoyer le sang séchés. Pendant toute cette visite, Andy reste silencieux. C'est pas un grand bavard, encore moins ici.
« Comment vous sentez-vous ? demande l'infirmière d'une voix plus douce et Andy comprend tout de suite qu'elle ne parle plus de sa main.
— Je me sens fatigué, répond-il faiblement.
— Alors restez ici un moment. Reposez-vous. Miss Hawkins, tenez lui compagnie. »
Et l'infirmière s'éloigne. Andy inspire profondément puis s'allonge sur le lit sans défaire les draps. D'habitude, il vient seul à l'infirmerie. Il n'aime pas qu'on le voit dans cet état d'agonisant pathétique. Alors pour ne pas trop inquiéter son amie, il tourne la tête vers elle, et lui adresse un sourire tendre.

Il ne dit rien. Il est si fatigué. Il n'arrête pas de bailler. Le coeur de Elsa se serre. Elle a peur, elle a si peur de le perdre. Elle ne sait pas ce qu'elle ferait sans Andy. C'est son pilier, son rempart. Il l'a toujours soutenue, toujours défendue quand bien même elle n'en n'avait pas besoin. Il est son meilleur ami, son confident, son frère. Il ne peut pas l'abandonner. Il n'en n'a pas le droit. Elsa ne dit rien. Elle se contente de regarder l'infirmière soigner Andy sans rien dire. Elle à l'air maussade, ses yeux d'un bleu tirant sur le violet assombris regardent Mrs Pomfresh s'occuper de son ami. Elle n'écoute rien, plongée dans ses pensées. La voix de la sorcière la tire de ses réflexions. - Alors restez ici un moment. Reposez-vous. Miss Hawkins, tenez lui compagnie, lança t-elle. Aussitôt Elsa retrouve son sourire et ses couleurs. - Bien sûr ! lance t-elle d'un air enjoué. Andy s'allonge et lui fait un tendre sourire comme pour la rassurer. Elsa lève les yeux au ciel. - Pousse toi, grogne t-elle en se levant pour s'allonger sur le lit contre lui. Elle posa la tête au creux de son épaule, regardant le plafond blanc. - Tu te rappelle quand on allait camper dans le champs à côté de la maison ? On regardait les étoiles en essayant de retrouver les constellations. Nos mères venaient toujours au milieu de la nuit pour nous apporter des gâteaux et des boissons. Et nos pères les suivaient, au cas où qu'il disait mais c'était surtout pour nous surveiller. Ils pensaient toujours que nos frères allaient nous entraîner dans des histoires pas possibles. Elle sourit. C'était souvent le cas d'ailleurs. Elle tente de lui changer les idées, de lui faire oublier, le temps d'un instant, qu'il est malade et épuisé. Il n'est pas seul. Ne le sera jamais. Jamais.

« Pousse toi, » grogne Elsa et Andy obéit.
Il se décale un peu sur la droite et Elsa se blottit contre lui. Alors le regard du Serdaigle se perd, comme celui de sa camarade, dans la contemplation du plafond blanc.
« Tu te rappelles quand on allait camper dans le champ à côté de la maison ? » commence Elsa.
Andy sourit, bien sûr qu'il se souvient. Il attrape la main de son amie, et entremêle ses doigts aux siens.
« On regardait les étoiles en essayant de retrouver les constellations, poursuit-elle. Nos mères venaient toujours au milieu de la nuit pour nous apporter des gâteaux et des boissons. Et nos pères les suivaient, au cas où qu'ils disaient mais c'était surtout pour nous surveiller. »
Andy inspire profondément. Ses parents lui manquent. Ici, il a Woody, Ashton, Elsa, mais il se sent seul. C'est qu'un gamin, il a du mal à traverser tout ça tout seul.
« Ils pensaient toujours que nos frères allaient nous entraîner dans des histoires pas possible, reprend Elsa. C'était souvent le cas d'ailleurs. »
Sid, oh Sid. Andy sert les dents, il lui en veut de les avoir abandonné. Une larme s'échappe et roule sur sa joue. Avec le dos de sa main, il s'empresse de la faire disparaître.
« Je me souviens, ouais... répond Andy d'une toute petite voix. Et quand... Et quand on allait en forêt, que Jo et Sid nous laissaient grimper dans leur cabane. Fallait qu'on paye une taxe pour entrer, on passait la journée à ramasser des foutus marrons en échange d'un pass pour leur cabane pourrie. Ils se foutaient bien de nous, quand on y pense... »
C'est étrange quand des souvenirs te font du bien et te torturent en même temps. Andy a le sourire, mais il est nostalgique aussi. Il regrette cette époque, beaucoup plus facile pour lui.
Doucement, il dépose un baiser sur le front d'Elsa.

Lorsque Andy se pousse, Elsa s'allonge et se blotti contre lui. Elle se sent bien là. Elle aime bien le parfum d'Andy. Il l'a toujours accompagnée d'aussi loin qu'elle s'en souvienne. C'est son odeur à lui, si réconfortante, si douce. Elle lui rappelle la maison. Leurs doigts entrelacés ils se souviennent de leur enfance, quand tout était tellement plus simple. Elsa se souvient de leurs étés. Andy la suit. Elle le sent nostalgique. Elle l'ai aussi. Ses parents lui manquent. Sa maison. Ses chiens. Son cheval. Son frère. Tout lui manque. - Je me souviens, ouais... Et quand... Et quand on allait en forêt, que Jo et Sid nous laissaient grimper dans leur cabane. Fallait qu'on paye une taxe pour entrer, on passait la journée à ramasser des foutus marrons en échange d'un pass pour leur cabane pourrie. Elsa se met à rire doucement. Elle se souvient bien ouais. Comment oublier les bêtises de leurs aînés ? Ils se foutaient bien de nous, quand on y pense... Elsa acquiesce. Elle sourit. - Je nous vengeais le soir. Je mettais des marrons dans l'assiette de Jo' et aussi dans sa valise de Poudlard pour qu'elle soit plus lourde. Et je le réveillais tôt le matin juste pour nous venger. Et il ne pouvait rien dire sinon je le balançais à maman et il se serait fait disputer, lui confie t-elle d'un ton complice et secret. Elle sent Andy se détendre contre elle. C'est le but qu'elle veut atteindre. Elle sent son baiser et soupire doucement. Elle est bien là. Quand ils sont ensembles, rien ne peut leur arriver. Mais elle a peur. Son coeur se serre, elle serre fort sa main et ses doigts. - Ne m'abandonne pas Andy, murmure t-elle soudain. Comment je fais si t'es plus là moi ... Elle ignore si il l'a entendu. Elle sait qu'elle ne doit pas le stresser. Mais elle a si peur de le perdre comme ils ont perdus Sid. Elle pose la tête contre son torse, écoute son coeur battre. Ce coeur si bon, si juste mais qui défaille de temps en temps. - Je t'ai vu jouer l'autre jour au Quidditch. Tu es doué, fait-elle avec douceur.

« Ne m'abandonne pas Andy, murmure Elsa et Andy sent son coeur se serrer. Comment je fais si t'es plus là, moi... »
Le Serdaigle soupire, tente de retenir ses larmes, le regard rivé vers le plafond. D'habitude, Elsa est forte pour eux deux mais aujourd'hui, c'est à Andy d'être fort pour elle. Alors il se force à sourire, pour elle, pour ne pas lui faire de peine. Il a appris à être bon comédien, pour que personne ne s'inquiète. Il n'aime pas quand on s'inquiète, il cause déjà assez de souci comme ça à son entourage.
« Tu t'en sortiras très bien » tente-t-il de la rassurer mais il sait que c'est peine perdue.
Pourtant, il est persuadé qu'il ne sera pas une grosse perte. C'est un mauvais ami, il n'est jamais là pour ceux qu'il aime. Il ne prend des nouvelles de personne, il parle peu, il est renfermé. Il ne manquera à personne. Et surtout pas à Ashton qui se sentira soulagée de ne plus l'avoir dans les pattes, il le sait, ça.
« Je t'ai vu jouer l'autre jour au Quidditch, fait Elsa au creux de son épaule. Tu es doué.
— Bien sûr que je suis doué, répond-il malicieusement, pour détendre l'atmosphère, pour changer de sujet. Mais je ne sais pas si je vais continuer bien longtemps, Pomfresh est pas mal contre... »
Elle lui a déjà dit, l'infirmière. Qu'il devait arrêter, que c'était mauvais pour lui, que ça lui demandait trop d'effort. Il l'a pas écouté mais pendant le dernier match, il a eu vraiment peur. Alors il sait pas encore s'il va postuler de nouveau, ou pas. Des tas de gens veulent sa place, des gens plus doués, surement.
« J'espère que tu scandais mon nom, dans les tribunes » fait Andy en souriant.

Elsa avait toujours été la plus forte de tous. Peut-être parce qu'elle avait été la seule fille au milieu de six garçons. Peut-être parce qu'elle avait toujours voulu prouver qu'elle n'était pas fragile, qu'elle n'était pas une poupée de porcelaine, pas en sucre, qu'elle pouvait tout gérer qu'elle était forte. Alors elle l'était devenue. Et quand Sid était mort elle avait soutenu les frères Cole et Andy qui était son binôme, son meilleur ami, son jumeau. Elle avait été forte pour lui. Pour eux. Elle l'était demeuré depuis. Mais aujourd'hui elle se sentait le besoin d'être rassurée. De savoir qu'Andy ne l'abandonnerait pas. Elle ne savait pas comment elle ferait si il devait disparaître. Elle n'imaginait pas sa vie sans lui. C'était impossible. - Tu t'en sortiras très bien, lui glisse Andy en la serrant fort contre lui. Elsa s'agrippe à sa chemise. Non. Elle est sûre du contraire. Mais elle sent la fragilité d'Andy. Elle n'a pas le droit de baiser les bras, pas le droit de lui faire ça. Elle doit être forte. Elle ne dit rien d'autre sur ça et enchaîne sur le Quidditch.

- Bien sûr que je suis doué. Mais je ne sais pas si je vais continuer bien longtemps, Pomfresh est pas mal contre... Si Elsa sourit amusée pendant la première partie de phrase, son sourire se fige à la seconde partie. Elle est alors bien contente que Andy ne la voit pas. - Oh, murmure t-elle. Elle voulait le rassurer, lui dire qu'il pouvait continuer, que Pomfresh n'avait pas a décider pour lui mais si l'infirmière pensait que c'était dangereux. - Tu m'emmènera voler un jour ? demande t-elle pour continuer à alléger l'atmosphère. Elsa et le vol ça faisait deux en général. Elle n'était pas très fan, elle avait en fait une peur bleue de la hauteur même si elle ne l'avouerait jamais à quiconque et surtout pas à ses frères ou à Andy. - J'espère que tu scandais mon nom, dans les tribunes lança Andy en faisant rire doucement son amie. - Bien sûr je n'avais que ton nom à la bouche, rétorque t-elle espiègle. Elle se redresse juste assez pour plonger son regard dans le sien, brillant de malice. Quelque chose passa entre eux. Ce lien toujours présent qu'ils avaient depuis gosses et qui ajoutait à leur complicité. La jeune fille dépose un baiser sur la joue de son ami. - Tu sais quoi ? J'ai envie d'un chocolat chaud avec des guimauves. Tu sais celui que ta maman nous fait toujours pendant les vacances d'hiver quand on rentre d'une bataille de boule de neige et qu'on est trempés, souffla t-elle d'un air malicieux.