Août 1975

Oncle Abass,

Halò !
Je suis rentré de la croisière il y a de ça deux semaines, et me revoici donc de retour à ma morne existence dans les Highlands. Je sors depuis plusieurs jours dans les environs de Callander, tu sais comme moi que les circuits de randonnées sont magnifiques à faire et au moins, je peux passer le temps.
Concernant ce que tu m'as demandé, j'ai retrouvé de vieux papiers dans les archives de la bibliothèque, peut-être que tu pourrais passer dans les prochains jours ? Cela nous occuperait la journée et ce serait, à mon sens particulièrement ennuy  divertissant. Par ailleurs, grande nouvelle, je suis le Capitaine de l'Equipe de Quidditch des Serpentard ! Comme quoi, tu étais la seule mauvaise langue à me juger mauvais ! Je serai ravi de te montrer mon écusson rutilan quand tu viendras perdre ton nez dans tes archives.

J'attends ta réponse (positive)
Ton Neveu,
Moran.

Cher oncle,

Je t'envoie ce hibou au lendemain de notre grandiose victoire en Quidditch ! Je savais que ça te ferait rager, donc je n'ai pas pu m'en empêcher, désolé !
J'espère que tu vas bien, la dernière fois que tu es venu, c'était pour lire tes archives bizarres et tu as tiré une sale tête ! Papa n'a rien voulu me dire, mais je suppose que c'est à cause de ça qu'il a une mèche blanche bien dégueulasse sur la tempe. Enfin, ce serait sympa que tu m'en dises plus au lieux d'éviter d'y répondre comme tu l'as fait le jour même ! D'autant plus que tu sais que je vais t'harceler, je ne comprends pas pourquoi tu te fais tant de mal. Enfin, bon. Passons.
Je progresse encore en métamorphose, et je ne perds pas espoir que tu viennes faire un saut à la maison un de ces quatres, pour que je te montre ! Je te rappelle qu'on est raccordé au réseau des cheminées, quand même, et même que ça nous a coûté une blinde de gallion ! En tout cas, tu peux être sûr que lorsque je sortirai de Poudlard, je viendrai te harceler bien comme il faut, tu me connais, hein.

Sur ce, je t'embrasse,
Ton neveu,
Moran

Cher oncle,

Je m'apprête à faire ma valise en prévision de ma rentrée à Callender. Il s'agit en effet de mes dernières nuits au château et je ne sais pas trop quoi en penser. Nous avons perdu la coupe de Quidditch à cause de ce fichu dernier match. Inutile de te préciser en long en large et en travers comme je suis déçu du résultat. Mais je serais bien mauvaise langue de dire que l'Équipe n'était pas talentueuse. J'ai été tout à fait ravi de la diriger cette année.
Malgré tout je ne sais pas si je réalise que je ne reviendrai définitivement plus ici. Qu'est-ce que tu as pensé pendant tes derniers jours ? As-tu été à un endroit particulier ? Pour ma part, j'essaie de profiter au maximum car si, comme tu le sais, j'ai passé beaucoup de temps à fantasmer sur mon départ, je me vois aujourd'hui presque triste à cette simple idée. Je suppose que cela touche tout le monde de la même manière. Comme je compte profiter de ma nouvelle liberté d'étudiant, saches que je viendrai te voir le 25 Juillet au Pays de Galles, et tu n'as pas le droit de dire non, même pour les beaux yeux verts de ta concubine du moment.

Je t'embrasse,
Ton neveu.

Août 1976

Mon oncle,

Cette lettre, comme les suivantes, sans doute, sera brève. J'espère que tu vas bien, mieux que moi en tout cas. J'ai été heureux de passer quelques jours avec toi au Pays de Galles, et je te remercie encore une fois de ton hospitalité légendaire. Si je peux me permettre, le mur de ta chambre est relativement fin si tu vois ce que je veux dire.
Quoiqu'il en soit, je vais habiter sur Londres pour aller à l'école supérieure. Je t'enverrai une lettre courant septembre pour te parler de ma rentrée plus en détail. Et j'ai transmis à papa ce que tu m'as donné, bien que je sois vexé de ne pas en savoir davantage.

Encore une fois, désolé de la longueur pathétique de cette missive en comparaison de la tienne.
Je t'embrasse,
ton neveu.

Septembre 1976

Mon oncle,

Je suis ravi de t'envoyer cette lettre pour te signifier que ma rentrée à l'école supérieure s'est très bien passée ▬ sans aucun doute mieux que la tienne en ton temps ! J'ai trouvé un poste comme batteur dans une équipe de Soho, à Londres. Une vraie armada d'anglais pédants, mais sympathiques pour autant. Par ailleurs, je suis payé au nombre de joueurs que je dégomme par matchs, et autant te dire que je m'en donne à coeur joie ! D'ailleurs, nous avons gagné les deux premiers matchs contre les banlieues de Liverpool et Manchester, on a fais la fête toute la nuit.  
Concernant ta remarque dans ta dernière lettre, je suis désolé de t'avoir répondu en toute hâte. Pour être honnête, si j'ai adoré passer du temps avec toi au Pays de Galles pendant deux semaines, c'est bien la seule éclaircie, ou presque de mon été. J'ai beaucoup bu, et je commence à me demander si je ne vais pas avoir des problèmes d'alcool comme papa. Mais s'il te plaît, ne lui dis rien ! Maman m'a déjà passé un savon pour être rentré torché d'une soirée en août, je ne veux pas en plus qu'elle apprenne que je bois plus souvent que prévu. Même si je te le confie ici sur le ton de la plaisanterie, je sais bien que tu t'inquiètes, mais ne t'en fais pas, je vais bien. Après tout, je bois peut-être pour oublier mon coeur brisé, mais comme me l'a dis Darius, c'est pour le mieux que je l'ai fais, et je sais que tu partages son avis.

Je vais essayer de ne pas trop tarder à te répondre la prochaine fois,
Je t'embrasse,
Moran.

Cher Abass,

Je crois que cette lettre va te faire l'effet d'un choc, mais je ne préfère pas prendre de pincettes là-dessus. J'espère que tu vas bien, comme d'habitude, et j'ai hâte de te voir à Noël.
J'ai une grande nouvelle à t'annoncer que j'aurais préféré t'apprendre de vive voix, mais comme papa et maman ne sont pas encore au courant, j'ai vraiment envie de te prévenir d'abord. Histoire que tu encaisses le choc.
Dooonc... J'ai l'immense honneur de t'annoncer que je suis marié. Depuis octobre. Avant que tu ne commences à t'énerver derrière cette lettre, sache que je n'ai pas oublié de t'inviter - comment le pourrais-je ? - mais sache plutôt que je n'ai invité personne. Mon témoin était un Irlandais qui faisait la tournée des pubs en Écosse et celle de Gardenia... Bon. Oui, d'ailleurs, Gardenia, voilà, je me suis marié avec Gardenia. Je sais ce que je t'ai dis pour Daisy et je le pense toujours. C'est juste que, voilà la deuxième révélation de cette lettre, tu vas être grand-oncle, félicitation... Ne crame pas cette lettre s'il-te-plaît, tu vas t'en vouloir. Et tiens, voilà. J'y ai jeté un sortilège, je te connais. J'espère pouvoir t'expliquer tout en détail de vive voix, histoire que ça paraisse moins pathétique qu'en lettre. Mais j'espère que tu ne me giflera pas pour ça.

Je te souhaite un bon dimanche,
Ton (idiot) neveu,
Moran.

Cher oncle,

Cette lettre sera brève, comme celles que je t'envoie en ce moment. Je sais que tu les lis mais que tu fais exprès de ne pas répondre. Dois-je encore t'écrire combien je suis désolé de ne pas t'avoir prévenu pour le mariage et la grossesse de Gardenia ? Je sais que tu m'en veux. Mais peut-être trouveras-tu un certains réconfort à savoir que je m'en veux davantage.
J'ai tout dit à Maman et Papa lorsque la famille de Darius est parti. Il se chargera des siens comme j'ai trop à faire avec mes parents... Maman était furieuse. Papa était plutôt blasé. Je crois que je les ai déçu. Comme je t'ai déçu toi. Je sais bien que mes paroles ne valent pas grand chose dans le contexte actuel des choses, mais ce qui est fait est fait. Et si je pourrais, tu sais très bien combien je remonterais le temps pour éviter ça. Maman m'ignore et j'ai honte. Je ne me suis jamais senti indigne mon oncle, mais face à vos réactions différentes mais empreintes de la même frustration, je me sens misérable. Ce que je ne te reproche pas. Je l'ai mérité. Et je l'accepte.

Passe un joyeux Nouvel an, j'espère que tu vas bien.
Ton neveu.

Mon oncle,

J'ai le plaisir - ou déplaisir - de t'annoncer la naissance de mon fils, Aedhan Galahad Powell, né à Sainte-Mangouste et qui est en excellente santé. J'ose espérer te voir sous peu pour que tu vois ton petit-neveu...
Mes nuits sont devenues courtes, mes journées le sont tout autant. J'ai une chronique à la radio sorcière, je t'invite à m'écouter parler politique tous les samedi midi. J'espère que tu vas bien ? Nos échanges se font plus rares, ce que je déplore, j'espère que tu n'as pas de problèmes. En tout cas, tu sais que tu peux tout me dire.

Au bon plaisir,
Moran.

Mon oncle,

J'ai été ravi de lire ta lettre, et je te confirme dans la mienne que je vais bien, Gardenia également, et ton petit-neveu de la même façon. L'attaque de détraqueurs dans King's Cross a été violente, et je dois t'avouer que je n'étais pas bien fier en rentrant chez moi après tout cela. Les temps deviennent de plus en plus durs, et je ne sais pas quoi faire. Je me retrouve méfiant à chaque fois que je sors et je le suis d'autant plus que Gardenia et Aedhan sortent avec moi, ou seuls. Je n'ai malheureusement que peu de temps à m'accorder en dehors de toutes mes occupations, mais je me retrouve bien surprit à regarder par dessus mon épaule tous les samedis en allant au Quidditch...
Je ne sais pas quelle est la situation au Pays de Galles, mais j'espère que tu as des jours plus heureux et moins angoissés que moi.

Ton neveu,
Moran.

Cher Abass,

J'espère que tu as reçu ma lettre te souhaitant une bonne année. Aedhan a fêté ses un an la semaine dernière, je peux te dire qu'il était fier comme un pou - et il tient ça de Gardenia, pas de moi, promis. Je te joins une photo du strangulot avec le visage plein de gâteau, je suis certain que tu trouveras, au fond de ta vieille mémoire, quelques souvenirs de moi du même âge avec la bouche pleine d'un gâteau à la pistache. J'espère que tu vas bien, et que tu fais attention à toi. Un rassemblement est organisé pour Pâques au Chemin de Traverse dans peu de temps. Comme si c'était le moment de faire des rabais ! Gardenia veut absolument y aller, mais je n'ai pas le temps. Cette histoire me tourmente plus que je ne l'admettrai devant elle, parce que j'ai un mauvais pressentiment. Mais enfin, je me trompe sûrement.

Bien à toi,
Moran.

Mon oncle,

C'est un plaisir pour moi de te joindre un exemplaire de la Gazette du sorcier. Tu y trouveras sans aucun doute un article qui va t'intéresser - signé de MA MAIN - que tu vas bien entendu, lire en entier. Hum. Je sais que tu n'apprécies pas trop ce journal, mais le fait est qu'en tant que stagiaire j'ai fini en couverture, eh oui ! C'est de très bonne augure pour la fin de mon stage, qui se termine l'année prochaine. Si tout va bien, j'aurai ma carte de journaliste. Je t'enverrai une super photo de ma remise de diplôme, t'inquiète pas pour ça !
Je suis ravi d'apprendre par ta lettre que ton croup n'a pas disparu dans la nature. Ces bestioles ont une passion pour les moutons, je ne sais vraiment pas pourquoi. Enfin bref ! Papouille le de ma part !
Je t'enverrai un nouveau courrier bientôt.

Ton neveu.