Fabian se redressa brusquement dans son lit, une bouffé d'adrénaline le faisant bondir sur la parquet ciré, comme si son sang bouillait en lui. Perdu dans la couette désordonnée, une grosse boule à l'aspect rousse et touffue, à moitié endormie, poussa un miaulement plaintif auquel l'ancien Gryffondor répondit par une caresse -quoique son impatience la transforma plutot en légère tape. La lettre de Tara, reçue trois jours plus tot et portée par un magnifique hibou au plumage cendré, mentionnant un pique-nique en pleine campagne. Quoi de plus romantique pour une rencontre amoureuse ? Le soleil brillait, et de ce fait, contrastait beaucoup par rapport à la neige qui tombait lors de leur coup de foudre réciproque. Courant dans la salle de bain, Fabian se précipita dans la douche et fit couler l'eau chaude sur sa peau, encore un peu "endormie" par sa nuit, et se retint à grand peine de pousser un cri de joie, s'efforçant de contenir son bonheur, sa hate de la serrer dans ses bars en trépignant d'un pied sur l'autre. Il fallait qu'il soit impeccable, aujourd'hui. S'essuyant ses mèches éclatantes et rebelles, le jeune homme se brossa les dents, sans quitter le reflet que lui montrait son miroir ébréché. Bon sang, il ne s'était jamais senti aussi quelconque ! Rapidement, le rouquin cracha son dentifrice et entreprit d'aplatir son épaisse mais courte tignasse, essayant tant bien que mal de la faire paraitre soignée, sans succès. Nonchalant, il décida donc, comme à son habitude, de se les ébouriffer d'un geste négligent tout en enfilant sa tenue soigneusement choisie : pantalon beige basique et chemise bleue décontractée. Franchement, à quoi bon perdre son temps ? Son apparence n'était pas sensée posséder une quelconque importance ! Irrité par sa propre stupidité, il sortit en trombe pour entrer dans le salon, l'estomac tellement noué qu'il était bien incapable -pour l'une des premières fois depuis qu'il était enfant- de manger quoique ce soit. Il lui semblait qu'un mois, qu'une éternité s'était déroulée depuis leur dernière rencontre, alors qu'il ne s'était passe que quelques jours. Quelques jours interminables. Son absence lui pesait énormément, comme un poids insoutenable, du plomb dans sa poitrine. Inspirant profondément, Fabian saisit le magnifique bouquet de roses, les plus belles qu'il ait dénichés, et s'obligea à fermer les paupières. Ne pas se précipiter et rester naturel. Ce qui plaisait à la majorité des filles. Le cœur battant tant son impatience était immense, l'ancien Gryffondor se concentra de toutes ses forces, pour atterrir une poignée de secondes plus tard en pleine campagne, les fleurs en main. S'ébouriffant encore un peu la tignasse et retroussant les manches de sa chemise, tout en déboutonnant le col pour lutter contre la chaleur, Fabian monta le long de la pente, la discussion l'ayant opposé à Lula l'autre jour, au bar, trottant dans sa mémoire. Il stoppa net, contemplant la belle silhouette endormie sur l'herbe. Le drap étalé sous son corps rappelait l'azur du ciel et le myosotis, aussi éblouissant qu'hypotonique, de son incroyable regard. Ses mèches d'or étalé dans l'immensité bleue, comme une couronne, son air paisible, son corps mince et détendu, tout faisait penser à l'image d'un ange, comme lorsqu'elle était allongée dans le neige et lui sur elle, dans les rues de Pré-au-Lard submergées par le blizzard. Sans le moindre bruit, le rouquin s'approcha à pas de loup, et s'accroupit lentement face à elle. Ses prunelles illuminèrent le reste de ses traits délicats, et son souffle caressa la joue du jeune homme, tandis que son sourire magnifique lui coupait littéralement la respiration. Il répondait au baiser de Tara, y mettant toute la tendresse dont il était capable et la serrant contre lui, inspirant son parfum sucré, agissant comme une drogue dans son organisme, et fit glisser ses mains sur ses hanches, lachant les fleurs sur le drap. Ses murmures firent frissonner Fabian en dépit de la chaleur dégagée par le soleil, et, dégageant une mèche rebelle qui s'était logée sur son front, il lui répondit :
- Je n'aurais manqué ça pour rien au monde. J'ai cru que j'étais malade loin de toi...
Il la contempla un long moment, pour ensuite ajouter :
- Moi aussi, je voulais te voir.
Sans un mot, il déposa le bouquet sur les jambes de sa belle et lui adressa un sourire empreint de douceur, décidé à faire de cette journée l'une des plus belles de toutes celles qui s'était déroulée jusqu'à cet instant.

Les pétales rouges des fleurs épineuses masquèrent un court instant la figure de Taryn, qui appréciait délicatement la fragrance qui s'échappait du bouquet. Ses prunelles brillaient d'une émotion non dissimulée, qui les faisaient étinceler de manière plus intense encore sous les rayons ardents du soleil. La main, douce et fraiche, de la jeune femme caressa la pommette saillante du rouquin, et sa bouche se posa sur la sienne, porteuse d'un amour communicatif. Jamais encore il ne s'étaient regardés d'aussi près, comme si, brusquement, le temps paraissait suspendu au grès de leurs gestes respectifs. Son sourire, laissant apparaitre une dentition parfaite, scintilla un moment sous la lueur couleur d'or de l'astre de feu, et Tara se recula légèrement, soufflant un remerciement et mettant fin au charme tout juste écoulé.
- J't'en pris... tant que ça te fait plaisir.
Fabian se sentait légèrement mal à l'aise en constatant à quel point son modeste cadeau touchait sa belle, et encore une fois, il se demanda si quelqu'un, un jour, en dehors d'Ethan, s'était mis à lui offrir des choses aussi futiles, qui puissent, ne serait ce qu'une seconde, la rendre aussi heureuse qu'aujourd'hui. La remarque de son ange blond ajouta lui fit écarquiller les yeux : jamais fait de pique-nique ? La mémoire de tous ces étés où, la famille au complet, se réunissait, assise au pied d'un arbre et au milieu d'un champ, ressurgit dans son esprit. Les courses et les défis que son frère et lui se lançaient, la bonne nourriture faite maison, les grillades au feu de bois, les plaisanteries et secrets racontées la nuit, après une bonne Bièraubeurre, tout le monde étendu dans le blé qui diffusait son odeur caractéristique de la nature... Que de magnifiques moments, qui étaient tous plus chers les uns que les autres à son cœur. Il se prépara à lui demander, non sans surprise, si ses dires étaient sincères mais ses paroles s'étranglèrent dans sa gorge. La nourriture que sortait Tara de son panier en osier semblaient tout sauf issue de la première épicerie du coin, tout aliment surgissant sur le drap paraissant plus cher l'un que l'autre, et plus succulent. Enfin, comble du festin, la bouteille de champagne en plus de coupes spéciales furent posés à coté du reste. Les doutes de Taryn arrachèrent un rire au jeune homme, encore stupéfait par une telle abondance de mets raffinés.
- Si c'est bien ? C'est la première fois qu'il m'ait été donné de manger autant de choses lors d'un pique nique ! Et pourtant j'en ai fait... Il ne fallait pas acheter tout ça, c'est beaucoup trop... Et ça a du te couter une fortune !
Le bouquet posé dans l'herbe fit rougir le jeune homme ; il se sentait bien radin comparé à une telle générosité... La mine douteuse et fragile qu'affichait son aimée lui arracha un élan de tendresse inimaginable, et ses réticences disparurent aussitot. Taryn ne connaissait pas les petits plaisirs quotidien, tandis que, lui, au contraire, était un maitre en la matière. Il lui adressa un sourire rayonnant et, d'un geste habile, saisit le couteau à manche blanc et se mit à tartiner le fois gras sur ce qui ressemblait à un toast, pour ensuite le glisser dans la bouche de l'ancienne Serdaigle, qui s'empressa de la macher. Il lui adressa son clin d'œil fétiche, celui qui lui donnait l'air taquin, et entreprit de s'en tartiner un à son tour, pour ensuite remplir les coupes de cristal de champagne et de trinquer, son amuse bouche toujours en main.
- C'est le pique nique le plus parfait auquel il m'ait été donné d'assister... alors trinquons ensemble : à l'amour !
Fabian but une gorgée pour reposer sa boisson à ses jambes, et se cala contre la jeune femme, de sorte à ce que, sans forcer, leurs corps soient en contact comme s'il s'emboitaient. Il se pencha en direction de son oreille et, dans une souffle, murmura :
- Et faites qu'il dure toujours...
Il ponctua sa phrase d'un baiser sur la joue de Tara, et s'assit confortablement, se rapprochant encore un peu plus d'elle, le regard porté sur l'immensité du ciel, détaillant les formes des nuages blancs, effilochés, tout en mastiquant son morceau de pain grillé, la caresse du soleil lui réchauffant la peau, ses jambes croisées le faisait paraitre on ne peut plus détendu.

Le gout du pain grillé sur sa langue se répandit dans sa bouche, et Fabian ferma les paupières pour l'apprécier, tout en se délectant du contact de la main de sa compagne qui titillait sa crinière rousse, épaisse et peu adaptée à un climat si chaud. Il entoura les hanches de Tara de son bras puissant et écouta le chant, -ou plutot le grésillement- que les criquets cachés dans l'herbe haute répandait dans l'air alourdi par la température ambiante. La réponse de l'ancienne Serdaigle le fit écarquiller des prunelles étonnées. Si elle prenait d'un ton si léger le cout de toute cette nourriture, c'était certainement qu'elle possédait de l'argent, et probablement que jamais, depuis son enfance, les problèmes d'argent ne s'étaient manifestés. Le désir de lui demander son nom lui brula la langue, mais le jeune homme se la mordit, préférant remettre sa question à plus tard, de peur de gacher le moment fantastique qu'ils partageaient ensemble, en toute intimité. Elle lui en parlerait lorsqu'elle le jugerait bon, et c'était à elle de décider quand ce manifesterait cet instant -qu'il soit pour bientot ou pas. L'interrogation de la jeune femme le fit sourire :
- Le mini-tigre se porte très bien. Il mange juste un peu trop... J'ai du lui racheter un autre sac de croquettes, mardi, alors que le premier était sensé duré au moins un mois, il aura tenu une semaine. Faut dire, tel chat, tel maitre.
L'image de son chat roulé en boule et perdu dans l'épaisse couette grise du lit double que le rouquin occupait, dans son appartement, refit surface et accentua encore le sourire qui creusait les fossettes dans ses joues. Il accepta le toast que lui tendait Tara et remarqua qu'elle s'était contentée de poser le fois gras, sans l'étaler, sur la tranche de pain grillé. Le regard pétillant qu'elle lui lançait d'ailleurs de ses pupilles saphirs trahissait, d'ailleurs, un amusement non dissimulé qui fit rougir légèrement le jeune homme. Quelle image distinguée il donnait... mais après tout, pourquoi se soucier de son image ? Il était en compagnie de Tara, celle qu'il aimait, et rien que pour ça, il fallait qu'il sache se montrer naturel. Les paroles de sa compagne, cette fois ci très sérieuse, lui fit momentanément oublier ce qu'il allait dire. Elle était désolée. Et, encore une fois, son air si fragile et triste réapparut comme une ombre sous ses longs cils blonds. Fabian se redressa et lui fit face, passant ses mains derrière ses oreilles, plaquant ses mèches rebelles derrière son front. Elle était belle. Trop belle. C'était à croire qu'elle l'hypnotisait chaque fois qu'il posait un œil sur elle :
- Ne sois pas désolée. C'est juste qu'on a été occupé cette semaine, mais on saura rattraper ça... tu es parfaite mon cœur. Et on a tout notre temps.
Il s'approcha encore un peu d'elle et l'embrassa comme jamais il ne s'était mis à embrasser quelqu'un, mettant toute la passion dont qu'il possédait au bout de sa bouche, tout en s'efforçant d'y rajouter une once de tendresse, aussi puissante et rassurante qu'il put. Il descendit ses mains jusqu'à ses joues fraiches, interrompant son baiser l'espace de quelques secondes, pour le reprendre aussitot. Fabian descendit son bras, à sa taille cette fois, et se mit à l'embrasser comme si la fin du monde était proche. Il en aurait pleuré. Le gout sucré qui se dégageait de sa bouche, son parfum étourdissant... Il aurait désiré rester comme ça, immobile, serré contre elle, pour le restant de ses jours. Fabian interrompit leur étreinte d'un geste plein de douceur et, tout aussi délicatement, la berça contre son cœur. Il hésita un instant puis, décida de se lancer :
- J'comprendrais si tu disais non, tu sais... on est pas ensemble depuis longtemps et j'suis loin d'être parfait, tout ça mais... tu pourrais habitais chez moi, si ça te tente.
Il anticipa les paroles de la jeune femme et se précipita presque pour se "rattraper"
- Bien sur, t'as des occupations à coté et tout, ton indépendance... En tout cas, tu es chez toi là bas.
Fabian la serra contre lui et plongea dans l'épaisseur de la crinière dorée de sa compagne, inspirant son odeur si parfaite, et redressa la tête pour regarder le ciel une seconde fois, incertain de la réponse de Tara.

Ses doigts caressaient de manière distraite les mèches blondes de l'ancienne Serdaigle, et une certaine inquiétude -s'il s'agissait bien de cela- nouait les tripes du rouquin. Sa proposition était-elle trop précipitée ? Son offre allait-elle ficher en l'air tout ce qu'il construisait tout juste, détruire la complicité qui régnait entre elle et lui ? La réponse que lui apporta la jeune femme lui réchauffa le cœur plus surement que le Soleil brulait sa peau, et il se laissa tomber sur le dos, peinant à croire à son bonheur tout juste acquis. Il n'y aurait plus aucun fossé entre leur couple désormais. Fabian n'aurait qu'à rentrer, et elle serait là, chez lui, à l'attendre impatiemment. Les fantasmes qui se bousculaient dans l'esprit de l'ancien Gryffondor lui arrachèrent un petit rire empli de joie, et ce fut en fermant les paupières qu'il accueillit le contact délicat du nez de Tara sur le sien.
- Prends ton temps surtout. Faut pas que tu te sentes obligée ou que ce soit précipité...
Le souffle du rouquin se perdit dans le cou de la belle blonde tandis qu'il se redressait sur un coude, ses iris caramélisés brillant plus que jamais sous la leur ambiante et suite à la béatitude que lui inspirait l'instant présent, tandis que l'ancienne Serdaigle rompait le contact magique qui les reliait l'un à l'autre. Fabian poussa un sifflement admiratif en regardant Taryn sortir les aliments du panier en osier qui gisait dans l'herbe, les étalant un à un sur le drap bleu, et le gratifia d'une mimique espiègle.
- Eh bien ! C'est plus classe qu'un restau' quatre étoiles ici... en plus c'est gratuit, et on est en fabuleuse compagnie. J'crois qu'il faudra que je repasse par ici de temps en temps.
Il s'étira de tout son long sur la carpette posée sur l'herbe, mais se rassit aussitot en entendant la "menace" de Tara : l'écraser, lui, alors qu'elle était fine à en paraître fragile ? Faisant mine de pousser un grognement anima, le rouquin l'allongea de force sur le sol et se mit à la chatouiller ardemment, tout en criant :
- Nan mais oh ! C'est pas une façon de parler à un gentlemen ça !
Le rire de la jeune fille se mélangeait à des supplications étranglées, qui laissaient apparaitre la "perfection" immaculée et la régularité de sa dentition. Elle se tortillait tellement qu'elle finit par se décoiffer complètement, lui donnant un air de lionne farouche et indomptable, comme celle qui bouillait en son cœur. Fabian se délecta encore un moment du son cristallin qui résonnait dans l'air, musical et communicatif, auquel les mésanges perchées non loin de là apportaient une réponse douce et mélodieuse. Enfin, il cessa sa terrible torture et la détailla d'un air moqueur, ses joues rougies par le supplice tout juste infligé, le souffle rendu court par ses éclats de rire et sa coiffure encore impeccable quelques secondes plutot toute ébouriffée. Curieusement, elle était infiniment plus belle ainsi, l'air naturel loin de son habituelle élégance soignée, son regard pétillant et le reste lui donnait une mine un peu rebelle et farouche. Fabian se saisit de ses poignets pour faire en sorte qu'elle ne puisse riposter si l'occasion se présentait pour elle, mais lui ota toutefois une mèche blonde qui s'était accroché au coin de sa bouche si impeccablement dessinée, tant et si bien qu'elle donnait au rouquin comme chaque fois qu'il détaillait ses traits le désir de l'embrasser. La remarque de Tara fit naitre un sourire resplendissant sur ses joues dorées :
- Bien sur que j'ai gagné ! Entre nous je suis certainement le moins intelligent, mais c'est moi le plus musclé... Chacun ses atouts.
Phrase typique du macho séducteur et un brin puéril. Cependant, les circonstances actuelles se prêtaient à ce "type" de commentaires, aussi personne n'y accorda beaucoup d'attention. Légèrement à contrecœur, le rouquin se décala pour laisser à l'ancienne Serdaigle le temps de respirer et plongea la main dans le panier spécial pique-nique, afin d'en sortir les fourchettes et le reste. Sous la brise qui s'installait petit à petit, les pétales de rose du bouquet qui était posé un peu plus loin frémissait doucement, tout comme les brins d'herbe et, plus loin, les feuilles dans les arbres. D'un geste habile le jeune homme remplit les assiettes -de façon très équitable- et donna une fourchette à sa belle, toujours allongée et haletante.
- Pour madame... ou mademoiselle. Bon appétit !
Il déposa le tout à coté d'elle et lui adressa un clin d'œil complice, pour ensuite planter sa fourchette dans le roti. Le gout se répandit dans sa bouche en une rapidité inimaginable, et Fabian ferma les paupières, afin d'apprécier un peu ce contact tout juste en symbiose contre ses papilles.
- C'est super bon, mon cœur ! Franchement, t'aurais pas du apporter tout ça...
Il engloutit sa bouchée pour ensuite en enfourner une seconde, cette fois ci de salade césar, qui lui fit un effet identique. Le gourmand qui sommeillait en lui était comblé. Soudain, sans qu'il n'y ait aucune raison, Fabian ressentit le besoin intense de poser un flot de questions à Tara. Sur ce qu'elle aimait, les détails de son enfance, ses études, ses relations familiales... Il prit soin de terminer son assiette et demanda donc :
- En fait quand tu étais à Poudlard... c'étaient quoi tes cours préférés ? Et pour le Quidditch, tu as gagné la coupe ? C'était une bonne équipe ?
Il s'agissait là d'interrogations futiles, mais autant commencer par là pour se connaitre de façon plus profonde. Surtout que Tara ne semblait pas s'épanouir particulièrement -la mort d'Ethan y était surement pour quelque chose, du moins il le soupçonnait, et cette idée le rendait malade de jalousie. Néanmoins, il ne désirait pas la faire souffrir en remuant dans sa mémoires de choses que l'on préférerait oublier : après tout, ils étaient réunis là pour passer du bon temps.

Fabian s'allongea sur le torse, le menton posé sur ses mains jointes, le regard perdu dans la contemplation des traits de sa belle. Ses mèches rebiquaient dans tous les sens et, malgré les efforts manifestes de la jeune femme pour les remettre en place, elles restèrent aussi ébouriffées que quelques instants plus tôt. Le rouquin sourit, taquin, et l'idée que ce soit lui qui l'ait mise dans un tel état, si loin de son physique «immaculé» qui la caractérisait habituellement lui fit prendre conscience que c'était ça, le bonheur. Simplement briser l'image de l'autre, apprendre à se connaître. Se tester mutuellement. Les mots de l'ancienne Serdaigle le firent tressaillir de surprise : Pas encore madame... Était ce un message à la signification précise, ou simplement une phrase sans importance ? Souhaitait-elle sincèrement qu'il fasse d'elle sa femme, celle qui partagerait son quotidien ? Non, ils se connaissaient à peine, cela se ferait de manière trop précipitée, cela ne serait sûrement pas une sage idée... Mais après tout, ils emménageraient prochainement ensemble alors, en quoi cela serait il trop rapide ? Le rouquin se secoua doucement et reprit ses esprits. Bien que cela lui cause une légère déception, il était préférable de patienter encore. Ils n'en étaient après tout qu'à leur seconde rencontre, et le temps leur souriait largement s'ils désiraient s'unir par la suite. Les réponses qu'apporta sa compagne à ses multiples interrogations le fit redescendre sur terre, et captèrent toute son attention. Il ne put retenir une légère grimace, et fit semblant de tirer une mine contrite :
-Les potions ? La seule chose que je réussissais à faire, c'est éclater mon chaudron et empoisonner les mouches qui s'approchaient trop près de moi... Slughorn était désespéré par ma nullité ! Par contre pour les sortilèges, j'étais doué : faut dire, c'est tellement simple !
Il eut un petit clin d’œil complice à l'égard de celle qu'il aimait et dit :
-Remarque, tu pourras me filer quelques cours en potion... J'suis certain que je t'écouterai plus que Slug' et que tu ferais une super prof. En échange je t'apprendrai à utiliser euh... tes muscles pour te défendre contre les méchants ?
Fabian était bien conscient de l'énorme nullité de sa proposition, mais cela lui paraissait être la seule chose dans laquelle il pourrait lui apporter quelconque conseil, alors, autant qu'il le fasse. Quoiqu'il douta fortement de la nécessité de lui apprendre à se battre, sachant qu'il lui suffisait certainement d'un coup de baguette pour neutraliser un ennemi. Les remarques qu'elle fit ensuite sur le Quidditch lui arrachèrent un énième sourire, et il s'imagina sa compagne, la brise agitant ses mèches blondes dans le ciel, les balayant contre son front, ses iris bleus scrutant les alentours pour distinguer un éclat d'or, et il se jure que, au moins une fois, il leur faudrait faire un match, rien que pour la regarder en action sur un balais. L'allusion qu'elle fit ensuite sur le talent des Gryffondor le fit tressaillir de fierté, et il se retourna brusquement sur le dos en entendant le question de Taryn, posant un bras sur ses paupières pour ne pas se faire «éblouir» par la leur du soleil ambiant, qui se faisait pourtant caché petit à petit par d'épais nuages gris, tandis que le temps paraissait s'alourdir, et que le bise glacé apparaissait.
-Moi... j'ai toujours adoré la défense contre les forces du Mal, mais j'me débrouillais partout autrement, sauf en Potion. Il lui adressa un second clin d’œil, et reprit : Sinon, j'ai gagné trois fois la coupe, on l'a perdu une fois contre les Serdaigle, une fois contre les Serpentard, et 2 contre les Poufsouffle. Mais je n'étais pas encore admis dans l'équipe pour la première défaite contre les Jaunes & Noirs. En tout cas, mon équipe était super forte ! J'étais super fier d'en faire partie, surtout pour tous les fous rires et les fêtes qu'on faisait dès qu'on gagnait. C'était génial.
Fabian ôta lentement son bras de son front, et se redressa, pour cueillir une herbe éclatante, juste à coté du drap sur lequel ils étaient étendus, et l'approcha de la bouche de Taryn, faisant courir le brin couleur émeraude sur les commissures de celle ci, puis sur ses joues, le bout de son nez... Il lui sourit tendrement, et porta l'herbe face à lui, et la laissa se faire emporter par la brise glacée qui soufflaient de plus en plus fort. Il y aurait surement de l'orage, et les habits qu'il portaient tous 2 ne suffiraient pas à les protéger. Il frémit légèrement, le froid perfide qu'il pensait disparu s'insinuant dans sa chemise ample, mais il ne la reboutonna pas pour autant, appréciant le contact qui effleurait sa peau. Le silence s'installa, seulement troublé par un infime bruit de mastication, mais Taryn le rompit soudainement, pas une interrogation qui prit totalement le jeune homme à court de mots. Des enfants ? C'était elle qui le lui demandait ? Il se tourna dans sa direction afin de s'assurer qu'elle ne se moquait pas de lui. Mais non, Taryn paraissait sincère, et son air était même pensif. Le rouquin déglutit, et articula péniblement :
-Je ne me suis jamais posé la question...
Il mentait. Combien de fois, au contraire, s'était il imaginé, plus agé, entouré d'enfants courant dans les champs de blé alentours, comme lui tout jeune. La main glissée dans celle de sa future femme, un sourire inscrit sur ses traits. Mais il n'osait pas le dire. Ils se connaissaient à peine, et peut être n'était ce là qu'une raison de le tester. Néanmoins, Fabian ne le pensait pas ainsi. Il faisait confiance à Taryn, et si elle le questionnait à ce sujet, c'était pour une bonne raison.
-Oui. J'adorerai être père, seulement, il faudra que ce soit avec le bonne personne. Et puis, qu'elle soit d'accord, elle aussi.
Délicatement, il saisit la main de Taryn dans le sienne et l'effleura tendrement, puis, il se redressa et s'assit sur le drap bleu, identique à la couleur des prunelles de sa compagne.
-Tu serais d'accord pour être maman ?
La formulation de la phrase était on ne peut plus claire. Et le rouquin espérait de tout cœur que la réponse de la jeune femme soit celle qu'il attendait. Mais ce fut à cet instant que la pluie décida de s'imposer, et qu'un grondement menaçant emplit l'air alourdi par la chaleur ambiante. Fabian réagit aussitôt, remballant la nourriture dans le panier, s'en saisissant maladroitement sur son épaule, ramassant le bouquet de roses par terre et saisissant la main de celle qu'il aimait. Jamais encore un tel déluge ne s'était produit à une telle rapidité. Le rouquin attrapa le drap bleu et les en recouvrit, afin de protéger leur corps mal protégés des gouttes abondantes et violentes.
-Suis moi, je connais un endroit où on sera à l’abri !
Il dévala les flancs de la colline à toute vitesse, encombré par son chargement, mais sans toutefois lacher la main de Taryn. Ils arrivèrent au pied d'un arbre décrépi, au pied duquel une cabane en ruine se dressait, et dans laquelle ils pénétrèrent sans plus attendre. Heureusement, malgré l'état de délabrement de la chaumière, les tuiles qui composaient le toit s'avéraient à peu près étanches, et seules quelques gouttes filtraient à travers les plaques ocres. Fabian ne se souvenait pas avoir déjà été aussi trempé en l'espace de quelques secondes, mais il l'était. Et Taryn aussi. Le drap imbibé d'eau ne leur servait plus à grand chose désormais, et Fabian le laissa tomber dans un coin de la pièce, avant de sortir sa baguette et de se raviser en l'asséchant d'un léger mouvement du poignet. Puis, il entoura les fines épaules de sa belle qui tremblait et claquait des dents, et la frictionna doucement.
-Au moins, tu auras un peu plus chaud...
Il lui sourit et prit soin d'allumer un feu, afin de réchauffer la cabane humide et glacée. Une fois que cela fut fait, il ôta sa chemise pour l'assécher de la même façon qu'il ne l'avait fait avec le drap bleu ciel, et se tourna vers Tara.
-Ça va ? Tu n'as pas trop froid ? C'est dingue la vitesse à laquelle la pluie est arrivée ! J'ai jamais vu ça...
Il s'assit à ses cotés mais prit soin de ne pas lui piquer la couverture, afin de la laisser se réchauffer en paix. Il aurait pu assécher facilement sa tenue, mais pour ça il aurait fallu qu'elle l'enlève et, vu la situation, il n'était pas sûr que cela soit une bonne idée de le lui demander comme ça...

Les gouttes qui filtrait par la brèche du toit ne tardèrent pas à former une flaque sur le plancher disjoint, s'infiltrant entre les lattes de bois pour s'écraser encore plus bas, en répétant une sorte de douce musique monotone. Fabian se rappelait précisément le jour et les circonstances dans lesquelles il était tombé là, dans cette cabane délabrée et inhabitée depuis un moment déjà. Lysandre et lui sortait des trois Balais, après une forte consommation de Bièraubeurre, et, accompagnés de quelques autres camarades, se dirigeait dans un champ alentour pour profiter du beau temps jusqu'à ce qu'ils tombent sur la masure en ruine, dans laquelle ils décidèrent tous de fonder une sorte de quartier général, qui perdura jusqu'à leur départ de Poudlard. Bien sur, ils s'y rendaient tous régulièrement au début, lors de leur troisième année, certains de détenir l'une des cachettes les plus géniales de tous les temps mais, au final, plus le temps passait, plus elle leur paraissait banale, sans utilité précise, hormis rester enfermés inutilement ; alors chacun s'en détacha peu à peu. Il n'aurai jamais penser y remettre les pieds un jour, surtout dans ces conditions, accompagné de la fille de son cœur et sans aucun Gryffondor, sans aucune attache au passé, hormis sa mémoire. En fait, la seule chose qui les intéressaient tous à l'époque, c'était le fait que leur QG soit proche de la cabane hurlante, car cela aurait pu, en certaines occasion, leur faire rentrer à l'intérieur de celle ci, mais au final, jamais aucun de la bande ne s'y était risqué. Le bruit du déluge le ramena à l'instant présent, adossé qu'il était contre le mur à la tapisserie moisie, autrefois imprimée de petites fleurs roses, mais désormais quasiment entièrement masquée par les taches d'humidité. Il se remémora alors le moment où, étendus parmi le champ parsemé de hautes herbes éclatantes, l'ancienne Serdaigle lui confiait son désir d'enfants. Son passé familial à l'apparence froide était la seule chose qui semblait la faire hésiter, alors. Fabian étendit ses longues jambes sur le sol plein de poussière, le torse toujours nu mais la chaleur du feu le réchauffant néanmoins, et créant des ombres dansantes à l'intérieur de leur modeste abri de fortune :
- Je suis certain que tu serais formidable, bébé. Quelle que soit la manière dont ta mère ou ton père t'ait éduquée. Et quoi que ton frère puisse me dire à ton sujet.
Bébé... En l'occurrence, ce petit nom semblait bien adapté au sujet de discussion actuel ! Les flammes crépitaient toujours au milieu de la pièce, et la chemise qui tronait à coté du foyer paraissait à peu près sèche, cette fois ci. Pourtant, le rouquin se sentait bien ainsi, et n'était pas pressé de renfiler son haut, bien qu'il lui faudrait le remettre tot ou tard. Cependant, le geste qu'effectua sa belle le détourna de ses pensées, jusqu'à l'action qu'il allait tout juste effectuer en se saisissant de son habit. Sécher sa robe ? Cela ne la dérangeait pas si... Sa demande ota tous les doutes de l'ancien Gryffondor, qui se redressa à son tour, et s'approcha de la jeune femme. La nuque mise à nue, Fabian posa ses doigts sur la fermeture et la fit glisser, lentement, très lentement, le long du dos de la belle blonde. Puis, il dénuda délicatement l'épaule gauche de l'ancienne Serdaigle, et nicha son souffle plus près d'elle, presque collé à son oreille. Le parfum sucré qui émanait de sa peau le rendait fou. Soudain, elle se tourna brusquement contre lui, et l'embrassa tendrement, laissant ses mains se perdre dans ses mèches rousses et descendre sur sa nuque toute chaude, sans cesser son baiser. Il le lui rendit tout aussi passionnément, appréciant le gout de sa bouche contre la sienne, la douceur qui s'en dégageait, et l'amour qu'elle portait en elle.
- Ne m'abandonne pas...
Le murmure de la jeune femme se fit gémissement, chargé d'une si lourde angoisse que Fabian sentit son cœur se serrer douloureusement. Comment serait il capable de l'abandonner, puisqu'il était incapable de se passer d'elle ?
- Jamais je ne te laisserai... Je t'aime.
Il la serra tout contre lui et la laissa se blottir contre son torse puissant, toute tremblante qu'elle était, et la réconforta doucement, lui murmurant des mots plein de tendresse à l'oreille, sans cesser de la bercer. Sans réfléchir, niché dans son cou parfumé, Fabian fit glisser la robe sous ses hanches étroites, et la laisser tomber à terre, rejoignant sa chemise humide. Il l'embrassa encore une fois, et la poussa contre le mur, faisant redoubler d'ardeur son baiser, laissant le contact entre la peau de l'ancienne Serdaigle et la sienne lui arracher des tressaillements intenses, tandis que leur corps se collaient plus encore à chaque geste. Il se rendit brutalement compte de ce qu'il faisait, collé qu'ils étaient contre un mur en plein déluge, contre une femme à moitié nue et lui la poitrine sans aucune protection. Il stoppa le baiser que Tara souhait apparemment lui donner d'un geste du pouce, et murmura :
- Je... tu es sure ?
Elle le comprendrait forcément. Et ce fut d'un geste impuissant qu'il ota sa main de la bouche de sa compagne, pour se laisser embrasser plus intensément que jamais, tandis que la pluie, au dehors, redoublait d'intensité.

Le rouquin l'embrassait sans penser, sans réfléchir à la conséquence de ses actes, se contentant d'étreindre sa belle, de la serrer contre lui et de lui rendre son baiser, comme si la fin du monde était proche. Pourtant, il se décolla lentement du corps de celle qu'il aimait, sans toutefois décoller sa bouche de la sienne, et se pencha en direction du sol, cherchant à tatons le drap azur désormais sec, pour l'étendre sur le plancher de bois irrégulier. Fabian rejoignit l'ancienne Serdaigle, et s'allongea sur elle, répondant à ses baisers enflammés, les paupières mi-closes. Il se délectait du contact des doigts de sa belle sur sa peau nue, ardente comme la braise qui brulait à coté de lui, tressaillant chaque fois qu'elle l'étreignait contre sa silhouette mince, et tachant de ne pas la brusquer. Puis, tout cela ne suffit plus : il leur fallait aller plus loin, à la recherche d'autres sensations indomptables, plus fortes encore que celles qu'ils ressentaient en cet instant. Fébrile, le couple se débarrassa comme il put des barrières qui stoppaient leur désir réciproque, et pénétra dans un monde qui, jusqu'alors, leur était inconnu. Composé de caresses, de souffles, de mots dénués de sens et d'amour. L'amour à l'état pur, comme il était si rare d'en ressentir sans danger en ces temps troublés. Plus rien ne comptait maintenant, hormis le fait de sentir le gout de sa peau, son parfum hypnotique, d'entendre son souffle s'accélérer et de toucher ses muscles crispés, ses hanches arquées contre lui. Les portes d'un autre monde s'offrait à leur jeunesse, leur plaisir. Et c'était sans crainte qu'ils y pénétraient, aussi insouciants que des enfants ignorant tout des difficultés qui les entouraient. Pour la première fois depuis très longtemps, Fabian se sentait libre, loin de tous les problèmes qui l'attendaient chez lui, loin de cette guerre absurde qui multipliait les morts au dehors. Il était lui, simplement lui, et il aimait Taryn.
****
L'ancien Gryffondor resta longtemps là, sans bouger, allongé sur le drap étalé sous son corps nu, le cœur battant comme jamais, contre lequel sa compagne se blottissait, comme si elle cherchait un peu de chaleur. Le regard perdu dans la moisissure du plafond, Fabian lui caressait distraitement l'épaule, laissant ses pensées tourbillonner dans son esprit. Lorsqu'il parlait en compagnie d'ami de comment il fallait que leur "première fois" se déroule parfaitement, jamais le rouquin n'aurait répondu ceci : qu'il lui faudrait se réfugier dans leur QG d'autrefois, au milieu d'un déluge, pour comprendre pleinement le sens du mot perfection. Pourtant, c'était précisément le cas. Il planait dans un bonheur total, sur un nuage d'intense satisfaction, tout contre celle qu'il aimait. Ce fut d'ailleurs cet instant que choisit celle ci pour s'adresser à lui, croisant les mains sur son torse et posant son menton dessus. Il lui adressa un large sourire, une lueur fatiguée mais comblée dansant dans ses prunelles caramélisées :
- Il faudra bien te faire à l'idée, parce que c'est justement ce qu'on a fait, et que c'était la chose la plus magique de tout ce que j'ai pu faire jusqu'ici...
Redressant le cou, le rouquin frotta doucement le bout de son nez contre celui de la jeune femme, et répondit à son baiser, qui lui parut bien court en comparaison à ce qu'ils échangeait il y a quelques minutes de cela. Seul le bruit des gouttes qui tombaient du toit résonna soudain à l'intérieur, ce qui lui fit comprendre une chose : le pluie se finissait enfin ; mais il doutait qu'il retourne dehors... Comme il s'y attendait, l'ancienne Serdaigle lui proposa donc de rentrer, ce qu'il accepta joyeusement. Bien sur, ils auraient ou rentrer beaucoup plus tot en utilisant le transplanage, mais quelquefois, comme le montrait ce qui s'était passé ici, le charme du hasard et de la chance faisait impeccablement les choses. Fabian enfila son pantalon, boutonna soigneusement sa chemise ample, et noua ses chaussures à ses pieds, le tout étant désormais dénué de toute trace d'humidité. D'un geste sec de sa baguette, l'ancien Gryffondor éteignit les braises rougeoyantes, et dispersa les cendres autour, désirant garder un symbole de leur passage. Puis, il se retourna et saisit la paume que lui tendait Tara, se promettant que, jusqu'à sa mort, ce lieu et ce moment resteraient inscrits dans son esprit comme son instant de Paradis sur terre, et ils transplanèrent, pour atterrir chez lui. La chaleur qui régnait dans sa chambre paraissait presque étouffante, après leur court séjour dans la cabane délabrée, et ce fut épuisé que le couple se laissa tomber sur le lit confortable, encore un peu secoué par ce qui s'était passé. Ce fut l'ancienne Serdaigle qui rompit le silence, auquel il répondit par un petit hochement du menton :
- OK. C'est la porte qui est juste en face, il y a ce qu'il faut dans le tiroir du bas. N'hésite pas à m'appeler si tu as un soucis de fonctionnement.
Il la gratifia d'un grand sourire moqueur, qui fut étouffé par un baiser qui éteignit toute résistance en lui. Bon sang, c'était définitif : il l'aimait tant qu'il se sentait quasiment dépendant d'elle. Carrément dépendant. Impuissant, il ferma les paupières et apprécia le moment de calme de la pièce, caressant distraitement le pelage orangé de son chat, qui le pétrissait de ses pattes griffues afin de quémander de l'attention, et écouta l'eau couler dans la salle de bain. Il ne se rendit compte qu'il s'était assoupi juste au moment ou, coiffée d'une simplement et habillé uniquement d'un de ses ancien tee-shirt, Tara débarqua dans sa chambre. La mention du nom "chéri" le fit sourire encore, mais plus discrètement cette fois ci. Si lui l'appelait "bébé" ou "mon cœur" alors, où était le mal ? Il se redressa donc péniblement sur le bord du matelas :
- D'accord. Je t'appelle si j'ai un problème...
Il lui adressa un clin d'œil complice et se marcha en direction dans la porte, face à laquelle il stoppa net, afin de souffler quelques mots à l'oreille de sa belle :
- T'es magnifique, chaton.
Rapide baiser dans le coup puis, il disparut dans la salle d'eau. Encore un autre surnom. Il ota pour la seconde fois de la journée sa chemise, et entra dans la douche, laissant le liquide chaud bruler sa peau fatiguée, dégouliner dans ses mèches rousses, et inonder son corps entier. Cela l'apaisait toujours de faire ça, et l'aidait à oublier, aussi. Se déconnecter de la réalité l'espace de quelques minutes était parfois nécessaire à la santé mentale de tous. Il s'essuya énergiquement sa tignasse, jusqu'à l'ébouriffer dans tous les sens, et posa ses lunettes sur le bout de son nez. Il enfila un pantalon usé jusqu'à la corde et un tee-shirt ample, puis sortit de la salle de bain et se rendait dans le salon, constatant que Tara n'était plus dans sa chambre. En effet, elle était assise sur le canapé, Olaf serré contre ses cuisses athlétiques.
- Ne t'inquiète pas. C'est une boule de poil très sociable... un peu de compagnie pendant la journée ne lui fera pas de mal.
Il resta là, les bras ballants, à la contempler encore et toujours, subjugué par sa beauté. Fabian se reprit néanmoins rapidement, se raclant la gorge et déclarant :
- Euh... tu as soif ? Je comptais préparer du thé...
Il s'en fut donc dans la cuisine, et rapporta 2 tasses fumantes, qu'il posa sur la table basse, et se laissa tomber à coté de Tara, résistant au désir grandissant de pousser son chat pour profiter seul de sa présence. Bon sang, s'il se mettait à ressentir de la jalousie à l'égard d'un félin obèse, il commençait sérieusement à perdre la boule ! Il se contenta de saisir la main de son aimée dans la sienne, et prit un biscuit au chocolat, qui tronait dans l'assiette placé juste derrière les tasses fumantes. Il regarda les flammes danser dans la cheminée, et brisa le silence :
- Quand tu étais à Poudlard... tu aimais Ethan ? Enfin, est ce que c'était comme pour nous ? Tu... je...
En l'espace d'une seconde, Fabian prit la couleur de ses mèche couleur flamme et se décala légèrement, conscient de son égoïsme :
-Pardonne moi. J'aurai pas du... ça me concerne pas. C'était entre lui et toi.
L'élan de jalousie qui lui tordit l'estomac lui donna un gout de bile dans la bouche, qu'il réfréna tant bien que mal. Il se dégoutait lui même. Comment était il capable de lui poser des questions sur ses relations, en sachant qu'elle souffrait, alors que lui ne comptait plus ses anciennes petites amies ? Pourtant, jamais son coté possessif ne s'était manifesté plus qu'en ce moment là. Ni l'animosité presque palpable qu'il sentait bouillir en lui en pesant au nom d'Ethan. Comme l'amour changeait les gens, parfois... Et pas forcément en bien.