Elle s'était endormie. Là, allongée sur le tapis qui faisait face au feu, Tara s'était endormie, l'oreille plaquée contre son torse puissant, à l'affut des battements de son cœur. Fabian l'admira tout son saoul : elle paraissait si fragile ainsi, si démunie de la froideur implacable de son regard saphir... Sa crinière d'or, longue et soyeuse, s'étendait sur le sol et formait une auréole autour d'elle, la faisait plus que jamais encore, ressembler à un ange. Le reflet des braises mourantes dansait sur sa peau blanche et délicate, augmentant le mystère insondable qui se dégageait sous ses traits fins. Sa bouche elle, luisait doucement, éclairée par la lueur du feu agonisant. Rouge et douce. Lentement, multipliant les précautions, Fabian se redressa et, sans cesser de contempler celle qu'il aimait, s'agenouilla près de la cheminée. La pièce plongée dans la pénombre conférait une ambiance sombre à la scène qui se déroulait, et la tempête au dehors, semblait résolument décidée à perdurer. D'un geste infiniment tendre, le rouquin dégagea la mèche bohème de Taryn, qui se promenait le long de l'arrête de son nez fin, pour la plaquer sur ses tempes. Ses sourcils arquées se haussèrent imperceptiblement, et sa bouche frémit à ce contact, mais la jeune fille resta endormie. Précautionneusement, le membre de l'ordre passa son bras gauche sous le dos de Tara, puis le droit sous ses jambes, pour ensuite la porter tout contre lui. Elle était si légère... Il était difficile, en ce moment, de se remémorer la force et la détermination qui bouillait dans son regard lorsqu'elle était consciente ! D'un coup de pied bien appliqué, l'ancien Gryffondor poussa la porte de sa chambre et, doucement, posa le corps de son aimée sur le lit. Quelques tapes pour ajuster les coussins, et le tour fut joué : il allongea la silhouette immobile et chaude sous la couette épaisse, qui, éloignée de la chaleur des flammes, frissonnait très légèrement. Tout en continuant à caresser la crinière d'or de la belle femme, Fabian se glissa à ses cotés et embrassa son front d'un baiser empli d'amour fou :
- Bonne nuit mon trésor.
La neige fit trembler la fenêtre, mais le rouquin s'en moquait, plongé qu'il était dans la contemplation de Taryn. Le monde aurait pu toucher à sa fin, il serait resté là. Pendant qu'il liait pour la dernière fois de la journée, sa main forte à celle délicate de sa belle, Fabian regarda la poitrine de l'ancienne Serdaigle monter et descendre, pour sombrer dans un profond sommeil. Pour la première fois depuis des lustres, le rouquin était comblé.