Elle fixait Dolohov d'un air glacial, impassible. Si il voulait des aveux ce n'était pas d'elle qu'il allait les obtenir. Elle avait beaucoup trop l'habitude de se taire pour ça. Silencieuse, elle se repassait la scène dans sa tête. Ca faisait presque deux mois qu'elle faisait passer des mots, des potions, de la nourriture et d'autres trucs de ce genre aux sang-mêlés et là elles venaient de se faire attraper le plus bêtement possible. Elles n'avaient pas fait assez attention. Anne lui parlait, elles n'avaient pas entendu Dolohov arriver. Quand elles s'étaient fait attraper, elles auraient pu s'en sortir plus ou moins facilement mais Anne était déjà connue des mangemorts et Dolohov n'avait pas voulu la laisser s'échapper. Il avait commencé à l'attraper et à hurler. A l'insulter. Ca avait été la goutte en trop, celle qui avait fait déborder le jus de citrouille. Elle avait littéralement explosé. Elle s'était dressé entre Dolohov et Anne, repoussant la Gryffonne derrière elle pour la protéger et avait plus ou moins hurlé sur le mangemort qui après une brève exclamation de surprise les avaient toutes deux embarquées jusqu'à la salle d'interrogatoire avec Rowle. Et depuis elles étaient assises là, face a Dolohov qui n'esquissait pas le moindre mouvement. Jusqu'à ce que Anne ne le fixe un bref instant.

- Oh, c'est bien beau ce regard de biche effarouchée, mais cela ne répond pas à ma question. Qu'à cela ne tienne, nul doute que ta compagne va accepter de parler, quand elle verra qui va arriver.
Lyleïa leva les yeux au ciel.
- Je suis morte de trouille, railla t-elle à son tour en fixant le mangemort d'un air glacialement ironique.

Mais a ce moment là, la porte s'ouvrit sur Rowle suivit de ... Andreï Romansky. Lyleïa blêmit et se redressa sur sa chaise, décroisant instantanément les bras.

- Papa ?! s'exclama t-elle.

Merde alors elle avait totalement oublié que son père était encore à l'Institut. Son père s'approcha. Il avait l'air aussi furieux que totalement sous le choc. Comme si il n'arrivait pas à comprendre ce que sa fille, sa petite princesse soit ici, en compagnie d'une sang impure, accusée de rébellion.

- Qu'est ce que tu fais ici ? C'est vrai ce que m'a dis Dolohov ? Tu aide les impurs ?

Et là, Lyleïa ne contrôla plus rien. Ce fut comme un cyclone qui s'abattait en elle. Tout ce qu'elle avait profondément enfoui en elle, tout ce qu'elle avait gardé caché au fond de son coeur, tout ce qu'elle avait retenu le temps de l'été pour aider ses amis, tout remonta à la surface. D'une jeune femme glaciale et maîtresse d'elle même, la jeune femme se transforma en une véritable tornade. La colère, la rage et même la haine se peignirent sur son visage habituellement si doux et si serein. Elle explosa littéralement.

- Oui !! Oui je les aide ! Je les aide depuis le début vois-tu ?!! s'écria t-elle en se levant brusquement pour faire face à son père.
- Quoi ? Mais pourquoi ? Enfin ma princesse ...
Son père semblait ne véritablement rien comprendre.
- Parce que je ne vois pas la différence entre eux et nous ?!!! Nous ne valons pas mieux qu'eux ! Ni en magie, ni en attitude ! Et leur sang est aussi rouge que le notre !! Alors en quoi valons nous mieux ?!! Et pour la dernière fois, JE NE SUIS PAS TA PRINCESSE !! cria t-elle folle de rage.
On avait l'impression que le vent tournait autour d'elle secouant ses cheveux blonds et faisant scintiller son regard vert doré.
- Lyleïa enfin qu'est ce qui te prends ?! l'interrogea son père d'une voix dure.
- Je l'ignore ! On commence par quoi ? Le meurtre de ma mère, les mensonges, le kidnapping, le fait que tu a gâché ma vie et torturé mes amis ?! Choisis donc papa, ironisa la jeune femme.
- Tu a dis que tu comprenais ! Que tu l'acceptais ! enragea son père.
- J'ai menti ! C'est de famille apparemment, le provoqua t-elle.

Il la gifla. Elle le fixa d'un air mauvais puis se rassit, bras croisés.

- Va te faire voir toi et ton maudit mage noir ! En attendant relâche là elle n'a rien fait c'est moi qui suis coupable ! Fais moi ce que tu veux et fous lui la paix ! fit-elle en montrant Anne de la tête. Puis elle fixa Dolohov. Alors vous avez eu ce que vous voulez ? Content ? lança t-elle narquoise.
 

Elle n'avait pas fait exprès de s'énerver ainsi, elle toujours maîtresse d'elle même. Mais quand elle avait vu son père, elle n'avait pas pu tout retenir et faire semblant une nouvelle fois. Ca faisait trop longtemps qu'elle faisait semblant. Petite fille parfaite, héritière parfaite, menteuse parfaite. Tout en apparence et en faux semblant. Elle n'en pouvait plus. Si Swann lui avait bien apprit une chose c'est d'être elle même. Enfin. Et là, elle était elle même. A dévoiler tout ce qu'elle ressentait, à montrer toutes les émotions qui lui passait par le coeur, à tout montrer sans plus rien cacher. Rancoeur, amertume, rage, haine. Il était rare de voir un enfant haïr un de ses parents à ce point. Mais parfois ça arrivait. Comme Sirius et sa mère. Comme Lyleïa et son père.

- Très joli coup d'éclat Romansky, mais je ne vois absolument pas de quoi elle parle. Avoir des démêlés avec son cher papa ne fait pas d'elle une de nos complices. Je ne sais pas pourquoi elle fait ça, mais je vous soutiens que je n'ai rien à voir avec cette fille.

Lyleïa sursauta en entendant la voix de Anne et la regarda avec surprise. Mais qu'est ce qu'elle lui faisait là ? Ne voyait-elle pas qu'elle était en train de la sauver ? Non bien sûr, elle n'en avait rien à faire, Mademoiselle Bowes-Lehnsman est bien trop fières et orgueilleuse pour ça ? Et après c'était elle l'emmerdeuse de sang pur, la princesse chérie hein ? Les trois mangemorts regardèrent Anne puis Lyleïa et une fois encore Anne. Andreï fronçait les sourcils. Il semblait songeur comme si il réfléchissait à la possibilité que sa fille ne fasse ça que pour se venger de lui. Un bref espoir l'anima brièvement. Peut-être qu'ensuite, elle reviendrait à la maison une fois sa "vengeance" accomplie ? Mais il laissa tomber cette idée. La haine qu'il avait lu dans le regard de sa fille, il ne l'avait pas imaginé. Elle ne reviendrait jamais. Il avait définitivement perdue sa petite princesse.

- Et qu'est-ce que vous foutiez toutes les deux, alors ?
- Elle me cherchait des noises, voilà ce qu'elle faisait, voilà ce qu'elle fait depuis des semaines ! Je veux dire, regardez-la, un Serpentard de sang-pur, pourquoi nous aiderait-elle ? Qu'est-ce que ça peut lui faire, ce qu'on vit ? Elle dort dans des draps de coton, mange à sa faim, ça devrait bien lui suffire, non ? s'énerva Anne.

Il y eu un silence que Lyleïa brisa en se mettant à rire. Un fou rire qu'elle eu du mal à stopper. Tout le monde la regardait comme si elle était devenue cinglée mais Rowle et Dolohov ne tentait trop rien parce que Andreï était tout de même quelqu'un de très puissant. Et pas vraiment un bureaucrate malgré son boulot.

- Sérieusement ? Oh par Merlin, Morgane et tous les autres qu'est ce que tu peux-être pitoyable Bowes ! Tout ça parce que je suis plus douée que toi à l'école tu pique un caprice de petite fille ? se moqua t-elle.

Ah Anne voulait être méchante ? Et bien qu'elle le soit ! Lyleïa aussi pouvait faire du mal quand elle le voulait. Et malgré tout, elle voulait sauver la Gryffonne. C'était de sa faute si elle s'était faite attraper et elle ne la laisserait pas prendre à sa place tout ça parce qu'elle était la fille d'Andreï Romansky.

- Cherchez pas plus loin, elle ne fait même pas partie de la Résistance. Elle fait juste ça pour se rendre intéressante. Pour se dire qu'elle vaut mieux que moi et qu'au final, elle ne comprend vraiment pas en quoi je suis plus douée qu'elle lança t-elle amusée. Elle va juste chercher à vous faire perdre votre temps laissez tomber et laissez la repartir faire mumuse dans son coin comme la pauvre petite fille qu'elle est.

Les mangemorts étaient de plus en plus paumés. Mais Andreï avait bien compris lui. Il connaissait très bien sa fille malgré la distance qui s'était instaurée avec le temps. Elle ne disait pas la vérité. Mais elle ne mentait pas non plus. Du vrai et du faux. Vérité et mensonge tissé sur une toile d'argent. Cette technique il la connaissait par coeur. C'était lui qui lui avait apprit ça. Il comprit donc à cet instant qu'elle faisait partie de la Résistance. Il comprit aussi que même si il avait tué sa femme pour avoir voulu partir, il ne pourrait pas le faire à sa fille. Ca le tuerait lui. Elle était sa faiblesse. Son unique faiblesse. Mais pas la moindre.

- Почему? demanda t-il en russe d'une voix grave en plongeant son regard froid dans celui buté de sa fille.
- Вы не будете понимать, rétorqua t-elle en ayant très bien comprit sa question.
- Всегда говорите*

Lyleïa le fixa un long moment sans rien dire. Le silence se prolongea, tendu. Le père et la fille se faisant face avec ce même air buté et froid, la ressemblance était frappante. Lyleïa avait hérité des yeux de son père, de son attitude hautaine et glaciale, de son port de tête altier. Ils avaient aussi le même nez. Finalement elle se décida.

- Par amour, répondit-elle finalement en anglais.

Par amour. Elle avait fait ça par amour. Pour Swann avant tout. Et principalement pour lui. Il avait tout changé en elle. Elle avait aussi fait ça pour Luzia, qui ne l'avait jamais jugée. Et pour tout ceux qui souffraient depuis trop longtemps à cause d'un statut de sang totalement erroné. Son père fini par acquiescer. Bien sûr qu'il avait comprit. Lui aussi avait aimé. Il avait aimé plus que de raison. Et ça lui avait fait perdre la tête. Mais au regard de sa fille, il comprenait aussi qu'il l'avait définitivement perdue. Alors il se tourna vers Dolohov et Rowle.

- J'ignore qui dis vrai ou faux. Si ma fille fait partie de la Rébellion ou si elle décide juste de me pourrir la vie. A vous de découvrir la vérité, lança t-il.

Puis il sorti laissant les deux adolescentes face aux mangemorts. L'une avec son air buté et l'autre qui semblait haïr un peu plus la première.

* - Pourquoi ?
- Tu ne comprendrais pas
- Dis toujours

 

Cet entretient était ridicule. Ca ne servait à rien. Les deux jeunes femmes racontaient n'importe quoi comme pour essayer de se disculper mutuellement ce qui était totalement stupide puisque à la base elles ne pouvaient pas se piffrer. Les mangemorts eux, n'y comprenaient rien et s'énervaient autant qu'ils étaient sceptiques. Andreï Romansky baissa les bras le premier. Il y avait bien longtemps qu'il ne cherchait plus à comprendre sa fille. Il aurait pu la laisser mourir là, la balancer et la torturer lui même pour trahison et rébellion, mais elle restait sa fille. Elle restait sa petite princesse chérie et jamais il ne pourrait lui faire du mal. Volontairement du moins. Lyl' sortit alors la plus grosse connerie qu'elle ai jamais trouvé. Et Anne ne le lui laissa pas passer.

- J'avoue tout, Messieurs les Mangemorts, je suis jalouse de Miss Perfection Romansky, qui est si bonne à l'école. Je suis tellement jalouse que j'ai décidé de me faire torturer tout l'été pour m'attirer son admiration et lui prouver que je lui suis tellement supérieure !
- Tsss, minable Bowes. Remarque on commence tous à avoir l'habitude, rétorqua la "Miss Perfection" avec ironie.

Elles les faisaient tous tourner en bourrique. Si elle ne les avaient pas tant haï, Lyleïa aurait presque pu les plaindre. Mais non, c'était au dessus de ses forces. Sa haine et sa rage passaient avant toute la compassion et la douceur que lui avait léguée sa mère et qu'elle n'avait montré qu'à de rares personnes.

- D'ailleurs, est-ce que vous ne pourriez pas me jeter un petit Doloris, là, maintenant, histoire de lui montrer que...
- Il suffit ! Très bien. Pourrions-nous parler entre gens civilisés, à présent ? Maintenant Romansky, et si pour changer un peu tu me disais plutôt la vérité ? Vous foutiez quoi, avec Bowes ? demanda Antonin.

Lyleïa hésita puis finalement elle soupira. Si elle voulait que Anne s'en sorte il fallait qu'elle y aille franco. Elle ne pouvait plus jouer les princesses pourries gâtées qui se rebellent pour un peu d'attention. Elle fixa l'espèce d'hystérique à côté d'elle. Elle aurait eu toutes les raisons de la haïr. C'était elle que Swann avait tant aimé qu'il l'avait abandonnée pour elle. C'était pour elle que Swann avait changé, qu'il était devenu un mec bien. Et Anne était si belle, si brillante, tout le monde l'aimait. Elle était le modèle même de la fille parfaite. Et pourtant, pourtant ...

- Je la provoquais. C'est ma faute. Je lui cherchais des noises pour des histoires qui nous sont arrivés à Poudlard. La réaction de la petite fille gâtée excellence, fit-elle alors en serrant les dents d'un air totalement parfait de celle qui avoue tout à contre coeur.
- Pourquoi toute cette crise quand ton père est arrivé alors ? demanda Rowle d'un air bourrin.
La russe le fixa de ses yeux glacials.
- Par simple envie d'emmerder le monde et plus précisément mon père. Ca y'est vous êtes contents j'ai répondu à vos questions ? Bien alors maintenant relâchez l'hystérique à côté là et puis faites ce que vous voulez avec moi. De toutes manières vous n'avez pas les neurones pour faire autre chose que torturer des gosses.

C'était sûrement la goutte d'eau qui fait déborder le vase mais elle voulait vraiment sauver Anne parce que c'était vraiment de sa faute. Et pour ça, elle ne pouvait plus faire dans la dentelle.