Falkonera, c'est officiellement le paradis sur terre, avec cette mer, cette mer turquoise qui prend toute la place, qui scintille au soleil, dont tu ne sais même plus où elle se finit, et où commence ce ciel merveilleux d'un bleu qu'on verra jamais depuis la pelouse du parc de Poudlard, et cette chaleur, et ces petits plants rabougris à cause de la chaleur, et ce sable brûlant, et ces petits cabanons mignons vers lesquels mon fidèle sac de voyage et moi-même nous nous dirigeons, pieds nus, parce qu'on s'en fout de se faire brûler la plante des pieds parce qu'au moins, ça prouve qu'on est bien là, à Falkonera ! Un soupir profondément satisfait s'échappe de ma poitrine lorsque, depuis le p as de la porte d'un bungalow encore manifestement vide, je laisse échapper mon chargement pour regarder autour de moi : deux lits superposés trônent au milieu de la pièce, pour accueillir quatre petits personnages brûlés par les rayons pas si bienfaisants que ça du soleil. Homme ou femme, c'est pas précisé — les chambres mixtes seraient-elles autorisées, sur cette île paradisiaque ? Voilà qui restait à découvrir. En attendant, je m'attribue l'une des couchettes supérieures, et j'allais ressortir quand soudain, quelqu'un entra à ma suite.
— Bienvenue à la casa ! J'propose qu'on l'appelle le foutoir des scroutts à pétard (ouais ça rime), qu'est-ce que t'en dis ? Mon enthousiasme est contagieux et mon idée géniale, je sens que ça va le faire.

— Hey ! Salut ! Je cherche une place. Il y a des lits réservés ici ? J'remarque que Morane a légèrement ignoré ma question, mais j'm'en formalise pas parce que j'suis un gentleman, et aussi peut-être un peu parce que j'ai remarqué lors de la partie de balle aux prisonniers made in Poudlard que fallait pas trop déconner avec cette petite personne lorsqu'un Souafle passait à proximité.
— J't'en prie installe-toi, plus on est de Jaunes plus on rigole, j'l'invite en désignant la chambre vide. J'dois dire que j'suis assez content, j'ai comme dans l'idée que Morane et moi on risque de se côtoyer assez rapidement en équipe de Quidditch, donc autant faire connaissance dès maintenant. En revanche, j'connais pas du tout l'énergumène qui entre quelques secondes plus tard dans le cabanon, toute de paillettes vêtue.
— Salut Pandora, moi c'est Dowey ! Sympa, ton look !
On dirait une jeune licorne, genre au moment où c'est déjà plus un poulain doré, mais que sa corne n'a pas encore poussé et que du coup il vire vers le blanc. J'dois déjà le titre de mon journal de l'été : Mes vacances avec un bébé licorne, j'trouve ça accrocheur. Moins accrocheur toutefois que l'irruption dans la cabane de McLeon !
— A peine arrivé, déjà maltraité, j'me lamente en prenant à témoin mes deux plus jeunes colocataires, avec ma mine de niffleur battu. Vous me protégerez d'elle, hein ? Aucune solidarité féminine dans ce dortoir, j'étais là le premier ! Je crois que mon journal de l'été a changé de titre, pour devenir un truc du genre "Dowey Spencer Jr, cohabitation avec mon premier harem : ma blonde, ma brune et ma rousse". Un peu plus tapageur peut-être... Pas comme l'arrivée d'un cinquième personnage dans notre cabanon.
— Bonjour, je suis Akil, y aurait-il encore une place dans ce cabanon ? Nous demande le nouveau venu d'une voix extrêmement polie, dans un anglais parfait bien que nuancé d'un accent que j'ai jamais entendu de ma vie. Akil fait au moins 1m80, il a la peau, les yeux et les cheveux noirs comme le fond d'un chaudron, et les dents blanches comme une licorne un peu plus âgée que Pandora. Il doit avoir à peu près notre âge à Lilah et moi, même si le fait qu'il porte une belle chemise blanche à manches courtes avec un pantalon de costume le fait paraître plus vieux. Il nous considère calmement, attendant que quelqu'un lui réponde, et j'dois dire que vu que j'ai pas vu le cinquième lit qui se trouve sous la fenêtre, et que j'suis trop impressionné par sa dégaine pour répondre, eh ben j'me contente de le fixer sans piper mot. Une première !

Citation :

Allez zou, dites la bienvenue à notre copain Akil (ça veut dire intelligent en swahili svp)

Eh ben ça promet tout ça, à peine Akil a-t-il posé un pied dans le cabanon que déjà Morane lui cherche des pouilles, fichu caractère que ces Irlandais, décidément ! Sans autre forme de procès, j'balance mon oreiller dans la figure de la morveuse toujours occupée à dévisager le nouveau comme si ce dernier allait soudain exploser en répandant partout une substance malodorante.
— Excuse cette petite impertinente, je conseille tranquillement à Akil en me levant pour lui serrer la main, je viens de la récupérer, elle ne connaît pas encore trop les bonnes manières mais je te promets d'y remédier. Je suis Dowey. Dowey Spencer Junior, deuxième du nom. Enchanté.
J'suis un peu vexé de voir qu'Akil il a pas l'air de trouver mon humour drôle, mais au moins il me rend ma poignée de main. Peut-être qu'en fait, c'est Morane qui a raison de le traiter comme un drôle d'abruti ?
— Pas de problème, qu'il me répond avant de se tourner vers Pandora qui l'assaille de questions, ce lit me va très bien, merci. Je suis congolais, précise-t-il en s'asseyant sur son lit, et j'étudie la Magie à Uchawi, l'école des sorciers africains. Mon père y est Marabou en chef. C'est l'équivalent de votre Directeur, je crois. Et oui, ajouta-t-il d'un air important, nous étudions la magie vaudou. Donc ne m'embêtez pas.
Il dit ça d'une voix un peu flippante, et j'sens que ça jette un froid dans le dortoir, du genre polaire. En Grèce, s'il vous plaît, il est fort, cet Akil !
— Je rigole, qu'il nous assure ce nigaud en éclatant de rire, on n'a pas le droit de faire de magie hors de l'école. Vous êtes là pour combien de temps, alors ? Vous avez déjà eu le temps de faire le tour de l'île ?