- " Prue ... qu'est-ce que tu t'es fait encore ? Dis-moi, tu regardes jamais tes pieds en marchant ? Un jour tu vas finir par te rompre la nuque avec tes conneries ! " le sermonnait déjà son meilleur ami, Saul. " N'espère pas que je répare ça, ton os sort presque de ton corps. Tu files à l'infirmerie pour cette fois ! " avait-il ajouté, évitant de regarder la vilaine fracture que Prue s'était faite en tombant de son balais volant. Plutôt mourir de mal que de lui avouer qu'elle avait appris à voler sur un balais et que ses projets pour l'an prochain était de rentrer dans l'équipe de quidditch de sa maison. Jamais Saul n'accepterait que Prudence prenne autant de risque !

Saul, c'était l'ami d'enfance de Prue. Toujours présent au moindre bobo. Il avait appris les sorts de premiers soins rien que pour lui venir en aide. La belle lionne avait pris l'habitude d'aller le voir à la moindre fracture. Mais il n'était pas médicomage et ne pouvait pas tout guérir.

Penaude, Prudence avait rejoint l'infirmerie, souffrant un peu de son bras blessé. Saul avait lancé un sort anesthésiant lui permettant de rejoindre Pomfresh sans trop souffrir.
L'infirmière s'était encore vite alarmée, la pressant de se coucher dans un lit. Prue avait l'habitude ... Et vu la fracture, Pompom l'obligerait à rester une nuit sous sa surveillance. Génial.

Alors qu'elle reposait son bras qui commençait doucement à se ressouder, son pote de l'infirmerie venait d'arriver, la mine toujours aussi cadavérique.

- " Aah. Un peu d'occupation. Je commençais à sérieusement me tourner les baguettes ... y a un lit vide tout prêt, à côté de moi. Fais en sorte d'être au bout de ta vie pour qu'elle te garde la nuit. J'ai pas envie de dormir seule ici. " avait-elle proposé. Avec Remus, le temps à l'infirmerie paraissait plus agréable !

Lendemain de pleine lune... Après les premiers soins prodigués par Mme Pomfresh en sortant de la Cabane Hurlante, Remus resta dans le bureau de l'infirmière toute la matinée. Il était dans un piteux état, la fièvre avait du mal à tomber et il avait l'impression que tout son corps avait été écartelé. Remus tenta de rassurer l'infirmière pour pouvoir quitter son bureau et retourner se coucher mais Pompom ne voulu rien savoir, et l'autorisa juste à rejoindre un lit de l'infirmerie. C'est là qu'il retrouva Prue, avait qui il avait déjà passé plusieurs séjour de convalescence. Il se sentait moins seule lorsqu'elle était là, moins isolé.

- T'inquiète, je n'aurais même pas besoin de faire semblant... lui lança-t-il en s'affalant sur le lit voisin. Il ne put s'empêcher de grimacer, avec l'impression que des tambour résonnait dans sa tête. Il sourit néanmoins à la Serdaigle et désigna d'un signe de tête la potion posé sur sa table de chevet. Tiens, je la reconnais celle-là. Pomfresh n'a toujours pas réussi à la rendre moins imbuvable ?

Remus avait déjà subit quelques fractures. Il avait néanmoins la chance en général de ne pas garder trop de séquelles, et de guérir plutôt rapidement de ce genre de blessures. L'infirmière avait en général bien plus de soucis avec les marques de morsures et de griffures qu'il s'infligeait à lui-même. La cicatrisation était difficile et laissait des marques qu'elle ne parvenait pas toujours à camoufler. Remus profitait toujours docilement de ses soins, les meilleurs qu'il n'ait jamais eu. Avant son entrée à Poudlard, ses parents faisaient ce qu'ils pouvaient pour prendre soin de leur fils, mais aucun d'eux n'avait les compétences de Mme Pomfresh.

Prudence fronça les sourcils quand son ami lui avoua qu'il n'aurait pas besoin de faire semblant pour rester toute la nuit à l'infirmerie. Elle ne posa pourtant aucune question. Elle ne le faisait jamais, et lui non plus. Il ne lui demandait jamais comment elle avait encore réussi à se casser quelque chose ... peut-être parce qu'il ne voulait pas que Prudence lui pose aussi des questions. Indirectement, ils avaient instauré cette règle de ne pas s'interroger sur leur état de santé. Ils parlaient de sujets beaucoup moins facheux, passaient le temps en plaisantant, en taquinant Pomfresh qui ne trouvait jamais rien de très drôle. C'était toujours une victoire quand les deux adolescents arrivaient à avoir un sourire de leur infirmière préférée.

Remus parla de la potion infâme à avaler. Prue fit une grimace, se rappelant encore du goût.

- " Tu sais ce qu'on dit ... ce sont les remèdes les moins bons à avaler qui sont les meilleurs ! " dit-elle en lui adressant un sourire amusé. " Et pour le moment, je n'ai jamais goûté une potion ici qui n'ait pas un goût dégueux ! " ajouta-t-elle en laissant échappé un rire qui ameuta l'infirmière.

- " Alors vous deux, il vous faut du REPOS ! " dit-elle en s'approchant de ses patients.

- " Il y a la nuit pour se reposer, Mme Pomfresh. Et là, je vois encore le soleil à travers la fenêtre. C'est plutôt bon signe ! " avait répondu Prue en regardant au loin les fenêtres dont les rideaux n'étaient pas fermés.

- " Miss Bones, vous avez toujours quelque chose à dire ! " répliqua Pompom sur le ton sec auquel ils étaient habitués. Prue répondit à cette remarque d'un grand sourire taquin.

- " Mister Lupin, tenez ceci. ça soulagera votre migraine. " ajouta-t-elle à l'adresse du jeune Gryffondor.

- " À ta santé, Remus ! " dit Prue dans une grimace.

- " Ne vous moquez pas trop vite, Miss Bones. Une deuxième potion vous attend après. " répliqua l'infirmière.

Prue garda la grimace sur son visage. Beurk ! Elle pensait en avoir eu assez. Raté !

Voilà pourquoi le Gryffondor aimait lorsque Prue était à l’infirmerie en même temps que lui. Même dans ces moments qui étaient censés être les moins agréables de son quotidien, il pouvait rire comme si tout ceci n’était pas si grave. Lorsque Pomfresh débarqua, attiré par les rires des deux malades, et les réprimanda comme à son habitude, Remus resta muet mais du retenir un petit rire à la répartie de Prue. Lui-même tenait rarement tête à l’infirmière, considérant qu’il causait déjà bien assez de soucis à la pauvre infirmière. Il prit la potion qu’elle lui tendait, son sourire se crispant quelque peu.

- Merci, je me sens déjà un peu mieux.

- Mmh… marmonna Pompom en tâtant le front du garçon. La fièvre n’est pas encore totalement tombée. Vous m’appelez si ça vous empêche de vous endormir.

Il hocha la tête et entama sa potion avec une grimace et un léger frisson, après avec trinqué avec Prue, à qui Pomfresh lui promis une deuxième tournée. Quelques instants plus tard, ils se retrouvèrent à nouveau seuls, Remus sentant sa migraine s’éloigner pour de bon.

- C’est bien que tu sois là Prue… Enfin je veux dire c’est pas bien que tu te sois blessé mais… Enfin j’avais laissé un jeu de carte dans la table de chevet la dernière fois et jouer tout seul c’est moins drôle quand-même…

Il se redressa et fouilla dans le petit meuble à côté du lit. Vu les séjours régulier qu’il devait passer entre ces murs, il avait commencé à prendre ses aises et s’était plus ou moins approprié le tiroir de la table de chevet, y conservant une petite réserve personnelle de chocolat et de quoi s’occuper pour faire passer le temps plus vite.

- T’es assez en forme pour jouer ? dit-il avec un coup d’œil à son bras immobilisé. Je suppose qu’il ne faut pas que tu t’agites trop…

Prue avait souri en entendant Remus avoué qu'il était content de la voir à l'infirmerie. Malgré sa maladresse dans ses propos, la Gryffonne avait très bien compris ce qu'il avait voulu dire ...

Prudence veilla à ce que Pomfresh soit bien partie avant de tenter de bouger un peu pour mieux se positionner et démarrer la partie que lui proposait son ami.

- " Avec les anti-douleurs de malade qu'elle me donne, je sens quasi rien. Je devrais pouvoir réussir à jouer une partie. On joue à la bataille explosive ? " demanda-t-elle, déjà hyper emballée par l'idée !

- " Mais il faut que le jeu soit équitable ! Un bras derrière le dos pour toi !! " ajouta-t-elle dans un sourire complice ! Le jeu promettait d'être amusant !!

Prudence pouffa de rire en voyant les deux cartes tombées sur son lit, dévoilant ainsi une partie du jeu de Remus. Prue, d'une main habile, réussit à sortir deux cartes pour les mettre chacune sur celles de son adversaire afin de les rafler toutes les deux. Les cartes émirent un bruit d'explosion, et disparurent dans la réserve de la jeune fille qui piocha deux autres cartes.

- " C'est juste une question d'habitude. Si tu savais le nombre de fois où j'ai du jouer à une main ... parfois, j'étais même sans l'une, ni l'autre. On apprend à se débrouiller ! " avait-elle expliqué.

Et ils continuèrent la partie, en échangeant des rires, amusés par les maladresses de Remus qui se débattait de ses cartes à une main.
Le jeu se termina par l'arrivée brutale de l'hibou familial : Ted. Prudence effaça tout sourire de son visage en le voyant atterrir au beau milieu de leur partie.

- " Tu pouvais pas mieux casser l'ambiance, bête à plumes ! " marmonna-t-elle en balançant le reste de ses cartes sur son lit pour défaire le parchemin accroché à la patte de l'oiseau.

- " On parie combien que c'est ma mère ? " avait-elle dit en déroulant le papier.

- " Gagné ... elle veut une explication rapide de ce qu'il m'est arrivé, sinon elle débarque ici pour finir ma convalescence à la maison. " expliqua-t-elle en résumer le contenu de la lettre. Il ne manquait plus que sa mère envoie un hibou à son frère ... ce qu'elle avait sûrement dû faire, de toute manière.

- " Il ne reste plus qu'à trouver un accident plausible qui m'empêchera d'être punie à vie, t'as une idée ? " demanda-t-elle à son ami ...

Spoiler:

Apprendre à se débrouiller… C’était le lot des malades chroniques comme eux deux. Certes, Remus se retrouvait rarement avec de sérieuses fractures comme Prue. Mais il avait dû développer certaines qualités inhabituelles, comme le camouflage subtil de cicatrices ou des autres marques que lui laissait ses nuits dans la Cabane Hurlante. Mais durant leurs moments à l’Infirmerie, ils avaient passé un accord tacite : les raisons de leur confinement sous la garde de Mme Pomfresh étaient mise de côté. Leur seul but était de profiter de la présence de l’autre pour rendre ces soirées plus agréable qu’elle n’était censée l’être.

Soudain, leur joyeuse partie fut interrompue par un hibou qui fit perdre sa bonne humeur à Prue. Cette dernière annonça une lettre de sa mère inquiète. Durant ces premiers mois à Poudlard, les parents de Remus aussi s’étaient montré très préoccupés de savoir comment se passait les premières pleines lunes de leur fils loin de la maison. Il n’avait pas eu de mal à les rassurer, et la confiance qu’ils avaient en Dumbledore n’y était pas pour rien. Rapidement, Remus avait même sentit un véritable soulagement chez ses parents, qui commençait ne plus pouvoir gérer le monstre que devenait leur fils une fois par mois. Cette prise de conscience laissait une drôle d’impression au jeune Gryffondor, qui ne savait pas s’il se sentir honteux d’avoir fait endurer ça à ses parents, heureux qu’ils puissent reprendre une vie normale maintenant qu’il était à Poudlard, ou triste de se dire que c’est en étant loin de son père et de sa mère, qui l’aimaient profondément et qu’il aimait tout autant, qu’ils étaient les plus heureux.

" Il ne reste plus qu'à trouver un accident plausible qui m'empêchera d'être punie à vie, t'as une idée ? " L’affaire était bien différente pour Prue, mais malgré le coté par vraiment réjouissant de la situation, il lui adressa un clin d’œil confiant. Il ne savait pas vraiment que qui était arrivé à Prue, mais ce n’était pas important à ses yeux. Inventer des accidents plausibles, c’était devenu plus ou moins sa spécialité, même s’il n’avait jamais aimé mentir. « On va trouver une bonne histoire… Tu pourrais dire que c’est une accident de bibliothèque ? Tu avais besoin d’un livre trop haut pour toi, tu as pris une échelle, et manque de chance, tu as trébuché et est tombée. En plus, ça montrera que tu passe du temps à la bibliothèque. Ou alors, tu rejettes la faute sur Peeves. Il serait même fier qu’on lui attribue un accident, si tu veux mon avis... A toi de voir ce qui est le plus plausible ! »

Prue réfléchissait aux idées de Remus. Jouer la carte de la petite fille studieuse ne fonctionnerait sûrement pas. La mère Bones savait que sa fille profitait de ne plus être sous la surveillance maternelle pour profiter de la vie et faire tout ce qui lui était interdit à la maison. Mme Bones avait accepté cette situation. Elle savait que c'était l'occasion pour sa fille de faire ses propres erreurs. Et Prue savait que sa mère lui faisait un cadeau en mettant parfois des œillères. Seulement, il y avait certaines limites que maman Bones ne franchirait pas, et le Quidditch en était une.

Remettre la faute sur quelqu'un d'autre était risqué. Sa mère poserait beaucoup de questions, et irait même se plaindre au directeur de l'école. ça risquerait de mal se terminer.

- " J'ai peut-être une autre idée. " finit-elle par dire en regardant son ami avec un sourire complice. Il allait avoir un rôle à jouer !

- " Tu vas jouer mon amoureux transi. Je vais inventer que je suis tombée amoureuse de toi, que je t'ai rencontré à l'infirmerie ... et étant un adepte de ces lieux, j'ai voulu t'y revoir et me serai volontairement fait cette fracture juste pour passer du temps avec toi. " annonça-t-elle fièrement, pensant avoir l'idée du siècle.

- " ça va permettre à ma mère de jouer son rôle en me parlant des garçons, tout en me donnant des conseils, elle va sûrement adorer et ne me posera plus de questions sur cet accident ! " développa-t-elle son plan.

- " Je vais juste devoir parler de toi à ma mère, parce qu'elle aura sûrement plein de questions à ton sujet. T'en penses quoi ? " demanda-t-elle, le sourire victorieux sur le visage.

" J'ai peut-être une autre idée. " Remus eut un mauvais pressentiment en face au regard que Prue lui lança... Ce que se confirma lorsqu'elle lui présenta son plan... Amoureux transi ? Il rosit légèrement et secoua la tête avec un petit rire gêné. C'était absurde. Qui s'infligerait une fracture volontairement pour passer du temps à l'infirmerie avec lui ? En quoi c'était une explication plus plausible que de tomber d'une échelle à la bibliothèque ? " Je ne suis pas sûr que..." mais elle ne le laissa pas finir, tentant de démontrer que ça détournerait l'attention de sa mère vers sa vie sentimentale. C'est sa santé mentale qui risquait d'être mise en doute, du point de vue de Remus...

" Je vais juste devoir parler de toi à ma mère, parce qu'elle aura sûrement plein de questions à ton sujet " Comme si le jeune homme avait besoin d'un argument de plus pour trouver ce plan complètement inapproprié ! Essayant de ne pas paniquer, il resta un petit moment silencieux alors qu'elle attendait son avis.

- Je... ne pense pas que ça soit une bonne idée... Tu crois vraiment que ta mère sera rassurée de savoir que tu t'es blessé VOLONTAIREMENT à cause d'un garçon ? Et parler de moi à ta mère... franchement, plus elle en saura sur moi, moins cette histoire sera crédible !

Prudence fronça les sourcils, réfléchissant à ce que Remus venait de dire. Il ne prenait pas en compte la perspicacité de maman Bones. Si Prue trouvait une histoire qui donnait l'occasion à sa mère d'être intéressée par un autre sujet, à coup sûr, ça marcherait. Elle en était persuadée.

- " Je peux pas dire à ma mère que j'ai chuté à la bibliothèque. Elle ne me croira jamais ! Je suis pas la fille la plus studieuse de l'école, tu sais ? Je ne sais même pas comment sont rangés les livres dans cette bibliothèque, j'y ai quasi jamais mis les pieds ! " avait-elle expliqué à son ami.

- " Et si je parle de Peeves, elle serait prête à débarquer ici pour confronter le directeur en s'insurgeant d'apprendre qu'un esprit frappeur pourrait me blesser à n'importe quel moment. " ajouta-t-elle. " Et si je porte la faute sur quelqu'un d'autre, elle va vouloir demander des comptes avec la personne responsable de ma fracture. " précisa-t-elle par la suite. " Tu la connais pas, elle est capable de tout. Il faut que je trouve quelque chose qui évitera le sujet principal. Une amourette, ça, elle va adorer !!! " s'exclama-t-elle en concluant son argumentation.

- " On peut peut-être garder cette idée, en prenant quelqu'un d'autre, si ça te dérange. Et on retire l'idée que je me suis fait la fracture volontairement, c'est peut-être un peu barge. Je peux avoir poursuivi le gars dont je suis follement amoureuse et j'aurais été surprise par les escaliers qui bougent dans ma traque ? " proposa-t-elle une autre solution peut-être un peu plus plausible.