Affaires et séduction

Resserrant son nœud de cravate, Sadius Beurk s’accorda enfin un regard dans le miroir. Admirant sa prestance dans ce costume sombre, il ne pu retenir un sourire face à l’image de son reflet. Beurk était un homme qui se voulait toujours élégant, appréciant l’allure d’une veste habillée et le raffinement d’une cravate. Ses cheveux, toujours bien ordonnés, lui donnaient un aspect soigné, contrastant parfaitement avec la cicatrice sur sa joue gauche, fruit d’une querelle passée. Nul doute ne faisait qu’il valait mieux le compter parmi ses amis. Car, si Sadius conservait un tempérament calme et posé, évitant tant que possible de jouer de sa baguette, il n’en restait pas moins un très bon duelliste lorsque la situation ne lui laissait guère le choix.

Jetant un regard à la pendule, le sorcier transplana. Il se rendait ce soir-là à un diner d’affaire, durant lequel il avait pour rôle de représenter son frère, lui-même déjà convié à une réunion d’une extrême importance. Aussi Sadius avait-il accepté ce fardeau, craignant par avance que la conversation soit des plus ennuyeuses. Sur le seuil de la porte, Beurk soupira puis, prenant un visage sérieux et professionnel, il frappa. L’elfe du manoir lui ouvrit la porte, le débarrassa de sa veste puis le guida vers la salle à manger où l’attendait déjà une poignée de personne.
« — Mr Beurk, très bien, il ne manquait que vous. » Saluant la communauté d’un simple hochement de tête, l’homme s’installa autour de la table sans un regard pour l’elfe qui, déjà, quittait la pièce afin de s’affairer de nouveau aux cuisines.
« — Rentrons dans le vif du sujet. » Annonça Beurk qui avait une sainte horreur des discours incessants où chacun tentait de tourner autour du chaudron avant d’annoncer enfin le problème. « Votre armoire à disparaître nous intéresse ardemment. Bien sûr, nous devons discuter du prix. » Ajouta-t-il en faisant tournoyer dans son verre le whisky pur feu que l’on venait de lui servir. « Comme vous le savez, cette armoire n’est pas en état de fonctionnement. Aussi devrons-nous la réparer, ce qui nous coûtera de l’argent, et du temps. Vous comprendrez donc que nous ne pouvons vous donner la somme que vous demandez. » Argumenta-t-il, tandis que son regard se posait sur une ravissante jeune femme. Briseïs Rowle était une étudiante prometteuse aux connaissances largement développées pour son âge. Sadius avait déjà eu l’occasion d’échanger quelques mots avec elle, un jour où Tiberius Avery la lui avait présentée.

La conversation s’éternisa. Néanmoins, Beurk finit par avoir le dernier mot, négociant l’armoire au prix qu’il avait convenu avec Caractatus. Avalant une gorgée de whisky, il profita d’un moment d’inattention de la part de ses hôtes, trop occupés à défendre les valeurs des sangs purs, pour s’éclipser dans la bibliothèque. Passionné de lecture, le trentenaire appréciait par-dessus tout parcourir les collections d’œuvres des clients qui le recevait chez eux. Parfois, lorsqu’un ouvrage attirait particulièrement son œil, il s’installait dans un fauteuil et se perdait dans sa lecture, jusqu’à ce quelqu’un s’aperçoive de son absence…

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